Affaire Sankara, un pas en avant, deux pas en arrière ?

Thomas SankaraAlors que le Burkina a lancé un mandat d’arrêt international à l’encontre de Blaise Compaoré et qu’il s’apprête à demander son extradition, on apprend que les résultats des test ADN effectués sur les corps exhumés, ne permettent pas d’identifier les corps. Quelles incidences ces derniers développements peuvent-ils avoir sur la suite de l’Affaire Sankara ?

Le 21 décembre, jour anniversaire des 66 ans de Thomas Sankara, on apprenait coup sur coup, la demande d’extradition de Blaise Compaoré, l’impossibilité d’identifier les corps exhumés par les tests d’ADN, et la constitution d’une alliance entre l’UNIR PS (Union pour la renaissance, parti sankariste), avec le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) tout nouveau parti, vainqueur des élections  formé à partir d’une scission du CDP, le parti de Blaise Compaoré environ un an avant l’insurrection d’octobre 2014.

Nous ne commenterons ici que les deux premières nouvelles.

Mandat d’arrêt lancé contre Blaise Compaoré

Contrairement à ce qui a été annoncé dans nombre de médias, la demande d’extradition de Blaise Compaoré n’a pas encore été notifiée a-t-on appris lors d’une conférence de presse de la direction de la justice militaire à Ouagadougou le 23 décembre  2015.  Seul un mandat d’arrêt international a été lancé le 4 décembre à l’encontre de Blaise Compaoré  a-t-on appris pour  les chefs d’inculpation suivants : « Attentat contre la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat, complicité de recel de cadavres ». Le dossier n’a pas  encore été transmis mais serait en cours de constitution.

Le commissaire du gouvernement n’a pas semblé optimiste dévoilant lui-même l’argument que pourraient utiliser les autorités ivoiriennes : « Parmi les causes qui peuvent entraîner le refus d’extradition, il y a la mort. Si la peine prévue, c’est la mort, un Etat peut refuser d’extrader une personne. Dans les chefs d’inculpation, il y a la complicité d’assassinat qui prévoit la peine de mort ».

Par ailleurs la complexité  des relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire ne vont pas dans le sens d’une satisfaction rapide de cette demande d’extradition de Blaise Comparé.

L’imbroglio des relations  entre le Burkina et la  Côte d’Ivoire

Blaise Compaoré a été exfiltré en Côte d’Ivoire, parce qu’il a des liens étroits avec ce pays. Il est marié à une ivoirienne qui était une protégée d’Houphouët Boigny. Rappelons qu’Allassane Ouattara a été considéré un moment comme son probable dauphin.  Par ailleurs  les rebelles ivoiriens ont lancé l’assaut pour déstabiliser le pouvoir de Laurent Gbagbo à partir du Burkina Faso. Blaise Compaoré a ainsi contribué à l’installation d’Allassane  Ouattara,  qui tient en partie sa position de Président de Côte d’Ivoire aux rebelles, dont  Guillaume Soro, l’actuel Président de l’Assemblée nationale, était le chef.

Plusieurs enregistrements ont été diffusés où l’on entend des conversations entre Guillaume Soro et Djibril Bassolé, impliqué dans le coup d’Etat de Gilbert Diendéré de septembre 2015. Guillaume Soro est désormais dans une posture difficile, accusé lui aussi d’être impliqué. Le rapport de la commission d’enquête sur ce coup d’Etat http://courrierconfidentiel.net/index.php/affaires-brulantes/1166-commission-d-enquete-sur-la-tentative-de-coup-d-etat-voici-le-rapport rendu public fait état d’une somme de 50 millions de FCFA, destinée aux putschistes récupérée à la frontière ivoirienne. Plusieurs observateurs font par ailleurs d’une lutte engagée pour la succession d’Allassane  Ouattara âgé de 74, et d’une rivalité supposée avec le ministre de l’intérieur ivoirien Hamed Bakayoko qui ne chercherait qu’à piéger son rival!

