ALAIN MABANCKOU : Ecrivain congolais émérite et pourfendeur de l’injustice au Congo fait son entrée dans le Petit Larousse. Par Lucien PAMBOU

Alain MABANCKOU et Mingwa BIANGO au Columbia Global Centers à Paris, le vendredi 9 juin 2017,

Alain Mabanckou est un Congolais dont nous devons être fiers dans le domaine de la littérature. Comme Rufin, écrivain, académicien et ancien ambassadeur français au Sénégal, comme Macron, nouveau Président de la République française, Alain Mabanckou fait son entrée au sein de la 200ième édition du Petit Larousse.  C’est une reconnaissance intellectuelle forte pour un des nôtres, dont nous devons être fiers, quelles que soient nos origines ethniques et nos options politiques différentes. C’est un Congolais qui porte haut le nom du Congo Brazzaville à travers la littérature. Des écrivains, le Congo n’en manque pas, comme Henri Lopes, Tchicaya Utam’si, Sony Labou Tansy, Menga, Tati Loutard, Emmanuel Dongala, etc.

Mabanckou est celui qui va plus loin car il ne se contente pas d’être un écrivain reconnu, c’est aussi un pourfendeur de l’injustice politique au Congo car il estime que le silence de la France concernant l’élection de Sassou en 2016 à la Présidence de la République, est un silence coupable qui conduit le Congo aujourd’hui dans une situation de déséquilibre institutionnel. Alain Mabanckou a été très clair le 12 mai 2016 lors d’une interview à RFI : « l’élection présidentielle au Congo est frappée d’une petite vérole, sorte de maquillage, ainsi que la situation dans laquelle se trouvent beaucoup de membres de l’opposition ».

Né à Pointe Noire en 1966, Mabanckou a axé sur partie de son œuvre sur les quartiers de Rex et de Mawata que je connais car une partie de mon enfance s’y est déroulée, vivant tour à tour du côté du quartier Roy et Mvoumvou. Auteur de « Verre cassé » (2005, éditions du Seuil), des « Mémoires de Porc-épic » (2006, Prix Renaudot), de « Petit piment » (2015), Mabanckou joue avec les clichés sur les Africains. Il évoque les violences sur les peuples et dans tous ses essais, il problématise la question des identités et lutte contre les communautarismes. En ce moment, il participe à Paris, avec un autre Congolais Emmanuel Dongala, à un forum sur la langue de naissance et la langue de l’écrivain. Alain Mabanckou est le premier Congolais à être, pour un , titulaire de la chaire de la francophonie au Collège de France. C’est une marque de reconnaissance forte pour les écrivains congolais et africains. On ne peut que s’en féliciter comme Africain et se réjouir comme Congolais. Sachons reconnaitre la compétence professionnelle des nôtres. C’est peut-être ce qu’il manque au Congo-Brazzaville pour travailler sous les auspices de la raison et non la traditionnelle empathie qui nous caractérise souvent, même quand la raison domine. Il n’y a pas deux Mabanckou, mais un seul et rendons lui hommage, même si on n’est pas d’accord politiquement avec lui.

Le travail de Mabanckou s’inscrit dans cette nouvelle génération d’écrivains africains qui souhaitent renouveler la pensée post-coloniale de la littérature africaine par une déconstruction sémantique et un renouvellement de l’imaginaire qui permet de mieux saisir le rôle de l’intellectuel africain dans un monde qui se planétarise, si on reprend l’expression de Achille M’Bembé (Philosophe camerounais, enseignant en Afrique du Sud). C’est dans cette même veine que l’on peut comprendre les ateliers de la pensée qui se sont tenus récemment à Dakar, organisés par le Professeur Felwinn Sarr.

Alain Mabanckou est un compatriote que je connais bien pour l’avoir rencontré à Brazzaville au cours d’une conférence sur la littérature organisée par les Dépêches de Brazzaville et l’association bretonne Les Etonnants voyageurs février 2013. J’y étais présent en tant qu’analyse politique et lui comme écrivain. J’y ai animé des tables rondes. Tous les membres de la conférence étaient conviés et présents. Mes relations avec Mabanckou se sont poursuivies aussi au Salon du Livre à Paris où, en tant qu’animateur des tables rondes, nous avons continué à deviser. Nous nous connaissons.

