Congo-Brazzaville : Piètres perspectives à venir, selon le FMI

FMILe FMI prévoit une croissance de 6%, mais la pauvreté augmente quand même. Sassou a de grands espoirs pour les zones économiques spéciales alors que la fin du pétrole se profile

Entre les lignes, la dernière analyse du Fonds monétaire international de l’économie du Congo-Brazzaville révèle un piètre record de réalisations économiques pour les décennies de règne du président Denis Sassou-Nguesso. Dernièrement, le gouvernement a commencé à montrer de l’enthousiasme pour les Zones Economiques Spéciales, même si l’investissement direct significatif requis aurait d’énormes obstacles à surmonter.

Le taux de pauvreté reste élevé, équivalent à d’autres pays africains ayant un revenu nettement plus bas tandis que son indice de développement humain est bien en dessous de la moyenne des pays avec un produit intérieur brut par habitant similaire. Le taux de croissance économique est décevant, en dépit de dépenses publiques financées par les recettes pétrolières, qui sont parmi les plus élevées des pays exportateurs de pétrole en Afrique. Le Fonds s’attend à ce que la croissance économique soit de 6% par an jusqu’en 2019.

La dépendance à l’égard du secteur pétrolier est même en augmentation, les exportations non pétrolières en baisse en pourcentage du PIB, alors que la fin de l’ère du pétrole approche. La production devrait atteindre un pic en 2017 et diminuer par la suite, pour atteindre des niveaux insignifiants en moins de 20 ans. Les conseils du FMI sont de commencer à planifier la durée de vie limitée restante des réserves de pétrole grâce à l’impôt et à la consolidation de la dette ont été ignorés.

La mise en œuvre des recommandations de politiques convenues avec le FMI est extrêmement limitée, y compris les réformes structurelles pour rendre la croissance plus inclusive et pour déclarer des objectifs de réduction à la pauvreté. Il reste de vastes possibilités, remarque le FMI, d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques et améliorer la transparence.

La plupart des rapport d’étape du FMI sont une mise à jour, soulignant efficacement le peu qui a été fait pour régler les problèmes bien diagnostiqués qui handicapent l ‘économie du Congo et qui ont fait partie d’un programme de réformes convenu avec le FMI figurant dans chaque accord gouvernemental depuis le retour au pouvoir de Sassou-Nguesso en 1997 (AC Vol 53 No 21, Une pauvreté de la stratégie). Pourtant, plutôt que d’examiner la mise en œuvre de la politique, le gouvernement met beaucoup d’actions dans l’établissement des Zones Economiques Spéciales. Deux des quatre d’entre elles sont dans des régions éloignées du Nord, incluant Oyo, le district d’origine du président Sassou-Nguesso d’Oyo, ainsi que Ouesso. La principale, à Brazzaville, implique des entreprises produisant pour le marché intérieur plutôt que pour le marché de l’exportation et ayant accès à de généreuses exonérations fiscales, ce qui conduirait à une perte nette de revenus selon le FMI.

Le ministre des ZES, Alain Akouala Atipault, peut bien être ébloui par les signes tangibles, vers l’extérieur des Zones Economiques Spéciales à Dubaï ou Shenzhen, en Chine, mais ne semble pas au courant, selon des sources locales que les contraintes qui ont entravé l’économie du Congo depuis des décennies seraient toujours à l’œuvre dans ces zones. L’environnement offert aux investissements est généralement considéré comme catastrophique. Le Congo a été classé 185ème sur 189 pays dans le classement Doing Business 2014 de la Banque mondiale sur l’environnement de l’investissement par pays, une position qui est pratiquement inchangée depuis le début de ces enquêtes en 2003. Le FMI note que la première priorité du gouvernement devrait être de «rapidement» mettre en œuvre le plan interministériel d’action longtemps bloqué pour soutenir les exportations non pétrolières, et les notes ici comme ailleurs n’ont pas progressé avec les engagements de réforme du gouvernement. La Banque Mondiale a offert son aide pour promouvoir la compétitivité économique et le développement du secteur privé, mais a rencontré un sérieux manque d’intérêt et d’engagement officiel.

Les infrastructures ont toute l’attention du gouvernement car elles correspondent à ses conceptions du développement, en grande partie des réminiscences de la période où le pays était un allié du bloc soviétique, et incluent des projets de prestige liés à l’organisation des Jeux africains 2015. Malgré des dépenses publiques élevées sur les infrastructures, les profondes faiblesses structurelles de l’économie limitent les réponses de l’offre locale, la quasi-totalité d’entre elles sont couvertes par les importations.

