CAMPAGNE ELECTORALE, QUAND TU NOUS TIENS !

Par Dieudonné ANTOINE-GANGA

Benda Bika ! La campagne pour les élections législatives bat son plein dans notre beau pays. Chaque jour nous apporte son lot de joies, de peines et de surprises. Les uns et les autres en voient de toutes les couleurs. Tenez ! Certaines banderoles ou affiches des candidats, peut-être conçues dans la précipitation ou non relues, regorgent de fautes d’orthographe, comme celles où l’on peut lire ‘’ Elections légistatives au lieu de législatives’’, « Mendiants au lieu de Mandants ».

D’autre part, il nous a été donné de constater aussi que tous les candidats sont devenus de « bons samaritains » qui excellent dans la distribution des vivres et autres denrées alimentaires, de l’argent, des tee-shirts, des marinières, du matériel agraire et d’autres gadgets, etc. Ils font, en tout cas, montre d’un engouement soudain voire intéressé pour leurs électeurs et leurs mandants qu’ils ignoraient hier. L’un des candidats à la députation a remis en circulation, les pirogues desservant jadis, in illo tempore, les deux rives du Djoué ; et ce, pour le bonheur des riverains du Djoué, habitant Manyanga, Mousoso ou les environs du barrage du Djoué, dans la banlieue sud de Brazzaville, plus exactement dans les arrondissements 1 de Makélékélé et 8 de Madibou. La peur des Ninjas qui s’en seraient servis pendant les malheureux événements de 1997 à 2003, a subitement disparu. Lesdits Ninjas seraient devenus aujourd’hui, des anges, des personnes à qui l’on donnerait la communion sans confession. Dieu soit loué ! Élections législatives obligent ! Tant mieux ! Que ne ferait-on pas pour amadouer les électeurs ou les mandants à qui les candidats tous azimuts, sortant et rentrant, donnent des espérances, le temps d’une campagne. La promesse n’engage-t-elle pas ceux qui y croient ? L’espoir du lendemain meilleur, ne fait-il pas vivre ? Attention qui vit d’espoir meurt le plus souvent de faim. Attention, comme disent les ivoiriens « le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits. » Pour ma part, je voudrais dire à tous les futurs députés de la prochaine législature, avec Georges Sand « Laissez-nous fuir la menteuse et criminelle illusion du bonheur ! Donnez-nous du travail, de la fatigue, de la douleur et de l’enthousiasme. »

Ensuite, je me permettrais patriotiquement de nous rappeler à propos de leur attitude que notre classe politique ne serait pas en mesure de tenir une seule promesse, car nos leaders politiques seraient inconstants et hypocrites et qu’ils renoueraient facilement avec leurs vieux démons, tant leur pratique montre que la fin justifie les moyens. La manipulation de l’opinion, l’intimidation des adversaires, la corruption des esprits et la tricherie resteraient encore des moyens d’action pour la conquête du pouvoir. En effet, dans notre pays, c’est un secret de polichinelle, « l’achat des consciences se fait au grand jour et ne choque plus personne. L’argent est distribué au grand jour. Sans cela, impossible d’avoir un siège de député. » dixit Niki Mabiala. Le Congo est devenu malheureusement un pays où le désir effréné de posséder et de transformer les biens matériels en idoles, est légion. Qui plus est, comme l’a affirmé le pape Benoit XVI « Notre société est une société où ne règnent que l’arbitraire du pouvoir, les intérêts égoïstes, l’injustice et l’exploitation, la violence dans chacune de ses expressions. » La société congolaise y échapperait-elle ou ferait-elle exception ? That is the question. 

Par ailleurs, beaucoup de Congolais n’aimeraient pas trop entendre parler de « démocratie », car dans notre pays, c’est un mot galvaudé et qui a perdu son sens premier « forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple. » Au nom de la démocratie, l’on y ‘’inocule’’ une culture où règne malheureusement, la démagogie, l’esprit de calomnie et de destruction, dans laquelle le moralisme est un masque pour créer confusion et destruction.