Mabanckou a pris une position politique qui est à la hauteur de son œuvre. C’est un homme écouté dans le monde des lettres et des arts, c’est un intellectuel engagé qui, selon lui, estime qu’il ne pouvait plus se taire en écoutant cette voix de la jeunesse congolaise qui lui demandait d’intervenir, de ne pas rester silencieux car les populations congolaises se meurent dans une prison à ciel ouvert qu’on appelle le Congo. Mabanckou a donc critiqué la modification de la constitution par Sassou et pointé le silence complice de Hollande. A la manière de l’écrivain Emile Zola dans l’affaire du Capitaine Dreyfus, Mabanckou pourfend l’injustice au Congo Brazzaville.

D’autres intellectuels peuvent-ils en faire autant ? On ne peut pas répondre de façon binaire par un oui ou par un non car la situation réseautale  au Congo dominée par des alliances, des mésalliances entre les vainqueurs d’un jour qui deviendront demain les vaincus, laissant leur places aux vainqueurs de demain, compliquent l’analyse de la situation politique au Congo. Manbanckou pointe par sa hauteur de vue l’indigence politique au Congo et l’incapacité de ses acteurs à construire un modèle démocratique réel.

On peut compléter que l’absence de conception d’Etat-nation et le véhicule tribal, comme facteur modèle de gouvernance politique par les acteurs politiques congolais, est un frein pour l’édification d’une République réelle. Je termine en empruntant à Mabanckou la fin de son interview à RFI  le 12/05/2016 : Mabanckou conclut son interview en disant qu’il ne sait pas ce qu’il faut faire pour cette affaire présidentielle au Congo, mal gérée par la France,  mais il ne restera pas silencieux ; si ça doit pendre cent ans, il continuera à gueuler.

 

Par Lucien PAMBOU

Analyse politique congolais.

Economiste

Co-fondateur et ancien Secrétaire général du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France 2005-2008)

Ancien Conseiller municipal Les républicains (2008-2014)

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18 réponses à ALAIN MABANCKOU : Ecrivain congolais émérite et pourfendeur de l’injustice au Congo fait son entrée dans le Petit Larousse. Par Lucien PAMBOU

  1. Anonymous dit :

    Mingwa, as-tu été le nègre de Lucien Pambou pour ce texte pour qu’il porte son nom?

    Tout le monde ici sait que Lucien Pambou est incapable de prendre de la hauteur, faute d’épaisseur, pour pourfendre les injustices au Congo. Aussi, cher Mingwa, je t’invite de nous éclairer sur l’auteur de ce texte. Si c’est bien Lucien Pambou, alors là il est à un tournant de sa vie. C’est très beau pour être vrai.

  2. Mingwa BIANGO dit :

    Cher Anonymous,

    L’auteur de cet excellent texte est bien mon cher grand frère Lucien PAMBOU. Je n’ai fait quillustrer sa tribune par la photo que j’ai prise hier avec Alain Mabanckou, qui en duo avec le doyen Dongala ont participé à une conférence d’un festival d’auteurs d’Afrique et des Caraïbes, organisée par un campus américain.
    Lucien Pambou est l’un des auteurs de congo-liberty que j’apprécie beaucoup…c’est quelqu’un de brillant, bien que polémiste au goût de certains sur ce site, pour reprendre son expression.
    Notre site, c’est aussi la diversité d’opinions et la contradiction !

  3. Anonyme dit :

    Quelle mémoire courte? Cet Alain Mabanckou qui insulta la résistance en 2013  » Étonnant voyageur à Brazzaville » Et même Brazzanews et les vrais, des vrais résistants de la diaspora se souviennent s’en souviendront.  » Alain Mabanckou nous insultait de crétin, nous, activiste sur les médias et réseaux sociaux…

    Le jeu SUD/SUD, NORD/NORD c’est terminé…

    Nous savons aujourd’hui quels sont nos lâches, pions, espions, dangers et puis. Mingwa Biango ne soit pas naïf – si oui, demandez conseil à Marien Ngouabi (entre Nordiste) et à Pascal Lissouba ( entre Sudiste). A suivre

  4. Anonymous dit :

    Cher Mingwa,
    Ta confirmation veut dire qu’il ne faut jamais désespérer de l’homme, car tant qu’il y a la vie, il y a toujours de l’espoir.

