Bolloré construit une salle de cinéma à Oyo, le Berchtesgaden de l’Hitler congolais. Par Rigobert OSSEBI

Gaston Yoka et Lionel Labarre du Groupe Vivendi Bolloré

Alors que le régime vacille de toutes parts et que les finances sont exsangues, le 21 février dernier à Brazzaville, un accord de partenariat visant la construction imminente d’une salle de cinéma multiplex et de spectacles culturels à Oyo, a été paraphé à Brazzaville, entre Gaston Yoka, maire de l’ancien minuscule campement de pêcheurs dont est originaire le tyran Sassou Nguesso, et le représentant du Groupe Vivendi, directeur développement de Canal Olympia Africa, Lionel Labarre.

Loin de nous la pensée tortueuse qu’un calcul, autre que celui de la rentabilité économique, guiderait ce projet fou !

Déjà, le 10 mars 2017 le tyran congolais inaugurait l’Hôpital Général d’Oyo, à la pointe de la technologie médicale et avec des équipements sophistiqués qui manquent toujours cruellement aux hôpitaux de Pointe Noire et Brazzaville. Aujourd’hui l’établissement de 120 lits est à l’arrêt. Les 190 agents de santé de nationalité cubaine (dont 77 médecins) ont déguerpis, ils sont rentrés chez eux ; et ils ne reviendront pas de sitôt. Mauvais présage pour le projet aussi inutile que fou de Vivendi-Bolloré.

Ce projet « haut de gamme » comportera 300 places assises et sa réalisation sera pilotée par le Groupe Vivendi.  Cette salle qui servira à l’animation des spectacles et concerts, permettra aussi de promouvoir un certain nombre de disciplines sportives, telles que la course cycliste, la pétanque et bien d’autres », a expliqué M. Lionel Labarre. « La pétanque » vous avez bien lu ! Et la réalisation de ce cinéma multiplex au fin fond de la forêt équatoriale ressemble à s’y méprendre à la folie qui avait été à l’origine de la construction de l’Opéra de Manaus au Brésil ! Rassembler la pétanque et le 7ème art, tour de force incontestable de Canal ou du « petit Prince du cash-flow ?

Durant ces quarante dernières années, que le tyran natif d’Oyo est à la tête du Congo Brazzaville, la dictature s’est employée à détruire toutes les salles de cinéma qui avaient été héritées de la période coloniale. La politique culturelle se limitait à la propagation de films pornographiques pour les jeunes de moins de 10 ans, ou la diffusion de bouquets audiovisuels francophones qui font la fortune du groupe Bolloré au travers de ses filiales Vivendi et Canal+.

Il n’en reste pas moins que cette construction d’une salle de cinéma multiplex à Oyo est une folie pure. Le Groupe Vivendi-Bolloré ne pourra pas dire qu’il ignorait tout de la réalité complexe de cet ancien village de pêcheurs qui n’avait rien d’un Saint-Tropez. Sa filiale PEFACO, qui gère l’Alima Palace, un 5étoiles désert 300 jours par an, a une parfaite expertise de la folie mégalomaniaque qui préside ce pays. OYO, ville factice, est à Sassou-Nguesso ce que Gbadolite était à Mobutu : une capitale politique créée de toutes pièces et qui finira complètement absorbée et digérée par la forêt profonde environnante que rien ne pourra arrêter.

Hormis la ville-village d’Oyo, qui assurera à elle seule, au total, 4 ou 5 spectateurs par semaine, le même groupe va aussi construire des salles de cinéma à Brazzaville, projet inclus dans le même accord, ainsi qu’à Pointe-Noire où le chantier a déjà démarré.

« C’est un projet global qui prévoit la construction de trois salles de cinéma au Congo, notamment (sic) à Brazzaville, Pointe-Noire et Oyo avant de s’étendre sur l’ensemble du territoire national. Il a pour but de participer à la promotion de la culture, du cinéma mais aussi du sport », a renchéri le directeur développement Canal Olympia Africa.