D’autres soutiennent mordicus comme notre compatriote Jean Madzoungou que « le vrai problème réside dans la nature de notre classe politique (au pouvoir comme hors du pouvoir) : incapable de respecter les règles d’un Etat de droit et de s’enraciner dans une culture démoniaque. Cet état de choses l’empêche de concevoir et d’accepter un véritable code de bonne conduite, garantissant un scrutin libre et transparent et une campagne électorale sereine, faisant place à un débat responsable sur le bilan de ceux qui ont eu à gérer, et les aptitudes à mieux gérer, de ceux qui aspirent au pouvoir… Tant que ceux-ci n’auront pas compris et mis en avant les intérêts fondamentaux de notre peuple, tant qu’ils manipuleront les esprits fanatiques à leur cause, le pays connaitra encore pour longtemps son chemin de croix… » Il leur faudra se rappeler les dires du Premier Ministre André Milongo « Ma conception du pouvoir n’est pas celle du pouvoir pour le pouvoir, pour m’ouvrir les vannes de l’enrichissement, par la rapine de l’Etat, mais celle de servir ce peuple qui m’aura accordé son suffrage. »

J’espère enfin que ceux qui ne seront pas élus, accepteront leur défaite sans état d’âme. Je leur demanderais aussi de se souvenir de cette maxime latine « Non licet omnibus adire Corinthum », c’est-à-dire (qu’il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe). Travaillons pour les générations futures. « Grace aux efforts conjoints des hommes, l’injustice peut être vaincue, et que tous peuvent connaitre une vie meilleure » dixit Nelson Mandela. D’autre part, « être homme, cela se construit, souvent à travers les difficultés de la vie, mais aussi grâce à la persévérance et au gout de l’effort, au respect et à l’attachement de vraies valeurs. » dixit Levy Makany.

Enfin, en conclusion, je me permettrais de nous inviter à faire nôtres, ces paroles de Daniel Abibi «  La classe politique congolaise, toutes générations confondues, que l’on espère mûrie par les épreuves imposées à notre pays, se trouve aujourd’hui devant une grande responsabilité : celle de la recherche résolue et sincère des voies et moyens pour désamorcer la situation de conflit parfois aigu, parfois larvé qui caractérise depuis des années le Congo et de mettre définitivement un terme aux sanglantes et récurrentes luttes politiques qui ont secoué jusqu’ici notre beau pays. L’entreprise n’est pas facile au regard des drames que nous avons connus, les uns et les autres pendant toutes ces sombres années. Le retour définitif de la paix dans notre pays est au prix du dépassement de chacun. Il n’y a pas de voies alternatives viables et durables. Si l’on ne croit pas réellement à la paix, si on ne pose pas d’actes pour la construire, toutes les professions de foi pour la paix sont de vains discours. La paix n’est pas une option parmi d’autres, elle ne saurait non plus être réduite à une simple question de communication, elle est une exigence première de survie de la patrie. »

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Ancien Ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville

Ancien Ambassadeur du Congo à Washington (USA)

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5 réponses à CAMPAGNE ELECTORALE, QUAND TU NOUS TIENS !

  1. Samba dia Moupata dit :

    Merci ya DIAG , notre silence c’est du carburant pour Sassou Dénis pour continuer à démolir le sud kongo . Les médiocres parlent d’élection législative au Congo. Or une supercherie familiale où Sassou nomme ses beaux fils, ses enfants , neveux et ses associés dans sa bêtise !

  2. VAL DE NANTES . dit :

    Effectivement ,cette paix introuvable est synonyme de l’introuvable homme politique parfait sur lequel jure bon nombre de nos concitoyens .

    C’est DIOGENE , le cynique ,qui va contrarier PLATON en balançant dans sa cour de l’école ACADEMIE , un coq a deux pattes . C’est une réponse à la théorie de PLATON qui trouvait qu’un homme a deux pattes ,c’est à dire un bipède .