Pour autant les nouvelles autorités au Burkina sont-elles prêtes à engager un bras de fer avec Alassane Ouattara ?  Dans le numéro de Jeune Afrique du 20 décembre 2015 (source http://www.pressreader.com/france/jeune-afrique/20151220/281745563342068/TextView), Benjamin Roger rappelle l’ancienneté des relations entre Alassane  Ouattara et Roch March Christian Kaboré qui datent du début des années 80. Le père de ce dernier était vice-gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest  (BCEAO) alors que  Alassane Ouattara occupait le poste de conseiller spécial du gouverneur. Depuis Roch l’appellerait « tonton » et « Lorsque Ouattara succède à Laurent Gbagbo, début 2011, Kaboré comme les autres caciques du régime Compaoré  figure parmi les premiers soutiens. ». Lorsque Roch Kaboré, Simon Compaoré et Salif Diallo créent le MPP, Alassane Ouattara tente une médiation «entre son frère Blaise et son neveu Roch ». Sans succès,  « Ouattara doit désormais  jongler entre amitié indéfectible pour Blaise Compaoré et son affection pour son rival » (NDLR Roch Kaboré).

Ajoutons que Roch Marc Christian Kaboré va lui devoir jongler entre les promesses de justice qu’il réitère à chaque occasion et son affection pour Alassane Ouattara. Sans compter sur la France, dont les troupes ont exfiltré Blaise Compaoré du Burkina, et qui n’a sans doute pas intérêt ce qu’un procès public rappelle ses liens étroits avec Le régime de Blaise Compaoré.

Ainsi l’extradition de Blaise Compaoré va être bien difficile à obtenir et l’on peut d’ores et déjà prévoir une rude bataille.

Les tests ADN ne permettent pas d’identifier les corps exhumés

On se rappelle que l’une des premières promesses de Issac Zida, devenu premier ministre, reprise par le Président de la transition Michel Kafando,  était de satisfaire la demande de la famille Sankara de vérifier que le corps enterré dans sa présumée tombe était  bien le sien. Toutes les  tombes ont été exhumées, bien que certaines familles n’y fussent pas favorables. Les avocats ont ensuite dû batailler pour obtenir qu’un juge soit nommé pour que ces identifications permettent de relancer l’enquête.

Sept mois après les exhumations, les autorités judiciaires  ont convoqué les familles pour les informer. Selon Bénéwendé Sankara, avocat de la famille Sankara ,interrogé à la sortie de l’audience, « l’expertise scientifique conclut qu’il n y a pas d’ADN détectable ».

Colère des familles. Elles ne semblent pas avoir été préparées à une telle absence de résultat. Pour la plupart d’entre elles, il s’agit aussi de pouvoir récupérer les restes de leur famille et faire leur deuil. Or il n’est même pas sûr qu’elles puissent  le faire. On leur a signifié en effet que la décision de la restitution ou non des restes serait d’ordre politique.

Les tests d’ADN pratiqués sur des os présentent en effet des difficultés comme l’indique  un site faisant la promotion commerciale de ces tests. : « Les os sont des échantillons difficiles d’analyse. En général plus l’échantillon est ancien, moins il y a de possibilité de trouver de l’ADN. De plus, plus l’os est fin, moins il y a de possibilité de trouver de l’ADN en bon état. Il est indispensable d’utiliser des os récents et de diamètre important (Fémur, Sternum). Le taux de réussite d’obtention d’ADN est de 80 % ». Cependant un site du CNRS (voir (http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap7/barriel.html))explique, « Depuis une dizaine d’années, l’extraction et l’amplification (multiplication) de l’ADN (acide désoxyribonucléique) à partir de restes anciens de plantes et d’animaux ont été rendues possibles grâce au développement des techniques de la biologie moléculaire. ». Suit surtout un très long développement  scientifique  expliquant  les difficultés de conservation de l’ADN mais aussi la possibilité de récupérer l’ADN dans les os.

