Congo Brazzaville, crise économique et sociale. L’ancien ministre Jean Luc Malekat: « Une conférence internationale sous peu »

L’ancien ministre des Finances sous le gouvernement d’Andrè Milongo accuse l’actuel président Denis Sassou N’Guesso et appelle à l’intervention des forces internationales pour un gouvernement de transition

Par WALTER GALBIATI

MILAN – Au dire du ministère des Affaires étrangères dans son rapport sur les marchés étrangers. L’Italie est considérée comme un partenaire historique du Congo Brazzaville, une fraternité nouvelle ressoudée, d’abord en 2014 avec une visite du premier ministre Matteo Renzi à Brazzaville avec une délégation industrielle, puis en 2015, lorsque le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, est venu à Rome avec certains de ses ministres. L’intérêt italien dans le pays africain est d’acheter du pétrole à travers Eni, celui du Congo est de le vendre, car toute l’économie du pays repose avant tout sur l’or noir. Pourtant, au niveau international, beaucoup de ceux qui quittent le pays africain se plaignent de la situation dans laquelle se trouve leur patrie aujourd’hui. Ils se sont rencontrés à Nice en janvier dernier pour un débat intitulé « Nouveaux temps, Nouvelle vision pour le Congo », une sorte de première étape en vue d’une prochaine conférence internationale. Parmi eux, figure également Jean Luc Malekat, ancien ministre de l’ Economie et des Finances dans le gouvernement de transition du Premier ministre André Milango ; il a pris ses fonctions après la Conférence nationale souveraine entre 1991 et 1992. Il a également enseigné l’économie à l’Université de Brazzaville et a dirigé l’administration fiscale du Congo, parle d’une situation « désastreuse » et utilise des mots durs. 


Quel est le problème avec votre pays ?
Le Congo est gouverné depuis des années par un pouvoir dictatorial qui arrête, torture et élimine quiconque s’y oppose. Il y a une crise économique, sociale, politique, culturelle et spirituelle. Les Congolais paient le prix élevé du mauvais gouvernement, de la corruption, de l’égoïsme et de la négligence d’une minorité qui a elle-même géré la richesse du pays en oubliant complètement la population. Cette crise se matérialise entre autres par le non-paiement des fonctionnaires, des retraités et de tous les employés de l’Etat.

Jusqu’à la fermeture du plus grand hôpital du Congo, dans un pays où le taux de mortalité infantile dépasse 55% et où les personnes âgées sont privées de médicaments de base. 


Quand vous étiez au gouvernement, la situation était-elle différente?
Mon expérience passée s’est déroulée de manière démocratique, il y avait la confiance et la paix sociale. Un chemin a été ouvert pour une gestion saine et compétente. Nous avons pu travailler et mettre en place une politique digne de ce nom, grâce aux actions dictées par la Conférence Nationale Souveraine qui a élaboré un programme à suivre, supervisé par le Conseil Supérieur de la République qui a remplacé le Parlement. Quand je suis arrivé au gouvernement, les caisses de l’Etat étaient vides, parce que la compagnie d’assurances américaine AIG avait demandé et obtenu la saisie de quelques milliards au Congo. Tout d’abord, j’avais débloqué les fonds en trois semaines. 


Quelles sont les racines historiques de ces difficultés?
Le manque d’éthique, le déficit avec les institutions, une justice caporalisée conduisant au non – respect des droits de l’homme, un système de sécurité au service du pouvoir et non de la population, le tribalisme, le vol, la corruption, le copinage. 


Comment le Congo pourrait-il sortir de cette situation ?
Le Congo est un pays riche en ressources naturelles, en pétrole et en mines. Il s’agit seulement de changer l’éthique et le modèle de gestion. Le Congo doit être guidé par des hommes et des femmes intègres et compétents, mais il importe avant tout d’écarter ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui. La confiance ne peut être gagnée, laissant les commandes à ceux qui ont contribué à la ruine du pays. Le Congo dialoguera avec les institutions des puissances étrangères pour définir une voie de changement correcte. Et intérieurement, il sera nécessaire d’établir les institutions nécessaires pour gérer toutes les ressources du Congo en faveur de la population et de son bien-être. Un nouveau gouvernement de transition sera nécessaire pendant une période de 36 mois pour surmonter la situation sérieuse actuelle et amener le pays à de nouvelles élections libres.


