Bruno Ossebi immolé avec sa famille- Février 2009-Février 2018 : 9 ans déjà que notre Héros a été assassiné !

Bruno Ossebi assassiné par le pouvoir de Brazzaville

Cela avait échappé à l’attention de bon nombre d’entre-nous : le 2 février dernier était le neuvième anniversaire du cruel assassinat de Bruno Ossebi. Nous ne l’oublierons jamais ! Après un chapitre relatif à l’assassinat du Cardinal Emile Biayenda, Hervé Zebrowski nous offre un autre extrait de son prochain livre, consacré à notre très regretté Bruno. 

Le Monde, le 10 avril dernier, avait consacré plusieurs articles aux préfinancements du Congo, en 2003, dont un relatif au bloc en production de Likouala SA. L’attentat criminel dont Bruno et sa famille ont été les victimes, pour beaucoup, était une conséquence de sa dénonciation d’un préfinancement de 150 millions de dollars mis en place par BNP Paribas . Il devait favoriser l’élection présidentielle de Sassou Nguesso en juillet 2009.

Hervé Zebrowski nous apporte un précieux témoignage sur les circonstances qui ont entouré son assassinat …. Il nous appelle à plus de vigilance sur le sort des prisonniers politiques à la Maison d’Arrêt de Brazzaville : Jean Maire Michel Mokoko, Ghys Fortuné Dombé Bemba, André Okombi Salissa, Paulin Makaya, tous les autres qui l’accompagnent ainsi que le Congolo-cabindais Vincent Pena-Pitra 

LA RÉDACTION

XVIII – Une famille immolée

Bruno Ossebi immolé avec sa famille

Dans la nuit du 1er au 2 Février 2009, Bertrand, un jeune diplomate en charge de la communication à l’ambassade de France à Brazzaville, est appelé à l’hôpital militaire, pour constater le décès brutal d’un ressortissant français : Bruno Jacquet Ossebi. Il s’y rend accompagné d’un médecin colonel français : le colonel Lebeau en charge de la santé des quatre-vingts coopérants militaires français basés à Brazzaville en cette année 2009. « Ils n’ont pas pu nous faire ça quand même ! », s’écria le colonel Lebeau en arrivant avec le diplomate Bertrand auprès de la dépouille de ce ressortissant français âgé de 45 ans qui venait d’expirer dans des circonstances étranges et inattendues, compte tenu de son état de santé. L’exclamation du médecin colonel traduisait sa surprise et son indignation. En effet, si l’état de santé de Bruno Jacquet Ossebi ne permettait pas d’imaginer son décès, son pronostic vital n’ayant jamais été engagé, les circonstances politiques de sa mort brutale étaient, elles, parfaitement prévisibles. Bertrand, le jeune diplomate français le savait et le colonel Lebeau le savait tout autant. Bertrand, stagiaire de l’Ecole Normale Supérieure, historien, a choisi de s’engager dans une carrière diplomatique. C’est un jeune homme cultivé, doux, sensible, construit autour de solides valeurs dans une famille qui se dévoue au service de la France depuis François 1er. Son père, officier, connait bien l’Afrique où il a servi tout au long de sa carrière. S’il n’avait opté pour une carrière diplomatique, Bertrand serait sans doute devenu officier lui-même ou peut-être prêtre. Il connait bien Bruno Jacquet Ossebi, ce français de 45 ans, fils d’un père stéphanois, Louis Paul Jacquet et d’une mère congolaise, Hélène Makouala Ossebi. Né en France, Bruno Jacquet est de nationalité française par son père et par sa terre de naissance. Il optera plus tard pour la nationalité congolaise, pour témoigner à sa mère sa profonde affection filiale. Bruno Jacquet est chef d’entreprise mais il est surtout très connu et reconnu au Congo Brazzaville pour être le rédacteur en chef d’un journal de la cyber presse d’opposition, journal très lu et reconnu pour la fiabilité et la qualité des informations qu’il diffuse et commente. Ce journal, Mwinda, qui veut dire « lumière », vient de dénoncer avec de solides pièces à l’appui un certain nombre de scandales financiers qui, chaque jour, émaillent l’actualité des oligarques brazzavillois. Bruno Jacquet Ossebi avait annoncé son intention de se constituer partie civile dans ces différentes affaires dites « des biens mal acquis ». Il disposait de pièces incontestables pour étayer ses plaintes, mais surtout, surtout, d’un indéniable charisme qui allait lui permettre de rassembler de très nombreux partisans autour de sa démarche. Par ailleurs, Bruno Jacquet Ossebi venait de mener une campagne dans son journal Mwinda qui avait fortement perturbé la diplomatie vaticane et le pouvoir congolais. En effet, trois mois avant sa mort il avait publié le testament de Monseigneur Ernest Kombo qui, lui, il faut le rappeler, était mort en octobre 2008 à l’hôpital du Val de Grâce dans d’étranges circonstances. Dans ce testament, Ernest Kombo, à sa manière mais avec force, rappelait tous les crimes emblématiques sur lesquels se fondent le régime du thanatocrate Sassou. Bruno Jacquet Ossebi connaissait Ernest Kombo qui lui portait une grande affection : « C’est avec vous les jeunes que le Congo se reconstruira. Nous, les vieux, nous avons échoué ». Le jeune diplomate Bertrand connaissait bien l’histoire tragique d’Ernest Kombo et connaissait également le rôle déterminant et embarrassant pour la diplomatie franco-congolo-vaticane qu’avait joué par cette publication et ces interpellations le journaliste de Mwinda.