Grand bénéficiaire de cette infrastructure, le maire d’Oyo s’est félicité d’avoir bénéficié de ce projet qui contribuera à la bonne éducation culturelle de sa population. « Tu parles Charles ! » Inutile de poser la question sur le « Pourquoi Oyo ? » La voyoucratie congolaise et ses complices n’ont plus la moindre retenue…

« Nous réalisons que notre ville prend de l’envergure, parce que, qui dit cinéma, dit éducation et culture. La population d’Oyo est donc en train d’obtenir, à travers cette réalisation du groupe Bolloré, un instrument de grande valeur.  Nous adressons à ce groupe notre reconnaissance, et lui promettons d’en faire bon usage », s’est réjoui de son côté, le maire de la communauté urbaine d’Oyo.

Reconnaissance et promesse d’en faire bon usage : le projet a-t-il été offert par Vivendi-Bolloré ???

Au plan africain, le groupe Vivendi a déjà construit des salles de cinéma de ce type à Douala Cameroun, Cotonou au Benin, Lomé au Togo, Conakry en Guinée, Dakar au Sénégal, Ouagadougou au Burkina Faso et à Niamey au Niger. Mais à bien regarder dans aucun autre village, comme celui d’OYO.

L’attribution de la concession du Port de Pointe Noire au Groupe Bolloré n’a jamais fait l’objet de la moindre interrogation tant elle était évidente…. Même si de bien mauvaises langues affirment qu’il en coûte aussi cher de faire descendre un container du bateau sur le quai, qu’il a fallu payer pour son transport du port de départ (au bout du monde) au port d’arrivée, Pointe Noire ; capitale mondiale de tous les trafics. Pas que maritimes !

Rigobert OSSEBI

NB Les passages en italique sont extraits de l’article « Cinéma : Brazzaville, Pointe Noire et Oyo bientôt dotées des salles de cinéma de grand standing » publié le 21 février dans le quasi journal officiel congolais « Les dépêches de Brazzaville » de Pigasse… Jean-Paul.

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13 réponses à Bolloré construit une salle de cinéma à Oyo, le Berchtesgaden de l’Hitler congolais. Par Rigobert OSSEBI

  1. tebola dit :

    C’est une bonne nouvelle une salle de ciné à oyo, comme ça les Brazzavillois pourront aller voir leurs film à oyo!

  2. Val de Nantes dit :

    D’où l’idée de fédéralisme ,car Sassou l’applique d’une manière voilée dans son village à défaut de le faire au niveau régional ..
    Que les congolais se préparent à cette nouvelle forme d’organisation politique …
    Faire des régions des entités économiques et financières ,et laisser à l’administration centrale des missions hautement régaliennes .
    Oyo ,sous Sassou ,bénéficie d’une péréquation non officielle qui s’explique par le pillage des revenus du pétrole en sa faveur ..

  3. le fils du pays dit :

    Manque totale du volontarisme politique de la part de Mr Sassou et son club d’amis de ne jamais penser de façon cohérente,globale et en long terme.Une vraie disgrace
    Voila un pays qui a tous les atouts pour réussir ou l’ont fait le don de tous genres avec bien une contre partie l’octroie de contrats sans appel d’offres.Mr Bollore ne fait pas ca pour ses beaux yeux.

  4. Konguni dit :

    Comme vous pouvez le constater mon cher Ossebi, ce projet, peu importe son lieu d’lmplantation, il rentre dans le cadre des projets sociaux que M. Le Président se prose de réaliser à travers le pays; ce ne sont pas des projets a rentabilité uniquement économique, non, ce sont des projets à dimension sociale, comme construire une école, une route – je sais que vous maîtrisez mieux ces aspects économiques que moi – donc ne cherchez pas ce que ces projets apporteraient au trésor public. Demain, c’est le peuple qui appréciera, même si ce peuple ne compte pas chez nous, un jour la « grande muette » aura son mot à dire, même à Oyo.