    Lucien Pambou, continuez. Vous êtes sur la bonne voie. Votre fonds peut être récupéré même le doute est permis.

  5. Mingwa BIANGO dit :

    Cher anonyme qui ne l’est pas pour moi,

    Quel patriote au nom de notre pays le Congo à réalisé l’exploit d’Alain Mabanckou, en rencontrant les plus hautes autorités de la France ? Soyons quand même un peu reconnaissant.
    Oui, notre problème à nous Congolais c’est la jalousie. Je sais que tu es un soutien indéfectible du général Mokoko et c’est bien! Mais n’a t’il pas travaillé avec Sassou , lui a ton fait le procès de tout son passif… ? Ton acharnement contre Alain Mabanckou et ta complaisance envers ton parent et général de Makoua laisse supposer que ton soutien à son égard est tout simplement à caractère tribal. Non, je ne suis pas naïf et je sais aussi que personne n’est omniscient, sauf toi le donneur de leçon qui vit dans le passé !
    On ne reconstruira pas le Congo de demain dans le ressentiment et l’aigreur…mais avec toutes les filles et les fils de bonne volonté d’où qu’ils viennent !

  6. JDM dit :

    Anonyme , de quelle résistance ou d’opposition faisons nous allusion ? Certains membres de la résistance ou d’opposition n’ont -ils pas une part de responsabilité dans les déboires de l’opposition pour le rétablissement de la démocratie au Congo? N’avons nous pas vu certains se dire d’être dans la résistance et l’opposition , mais par coup de baguette magique ont fini par tricoter avec leur bourreau? Alors comment peut -on être sérieux lorsqu’on utilise la résistance et l’opposition a des fins égoïstes ?

  7. RENE MAVOUNGOU PAMBOU dit :

    Un Congolais de plus dans le Larousse

    Il ne m’a pas échappé que le premier congolais à figurer dans le Larousse c’est un sapeur, en l’occurrence Jo Balard, ambassadeur émérite de la SAPE. Il aura porté l’art vestimentaire, la prestance et l’élégance congolais sur les fonts baptismaux et surtout en a fait une promotion efficiente au monde. Et de ce point de vue la culture congolaise aura un tant soit peu enrichi la langue française par des vocables suivants : sape, saper, sapeur… C’est cela aussi le fait de participer au rendez-vous du donner et du recevoir. Je ne saurais omettre l’existence dans le Larousse du grand homme de lettres Tchicaya U Tam’si de par son immense contribution à littérature africaine. A ma connaissance, il y aurait ces trois congolais de renom dans le Larousse, une façon indéniable de contribuer à la gloire du Congo. Hélas, il est des primitifs et des barbares au pouvoir qui s’ingénient à ternir l’image de notre cher et beau pays par la bêtise humaine!

  8. RENE MAVOUNGOU PAMBOU dit :

    Quand le corps social est gravement gangréné par tant de maux redoutables et que le peuple bâillonné est privé de la possibilité de crier des mots pour exprimer ces maux dont il est volontairement accablé par l’oppresseur, il revient à l’intellectuel de briser le mutisme et de jouer le rôle de la voix des sans voix. Pour ce faire, il a l’impérieux devoir de traduire devant la face du monde les mots pour faire connaitre les maux de son peuple.
    Merci infiniment à notre concitoyen Alain Mabanckou pour son engagement pour cette noble cause.

  9. VAL DE NANTES . dit :

    @RENE MAVOUNGOU PAMBOU

    CHER COMPATRIOTE , beaucoup de respect à votre égard .Car vous commentez sans détours la problématique politique de notre pays et cela à découvert ;;;;; ;.
    LE PAYS saura reconnaître ces dignes fils ;;;;;;;;
    BRAVO ..

  10. Mokengeli dit :

    MABANKOU est simplement le meilleur. Si j’étais écrivain congolais, je m’inspirerais de cet homme qui donne le plaisir d’être lu et le bonheur d’être écouté.

    Dommage que dans notre pays, il y ait des écrivains qui, au lieu d’emboiter le pas à MAMBANKOU et exprimer librement leur talent d’écrivains, s’éparpillent à caresser dans le sens du poil, un homme et un pouvoir illégal et corrompu…par appât de gain.

