Comme dans l’affaire des disparus du Beach, Denis Sassou NGuesso veut obtenir le dépaysement, à Brazzaville, de l’affaire des Biens Mal Acquis


Denis Sassou NGuesso avait réussi, en pleine nuit du 2 au 3 avril 2004, l’extraction de son directeur de la police, Jean-François Ndenguet, d’une cellule de la prison de la Santé
quelques heures après son incarcération pour «crime contre l’humanité».

L’avocat Me Patrick Baudouin avait dénoncé «une immixtion du politique dans le judiciaire» en s’étonnant qu’une chambre d’instruction tienne audience «à 2H00 du matin». Ce n’était que le résultat d’un harcèlement téléphonique, très peu diplomatique, de Denis Sassou NGuesso à son homologue français Jacques Chirac et en direction également du ministre de l’intérieur du gouvernement Raffarin, Monsieur de Villepin. Le Canard Enchainé avait révélé que le Juge des libertés avait été tiré de son lit pour cette audience exceptionnelle qui marquera à jamais les annales de la magistrature française. Pas rancunières pour un sou, ces deux personnalités, Jean Pierre Raffarin et Dominique de Villepin, se sont rendues récemment à Brazzaville en jet privé payé par Sassou NGuesso pour se prêter à la mascarade du lancement du magazine Forbes Afrique.

En pleine trêve estivale, alors que les médias du monde entier avaient leurs regards braqués sur les Jeux Olympiques de Londres, Sassou NGuesso et ses juristes habituels, congolais et parisiens, s’apprêtaient à renouveler un exploit similaire. Ce n’était rien de moins que le dépaysement, à Brazzaville, du volet congolais de l’Affaire des Biens Mal Acquis.

N’importe quel juriste français clorait l’idée même de pareil projet par une impressionnante série d’impossibilités juridiques et techniques. Toutes aussi insurmontables les unes que les autres comme l’avaient été celles qui s’opposaient à la libération en pleine nuit et en plein weekend de Jean-François Ndenguet.

Cette tentative a, pour le moment, échoué, semble-t-il. Le ministre congolais de la justice, Aimé Emmanuel Yoka, qui menait cette délégation a-t-il renoncé définitivement pour autant à cette démarche. Rien n’est moins sûr !

En 2004, nous étions en pleine « ère chiraquienne » avec ses dérives françafricaines. Sassou NGuesso s’était alors appuyé sur ses réseaux connus et décriés.

Nous sommes en 2012 et, en France, on nous assure que « le changement c’est maintenant ». Nous devrions y croire. Cependant, contre toute attente, à la nomination du gouvernement de Monsieur Jean Marc Ayrault, la plume très officielle de Monsieur Jean Paul Pigasse s’était réjouie que Madame Christiane Taubira ait obtenu la Justice et Monsieur Laurent Fabius, les Affaires Etrangères. Cette manifestation apparaît aujourd’hui comme indécente et irrévérencieuse à l’égard de cette dernière personnalité. Certes le pouvoir de Sassou NGuesso est arrogant et ses affidés ne sauraient reculer pour si peu.

Pour ce qui est de Madame Christiane Taubira, le site des Dépêches de Brazzaville, le quotidien du même Jean Paul Pigasse a expurgé les informations contenues dans un article liées à la visite, à Brazzaville de Madame Taubira en juillet 2005, mais en a omis deux autres qui ne cachent rien de la présence de l’élue guyanaise à un concours d’une Miss Fespam dans un pays où 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et surtout sa rencontre, à sa demande, avec le dictateur sanguinaire et corrompu congolais.

Parlant de Dominique de Villepin, Denis Sassou NGuesso a toujours affirmé, je le cite : Villepin, je le tiens. Aurait-il des raisons de dire autant de madame Taubira ? En tout cas une chose est certaine, aucun pacte passé avec le diable n’est gratuit.

En 2004, le même Canard Enchainé avait rapporté que les conversations téléphoniques entre Sassou NGuesso, Chirac et de Villepin n’avaient plus rien de l’habituelle courtoisie diplomatique et qu’elles en étaient fort éloignées. Sassou NGuesso n’auraient pas hésité à proférer certaines menaces.

Si pour l’instant, il faut répéter que cette demande de dépaysement, à Brazzaville, du volet congolais de l’Affaire des Biens Mal Acquis a échoué, il serait intéressant de savoir sur quelle base, extra-juridique, elle se serait appuyée. Amicales sollicitations ou langage inspiré de celui tenu dans l’affaire Ndenguet ?

Pour être complet sur le sujet, dans l’affaire des Disparus du Beach, Brazzaville s’était empressé de la juger au Congo pour abuser de l’autorité « de la chose jugée ». Verra-t-on dans peu de temps un Tribunal siéger au Congo et condamner Sassou NGuesso à une amende de principe pour sa bicoque du Vésinet et ses 120 comptes bancaires qui auront tous été vidés ?

Cet ex-pays communiste, dont les mêmes dirigeants sont toujours en place depuis une trentaine d’années, vient de rejoindre la Corée du Nord dans le totalitarisme ridicule et inquiétant, en proclamant des résultats d’élections législatives à 98% et 100% des voix. Il est vrai que, pour l’essentiel, c’étaient des rejetons du dictateur en place qui s’assurait ainsi de sa future succession.

Recevoir à l’Elysée le dictateur congolais enlèverait tout obstacle pour qu’une soirée de gala y soit donnée, prochainement, en l’honneur du président nord-coréen…!

Bienvenu MABILEMONO

S.G du Mouvement pour l’Unité et le Développement du Congo – M.U.D.C

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