  5. Mokengeli dit :

    ENTRE « LA GESTION RATIONNELLE ET DURABLE DU BASSIN DU CONGO » ET LA GESTION CHAOTIQUE DE L’ECONOMIE CONGOLAISE, CHERCHEZ LA CONNERIE !!!

  6. David Londi dit :

    @Val de Nantes,

    effectivement, Sassou se comporte comme si Oyo est la capitale du Congo : hôpital, éducation, équipements culturels et complexe hôtelier. Pendant ce temps, les cinémas (Rio, Rex, ABC, Vogue .. ) ont tous fermé à Brazzaville, faisant de cette ville la capitale sans complexe cinématographique au monde ; l’hôpital général, fleuron de l »Afrique centrale, est dans un piteux état ; l’éducation avec des classes surchargées et sous-équipées et un taux de réussite au bac de 27% ; la voirie avec des éboulements et des canalisations vétustes ; l’eau, un véritable nid à microbes pathogènes provoquant toutes sortes de maladies et l’électricité avec une fourniture par intermittence … Tout ce comportement montre son désintérêt pour le reste du pays. C’est l’échec de l’Etat-nation hégémonique, réducteur et centralisateur.

  7. FERDINAND MASSON dit :

    A KONGUNI

    Cette salle de cinéma finira comme les palais grandiloquents, pompeux et surréalistes de Feu MOBUTU à Gbadolité…… RUINES ASSUREES !

  8. OYESSI dit :

    @ Konguni

    Mon cher frère,
    Pourquoi vous ratez parfois l’occasion de vous taire en donnant votre avis sur un projet qui n’a pas la raison d’être à Oyo.
    J’ai connu Oyo au temps d’Oyoho, ce brave passeur téké venu du haut de l’Alima pour exercer son métier sur le bac Alima. Comme le souligne mon frère David Londi que fait- on des cinémas Rio, Rex, ABC, Vogue .à Brazzaville.devenus, qui des lieux de prière, qui des quincailleries pour aller à chaque fois planter dans la vasière des structures qui engagent le trésor public et qui n’apporteront jamais une plus value aux finances publiques, rien par le fait d’un Sassou qui n’a aucune vision pour le Congo.
    Ce que vous devriez comprendre, c’est que le bon sens aurait voulu que Brazzaville, Pointe Noire,Loubomo, Nkayi, et Ouesso aient eu d’abord des salles de cinéma parce que plus peuplées et ayant des structures économiques permettant aux Congolais qui y vivent d’aller se distraire.
    Après, Sassou, par son orgueil débordant et son incapacité à comprendre comment se gère un état peut construire ses cinéma claniques à Edou, Ollombo, Obouya, Oyo et Tchambiso puisque sa vision du Congo c’est faire plaisir à son clan.

  9. Konguni dit :

    Konguni
    A
    Oyessi

    Vs auriez voulu que je me russe vraiment? Mais accepter aussi les autres, même si parfois on dit les même s choses sans utiliser le même style. j’ ai dit que la grande muette ne sera jamais toujours muette..Mais merci de l’intérêt que vous porté à mon petit commentaire ou avis même s’il n’épouse pas le votre; j’en doute.

  10. Konguni dit :

    Je me russe voulais écrire.

  11. Konguni dit :

    Je dis bien  »russe » désolé.

  12. Revelino dit :

    Pauvre Congo !!

  13. Val de Nantes dit :

    Le Congo ,un bien marchand aux yeux des nguesso .Il y a d’autres dérives morales et économiques dont on ne parle pas , car inconnues du public …Les Nguesso sont à la manœuvre pour assouvir tant soit peu ,leur désir insatiable de revanche sociale ..
    Le destin apatride des Moboutu les indiffère ,au point d’en arriver à douter de l’existence de cette famille présidentielle sur le sol zaïrois..
    Pour les Nguesso ,Moboutu n’a jamais existé ,sinon ça se saurait .

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