Chronique de la vie et de la mort d’un citoyen ordinaire : Théodore Makosso assassiné dans le commissariat central de Pointe-Noire

Au Congo, le chômage frappe presque tous les jeunes. Des diplômés peuvent le rester toute leur vie. Sans emploi à l’arrivée au pouvoir de Denis Sassou NGuesso, ils le sont encore en 2012. Théodore Makosso, s’était installé dans la capitale économique du Congo pour y tenter sa chance. La débrouille, sans parent puissant et incapable de malhonnêteté, il y vécut et survécut de petits marchés.

Depuis le 05 février 1979, Sassou NGuesso n’a opposé aucune résistance à la corruption, il l’a tolérée voire encouragée, afin de mieux pouvoir en contrôler, en bon policier, les auteurs. Mais surtout, l’instauration de ce système lui a permis, tout au long de ses trois décennies de règne, de piller sans retenue la ressource pétrolière. De petits prélèvements au début, le pillage est quasi-total de nos jours.

La corruption s’est instaurée comme un système de gouvernance, d’omerta maffieuse dans laquelle chaque responsable, à tous les échelons de l’Etat, vole sans que personne ne puisse dénoncer quiconque et surtout pas celui qui se trouve au sommet de la pyramide des détournements. Pendant que la population s’est enfoncée dans la misère, un enfant de Sassou NGuesso, un neveu, peut porter au poignet une montre d’un milliard de francs CFA. On ne compte plus les véhicules 4×4 à plus de 100 millions dans une même parcelle. Les déplacements en avion privé ou en hélicoptère relèvent du quotidien.

Plus l’on s’éloigne du cœur du pouvoir, moins la prédation est juteuse et c’est alors pour ceux, néanmoins du système, qui ne peuvent accéder au pillage des richesses nationales que l’on tolère le racket des populations. C’est alors la basse besogne, les os du festin qui sont laissés à la Police, la Gendarmerie ou bien l’Armée.

Théodore Makosso en est bien conscient lorsqu’il se rend à la convocation de l’officier Miéré, le 1er aout 2012 au matin, au Commissariat Central de Pointe Noire. L’inquiétude l’habitait mais il n’avait rien à se reprocher. Comme beaucoup de jeunes hommes, il parvenait seulement à survivre. A 32 ans, il avait une femme, deux enfants et les petits marchés qu’il obtenait çà et là lui permettaient de joindre les deux bouts.

Il n’était nullement accoquiné à un baron de la politique locale ou nationale, ce qui lui aurait permis de surseoir à cette convocation. Un coup de téléphone et il aurait été tranquille. Sans protecteur autre que son honnêteté et sa citoyenneté, il entra dans le Commissariat. Il ne devait plus en sortir…

Dans un Etat de droit, les patentes, les impôts et taxes sont levés par l’Administration fiscale. La Police pourrait être un ultime recours lorsque toutes les démarches légales ont échoué et que les jugements n’auraient pas été exécutés. Mais le Congo n’est pas un Etat de droit et ce n’est pas Maître Hervé Malonga qui le contredira.

Contre Théodore Makosso, rien de tout cela n’avait été entrepris. Directement, il s’est retrouvé face à l’officier de Police Miéré dans une fonction de Percepteur autoproclamé. « Percepteur-racketteur » pour le compte de qui et mandaté par qui, pourrait-on se poser comme questions ?

Miéré ne serait pas allé dans la demi-mesure. Il aurait réclamé, une somme astronomique au jeune père de famille. Avec quelle instance , quels moyens ? Nul ne le sait ! Il se dit que Théodore Makosso n’aurait pas subi de violence, seul le montant réclamé « l’a frappé ». Combien Miéré lui avait-il réclamé : 10, 20, 30 millions ? Toujours est-il qu’il fut tellement choqué et effrayé par le montant, qu’il ne put que crier : « Tout ça, mais ce n’est pas possible ! » D’après Miéré, il s’effondra aussitôt dans son bureau !

Le Colonel Ntsourou, Maître Malonga, Maître Hombessa et Paul Marie Pouelé rendront grâce au Ciel d’avoir reçu une meilleure constitution physique, une plus grande capacité de résistance à la machine à broyer l’être humain mise en place par « Sassou sosie d’Assad » et sa clique au Congo. Théodore Makosso était –il si fragile au point de mourir d’une seule et simple menace ?

Miéré a été aussitôt suspendu. Nul ne saura jamais comment cette mort s’est réellement produite. La Police continuera ses intimidations. « Sassou sosie d’Assad » enfermera sans aucune forme de procès tous ceux qui s’élèveront contre son pouvoir et celui de son successeur déjà désigné, les Congolais tenteront de survivre avec les promesses et les premières pierres.

Amédée Deleau, le survivant, Théodore Makosso de Pointe Noire, la victime, ne seront pas les Mohamed Bouazizi de Sidi Bouzid. Théodore Makosso sera enterré aujoud’hui ou demain à Pointe Noire dans l’anonymat le plus total pendant que le fils du dictateur, Denis Christel termine ses vacances de milliardaire à Saint Tropez .

Sergueï Ondaye

Diffusé le 22 août 2012, par www.congo-liberty.org

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2 réponses à Chronique de la vie et de la mort d’un citoyen ordinaire : Théodore Makosso assassiné dans le commissariat central de Pointe-Noire

  1. Tchibota Dzembo dit :

    Sassou Prône toujours un rééquilibrage démographique , Pource faire le génocide au sud continu a petit feux , pointe noire une ville envahie par la police politique de sassou! Le contre espionnage, on est plus chez nous a ponton ! Itoua poto et les autres officiers MBochis nous tue tout les jours ! Le cas de Makosso n’est pas un cas isolé! La terreur continu comme vous pouviez pas revendiquer et sassou assure la pérennité de sa dictature!!!!

  2. René Mavoungou Pambou dit :

    Chaque jour qui passe apporte son lot d’infortunes et de deuil aux Congolais. Encore une innoncente victime de la tyrannie et de la barbarie incarnées par le régime de Sassou Nguesso! Le régime militaro-policier et mafieux, véritable bête immonde, sévit sans relâche et entraine inexorablement le pays dans une descente aux enfers. Jusqu’à quand le peuple Congolais continuera-t-il à subir le martyr? L’évidence c’est qu’aucun pouvoir, si sanguinaire soit-il, n’a jamais eu raison d’un peuple. Est-il encore besoin de rappeler qu’il y a un temps pour tout?

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