On peut aussi supposer que les méthodes employées dans les laboratoires scientifiques sont plus élaborées que ceux des laboratoires de la police judiciaire. Les questions fusent cependant dans une époque où l’on parle d’ADN récupéré sur des fossiles  très anciens. Il y avait douze corps et dans aucun d’entre eux on aurait trouvé un ADN utilisable ? A-t-on fait le maximum ? Le doute est là. Et les tentatives des autorités judiciaires comme  des avocats pour expliquer que ses absences d’identification par l’ADN ne remettent pas en cause la poursuite de l’instruction ne suffisent pas à calmer la déception et la colère.

Fallait-il confier les tests à un laboratoire de la police judiciaire française ?

La question mérite d’être posée. Des témoignages accusent la France d’avoir participé à un complot visant à assassiner Thomas Sankara (voir  http://thomassankara.net/spip.php?article794 et  https://www.youtube.com/watch?v=4GAxbGbWdjM). Le refus du Président  de l’Assemblée nationale Claude Bartolone de répondre positivement à la demande d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara (voir https://blogs.mediapart.fr/bruno-jaffre/blog/110915/affaire-sankara-claude-bartolone-place-la-france-en-retard-sur-le-burkina)  , en évoquant des arguments fallacieux, illustre le blocage sur cette question. Ce déni, l’ambassadeur du Burkina a employé le terme de « fantasme »,  ne fait qu’augmenter la suspicion.

Loin de nous l’idée de remettre en cause la compétence du laboratoire de la police de Marseille. Mais  outre les accusations contre la France, quelques antécédents auraient dû peut-être inciter  la justice burkinabè  à  la prudence et à s’adresser à des laboratoires dans d’autres pays, ce qui aurait au moins diminué la suspicion.

Quelques antécédents qui auraient du inciter à plus de prudence

Ainsi la mort du juge Nébié, membre du conseil constitutionnel, en mai 2014, a donné lieu à deux expertises. La première réalisée au Burkina quelques heures après sa mort, effectuée à l’aide d’une imagerie par résonnance Magnétique (IRM) concluait à un homicide volontaire. Mais une autopsie confié à un légiste français, conclura à une mort accidentelle.  Un collectif pour la vérité sur la mort de ce juge a été constitué au Burkina remet en cause cette expertise. Le juge Nébié était en effet opposé à la modification de l’article 37 de la constitution qui aurait permis à Blaise Compaoré de se représenter. C’est l’obstination de Blaise Compaoré qui a provoqué l’insurrection l’obligeant  à démissionner  et à fuir sous la protection des troupes d’élite françaises  du COS (Commandement des opérations spéciales) basées à Ouagadougou  L’enquête est depuis au point mort.  Plus grave le juge chargé de l’enquête vient de décéder par intoxication alimentaire !

Yasser Arafat, gravement malade, est évacué  après plusieurs semaines de négociation, fin octobre 2004, pour être hospitalisé à l’hôpital d’instruction des armées Percy de Clamart. L’autopsie pratiquée par les  médecins militaires français  ne révèle aucune trace de poison connu. L’affaire est relancée  en octobre 2013 par un article signé par 6 experts scientifiques suisses  établissant la possibilité d’un empoisonnement par le polonium 210. D’autres experts contesteront ces affirmations. L’agence fédérale russe rejettera aussi l’hypothèse d’une empoisonnement, sans toutefois publier de rapport scientifique. Les experts français qui ont été sollicités de nouveau n’ont pas confirmé la thèse de l’empoisonnement, reprenant pour l’essentiel les documents produits par leurs collègues en 2004. En septembre 2015, le tribunal de Nanterre a prononcé un non-lieu mais l’avocat de Mme Arafat a fait appel.

Le disparition du dossier du juge Borrel. Le magistrat français Bernard Borrel avait été retrouvé assassiné à Djibouti le 19 octobre 1995, son corps en partie dénudé et calciné. Les autorités  françaises et djiboutiennes avaient rapidement conclu à un suicide, avant que le dossier ne soit requalifié en assassinat .L’instruction du dossier a subi de nombreuses  manipulations, falsifications, omissions d’éléments du dossier, etc.. A tel point que la Commission Européenne des droits de l’homme a condamné  la France « pour violation de l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit le droit à un procès équitable ». Selon Le Figaro du 12 novembre 2015, « C’est l’un des grands dossiers qui empoisonnent la vie politico-judiciaire française  ».  Or en novembre 2015, on apprenait que l’ensemble des scellés de l’affaire qui étaient entreposés au palais de justice de Paris, avaient disparu !