Le 20 Janvier 2009, dix jours avant sa mort, Bruno Ossebi Jacquet vers 23 heures, se trouve à son domicile. Seul, assis devant la télévision, il regarde avec passion ce soir-là, un évènement qui revêt une portée symbolique dans le monde entier et particulièrement en Afrique : le serment du 44ème Président des Etats-Unis, Barak Obama. Ce spectacle nourrit sa fierté, son émotion, ses espérances de métis franco-congolais engagé, par le journalisme, en politique. Sa compagne et ses deux enfants dorment dans la chambre à côté du salon. Un bruit venant de cette chambre précipite Bruno vers cette pièce. Le souffle d’une flamme violente l’aveugle et le projette en arrière. Il réussit à s’extirper dans le jardin. Là, gravement brûlé, s’efforçant de reprendre son souffle, il veut s’élancer pour secourir les siens. Mais les flammes sont si violentes que les voisins alertés empêchent Bruno de se jeter dans le brasier. L’incendie brutal était d’une violence inouïe. Brûlé à 30%, Bruno est conduit à l’hôpital militaire. C’est le Colonel Lebeau lui-même qui prendra ce grand brûlé immédiatement en charge. Sa compagne et ses deux enfants périront dans l’incendie. Le jeune diplomate Bertrand et le colonel Lebeau n’ignorent rien des menaces qui pèsent à l’hôpital militaire de Brazzaville sur ce ressortissant français gravement blessé et dont ils connaissent l’engagement politique. Très vite il recouvre des forces et toute sa lucidité. A son chevet veille en permanence sa mère et un policier. Lors de sa reprise de conscience, Bruno s’inquiètera immédiatement de sa compagne et de ses deux enfants. Il lui sera répondu que tous sont en bonne santé au CHU de Brazzaville. Bruno Jacquet Ossebi ne sera jamais informé de leur mort dans cet incendie.

C’est par une enquête de Reporters sans frontières, au mois de Mai 2009, quatre mois après ce drame, que le déroulement de cette tragédie sera publié. Dès le lendemain du sinistre, la maison était entièrement détruite pour effacer toutes les traces pouvant permettre de mener une enquête sérieuse sur les causes de la violence de cet incendie. En ce mois de mai 2009, c’est Robert Ménard qui est le président de l’association Reporters sans frontières, qu’il a fondée et dont le siège, alors, se trouve au Qatar. Le Qatar est un nouveau partenaire important dans le pétrole congolais. Par ailleurs il joue depuis peu un grand rôle dans la géopolitique de la sinistre thanatocratie congolaise. Cependant, il ne fait aucun doute que le diplomate Bertrand et le docteur Lebeau ont mis tout en œuvre pour obtenir le rapatriement sanitaire de Bruno Jacquet Ossebi sur Paris. Cette évacuation était prévue pour le 4 février, comme le dira le diplomate Bertrand à Reporters sans Frontières. Mais tout ne sera pas révélé par la diplomatie française. En effet, l’assignation de Bruno Jacquet Ossebi, ordonnée par le procureur, à demeurer sur le territoire congolais pour les besoins de l’enquête ne sera pas mentionnée. Est-ce la raison pour laquelle le bâtiment de la marine nationale française « la Foudre » se trouve au port de Pointe Noire entre le 23 et le 27 Janvier 2009 ? Ce navire dispose en effet, outre son hôpital de 55 lits et ses deux blocs opératoires, de deux salles de traitement pour les grands brûlés. Le colonel Lebeau et Bertrand ont sûrement tout fait pour tenter de sortir des griffes du monstre de Brazzaville leur concitoyen gravement blessé.

