CONGO-B : DE LA NÉCESSITÉ DE LIBÉRER LA LIBERTÉ. Par René Mavoungou Pambou

René MAVOUNGOU PAMBOULe peuple congolais, à l’instar des autres peuples du monde, aime la liberté. A cela s’ajoute un fait indéniable : Nzambi ya Mpungu « Dieu tout-puissant » a créé l’homme non seulement libre, mais lui a doté du libre arbitre. La liberté, comme le souffle de vie, est essentielle pour l’existence. C’est dans cette perspective que Dieu fait grâce à sa créature en promouvant la liberté. L’homme dans son essence est donc l’expression même de la liberté. On est cependant réduit à constater que l’être humain, en tant que pire ennemi de l’homme, porte atteinte à liberté. La jouissance et l’exercice des libertés publiques et individuelles ne devaient souffrir d’aucune contrainte spatio-temporelle. Aussi, en tout lieu et en tout temps, l’homme devait jouir de la liberté d’entreprendre, d’expression, d’informer, de mouvement, de choisir librement ses dirigeants… Et aucun être humain, fut-il puissant, ne devait empiéter, compromettre, mépriser et fouler aux pieds la liberté d’autrui. On est cependant en droit de se poser la question de savoir ce que vaut un peuple dont la liberté est confisquée? Et que peut un peuple sans la liberté?

C’est ainsi que quand la liberté est maintenue captive par un tyran sanguinaire aux petits pieds, seule le déclenchement légitime d’une lame de fond impétueuse est susceptible d’opérer un bouleversement radical et décisif, en vue de libérer la liberté. Pour ce faire, les forces vives de la nation, à l’unisson, doivent consentir à payer le prix de la pleine jouissance de cette liberté tant chérie. Telle est l’impérative et sine qua non condition qui s’impose actuellement aux congolais. Lesquels sont hélas gagnés par une léthargie compréhensible du fait du traumatisme post guerres et surtout de l’arsenal militaire dont s’est doté ce pouvoir tyrannique, tortionnaire et liberticide, en vue de réprimer dans le sang tout soulèvement ou insurrection populaire. Souvenons-nous de ce récent drame ayant défrayé la chronique : l’étudiant Norbert Boungou à qui les nervis du pouvoir ont arraché la main des suites d’une paisible manifestation de réclamation de bourse. Sous d’autres cieux un tel incident aurait suffît pour mettre le feu aux poudres. Doit-on encore se demander pourquoi le peuple est devenu timoré à ce point?

On ne dira jamais assez que la liberté ne se décrète pas, elle se conquiert plutôt de haute lutte. Est-il encore besoin de rappeler que : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ? » Mais une certaine once de lucidité permet de reconnaître que libérer la liberté au Congo-Brazzaville, dans les conditions actuelles, devient une entreprise extrêmement ardue sinon périlleuse. Toujours est-il que l’instinct naturel de survie et l’inextinguible soif de liberté constituent de précieux ingrédients qui permettront aux congolais de se départir de la résignation. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a un temps pour toute chose. C’est pourquoi il importe de garder l’espoir, tant celui-ci fait vivre. Et le moment venu, les congolais seront assis en toute liberté sur la rive du majestueux fleuve en train d’assister au passage des cadavres des ennemis de la liberté entrainés par les flots impétueux de l’histoire. Tout n’est que question de temps, car avec le temps tout s’en va.

René MAVOUNGOU PAMBOU

Collectif Unis Pour le Congo

Secrétaire chargé des questions éducatives

et socio-culturelles

Diffusé le 6 juin 2013, par www.congo-liberty.org

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2 réponses à CONGO-B : DE LA NÉCESSITÉ DE LIBÉRER LA LIBERTÉ. Par René Mavoungou Pambou

  1. EL MANISERO dit :

    L’article me fait penser à la citation : « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Pourquoi ?

    Il faut distinguer la liberté que Dieu donne à l’Homme de le servir ou pas, aux libertés individuels dans un cadre républicain.