Sur le plan économique, quelles sont les erreurs commises par le gouvernement Sassou N’Guesso? 
On ne peut parler d’erreurs mais d’un gouvernement qui a mis en place une économie prédatrice, privilégiant des intérêts exclusivement personnels, la destruction du bien public, des projets économiques souvent non rentables et inutiles dans le seul but de signer des contrats de milliardaires, des contrats utiles seulement pour masquer les intérêts et les avantages de quelques-uns. Puis il y a une corruption généralisée qui a incrusté le tissu économique et social avec l’appropriation des ressources de l’Etat par un petit groupe, cause principale de l’appauvrissement total de la population. 


Ce sont les frais, mais quel est votre programme, d’où commenceriez-vous ?
Nous avons besoin de la mobilisation des forces internes et de la lutte contre la corruption. Nous devons renégocier des contrats avec tous les opérateurs économiques pour les amener sur un pied d’égalité et ne pas se concentrer sur les bénéfices de la rente, mais la diversification au-dessus de l’économie dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire, ainsi que rendre le pays autosuffisant en particulier dans l’industrie alimentaire. Nous devons créer du travail et par conséquent créer de la richesse. La construction doit être développée dans le respect des règles d’urbanisme en utilisant autant que possible les matériaux existants sur le site. Réaliser de nouvelles voies de communication, de nouvelles routes et des systèmes avancés pour la production d’électricité, en exploitant également le haut niveau d’irradiation solaire africaine à notre latitude, en augmentant la production d’eau destinée à l’agriculture et installer des stations d’épuration et des canalisations pour fournir de l’eau potable dans chaque foyer. Construire de nouvelles écoles à différents niveaux, équipées pour aider à fournir des programmes d’enseignement adéquats et modernes pour permettre aux enfants traumatisés par la peur et la violence et suivre un parcours scolaire classique. Nous aimons la méthode Montessori.


Quelles sont les relations entre le gouvernement de N’Guesso et les multinationales étrangères? 
La presse internationale a souvent évoqué les grands scandales au Congo: l’affaire Elf dans les années 1990, la question des biens mal acquis, l’accord Asperbras, les Panama Papers, l’affaire Eni au Congo et d’ autres. 


Et comment Eni est-il positionné? 
Le groupe Eni s’est entendu avec l’administration actuelle pour obtenir illégalement le renouvellement des contrats et concessions expirées, et a également accepté l’acquisition en Italie et l’installation de centrales au gaz au Congo dans un mode tout à fait non-transparent. La justice italienne est déjà en possession de nombreux documents à ce sujet, nous attendons donc d’être mis au courant des développements. Il nous appartiendra d’évaluer la poursuite du travail d’ENI dans notre pays.


Comment se passent les relations avec le Fonds monétaire international? 
Le gouvernement actuel du Congo ne peut pas traiter avec le FMI, parce qu’il ne peut pas justifier les comptes en milliards de dollars à l’étranger détenus par ses milliardaires, dont une partie est coincé dans différentes banques parce que considéré comme provenance illégale et incompatible avec l’endettement du pays. 


Il faut de nouvelles élections …
Elles seront disponibles en temps utile. L’important est de mettre en place un gouvernement de transition et de lui donner le temps (3 ans) de mettre en œuvre la réorganisation du Congo avec la participation de toutes les Congolaises et congolais. Les femmes prendront part à ce nouveau mouvement. Il sera plus facile de procéder aux élections lorsque toute la population pourra voir les premiers résultats d’une gestion saine et éthique de la richesse et des compétences du pays. En substance, la paix doit être réelle et consolidée pour envisager de nouvelles élections. Les règles de ces dernières seront établies pour que nos futures institutions soient claires et solides. 


Tout es parti de Nice?
La Conférence de Nice a réuni les différentes sensibilités et les intelligences qui poussent à l’organisation d’une conférence internationale pour le Congo. Nice s’inquiète de la situation chaotique au Congo. Cela nous a permis de réaliser la première étape, nous a permis de nous rassembler en grand nombre, d’identifier les racines des problèmes actuels et de s’entendre sur les bases de la résolution de la crise congolaise.

Source : www.reppublica.it

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9 réponses à Congo Brazzaville, crise économique et sociale. L’ancien ministre Jean Luc Malekat: « Une conférence internationale sous peu »

  1. val de Nantes dit :

    Milongo est un patriotique,propre imbu de l’amour du pays.contrairement à ces voleurs manquants d’un minimum d’intelligence pour une gestion optimale des revenus du pays.

  2. C’est pourquoi nous devons accentuer l’action des indignés 242 , on dénonçons les domiciles des voleurs Mbochis en grande majorité et surtout rendre impossible la vie des ces Mbochis sur Paris et toute l’île de France par exemple j’ai découvert que le DG MPELA habite la défense Parisienne et le jeune Yéla Ngakosso habite Tremblay en France , des acquisitions achetés avec l’argent du crime ou encore le pléthore d’ enfants et neveux de Sassou qui détiennent à eux seule plus d’un milliard d’euros des biens immobiliers en France . Monsieur le ministre Malekat le problème du congo c’est SOSSA Dénis de vrai nom ,il faut appuyer l’action du président Nitou Roland ? kimpo , Judicaël et les autres .