L’ambassadeur de France, cette année-là à Brazzaville, est un homme qui se passionne pour les oiseaux de Paris et de l’île de France. Malgré sa grande culture de normalien et son ouverture d’esprit, il semblerait qu’il n’ait pas réussi à s’intéresser au grand reptile de la forêt équatoriale. Il se pourrait cependant qu’il n’ait pas osé vraiment affronter les grands fauves politiques qui règnent à Paris et décident de sa carrière, ces grands fauves politiques soumis au thanatocrate de Brazzaville. Le jeune diplomate Bertrand et le colonel Lebeau ne pourront qu’assister impuissants et silencieux à l’exécution de ce héros qui se rêvait en un Obama congolais et qui aurait pu le devenir, ce héros connu, aujourd’hui, de Dieu seulement : Bruno Jacquet Ossebi. La seule chose qu’ils pourront dire officiellement à Reporters sans Frontières, c’est que Bruno Jacquet Ossebi n’est pas mort de ses brûlures. Sur sa tombe à Brazzaville, il est simplement écrit : « Ici repose Bruno Jacquet ». Sans doute a-t-on voulu gommer le nom sous lequel il signait tous ses articles et par lequel il était connu : Ossebi. En effet, ce nom indique des liens étroits avec des familles du Nord proches du monstre. Cependant Bruno Ossebi Jacquet veille aujourd’hui encore plus que jamais sur le Congo, sa terre maternelle, ainsi que sur sa mère, cette femme du Nord, déchirée par la mort de son fils emporté sous ses yeux, cette maman terrorisée par les assassins qui ont « aidé », selon ses dires, son enfant à mourir. Le demi- frère de Bruno dont le père n’est autre qu’un député du thanatocrate, tournera, quant à lui, sa colère vers la France qui n’aurait pas su protéger la vie de son frère.

Bruno Jacquet Ossebi était très engagé dans son métier d’entrepreneur et dans sa mission de journaliste politique qui occupait entièrement son esprit et sa vie sociale. Il n’avait pas le temps, ni les moyens de mener l’enquête minutieuse et très documentée qui allait lui permettre très solidement de se constituer partie civile dans les affaires de scandales financiers et « des biens mal acquis » qu’il avait dénoncées dans son journal : Mwinda. C’est l’un de ses amis très proches, un entrepreneur comme lui, qui était engagé dans ce travail d’enquête et dans la collecte des documentations nécessaires en lien étroit avec différents réseaux d’ONG américaines, françaises et suisses chargés d’opérer sur le front de ces luttes contre la corruption et la grande criminalité financière. Cet ami partageait avec Bruno les mêmes grandes aspirations élevées et les mêmes valeurs : tous deux étaient animés par le goût de l’aventure, l’esprit de conquête, le sens aigu de l’injustice…

Extrait du livre de Hervé Zebrowski à paraître prochainement !

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7 réponses à Bruno Ossebi immolé avec sa famille- Février 2009-Février 2018 : 9 ans déjà que notre Héros a été assassiné !

  1. Victor Nkoï dit :

    Un il faudra que les gens s’expliquent sur son assassinat un crime n’est jamais imprescriptible

  2. Konguni dit :

    Hélas, que tous ceux qui se dresseront au travers de la route du grand hydre de l’océan de merde du Congo pour chercher a le noyer, connaîtront le triste sort de notre très regretté Jacquet Ossebi. Cher compatriote, repose en paix, même mil ans ne suffiront pas pour te faire oublier des vrais patriotes et démocrates congolais. Repose éternellement en paix.

  3. On peut dire que le respect que l’on a pour les héros de la nation congolaise . Ce jeune qu’on a ôté la vie par le chef barbare Mbochi sassou Ngeusso ,aujourd’hui toute la population congolaise subit la folie de ce fou furieux ,les congolais sont en danger de mort dans leurs propre pays sans les urgences vitales sans salaires ,un pays en cessation de paiement . La chute est imminente .

  4. Maclintoch dit :

    C est quoi ce langage dénué de toute compassion. c est comme si vs vous réjouissez de la mort d un illustre journaliste et encouragé la criminalité à grande échelle. Qui tue par l épée périra par l’épée. Sassou sait ce qui l’attend, même un caillou a une durée de vie. Tous ces hommes qu il a envoye perir ne le laisseront pas. Ou est Staline ? Hitler?

  5. Val de Nantes dit :

    Et ,la France dans tout ça ???.Toujours en train de sucer son biberon nommé pétrole .La binationalité reléguée aux oubliettes , c’est la France.

  6. SASSOU ASSASSIN dit :

    L’OGRE DE L’ALIMA DENIS SASSOU NGUESSO : DE SA PSYCHANALYSE OU DE SA CONSTRUCTION MENTALE A SON COMPORTEMENT ANTISOCIAL ET CRIMINOGÈNE EN FONCTION DE SES ETATS POLITICO-CRIMINELS AU CONGO BRAZZAVILLE.

    LE DICTATEUR SASSOU NGUESSO : ASSASSIN-NÉ, HOMME SANS FOI NI LOI, SANS ÂME NI CONSCIENCE ET POURQUOI ?

  7. Mokengeli dit :

    Et les assassins courent toujours… jusqu’à rendre la dette extérieure congolaise INSOUTENABLE ! Quel pays de MERDE !

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