Quel avenir pour le dossier Sankara et des personnes assassinées avec lui ?

Dans l’immédiat, les avocats peuvent demander une contre-expertise. Ils peuvent le faire pendant quinze jours après la communication des résultats.  Comme nous l’avons vu, il existe de multiples raisons pour le demander. Et comme la promesse du Président Kafando d’identifier les corps n’est pas tenue, cette contre-expertise s’impose et l’Etat burkinabè qui doit tant à Thomas Sankara. Il peut débloquer la somme nécessaire. Ce ne sont pas les Burkinabè qui le lui reprocheront.

Le juge a entendu de nombreux témoins. Douze personnes  sont inculpées, dont plusieurs militaires du commando qui ont assassiné Thomas  Sankara et Diendéré qui était déjà le chef de la sécurité présidentielle dont dépendait ce commando. Sans doute ces témoignages sont-ils suffisants pour inculper Blaise  Compaoré, mais pour l’instant le juge militaire n’a pas communiqué sur les éléments versés au dossier, si ce n’est sur les personnes inculpées. Le Chef du commando, Hyacinthe Kafando, qui s’est opposé par le passé à  Diendéré est en fuite.  Ces derniers jours des rumeurs de tentative d’évasion  de ce dernier circulent au Burkina Faso ce qui n’est pas sans augmenter l’inquiétude.

On regrettera cependant que le juge ne semble pour l’instant pas s’intéresser au volet international de l’affaire. Pour s’informer sur cette question on pourra se reporter au dossier constitué par le Réseau Internationale « Justice pour Sankara justice pour l’Afrique » à http://thomassankara.net/spip.php?article1766. Le nouveau gouvernement, qui sortira des élections  ne fera certainement pas preuve d’un zèle particulier pour interpeller la France sur cette question. Les gagnants des élections, étaient présents au dernier congrès du parti socialiste. Ils se réclament de la social-démocratie et ont frappé à la porte de l’Internationale socialiste, dont ils sont peut-être djéà membres.

Le non reconnaissance des corps par l’ADN peut affaiblir l’accusation notamment au cours du futur procès. Certaines familles ont affirmé avoir reconnu les corps au vue d’effets personnels retrouvés autour. D’autres  non.  On ne sait trop comment les noms figurant sur les tombes ont été déterminés, mais il est fort à craindre que ceux dont les noms étaient indiqués puissent reposer à un autre endroit. Bénéwendé Sankara  avait déclaré  après la divulgation des résultats de l’autopsie  « En ce qui concerne le président Sankara, on a noté que des orifices ont été faits au niveau de la poitrine, des cuisses, des bras et sous les aisselles »: précisant « … au regard des objets qu’on a déjà pu identifier, tout semble indiquer que la tombe présumée est celle de Thomas Sankara, sous réserve du test ADN. »  (voir http://lepays.bf/assassinat-de-thomas-sankara-le-doute-est-leve-sous-reserve-du-test-adn-dixit-me-sankara/ ).

En l’absence de résultat des tests ADN, l’autopsie  pourrait-elle alors être utilisée ?  Le président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), Chrysogone Zougmoré, ne voulant pas remettre en cause les compétences des experts qui ont recherché les ADN, a déclaré  « ce qui est souhaitable et s’il existe d’autres techniques d’identification que ces techniques soient utilisées et explorées afin que des éléments de vérité puissent éclater sur ce dossier » mais il n’a pas déclaré lesquelles.

L’affaire Sankara a fait un grand  bond en avant grâce à l’insurrection. Mais  il reste encore beaucoup à faire. L’avenir du dossier apparaît désormais tout autant judiciaire que politique.

Une nouvelle expertise pourrait permettre à ce que le traitement de cette affaire puisse continuer dans une certaine sérénité. Dans le cas contraire le doute risque de s’installer durablement.

