Le malheur du peuple congolais a commencé quand Oko avait montré la mer à Taty. C’était le début de la colonisation des esprits et l’asservissement du peuple congolais par la Ligue du Nord.
Au-delà de cette phrase qui paraissait anecdotique sinon risible, était élaboré un véritable plan de domination du Nord sur le Sud au Congo-Brazzaville. Il y a des départements délaissés de la République qui subissent de plein fouet cette négligence délibérée des autorités congolaises.
Y parler ne relève pas d’un acharnement contre nos frères et sœurs du Nord, mais d’un malaise qui peut nous conduire tous au chaos.
Après l’aveu public de monsieur Denis Sassou Nguesso sur la chaine de télévision Africa 24 d’avoir détruit le système éducatif congolais dont le taux d’alphabétisation atteignait presque 100 %, les effets de ce massacre se font ressentir maintenant avec une grande tristesse pour le département abandonné, bombardé, sinistré qu’est le Pool.
Les derniers résultats du baccalauréat général de juin 2023 présentent un taux d’admission national de 44,50 % contre 39,41 % en 2022. En y regardant de plus près, le département de la Cuvette-Ouest caracole en tête avec 90,02 % contre 42,38 % pour le Pool et 34,32 % pour Pointe-Noire.
Comment expliquer une éducation à double vitesse sur le territoire de la République ? Il est évident qu’au Pool, après de nombreuses excursions meurtrières, les destructions des écoles, des villages et des cimetières, l’abattage des arbres fruitiers et l’exode massif de la population, aucun programme d’envergure n’a été entrepris depuis pour mettre à niveau les infrastructures de ces villages détruits.
Au niveau de l’éducation, les salles de classes ressemblent à des vieilles cases délabrées dans lesquelles s’entassent en très grand nombre des écoliers et des élèves assis à même le sol. C’est un spectacle déplorable que l’on retrouve aussi dans certaines contrées délaissées du Nord du pays. Les enseignants sont absents et les rares enseignants vacataires qui y travaillent ne perçoivent aucun subside de la part du gouvernement congolais ; ce sont Les parents qui s’organisent afin que leur progéniture puisse avoir un semblant d’éducation à défaut de les laisser trainer comme des zombies dans les villages.
Dépourvus de tout, les enfants du Pool sont livrés à eux-mêmes dans un pays où ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone.
Dans le département du Pool, seul le programme DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion) du Pool des ex-combattants qui doit durer quatre ans, pour un coût global de 8,3 milliards de francs CFA (plus de 12,6 millions d’euros) semble préoccuper le gouvernement congolais. Le Congo doit apporter 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros), soit 25%, le reste devant être mobilisé par les partenaires. Tout ceci se fait au dépend de l’éducation de la jeunesse du Pool. Cela se ressent dans les résultats du baccalauréat général 2023 dans lesquels le taux de réussite dans la Cuvette-Ouest est deux fois plus élevé que dans le Pool.
Que dire de Pointe-Noire l’insoumise qui paie au prix fort son acte de bravoure lors de l’élection présidentielle du 20 mars 2016 en infligeant un camouflet au monsieur à la rancune tenace.
Pendant ce temps dans la région septentrionale du Congo-Brazzaville se créent des structures scolaires d’excellence dans lesquelles les écoliers et les élèves sont mieux lotis, accompagnés et encadrés pendant leur cursus. Cette politique de deux poids deux mesures dans une République est incompréhensible.
L’éducation est en crise dans le Sud du Congo-Brazzaville. Le reste des domaines n’est pas non plus reluisant tant toutes les infrastructures de grandes envergures se construisent au Nord du Congo-Brazzaville comme si une balkanisation du pays se préparait après le pillage à outrance de la ville de Pointe-Noire, dont les habitants comme des vaches voient le train de la croissance passer sans avoir la possibilité d’y monter.
Dans cette histoire tout n’est pas que la faute d’autrui. Le département du Pool a bénéficié en 2012 d’une municipalisation accélérée avec un budget conséquent de 531 milliards de francs CFA soit au bas mot 815 877 135,71 d’euros. Sous la supervision de monsieur Isidore Mvouba, Président du comité d’organisation, le taux de réalisation des travaux a été évalué à 30 % ; 70 % des 815 millions d’euros se sont volatilisés dans la nature sans que les habitants du Pool ne puissent en profiter. En effet, aucun investissement conséquent sur le plan éducatif n’a été fait. L’ennemi du Pool est aussi le ressortissant du Pool lui-même qui à travers ses malversations se retrouve pris en otage par monsieur Denis Sassou Nguesso dans sa politique de destruction du Pool.
