Alain Mabanckou, la veste réversible

La « polémique », cette tactique de communication consistant à se focaliser sur un enjeu mineur, discutable, clivant, pour éviter d’aborder les problématiques de fond, est sans conteste le jogging quotidien des Congolais.

Alors que nos terres sont vendues à la découpe au Rwanda par le criminel Sassou Denis et son fils Kiki Angwalima, les sapeurs congolais, par le biais de la polémique créée par l’écrivain Alain Mabanckou s’agissant de leur religion, la sape, s’écharpent comme jamais. L’accessoire au détriment de la défense de notre territoire. On marche sur la tête. Bientôt dépourvus de terres, où les sapeurs feront-ils leur diatance ? Pas sur les terres rwandaises, celles des assassins sans frontières.

Jadis alliés, aujourd’hui adversaires, prêts à en découdre, l’écrivain Alain Mabanckou qui ne cessait d’écumer le quartier Château Rouge, de convier les sapeurs sur les plateaux télés, au collège de France et de vanter cet été d’esprit dans Black Bazar, vient de retourner sa veste.

« Je retourne ma veste, toujours du bon côté », disait Jacques Dutronc. Raté pour le lauréat du prix Renaudot 2006 pour son roman « Mémoires de porc-épic ». Grand par sa taille, Alain Mabanckou n’a pas été à la hauteur. Plus sur la forme que sur le fond. Les mots choisis pour fustiger ses alliés d’hier ne sont pas dignes d’un écrivain.

Depuis Etonnant voyageur, en passant par sa très chère Bélinda jusqu’à son omniprésence sur le réseau social Tik Tok sur des sujets attrape-tout dont il maîtrise peu ou très peu ponctués par son onomatopée Kata, le pas de côté d’Alain Mabanckou était prévisible.

Cette inélégance d’Alain Mabanckou envers ses anciens amis sapeurs a-t-il pour pendant des tombereaux d’injures de leur part ? Nous devons apprendre à débattre et non à nous insulter. Si les sapeurs ne sont pas responsables de l’atrophie de la jeunesse congolaise comme l’affirme Alain Mabanckou, force est de constater que ce « phénomène » doit et devrait être repensé. 

Si les propos d’Alain Mabanckou sur les sapeurs sont inacceptables sur la forme, ils ont le mérite d’engager une réflexion de fond sur un « phénomène » qui n’apporte aucune valeur ajoutée à notre pays. Quel est notre intérêt de vanter les habits, les chaussures, les accessoires conçus, créés et dessinés par d’autres ? 

Les Congolais qui s’identifient à travers la sape se croient du marbre dont on fait les statues, alors qu’ils ne sont en réalité que de la faïence dont on fait les bidets.

D’ailleurs, si la sape et les sapeurs avaient une place et de la considération dans le système PCT incarné par Sassou Denis, comment expliquer qu’ils ne soient invités qu’à la fin des défilés du 15 août à l’image de la voiture balai ?  La sape n’est qu’un exutoire, un divertissement qui ramène hélas la jeunesse à une réalité implacable : le chômage de masse qui lui frappe de plein fouet. Les 100.000 emplois promis à cette jeunesse désœuvrée et abandonnée à son triste sort par le cynique Sassou Denis ne sont qu’un pied de nez. Un de plus ! Croire aux promesses de Sassou Denis, c’est comme demander à la pintade de préparer Noël.

De la contradiction, même malheureuse initiée par les propos d’Alain Mabanckou sur la sape et les sapeurs, il est temps de se poser en tirant les leçons de cette cavalcade qui nous abaisse et nous rabaisse. A l’heure de l’Intelligence artificielle où plusieurs pays africains s’investissent et investissent dans l’éducation, l’innovation, la création, grignotent des parts de marchés ici et là, identifier les congolais sous le prisme de la sape frise le ridicule. Et nous le sommes. Les Congolais sont absents, voire inexistants dans les colloques dans lesquels se décident l’avenir du continent.

Au moment où Alain Mabanckou conjugue la sape et les sapeurs au passé, qu’il se remémore que « le destin des dauphins, c’est parfois de s’échouer ». En se voyant comme dauphin des sapeurs, « chacun le voit depuis sa saillie tel qu’il paraît, peu perçoivent ce qu’il est ».