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Par Bruno Jaffré

Diffusé le 30 décembre 2015, par www.congo-liberty.org

Source : https://blogs.mediapart.fr/bruno-jaffre/blog/281215/affaire-sankara-un-pas-en-avant-deux-pas-en-arriere

 

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8 réponses à Affaire Sankara, un pas en avant, deux pas en arrière ?

  1. kimpéné Ya Congo dit :

    Il va falloir que les Noirs Africains Arrêtent de jeter l’opprobre sur ce si Beau Continent Oublié à cause de la Mauvaise Gestion de Tous ces Présidents à Vie qui ne Cessent de nous faire Honte. Est-ce parce que Nous sommes NOIRS et Idiots ou parce que Nous ne voulons pas faire Respecter.
    Le cas du Président Thomas SANKARA va faire date mais la France va nous brouiller les pistes alors que Nous savons que les Présidents François Mitterrand et le Houphouët BOIGNY étaient à la base de cet attentat dont le maître d’oeuvre sur place, il y avait la main de Compaore. Nous devons commencer à résorber nos Bêtises nous- même. Il nous faut Changer la Politique en AFRIQUE NOIRE déjà en donnant une image Correcte de ce Continent qui en Souffre tant !
    Que la Vérité sur la Mort du Président Thomas SANKARA ! PAIX à son Âme !

  2. Anonyme dit :

    Bien dit. Le problème est que la politique en Afrique francophone est sous tendue par les enjeux géopolitiques et géostratégiques souvent ceux de l’ancienne puissance coloniale. Il va falloir que le Burkina résiste aux assauts des néocolonialistes pour faire définitivement la lumière sur cette affaire.

  3. Kuna dit :

    Ils ont au moins osé. Les hommes politiques congolais qui n’osent jamais demandé des comptes à Sassou, ont à apprendre des hommes politiques burkinabé. Ils ont osé lever le tabou sur l’assassinat de Thomas Sankara. Nous attendons que le PCT et les autres corrompus franchissent le pas en introduisant une requête au tribunal pour l’assassinat du fondateur du PCT, Marien Ngouabi l’homme par qui Sassou, ses enfants et tout le cortège des profiteurs peuvent dire un grand merci à Marien Ngouabi.

  4. Anonyme dit :

    Les Africains…Tous les mêmes… Les blancs n’ont pas tort de les considérer comme de grands enfants naïfs… Mais quelle idiotie que de confier les tests ADN à ceux qui ont contribué, sinon commandité l’assassinat de Sankara !!!
    Même dans les pires séries policières on aurait du mal à accepter ce genre de situations, et on aurait crié au scandale sur la crédibilité du scénario. Mais en Afrique la réalité dépasse la fiction, et on fait bel et bien face à des bêtises de ce genre.
    Pourquoi ne pas avoir envoyé les échantillons ADN dans un pays qui ne serait pas impliqué dans les magouilles « Françafricaines » ??? Au mieux, il aurait fallu impliquer des laboratoires de plusieurs pays différents pour confronter leurs résultats.
    Les Africains (francophones) doivent se déprogrammer du logiciel malicieux et toxique qui leur fait penser que les intérêts de la France vont de le même sens que les leurs…

  5. ano dit :

    Ce n’est pas une fatalité. C’est parce que nous le voulons si bien.

    Si la france était si omnipotente, pourquoi les chinois raflent autant de contrats, dans un contexte de croissance molle en Europe ?

    Par conséquent c’est sciemment que nous signons au gré de nos intérêts immédiats (via nos petits roitelets nègres)

  6. Sam Bousky dit :

    Je ne cautionnerai jamais la connerie figurant sur le certificat ou acte ou je ne sais quoi, de décès de Thomas Sankara, évoquant une mort naturelle. Le comble du cynisme! Il est vraiment temps que justice soit faite, même si cela suppose d’inquiéter le repos des âmes de FM et FHB.
    Dans le même registre, bientôt on nous dira que Marien Ngouabi s’était suicidé, vu « qu’on n’a jamais su » qui l’a tué. Au fait, cette superfétation de sacrifice suprême a tôt fait de disparaître de la mémoire collective du congolais.

