Congo-Brazzaville : Election présidentielle ? Oui, mais…

Pascal Tsaty-Mabiala rendant hommage à Sassou-Nguesso en janvier 2016

Pascal Tsaty-Mabiala rendant hommage à Sassou-Nguesso en janvier 2016

Tous ceux qui s’engagent dans la course à l’élection présidentielle décidée par le général Denis Sassou Nguesso doivent avoir en mémoire que :

  • Mboulou Raymond Zéphyrin, ministre de l’intérieur est un obligé de Sassou depuis l’époque où il travaillait à la commission des marchés de l’état; il lui obéit au moindre claquement des doigts;
  • Ndéngué Jean François, est directeur général de la police depuis près de vingt ans; Sassou l’a fait sortir d’une garde à vue en France en pleine nuit; il a pour tâche de réprimer aveuglément toute contestation, toute manifestation;

  • Ngondo Albert, est trésorier payeur général depuis près de vingt ans bien qu’ayant dépassé depuis longtemps l’âge d’admission à la retraite; il ne s’encombre d’aucun scrupule pour mettre le trésor public à la disposition du clan Sassou. Dzon Mathias, alors ministre des finances,  n’avait pu obtenir son départ.

    Comment la CNEI peut-elle obtenir une indépendance et une autonomie dans ce contexte?

    Accepter d’aller à l’élection présidentielle sans clarifier cette question, c’est accepter les résultats dont dispose déjà Mboulou Raymond Zéphyrin, à savoir la « victoire » au premier tour du candidat Sassou.

    Mais y a-t-il d’autres moyens de détrôner Sassou?

     

  1. Par la force?

    Sassou est lui aussi arrivé au pouvoir par la force, par les armes, en marchant sur des milliers de cadavres après cinq mois de combats meurtriers contre l’ordre établi.

    Cette guerre a été longuement préparée : Jean Marie Tassoua a reçu très tôt la mission de gérer les miliciens « cobras », des armes ont été progressivement introduites au pays, y compris par parachutage,  d’autres armes ont été volées dans les casernes à l’intérieur du pays.

    Au sein de l’armée les allégeances à Sassou étaient un secret de polichinelle, des militaires radiés de l’armée régulière se sont retrouvés en activité du côté d’oyo ou de Tsambitso (cas du colonel Florent Tsiba); Victor Tamba-Tamba, qui a visité Oyo, n’y a vu que du « feu »!

    Aujourd’hui, il faut poser à Okombi, lui qui a été chef de guerre sous Sassou, la question de savoir s’il y a quelque part des congolais entraînés pour tenir tête militairement au clan Sassou.

    Si oui, l’option militaire est donc à considérer pour mettre un terme à la domination du clan Sassou.

    En réalité la réponse est non.

     

  2. Par le soulèvement populaire?

    Le 27 septembre 2015, le peuple de Brazzaville s’est levé pour marcher sur le palais mais les responsables de l’opposition ne s’y attendaient pas. Ils ont renvoyé le peuple à la maison et les forces de répression aux ordres de Jean François NDéngué ont eu le temps de se préparer avec ce que l’on a vu le 20 octobre : des martyrs, à ce jour anonymes!

    L’effet de surprise s’était envolé.

    Y a-t-il une bonne coordination de l’opposition pour un incessant travail de terrain qui mobiliserait encore le peuple de Brazzaville?

    Si oui, le soulèvement populaire fait partie des options pour mettre un terme à la domination du clan Sassou.

    En réalité la réponse est non.

     

  3. Par des manifestations pacifiques?

    La campagne référendaire a bien démontré comment le clan Sassou était capable de museler les voix discordantes à sa volonté de changer de constitution.

    L’opposition n’a pu tenir qu’une réunion publique à Pointe-Noire suivie d’intimidations qui ont fait que les réunions de Dolisie, Kinkala, Brazzaville, Owando, Ouesso, n’ont jamais eu lieu.

    Non seulement l’opposition était interdite d’antenne sur les médias d’état, on n’entendait nulle part son message, même pas au travers d’une seule affiche ou banderole, sauf à la faveur de quelques rares interviews sur RFI dont le signal a été bloqué (pour maintenance selon Thierry Moungalla), pendant que l’internet mobile était aussi bloqué (à cause d’engorgements, selon Thierry Moungalla)

    Peut-on organiser simultanément dans tout le pays une série ininterrompue de manifestations pacifiques?

    Si oui, les manifestations pacifiques font fait partie des options pour mettre un terme à la domination du clan Sassou.

    En réalité la réponse est non.

     

  4. Par les élections?

    Voilà un président dont le mandat court jusqu’en juillet 2016, et qui décide de l’écourter sans pour autant démissionner.

    Le général Sassou Nguesso aurait dû démissionner afin qu’une vacance de pouvoir soit constatée. Dans ce cas, c’est la constitution de 2002 qui s’appliquerait pour une élection présidentielle dans les quatre-vingt-dix jours, pendant que le président du Sénat assurerait l’intérim au sommet de l’Etat!

    Il n’en a été rien car actuellement il s’exerce du banditisme au sommet de l’Etat, et le monde entier le voit. La communauté internationale (La France du socialiste Hollande) a bien pris acte que le général Sassou Nguesso est président de facto.

    L’opposition est-elle capable de former pour chaque bureau de vote au moins trois délégués incorruptibles qui y seraient présents en permanence, et qui communiqueraient les résultats à un bureau de centralisation?