Olivier MOUEBARA

Diffusé le 06 aout 2024, par www.congo-liberty.org

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à Alain Mabanckou, la veste réversible

  1. Anonyme dit :

    Un bon article équilibré, merci

  2. Samba dia Moupata dit :

    Il n’y a que des imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Alain Mabanckou l’intellectuel a évolué dans la façon de voir les choses. Tenez le 10 août prochain sur invitation de Willy Etoka mari de Claudia Sassou, ces malheureux sapeurs qui pour la plupart ont échoués en France vont aller vendre le rêve à notre jeunesse meurtrie par la guerre et la misère. Alors que ces des cas sociaux en France, même celui qui se vante d’être arrivé en France en 1977 et a voir fait une école supérieure de gestion a été incapable de gérer une petite boutique céder par sa mère, et maintenant traine des gros sacs d’habits dans le métro parisien comme un vendeur ambulant ! Voilà la réalité des ces hommes mendiants en France , comme aussi ce congolais zaïrois par sa mère un maquilleur fumeur de chanvre indien qui reçoit Simplice Ebata et Guy Mpela les lieutenants de Sassou.

  3. Jean Claude Boukou dit :

    Ce post s’interroge et répond à la fois de la sape qui n’apporte aucune valeur ajoutée au Congo-Brazzaville. La valeur ajoutée est un concept social, un plus qu’on apporte pour faire la différence avec autrui. Souvent on éprouve le désir de se réorienter et de vouloir se dédouaner du moment. Cependant, avant de « dénigret » la sape et les sapeurs, il faudrait connaitre les valeurs profondes de la sape telles que le respect mutuel, la non violence, l’esthétique corporelle, le nkelo, le prestige linguistique.
    Le prestige linguistique est le fait que la langue utilisée chez le sapeur jouit d’un prestige plus ou moins grand. Ce concept de prestige linguistique dans la sape avait divisé ou divise encore les linguistes et hommes politiques congolais quant à la place à accorder à une troisième langue, le lari, à part le kituba et le lingala.
    De nombreuses circonstances ont amené le lari à acquérir un certain prestige, notamment quand la sape gagnait du terrain auprès de la jeunesse congolaise. C’est ce qui s’est passé lors des nkelos. ( A l’origine le nkelo est un décocté composé d’herbes qu’on administre pour soigner des yeux malades. Par glissement du langage, on appelle nkelo, l’art de bien parler, de mettre ses habits en valeur en lari. Dans la foulée, la plupart des jeunes à cette époque se sont réclamés laris. Car le nkelo ne se déclamait ni en vili, ni en dondo, ni en beembe, ni en mboshi. Pour être considéré comme sapeur, il fallait passer par l’initiation du nkelo, donc « ouvrir ses yeux ». Une réalité congolaise jusqu’aux années 1985.
    A cette époque, nul ne pouvait exiger de la sape la reinvention de la roue ou la mise en scène d’une quelconque théorie économique. Tout rimait avec le Beau.

     » la sape n’est qu’un exutoire, un diverissement qui ramène hélas la jeunesse vers une réalité implaccable: le chômage de masse  » .
    Le sapeur en manque de diverissement crée son monde pour éviter le train train quotidien. La sape n’est pas à désapprouver ni le sapeur à lyncher.

    Jean Claude Boukou
    Sociologie des pratiques rémunératrices

  4. Val de Nantes. dit :

    Quand l’inventeur de la petite vérole se trompe de combat.. Il y a mieux à faire que de plancher sur des stupidités vestimentaires..
    Le Congo Brazzavill de Sassou souffre de manque de penseurs en des domaines très précis, comme l’économie ou le modèle d’éducation approprié au développement économique de notre pays…

  5. Philippe YOULOU dit :

    On accuse le peuple j’allais dire les sapeurs de ne pas penser comme il faudrait penser. Les dérives des pseudos intellectuels, mutés aujourd’hui en idéologues qui doivent, à tout prix, imposer un prisme tout fait, et il faut que la réalité corresponde à ces principes. Les gens, qu’il est convenu d’appeler les sapeurs sont condamnés parce qu’ils ne pensent pas comme eux….

Laisser un commentaire