  7. Odjouelgba dit :

    Lu pour vous sur Cameroonvoice.com
    La France est le seul pays au monde à avoir réussi l’extraordinaire exploit de faire circuler sa monnaie-rien que sa monnaie-dans des pays politiquement libres»

    JosephTchundjang Pouemi, auteur de Monnaie, servitude et liberté : la répression monétaire de l’Afrique

    Introduction
    Le 26 décembre 2015, le franc Cfa aura 70 ans ! D’aucuns pensaient qu’avec la fin de l’empire colonial français, à partir des années 1950, les principaux symboles de cet empire disparaîtraient avec lui. L’exemple du franc Cfa prouve le contraire.

    Le franc Cfa : un des piliers de l’empire colonial français
    L’histoire du franc Cfa est liée à celle de l’empire colonial français en Afrique. A la veille de la deuxième Guerre mondiale, la France avait décidé de renforcer son autorité sur les territoires qu’elle contrôlait outre-mer. C’est ainsi que les décrets du 28 août, et ceux du 1er et 9 septembre 1939 instituèrent un contrôle des changes entre la France et ses colonies d’une part, et entre elle et le reste du monde d’autre part. Ce fut la naissance de la Zone franc. En effet, l’inconvertibilité du franc métropolitain et la mise en place du contrôle des changes délimitèrent un espace géographique à l’intérieur duquel les monnaies demeuraient convertibles entre elles et jouissaient de règles de protection communes vis-à-vis de pays hors de la zone.
    La réforme monétaire du 26 décembre 1945 vit la création des francs «des colonies françaises d’Afrique» (Cfa) et des francs des «colonies françaises du Pacifique» (Cfp). Après les «indépendances», le sigle Cfa deviendra «franc de la Communauté financière africaine» pour les pays membres de la Bceao, et «franc de la Coopération financière en Afrique centrale» pour les pays membres de la Beac. 70 ans après sa création, le franc Cfa apparaît comme le symbole d’une souveraineté confisquée et un obstacle majeur au développement des pays africains.

    La négation de la souveraineté monétaire des pays africains
    Statutairement, la Conférence des chefs d’Etat et le Conseil des ministres des pays africains ont des pouvoirs dans le fonctionnement de la zone Franc et la définition des politiques monétaires. Mais ces pouvoirs sont purement théoriques. En réalité, c’est la France qui décide, en dernière instance, et les pays africains se chargent de mettre en œuvre. Ce fut le cas lors de la dévaluation du franc Cfa en janvier 1994. Ce changement de parité, imposé par la France avec le soutien du Fmi, avait montré que le sort du franc Cfa se décidait ailleurs qu’au Sénégal et au Cameroun, sièges respectifs de la Bceao et de la Beac.

    L’ancien Premier ministre français, M. Edouard Balladur, dont le gouvernement avait imposé la dévaluation, a dit à juste raison que «la monnaie n’est pas un problème technique mais politique, qui tient à la souveraineté et à l’indépendance d’un pays». L’épisode de janvier 1994 a montré que les pays africains n’exerçaient aucune souveraineté sur le franc Cfa, qui n’est pas leur monnaie, mais la monnaie de la France, mise en circulation dans ses anciennes colonies, comme le dit si bien Joseph Pouemi, cité plus haut.

    Le franc Cfa est un obstacle au développement
    Cette absence de souveraineté explique en partie pourquoi le franc Cfa est déconnecté des réalités économiques et sociales des pays africains. L’une des illustrations de cette déconnexion est la politique monétaire de la Bceao et de la Beac, alignée sur celle de la Banque centrale européenne (Bce), dont le credo monétariste donne la priorité à la lutte contre l’inflation.Selon l’Article 8 des Statuts de la Bceao : «L’objectif principal de la politique monétaire de la Banque centrale est d’assurer la stabilité des prix…

    Sans préjudice de cet objectif, la Banque centrale apporte son soutien aux politiques économiques de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), en vue d’une croissance saine et durable.»
    Dans ce passage, on notera avec stupeur que des objectifs économiques et sociaux essentiels, comme la croissance et la création d’emploi, sont subordonnés à la «stabilité des prix», c’est à dire à la lutte contre l’inflation !
    D’autre part, en contrepartie de la «garantie de convertibilité» du franc Cfa par la France, la Bceao et la Beac sont obligées de déposer la moitié de leurs réserves de change auprès du Trésor français.