    Si oui, force est de constater que c’est l’option la plus réaliste pour mettre fin à la domination du clan Sassou. Et l’espoir est permis.

    Le bulletin de vote est la seule arme démocratique à la disposition des congolais pour chasser Sassou et prendre rendez-vous avec l’avenir pour l’instauration d’une culture pérenne de démocratie, d’alternance pacifique au pouvoir.

    Il faut que Sassou soit pris dans son propre piège. Il a voulu une élection présidentielle malgré l’article 244 de sa constitution, eh bien que l’élection se passe à la régulière comme en 1992, mais surtout avec un fichier audité.

    Au besoin, l’élection peut avoir lieu au-delà du 20 mars, personne ne s’en plaindrait sauf Sassou.

    S’il s’oppose, alors qu’il y aille tout seul avec Fylla de saint eudes, Kignoumbi, Soussa, Anguios…

    Il sera ainsi un mal « élu », et la véritable opposition aura toujours des munitions pour réclamer des élections générales transparentes et crédibles.

    Une chose est certaine : après plus de trois décennies cumulées à la tête du Congo, des assassinats crapuleux non élucidés (Ngouabi, Biayenda, Massamba-Débat), des biens mal acquis, etc…, Sassou ne peut remporter aucune élection transparente.

     

    Quelques mots sur l’homme Sassou :

    Jongler avec deux constitutions, c’est faire preuve de banditisme. Il ne le fait qu’à son propre profit.

    Les supplications orchestrées ici et là ne sont que mises en scène folkloriques.

    Dans la vie privée de cet homme, tout le monde a bien vu qu’à la mort de l’épouse du défunt président gabonais, il s’est disputé la dépouille avec son gendre, et il l’a ramenée à Oyo!

    Dans la tradition bantoue, la responsabilité des obsèques d’une femme régulièrement mariée, qui trouve la mort dans son mariage, revient au mari. Il ne manquait pourtant pas de moyens au président gabonais d’inhumer sa femme! L’homme Sassou n’en a eu cure.

    Ainsi toute la famille du mari n’est pas venue assister à l’inhumation, en signe de protestation.

    Peuple congolais, cet homme ne respecte rien, lève-toi pour faire respecter ton vote.

     

    Salomon Lasagesse

Diffusé le 07 février 2015, par www.congo-liberty.org

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4 réponses à Congo-Brazzaville : Election présidentielle ? Oui, mais…

  1. hallo hallo dit :

     » Ce qui compte c’est pas le vote, c’est comment on compte les votes » joseph Staline
    Malheureusement, le vainqueur est connu d’avance à moins d’être naïf et surtout con.

  2. OYESSI dit :

    De tous les cas soulévés ici, je ne retiens deux: D’abord la force et ensuite le soulèvement populaire.
    Pourquoi la force? Parce qu’une affaire de bandit se règle en bandit et sassou est un bandit à qu’il faut opposer le banditisme qu’il affectionne.

    Hier, il s’était repplié sur oyo avec ses amis bandits pour venir prendre le pouvoir par les armes,aujourd’hui les données ne sont plus les mêmes.

    Il n’a plus en face de lui un pouvoir sinon le peuple et dans ce peuple il y a une armée appellée communement la grande muette. Cette muette renferme plus de soldats que d’officiers supérieux embourgeoisés qui ne vont pas au combat et tout congolais sait que cette troupe n’est pas au beurre comme sassou et son clan.
    Il suffit seulement de prendre le transport en commun ou d’aller boire une bierre à Talangai ,à Mama Boualé pour prendre le poul du mécontentement des soldats. Nous qui habitions les bas quartiers et qui partagieons la misère quotidienne avec ce monde savions réellement ce qu’ils pensent réellement du pouvoir. Les Dengué et autres Mboulou le savent mais préfèrent exercer le banditisme d’état.
    C’est dire qu’on ne sait pas cette muette peut nous préparer comme sauce nonobstant le fait que sassou croit la tenir par généraux d’opperette interposés.
    Il nous suffit seulement d’avoir un brave dans cette armée pour qu’elle se divise et c’est là que le deuxième cas qui est le peuple va rentrer en jeux car la peur aura changer de camp dès lors qu’il y aura une partie de l’armée avec le peuple qui favorisera le soulévèment populaire.

  3. le fils du pays dit :

    Dans cet article qui est clair comme l’eau de source,je retiens une seule solution la force brute des canons.C’est avec le feu des canons que le peuple mettra fin a cet esclavage de la france a travers ses multinationales et de son pantin au Congo

  4. BB Pouloupoulou dit :

    @ Salomon Lasagesse

    Je veux bien croire en votre « sagesse »…
    Mais on dirait que vous vivez très très loin des réalités quotidiennes di Congo.
    Vous croyez que le clan Sassou va organiser des elections pour les perdre….c’est que je dis que vous n’êtes  » réellement sage ».
    Pourtant vous le dites, Mboulou a déjà les résultats de ces elections sur son bureau, dans sa tête.
    Ils peuvent même les publier avant la tenue des elections. Personne n’y levera son petit doigt.
    Et vous croyez mettre trois delegués de l’opposition dans chaque bureau de vote va regler le probleme.
    Repartez a vos etudes et sortez nous une autre theorie, moins sage, plus pragmatique. Point.

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