    Théorie qu’il compléta par deux bras .Cette métaphore explique la difficile croyance en un homme politique parfait au CONGO …

    Chercher un homme politique parfait ,c’est trouver l’homme Platonicien à deux pattes . Introuvable !!
    Ce dont souffre le CONGO , c ‘est le manque d’idées politiques parfaites et non d’un démiurge omniscient .

    C’est de cette idée parfaite que partira le bonheur national ,c’est à dire l’ataraxie nationale .
    Une fois de plus , au risque de me répéter ,c’est le primat de la réflexion sur la pratique qui doit engendrer la paix durable au CONGO ….
    ..
    Exemple .

    Je reviens sur mon couteau :

    Je conçois un couteau auquel je n’attribue qu’une fonction ,c’est à dire son essence , sa lame ne peut que couper des herbes et reste inoffensif sur d’autres êtres vivants de la nature ….
    Alors ce couteau , je peux le confier à n’importe qui ,sans crainte de voir d’autres dégâts que ceux auxquels il est destiné ….
    C’est ça l’idée , c’est à dire l’image de la chose .La représentation de la chose que je viens de créer.

    Ce qui suppose que si je conçois des meilleures institutions de mon pays , en ayant pris des précautions anti -dictatoriales , l’homme politique ,quel qu’il soit , sera soumis à l’idée , à la réflexion première faisant de lui un homme politique inoffensif …
    Cet homme politique est l’image de la chose créée . C’est l’idéalisme réaliste .

    Comment peut -on chercher la paix dans la volonté ou le libre arbitre d’un homme politique congolais ?..

    Ces institutions ne sont – elles pas la copie parfaite des institutions françaises ?..
    Cette pensée française transposée sur nos réalités congolaises , est une défaite intellectuelle consentie par ceux dont c’était la mission …
    Maitre MASSENGO TIASSE , QUI N’EN EST PAS MOINS BRILLANT en droit , a épousé l’idée fédéraliste ,qui vise à refonder le support institutionnel pour un CONGO durablement équilibré …

    Ce que dit JEAN Madzoungou relève d’une utopie politique .Quand les institutions du pays sont permissives à souhait l’homme politique s’y complait cyniquement .

    D’où une présidence symbolique prônée par les fédéralistes .Ici , chers amis , « l’essence précède l’existence « .c’est à dire l’idée d’abord et l’homme suit …..
    Ou encore l’intelligence d’abord ,la passion politique après .
    On est fatigué de ces institutions mal pensées et qui se traduisent par la dislocation physique ,économique , et humaine du CONGO .
    SASSOUFIT …PLACE AU FEDERALISME CONGOLAIS .

  3. SASSOUFIT,DÉGAGE SASSOUFIN dit :

    C’est la création de l’état mbochi qui est en marche.Il faut faire quelque chose pour empêcher cela,c’est très très grave ce qui se passe dans notre pays si nous restons sans réaction.Une population à peine de 10% qui martyrise les 90% restante de la population Congolaise.L’apartheid est bel et bien en marche.Pauvre CONGO-BRAZZAVILLE

  4. Val de Nantes dit :

    IL FAUDRAIT SORTIR de l’obscurantisme institutionnel français pour entrer dans le réalisme fédéraliste . Voilà la solution rationnelle en laquelle le CONGO doit croire .

  5. VAL DE NANTES . dit :

    LEONAS LE MOUTON vient de cracher le venin tribaliste du PCT sur les sudistes .Aux électeurs sudistes de punir tous les candidats du PCT sollicitant les suffrages dans cette partie du sud de se souvenir des propos hautement tribalistes tenus par ce bouffon de la république bananière .
    L’ADN DU PCT , c’est à dire son âme a été mise à jour par le mouton de la république . EN CONSÉQUENCE de quoi ,aucun candidat Pciste ne peut être élu dans le sud du pays …
    Ce parti est un marche -pied pour certains nordistes décidés à vivre de la générosité du trésor public congolais .

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