Le programme officiel d’investissement public va de l’avant malgré les préoccupations quant à la qualité de la sélection des projets. Aucun projet n’a été soumis à l’analyse des coûts des prestations par la Banque mondiale, comme promis depuis longtemps. La plupart sont des projets de prestige mal intégrés à la réduction de la pauvreté et à la planification des priorités. La plupart des dépenses d’infrastructures en cours sont financées et construites par des entreprises chinoises garanties par 2,6 milliards de dollars en prêts officiels.

La Chine est désormais le plus grand créancier du pays et le Congo a l’obligation de maintenir un solde créditeur minimum à hauteur de 20% de l’encours des prêts dans un compte séquestre de la Banque Chinoise de l’Import-Export (China’s Exim Bank) adossé à des ventes de pétrole à la Chine. Les prêts ont pour la plupart des conditions de faveur – 0,25% d’intérêt et d’une maturité de 20 ans. Ce sont des termes plus faibles que ce qui sont disponibles à partir de la Banque mondiale et du FMI, mais sont plus attractifs grâce à l’absence de questions posées par la Chine pour ce qui touche la viabilité du projet.

 

La dette extérieure est à la hausse et a doublé au cours des quatre dernières années depuis que l’allégement de la dette financé par l’Ouest a été accordée dans le cadre du programme des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en 2010. Malgré la forte hausse de la dette extérieure le Congo a évité de justesse d’être classés à risque de surendettement par le FMI, sauvé par les grands dépôts de l’État auprès de la banque régionale, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), mais a été fortement conseillé d’élaborer une stratégie de la dette et d’améliorer la transparence.

En vertu de la constitution Sassou-Nguesso ne peut pas être réélu pour un troisième mandat de sept ans aux élections présidentielles prévues en 2016, mais il devrait soit modifier la Constitution pour prolonger son règne ou remettre à un membre de la famille – le fils, Denis Christel est préparé pour jouer un rôle plus important – ou un proche allié politique. (Ndlr : les caractères soulignés et en gras l’ont été par le traducteur)

 

Traduction Rigobert OSSEBI

Selon les rapports du FMI

http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2014/cr14272.pdf

http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2014/cr14273.pdf

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7 réponses à Congo-Brazzaville : Piètres perspectives à venir, selon le FMI

  1. Mfoa dit :

    FMI = Fond de Misère Internationale

    Le noir étant éternellement soumis, il se fie toujours au rapport du Fond de Misère Internationale.
    Tous les pays du monde qui ont reçu l’aide du FMI n’ont connu que la famine, la misère et l’insurrection.

    Il n’existe aucun pays au monde qui se soit développé ni émergé grâce au au FMI. demandez au grecs qui se pressent de vouloir tout rembourser au plus vite! Avec les programmes d’ajustement structurel, c’est plus de chômage, moins du personnel médical, éducatif, etc…
    Les grecs s’en prennent régulièrement au FMI.

    Les pays comme l’Inde, la Chine, Cuba, le Venezuela, et autres Brésil, Argentine, Afrique du Sud… l’ont compris depuis longtemps.

    NOUS N’AVONS PAS BESOIN DU FMI POUR MESURER LA MISÈRE AIGUË AU CONGO!

    http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete?page=3

    Le FMI, la Banque Mondiale (ou de la misère) sont les outils de contrôle des peuples faibles comme les africains.

    L’Afrique doit avoir son propre fond de développement financé par les africains et non pas par la Chine.
    Pour cela, il faut des dirigeants congolais et africains patriotes!!!!

  2. Isidore AYA TONGA dit :

    UNE MAUVAISE NOUVELLE POUR LES DENIERS PUBLICS CONGOLAIS !
    Ça y est, Nicolas Sarkosy annonce son retour en politique, d’abord à la tête de l’ump et puis aux primaires des présidentielles de 2017.

    C’est sûr et certain que Denis Sassou Nguesso doit être très content de cette annonce.

    Cependant, les caisses ou les deniers publics congolais vont malheureusement chauffés et ou en souffrir d’ici à 2016.

    En effet, depuis 2002 et jusqu’à nos jours, Denis Sassou Nguesso est fiché comme le financier occulte du parti gaulliste.
    Suivez les transactions et les circuits financiers occultes entre Sassou Nguesso et ses amis ump. Objectif: renflouer les caisses de l’ump…
    et puis…

    A suivre !

  3. BONGA dit :

    LE RABAISSEMENT DE LA FONCTION MINISTÉRIELLE
    DANS LA MAUVAISE GESTION DU CONGO

    Il est en effet difficile d’accorder du crédit dans ce que le FMI dit du COngo quand ils ne pointent pas vraiment les causes de nos malheurs qui sont dans le système autocratique de SASSOU.
    En effet pendant que la délégation prend des contacts avec les responsables du pays par exemple; SUPER MINISTRE BOUYA délire sur son chemin de fer de l’ouest alors que le SOUS-MINISTRE D’ETAT ADADA se prélasse dans son pays d’adoption.
    Quand on pense que les ingénieurs capables de faire des études sérieuses sur un projet de cet envergure sont au CFCO et au Ministère des Transports on comprend mieux le caractère bâclé des grands projets du Congo.