    Ce qui prive ainsi les pays membres d’importantes ressources financières pour investir dans leur développement. La perte de ressources est aggravée par la fuite des capitaux, rendue possible par la libre circulation des capitaux entre les pays africains et la France, une fuite jugée plus importante par rapport à plusieurs autres pays africains.1
    Au vu de ce qui précède, il n’est dès lors pas étonnant que les pays qui utilisent le franc Cfa soient parmi les plus «pauvres» du monde, selon les classements internationaux.

    L’émergence est-elle possible avec le franc Cfa ?
    Selon les critères de développement définis par les Nations-Unies, 10 des 14 pays utilisant le franc Cfa se trouvent dans la catégorie des «pays les moins avancé» (Pma). Ceux-ci sont caractérisés par la vulnérabilité économique et de faibles indicateurs de développement humain. C’est pour cela que dans les rapports du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), les pays de l’Uemoa et de la Cemac sont au bas de l’Indice de développement humain (Idh).
    Ces classements montrent que le franc Cfa n’a pas été un «atout», comme le prétendent de façon mensongère ses partisans. Les pays africains n’ont enregistré aucun des «avantages» qu’il était supposé leur apporter, comme la croissance, les flux de capitaux étrangers ou encore l’intégration sous-régionale. Au contraire, il constitue un des principaux obstacles à leur développement.2

    C’est ce qu’avait compris le premier Président de la Mauritanie, Mokhtar Ould Daddah, dont le pays a quitté le système Cfa en 1972, en faveur d’une monnaie souveraine, l’ouguiya. Il justifiait ainsi sa décision : «Nous savons que nous ne pouvons pas être indépendants économiquement si nous ne battons pas notre propre monnaie, si nous n’avons pas la maîtrise totale de la politique de crédit.»
    Une des ironies de notre temps est que la plupart des pays africains qui parlent «d’émergence» sont des membres de la Zone franc. Le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Sénégal et le Tchad, entre autres, ont leurs plans «d’émergence» ! En vérité, c’est une pure illusion de croire que ces pays peuvent se «développer» en continuant à dépendre d’une monnaie qui n’est pas la leur. L’expérience a montré que les pays qui ont «émergé» ou dits «émergents» ont la pleine souveraineté sur leur monnaie qu’ils peuvent utiliser comme un instrument-clé de politique économique. C’est le cas des «dragons» et «tigres» asiatiques, ou encore des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

    Perspectives
    70 ans après sa création, le franc Cfa reste une des survivances les plus tenaces de la colonisation. Il est temps de le mettre au musée des antiquités et de s’engager dans une voie nouvelle. Certains Africains, qui n’arrivent pas à envisager un avenir en dehors de la France ou de l’Occident en général, continuent de penser qu’il faut encore «attendre», que nous ne «sommes pas encore prêts». La question qu’on pourra leur poser est alors la suivante : quand «serons-nous prêts» ? Si ce n’est pas maintenant, quand ? Dans 50 ans ? Dans 100 ans ?
    En vérité, il est impératif de rompre d’avec ce système néocolonial et de recouvrer l’indispensable souveraineté monétaire sans laquelle il ne peut y avoir de développement. C’est pourquoi nous exhortons les pays membres de l’Uemoa à s’engager de manière résolue et irréversibles dans le processus devant aboutir à la création de la monnaie unique de la Cedeao en 2020. Cela marquerait une étape décisive vers le démantèlement de la Zone Franc et la disparition du Cfa.

  8. Quinqueliba dit :

    Merci Odjouelgba!
    Il n’y a pas que le franc CFA qu’il faut abolir ,mais egalement la langue francaise devenue inutile au niveau internationale.Dans beaucoup de pays , le chinois est en train d’etre introduit dans les programmes scolaires au lieu du francais.

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