  3. Val de Nantes , dit :

    @samba grosse validation.

  4. Ano dit :

    SAMBA DIA MOUMPATA tout à fait d’accord il faut accentuer les actions.:
    La médiatisation est une arme, ne restons pas confiné entre Congolais il faut bien au contraire élargir l’action et rendre de plus en plus visible et audible aux yeux du monde la triste réalité de la situation Congolaise. Nous sommes trop complaisant.
    Ce que redoute cette mafia c’est justement la médiatisation qui pourrait être faite autour de leurs méfaits. C’est pour cela que sassou focalise toute son énergie et des moyens colossaux à peaufiner et rendre acceptable son image pour tromper les opinions internationales.
    Ce n’est pas de la population Congolaise au pays qu’il se méfie le plus, en cela il s’en arrange voir s’en accommode, par contre tout est fait pour bloquer l’information par la manipulation et la corruption des médias et de divers personnalités.
    A l’instar du vrp de service l’innocent paya qui parcourt le monde aux frais du trésor public à distribuer ses livres à la gloire de sassou et quémander quelques selfies pour servir la cause de son maître.

  5. Val de Nantes , dit :

    @ano , comme tu le dis ,, bien souvent ,ce sanguinaire tente de gagner la bataille des médias, pour enjoliver ces crimes quotidiens contre tout le pays . Mais ce combat médiatique , nous avons aussi appris à le manier , c’est œil pour œil , dent pour dent…
    La résonance de nos doléances est tombée dans les oreilles analytiques de certaines personnes soucieuses des préoccupations des africains nourris à la sève dictatoriale.
    2017 ce fut une annus horribillis , pour le pays ,et nous espérons que 2018,sera l’année du bonheur congolais.

  6. Val de Nantes , dit :

    Lire..horribilis.

  7. Val de Nantes , dit :

    Du temps à perdre , avec ce Sassou , lequel ne soucie guère des lendemains incertains du pays ,du fait des incertitudes techniques et technologiques qui pèsent sur l’utilisation du pétrole .
    Pendant que la France , étudie le modèle mathématique de Singapour, pour être de plus en plus performant , Sassou nous organise des commissions AD hoc , sur des niaiseries qui enterrent davantage , le cadavre congolais en état de putréfaction avancée.,
    Ne pas maîtriser les sciences et notamment les maths , c’est s’assurer d’une vie misérable .
    Maîtriser les maths , c’est aussi apprivoiser le numérique à des fins d’émergence économique, source de partage de bonheur et de la préservation de la paix.
    Une richesse acquise ,sur l’exploitation de son cerveau , épargne à son acquéreur des aventures politiques ,aux conséquences désastreuses pour le pays.

  8. Passy dit :

    Notre pays n’est pas un  » Pays de merde « . Nous avons en ce moment des médiocres au pouvoir, des  » hommes politiques de merde ». Des prédateurs d’une rare inconscience et d’une culture de barbarie sans égale.

    M.Maleckat a raison, il faudra, un état des lieux de 2 à 3 ans avant toute élection. Il faut d’abord méthodiquement, assainir le Congo avant d’y planter de nouvelles et solides  » boutures saines » qui feront le bonheur de tous.

  9. kikadidi leo dit :

    concretement de mon point de vue la situation est si urgente pour les populations qu un plan d urgence doit etre entrepris par les autorites ce plan devrait voir la creation d un grand ministere de la solidarite nationale qui devrait regrouper le social l agriculture le travail et le transport.son objectif serait de faire de la distribution de colis alimentaire mensuel et de semences. ce plan devrait s articuler par la creation de centre de vie dans lles dix regions exepte brazza et pte noire pour son manque de terre cultivable et aussi por desaturer ces deux grande villes ces centres de vie seraient composer de locaux diverses destiner aux parlementaires aux gouvernants a l entreposage pour la formation ect..aucunes decisions ne pourra etre executer sans debat democratique ces batiments devront ete identiques pour la cohesion sociale cette future production agroagricole sera destinee a l expotation pour faire face au manque de devises futur et retablir la balance commerciale atteindre le point mort de sa gestion dans les trois ans pour avoir une base pour batir un plan plus ambitieux et avoir un climat de confiance pour attirer les investisseurs necessaire pour l implantation d industries au congo.

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