« Comment parler d’indépendance face à la dépendance économique, politique et intellectuelle de la plupart des pays du continent ? «
L’homme vit de symboles pour se représenter ou représenter son environnement à travers ses différentes expressions. Ainsi, donne-t-il un sens à son existence et aux rapports sociaux. En ce sens, célébrer la fête dite de l’indépendance pour un pays n’est pas en soi une incongruité, mais l’important réside dans le contenu qu’on en donne. Dans le cas des pays africains, anciennement colonisés, plus qu’une célébration, cet événement est un rapport à la mémoire. Il doit s’inscrire dans une perspective historique et en être un déterminant tant dans sa définition que dans sa réalité.
61ans après la nuit coloniale, on ne peut continuer à s’énivrer de fêtes fastueuses, agrementées de discours et slogans d’autocongratulation insipides des pouvoirs en place, discours que démentent sans équivoque la détresse au quotidien des populations et leur pauvreté toujours croissantes. Combien de temps faut-il pour vivre à la remorque d’une Histoire de façade sans prise avec la réalité, voire d’une indépendance aux antipodes des aspirations des populations ?
La jeunesse africaine actuelle est ouverte au monde. Elle sait ce qui est essentiel ou accessoire, autrement dit ce qui est fondamental pour la construction de l’Afrique. Elle tient en horreur le tumulte de ces prestidigitations, de ces feux d’artifice, qui ne leur ouvrent aucune perspective, hormis le chômage, l’oisiveté, l’exil économique ou politique, etc.
Comment parler d’indépendance face à la dépendance économique, politique et intellectuelle de la plupart des pays du continent ? N’est-ce pas une crise de langage, d’une capitulation de l’élite dirigeante quant à sa mission de transformer la société, de répondre aux attentes des populations ?
L’indépendance c’est rompre d’avec la pathologie de la dépendance ; c’est construire une nouvelle légitimité historique ; c’est promouvoir une nouvelle vision du monde ; c’est interroger les mutations et les grands enjeux du moment dans le monde, avec ses propres outils, afin de se projeter dans l’avenir. En d’autres termes, c’est être maître de son destin sans attendre l’onction de quiconque, mais aussi ne pas être à l’affût d’hypothétiques aides de l’extérieur. Des aides qui, en réalité, sont des leurres qui contribuent au « développement du sous-développement » de nos pays et de leur sempiternelle soumission. L’exemple d’un pays qui s’est développé avec l’aide du FMI ou avec soi-disant, » l’aide au développement », serait très édifiant et ferait école !
L’indépendance c’est garantir et rationaliser sa souveraineté ; c’est créer au sein de la population une dynamique de raccordement unitaire et nationale, par-delà la diversité des opinions ; c’est pacifier l’espace politique en magnifiant la tolérance comme mode de régulation des rapports sociaux et non tirer le pays par le bas en bâillonnant les voix discordantes, ou être à la quête des parrains à l’extérieur pour se maintenir ou accéder au pouvoir.
L’indépendance c’est se prêter à l’innovation, à la créativité, pour l’intérêt général. L’indépendance exècre la violence comme mode de règlement de conflits et l’accaparement du bien collectif par un clan ou une quelconque entité.
L’indépendance c’est le droit des populations de choisir leurs dirigeants en toute liberté sans qu’ils ne les leur soient imposés, d’une manière ou d’une autre, telles les élections de façade.
En somme, célébrer l’indépendance pour un pays africain, c’est bannir son aspect festif et privilégier son bilan. En faire le bilan est un impératif éthique minimal face à la souffrance des populations qui se décline par le manque d’eau et de l’électricité, la famine, la malnutrition, les faiblesses du système éducatif, la désarticulation de la famille, le chômage des jeunes, les épidémies, les maladies de toutes sortes et leur hypothétique prise en charge par des structures sanitaires inappropriées incarnant les mouroirs.
Dans son livre » Les damnés de la terre », Frantz Fanon fait observer que » Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir « . La jeunesse africaine actuelle, décomplexée, a choisi de remplir sa mission, celle d’écrire elle-même son Histoire. Elle rejette vigoureusement ces fêtes fastueuses, budgétivores et inutiles, véritables vecteurs de propagande des pouvoirs en place ne menant nulle part.
De même, on ne peut célébrer l’anniversaire d’un enfant qui n’a pas encore vu le jour, de même on ne peut être fier de célébrer une indépendance qui n’existe pas.
L’indépendance n’est pas juste une métaphore, c’est une disposition permettant à un pays d’avoir la plénitude de son existence en tant qu’espace souverain. Ne faut-il pas nommer autrement cet événement qui est célébrée chaque année dans les pays africains pour mieux s’arrimer à la réalité ?
L’Afrique, berceau de l’humanité, regorge d’immenses richesses matériels et immatériels qui portent le souffle de son indépendance, la vraie. Elle doit en être consciente. Mais cela suppose de grands esprits.
Gilbert GOMA
Diffusé le 15 août 2023, par www.congo-liberty.org
Cher Gilbert Goma , nos intellectuels Africains ont une grosse responsabilité dans ce désastre ! Pour le cas de la diaspora Congolaise de Brazzaville combien ont déjà rejoint la barbarie Mbochi, comme quoi chaque Mbochi a son petit Bakongo qui lui écrit son discours ! Parlons-en de ces corrompus kongo qui depuis Marien Ngouabi accompagnent les Mbochi pour détruire leurs camps ! Aujourd’hui Sassou Denis est parvenu saboter le sud du pays sur tout les plans. Comme l’a dit mon jeune frère, niée le tribalisme Mbochi est une malhonnêteté.