    Dans la république les libertés sont conditionnées ou définies par des structures étant sous le contrôle d’un pouvoir. Le pouvoir, démocratique ou dictatorial réglemente selon ces intérêts ou ces priorités.

    Dans le cadre considéré comme divin, la liberté est un acte individuel qui consiste à choisir entre le bien et le mal, entre la vie dans la foi et une vie hors des recommandations de la parole de Dieu.

    Pour certain chrétiens, la liberté se compose avec la contrainte, celle du modèle défini ou inspiré par les institutions religieuses auquel l’individu est tenu de se conformer.

    En langage religieux, on il est question d’accepter la grâce de Dieu qui nous est donnée à l’avance. C’est cet acte d’acceptation qui nous donne à vivre selon la volonté de Dieu. Autrement dit, la foi est un acte volontaire d’adhésion et une grâce donnée à l’avance.

    La jonction entre les deux libertés pour un chrétien, c’est l’exercice c’est la vie missionnaire : « Aller proclamer la bonne nouvelle ».

    Cette vie ne s’entend pas seulement comme un engagement monastique :

    – Elle est aussi une vie dans le monde à travers les principes divins

    – Une capacité d’inspiration du modèle auquel nous croyons à notre environnement

    L’idéal pour le Congo, de voir l’émergence des pensées positives au détriment des intérêts claniques, c’est le triomphe de la culture de l’excellence privilégiant le bien des citoyens et non la conservation du pouvoir.

    Mais, pour arriver à cette dynamique, gage du progrès social, il faut intégrer que, cette culture de la liberté de Dieu est aussi :

    – Combativité, mais aussi réconciliation, à l’image de Mandela qui triomphe de l’oppression et trouve les moyens d’amener son peuple vers le progrès

    – Indignation et Espérance, à l’image de M. L. King qui crie sa colère contre l’oppression, mais manifeste sa croyance en un vivre ensemble possible entre l’oppresseur et opprimés

    – Humilité, à l’image de Benoit VI qui reconnait ne plus être en situation d’exercer pleinement un pouvoir conféré à vie

    – Sacrifice de soi, à l’image du cardinal Biayenda, ou de Marien Ngouabi, qui dit préférer donner son sang pour le peuple que de laisser triompher une logique tribale qui a lui-même contribué à mettre en place.

    – Courage, à l’image Armand Toungoulou, Boris Eltsine, qui a eu le courage de défier la puissante machine du parti communiste, qui a résisté au coup de force de l’armée rouge, de Gorbatchev, un communiste qui a eu le courage d’engager des réformes d’un système puissant, mais en voie de déclin

    Bref, la libération est un processus, comme la foi qui doit se nourrir, se consolider pour atteindre une maturité salvifique.

  2. René Mavoungou Pambou dit :

    Merci pour votre réaction pour le moins pertinente et appréciable à sa juste valeur. Au Congo-Brazzaville, nous sommes devant un fait avéré. La liberté est allègrement confisquée par un pouvoir en proie non seulement à une hystérie tyrannique et une dérive totalitaire, mais s’illustre par un autisme béat. Ce régime, honni et désavoué par le peuple, s’arc-boute mordicus dans la confiscation du pouvoir et dans une fuite en avant au point de ne pas vouloir lâcher du lest quant à la tenue d’une concertation nationale inclusive reclamée par le souverain primaire, a savoir le peuple. Lequel n’a pour ultime alternative, pour la reconquête de sa liberté, que de se lancer dans la rue, avec les risques que cela implique. Bien évidemment la quête d’une chose aussi précieuse et essentielle qu’est la liberté a un prix. Et à terme, il faut bien que l’on y consente à le payer. Et pour qu’une action aussi salvatrice puisse prendre forme, il est impératif d’abattre le mur de la peur et de la terreur que ce pouvoir tyrannique a réussi à ériger dans les consciences. Telle est mon intime conviction!

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