À MBÉ, CAPITALE DU ROYAUME TÉKÉ, LE ROI AUGUSTE NGUEMPIO S’EST ÉTEINT

La Cour royale de Mbé, annonce au Monde entier, le décès inopiné de Sa Majesté Un’kôò, Nga’Ntsièh, Auguste Nguempio, le mardi 8 juin 2021.  Un’kôò, Nga’Ntsièh ou  Nga’Mpuku., signifie « le Roi ; le propriétaire terrien. »

Le Royaume Téké ou (des) Batékés, se situe en Afrique centrale. Il s’étend du Gabon aux deux Congo. Sa capitale, Mbé, est située à presque deux-cents kilomètres au nord de Brazzaville (Congo). Il a existé avant la pénétration coloniale en Afrique. Des livres d’histoire retracent son apogée au 14ème siècle.

Conformément à la tradition, un Roi Batéké ne meurt pas. Il s’éteint. On dit aussi qu’il est allé à la rivière. Les expressions consacrées pour l’exprimer sont :  [mbah dzimi] (Le Roi s’est éteint) ou bien [Un’kôò ã yeni mièlè]. On dit aussi [Un’kôò ã yéni ndzali] (Le Roi est allé à la rivière).

En pays téké, le décès d’un monarque ou bien celui d’un Seigneur du Ciel appelé [Mfum’ã Yulu], est annoncé par le battement d’une salve d’un long tam-tam connu sous le nom de [un’kil ŋomȭ]. On danse un folklore appelé [Ibinã]. Ces deux genres musicaux sont ponctués par la prédominance rythmique de ce long tam-tam qui incarne la chefferie dans ce qu’elle a de plus surnaturel, mystique et mythique. Il ne s’agit pas de la musique obtenue par soufflement dans des défenses d’éléphants. Celui-ci ne sert qu’à accompagner majestueusement le Roi dans ses déplacements dans la communauté. On peu aussi jouer ce folklore pour accompagner un roi dans sa dernière demeure.

Le corps d’un Roi téké ne se conserve jamais dans une morgue. Aussi, dès l’annonce de son décès, des spécialistes font observer cet interdit et ils mettent tout en œuvre pour sa momification. On lui construit un trône sur lequel il va aller dans l’au-delà. Son catafalque se présente sous la forme de deux entonnoirs superposés.  Celui du haut symbolise la couronne ou pouvoir du Roi qu’il porte sur sa tête au moment de quitter la terre des hommes, et celui du bas préfigure le trône.  L’enterrement a généralement lieu au neuvième jour au minimum. D’aucuns ont été inhumés au dix-huitième ou au vingt-septième jour. On peut aller jusqu’au quatre-vingts-et-unième jour maximum.

On ne pleure pas un Roi Téké. Ce sont les griots qui retracent son arbre généalogique et peignent les hauts faits de son lignage, par des louanges mélodieuses chantés par des griots Batékés.

Sa Majesté le Roi Nguempio est mort paisiblement dans son sommeil, au son des louanges du célèbre griot Nganpfina. Il naquit à Mpangala en 1924 et accéda au trône en 2004, devenant ainsi le 17ème monarque de la dynastie, après  le décès d’Un’kôò  Gaston Ngouayoulou. Il sera inhumé à Mbé, le 31 Juillet 2021. Nous invitons des médias du monde entier à aller couvrir ce grand évènement culturel dans la cosmogonie tékée.

Son aïeul Un’kôò Iloho Lubah I’mumbah signa le 10 septembre 1880 avec le Franco-IItalien Pierre Savorgnan de Brazza, un traité qui plaça le Congo sous protectorat français.
A sa mort, aucun homme ne voulut monter sur le trône, tellement qu’être Roi demande un grand sacrifice de soi. Aussi, sa jeune femme, Ngalifuru (écrit en français  Ngalifourou), qui fut aussi la voyante du royaume, brisa l’anathème qui voulut qu’une femme ne pouvait devenir Reine qu’en épousant un Roi. Elle monta sur le trône, laissant pantois et médusés tous les hommes. La Reine Ngalifourou avait de l’autorité. Elle devint la toute première monarque de l’histoire à monter sur un trône, devenant Reine de son propre chef.

En pays téké, la femme a toujours été l’égale de l’homme. Ngalifuru monta sur le trône avant que beaucoup de ses consœurs européennes acquirent l’indépendance et le droit de vote. Elle fut, par exemple, la toute première personnalité Congolaise et même africaine francophone, à se voir décerner en 1944, la Légion d’honneur par le Général Charles de Gaulle pour services rendus à la France. Elle « alla à la rivière », selon l’expression d’usage, en 1956. Son corps fut momifié et gardé pendant un an. Elle fut portée sous terre le 9 mars 1957.  

L’ORTF (Office de Radiodiffusion – Télévision Française) a couvert ses obsèques. Elle a consacré à ses obsèques, à Mbé, un documentaire ô combien pathétique que l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) a mis sur Youtube. Le lien ci-après montre le catafalque de la Reine Ngalifourou, Nga’ntsièh,  avant ses funérailles.

©Sylvestre Mbou
Chroniqueur près la Cour Royale de Mbé.
Royaume Téké

Diffusé le 11 juin 2021, par www.congo-liberty.org

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2 réponses à À MBÉ, CAPITALE DU ROYAUME TÉKÉ, LE ROI AUGUSTE NGUEMPIO S’EST ÉTEINT

  1. Gabio dit :

    « On ne pleure pas un Roi Téké. Ce sont les griots qui retracent son arbre généalogique et peignent les hauts faits de son lignage, par des louanges mélodieuses chantés par des griots Batékés. »

    Ces griots batekes, on les appelle NDZIIMI, si je ne me trompe pas.

    Je retiens de ce texte qu’il etait ne dans le Pool nord, a Mpangala, comme moi, comme le cardinal qu’on designait la bas au village par BAYENI

  2. Ebé Yandi Mosi dit :

    Nous ne sommes pas des occidentaux, nous autres sommes des Bantous. Nous ne sommes non plus des complexes de la diaspora qui attendent de france24 qu’elle leur annonce la disparition d’un certain philipe, pseudo roi d’angleterre, pour se découvrir de suite lame d’un traditionnaliste. Alors qu’ils ne sont ni des blancs, ni des britanniques, moins encore des sujets de la reine d’angleterre. Il est temps de détruire cette diaspora des bouffeurs de piment. Nous autres sommes fiers de notre culture et de nos traditions.

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