Bien que la ville de Pointe-Noire ait connu deux municipalisations accélérée en 2004 et additionnelle en 2022, les résultats scolaires restent catastrophiques. Comment ont été utilisés ces fonds ? Le Centre d’excellence pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique a été inauguré à Oyo, alors que les ressources énergétiques se trouvent en grande partie à Pointe-Noire.
En faisant une digression, nous remarquons que les épidémies de maladies diarrhéiques de shigellose, de salmonellose (fièvre typhoïde) et de choléra qui sévissent actuellement au Congo-Brazzaville ne résultent que des mauvaises conditions d’hygiène des populations vivant dans des conditions précaires (transmission par voie oro-fécale des maladies diarrhéiques), à savoir une consommation d’eau non potable provenant des forages anarchiques, l’absence des systèmes d’adduction d’eau potable, l’absence d’approvisionnement en eau potable, le manque d’assainissement de l’environnement avec l’amoncellement des détritus de tous genres, le manque de ramassage des ordures, le manque de système d’évacuation des eaux usées, l’absence d’aménagement des latrines, le manque de réfrigération de certains aliments du fait de nombreux délestages, l’eau et les aliments souillés, contaminés par des déjections et des mouches, etc. L’absence de politique de riposte efficace à ces maladies diarrhéiques endémo-épidémiques montre encore plus la défaillance du système sanitaire congolais avec un ministère de la Santé inscrit aux abonnés absents.
Au Congo-Brazzaville, un pays sous-développé en région tropicale, la shigellose, la salmonellose (fièvre typhoïde) et le choléra sont des maladies diarrhéiques endémiques qui sévissent toute l’année, avec des poussées épidémiques à certaines saisons entrainant des désastres humanitaires. Ces infections récurrentes constituent un problème majeur de santé publique. L’amélioration de l’accès à l’eau potable, une distribution d’eau de qualité, bactériologiquement contrôlée, le traitement des eaux usées et les mesures d’hygiène générale sont essentielles dans la lutte contre ces maladies diarrhéiques.
Par ailleurs, l’on note depuis un certain temps, le bradage de nos actifs économiques à savoir les cessions des barrages hydro-électriques de Moukoukoulou et d’Imboulou à des sociétés privées qui ne sont que des sociétés écrans appartenant aux membres du clan. La privatisation du Congo-Brazzaville a commencé avec la liquidation de nos outils de production sous le fallacieux prétexte des recommandations du FMI (Fonds monétaire international), alors que l’audit de la SNPC (Société nationale des pétroles du Congo) qui fait partie de ces mêmes recommandations n’est toujours pas à l’ordre du jour.
Voilà le modèle de société qui se bâtit sous nos yeux et à notre grand regret.
Ce cri d’alarme doit toutes et tous nous interpeller sur le pays que nous voulons, et que nous léguerons à nos générations futures bien que déjà privées de leur Fonds de 14 milles milliards de francs CFA parti en fumée. Pour paraphraser l’homme politique camerounais Ruben Um Nyobe, nous dirons : « Une telle situation nous impose comme condition première de rompre avec un tribalisme périmé et un régionalisme rétrograde qui, à l’heure actuelle comme dans l’avenir, représente un réel danger pour la promotion et l’épanouissement de notre nation congolaise ».
Filles et fils d’un même pays, nous avons toutes et tous les mêmes droits. Cette ségrégation insidieuse que nous vivons doit s’arrêter car rien ne peut justifier un pareil écart du simple au double dans les résultats scolaires. Cela découle d’une volonté sinistre de détruire le Sud du pays, et ce n’est plus acceptable.
Un sage chinois, il y a de cela plusieurs siècles, conseiller de son empereur, confia à ce dernier : « Si vous voulez détruire un pays ennemi, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en pertes humaines. Il suffit de lui détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans, et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera alors très facile de les vaincre. »
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
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