    Quel est donc le rôle d’un Ministre dans le Gouvernement SASSOU2 ou3.?
    La croissance sans création d’emplois commence donc dans le gouvernement, car SUPER BOUYA travaille pour le FANTOCHE ADADA en chômage déguisé…

    Et comment ADADA peut il encore rester Ministre dans ces conditions après 35 ans de Gouvernement? Une chose est certaine la potion magique de cette longévité est dans le mépris de l’intérêt général et l’irresponsabilité dans la fonction… POUR LE MALHEUR DU CONGO…
    QUE C’EST TRISTE.

  4. Sassou le désastre du congo , entre la banque chinoise , FMI , club de paris et banque mondiale , autant des crédits pour le congo . Brazza la ville capitale manques d’eau potable , encore moins l’électricité, encore hier je lisais l’interview d’Elie STMITH qui habite le quartier Batignolles est sans électricité depuis un mois !A quoi à servi IMBOULOU ? Les hôpitaux vétustes ,franchement la mauvaise gouvernance de sassou et ses enfants , nous conduisent dans le mur!!!

  5. Bouetafogo dit :

    Encore des pourcentages farfelus pour nos pauvres têtes. A quoi sert la croissance quand toutes les congolaises et tous les Congolais meurent comme des mouches, quand nos hôpitaux sont des mouroirs, il suffit de se rendre tous les matins dans les morgues de Brazzaville et de Pointe-Noire comme si on se trouvait dans un abattoir.

    La croissance à 6% sous d’autres cieux c’est quelque chose mais au Congo-Brazzaville, elle ne représente rien car la fièvre typhoïde est omniprésente, les rues et avenues ressemblent à celles d’une ville en guerre. l’indice de perception de la corruption place le Congo au 144° rang sur 174 pays, le chômage des jeunes demeure chronique. l’eau et l’électricité est quasi inexistante.

    Alors, de quelle croissance parle t-on ?

    Tant que rien ne peut étancher la soif du pouvoir, quelque soit les indices, la barbarie et le malheur des Congolaises et des Congolais seront éternellement à nos portes.

    Bonjour la République.

  6. Kimpéné Ya CONGO dit :

    On n’en a Rien à Foutre, ce que Nous Voulons, C’est sa Retraite Politique sans Nous Refaire le Coup de 1997, car Tous les Morts de Cette Période passée qui ne savent pas Toujours Pourquoi est-ce qu’ils étaient Morts.
    Or aujourd’hui, Nous savons que la Constitution de 2002 était la Bonne qui a Servi Notre Président Sassou N’guesso et il ne Nous Étonnera pas cette Fois en Voulant encore Rempiler jusqu’à Épuisement Total de Ces Forces alors que il aura Tout le Temps de se Reposer après ces Courageuses 35 Années de Pouvoir sans Problème dans Notre Pays. En Lui Remerciant et en Lui souhaitant d’en Profiter au Congo.
    Quant à la Relève, elle Doit Être très Rigoureuse dans le Respect Absolu de la Démocratie afin que le CONGO soit Reconnu dans le Cercle des Nations.
    ViVe le CONGO LIBRE, DÉMOCRATIQUE, UNI, RESPONSABLE et AMBITIEUSE ! ViVe l’AFRIQUE ÉVEILLÉE, LIBRE, DÉMOCRATIQUE, INDUSTRIALISÉE et UNIE ! ViVe le PEUPLE CONGOLAIS qui va ENTRER dans la VOIE de la DÉMOCRATIE CONCRÈTE en 2016 !

  7. Ubuesque! dit :

    La pauvreté augmente et vous ne donnez aucun chiffre. Seulement semblable aux autres pays africains. Comme dirait le défunt Georges Embana  » A TA VOUS MÊME ». Soyez lucides et surtout objectifs. Il faut être réaliste comme Martin Mberi. Reconnaissez ce qui se passe, le pays se transforme. Bien sûr que l’oeuvre de Sassou est critiquable. Il y a encore des congolais qui ne se nourrissent pas trois fois par jour, il n y a encore des coupures de l’électricité et l’eau potable n’est pas à la portée de tous les Congolais. Mais, d’un autre côté, il faut approuver aussi ce qui se fait du bien. Je vous l’accorde peut être que sur les priorités. Mais quoi qu’il arrive, au délà de tout ce que l’on peut ce qui l’anime le président de la république c’est d’apporter le mieux vivre. Peut être qu’il en prend si mal. That’s the question.<

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