  11. Bulukutu dit :

    Les américains sont-ils fiers de savoir que certains de leurs éminents représentants font parti du Larousse? Je salue le courage de ce grand écrivain, dans la dénonciation des ignominies en cours au congo et en particulier dans le Pool. Mais quelle fierté il y a que d’avoir son nom inscrit au dictionnaire de la langue du colonisateur? Aurions-nous la même ferveur si notre cher écrivain avait été admis dans un dictionnaire de la langue swahili ? Cette fierté traduit elle le manque de considération que nous avons vis à vis de nos propres langues ? Je suis un grand admirateur de M. Mabanckou, et je suis très fier de son parcours. Ce qui me gêne, c’est notre attitude. Nous pouvons admirer son oeuvre parce qu’elle est d’une grande qualité, mais pas parce qu’elle est encensée par les français ? Avons-nous besoin de la caution d’un tiers pour reconnaître les talents africains et ainsi leur rendre hommage ? Qu’est ce que cela dit de nous ?

  12. Gabio dit :

    Pour emboiter Bulukutu, j’ajouterais que la colonisation francaise a laisse des cicatrices incurables dans la conscience des congolais. Aucun remede n’est capable de venir a bout de ce syndrome de Stockholm dont souffrent les africains soumis aux sevices multiformes pendant des siecles, esclavage brutal, colonisation forcee a la chicotte et neocolonialisme par dictateur nomme par le colon choisi souvent parmi les plus betes des colonises.

    Pour un africain, surtout congolais, tout ce qui vient de la France vient de Dieu. Alain Mabanckou est pourtant professeur titulaire (full professor) a l’universite de Californie a los Angeles, la celebre et mondialement reputee UCLA. Mais pour ces maudits des congolais, non, on ne releve que son appartenance au fameux college de France, une pacotille connue uniquement des colonises africains.

    La valeur intellectuelle d’Alain Mabanckou ne doit pas etre reduite a une reconnaissance par vos maitres eternels. Les oeuvres de Mabanckou ont la meme valeur quelque soit la langue utilisee pour leur presentation. Ce qui est important dans chaque oeuvre, c’est le contenu.

    A cette allure, vous qui ne jurez que par l’obeissance aveugle a tout ce qui est francais, vous, idolatres des franconneries comme ce fameux college de France ou ce Larousse, vous resterez indefiniment ce que vous etes. Votre maitre vous procurera les dirigeants qu’il voudra pour vous colonises eternels.

  13. Anonyme dit :

    on peut etre un grand ecrivain sans utiliser le français .ENCORE UNE TARE DE LA COLONISATION
    TOUT CE QUI CONTRIBUE A LA PROMOTION DE LA LANGUE DE L OPPRESSEUR EST MAUVAIS POUR NOTRE CONGO.
    IL EST TEMPS D ABONDONNER LE FRANCAIS AU PROFIT DE NOS LANGUES. NON AU FRANCAIS QUI NE PERMT PAS A L AFRICAIN DE S EPANOUIR

  14. Mokengeli dit :

    Le problème n’est pas la langue du colonisateur. Le problème c’est le colonisateur lui-même. Nuance.

  15. Mokengeli dit :

    Ce n’est pas la langue française qui a tué le Kanak Eloi MACHORO ; c’est l’ordre colonial français qui l’a tué.
    De même, ce ne sont pas les langues wallonnes et flamandes qui ont tué Patrice LUMUMBA ; c’est le colonisateur Belge qui l’a tué.

  16. Anonyme dit :

    le colonisateur et sa langue ne font que un mr mokengeli. ce sont deux entites indissociables!!!!!!!!!!!

  17. le fils du pays dit :

    Bien vu et bien dit mon Cher compatriote Mr Gabio,ces pseudo-intelllo Congolais sortis droit du moule du colon français ramènent tout a ce petit empire(France).Vous n’avez qu’a lire leurs interventions sur cette page pour comprendre ce que est ce tas de merde appelé intellectuel,incapable de sortir du prisme francais.Souvent ils ne font que mimer leur maitre français parfois en citant dans l’ignorance totale les pensées de philosophes français dits de lumière s’il y a vraiment philosophes,que de vrais racistes.

  18. felone makoubila dit :

    je valide cette volonté d »une vision positive qu »il continu dans cette lancée.,merci Alain

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