SOMMET RUSSIE-AFRIQUE DE SOTCHI : LE RENDEZ-VOUS DES AUTOCRATES ET HYPOCRITES

Résumé : Les 23 et 24 octobre dernier, s’est réuni à Sotchi en Russie, sous la coprésidence des présidents Abdel Fattah al-Sissi et Vladimir Poutine, d’Égypte et de Russie, le premier sommet post-indépendances africaines RUSSIE-Afrique. Cependant, les objectifs et ambitions affichés par les parties cachent mal des motivations difficilement avouables, évidemment…

Autant on ne saurait discuter à la Russie et aux États africains le droit de se rencontrer au sommet avec qui ils veulent, autant il est indiscutable que la Russie n’a historiquement jamais été emballée par des préoccupations démocratiques, chez elle ou ailleurs, et cela ne peut manquer d’interpeller les Africains épris de l’avenir démocratique de leur pays et de leur continent.  

Si, à l’actif de l’ex-URSS, il est souvent évoqué son aide multiforme aux pays africains pour les luttes de libération du joug colonial, il est autant vrai que l’ancienne URSS ou la Russie aujourd’hui n’a toujours, en Afrique, soutenu que les pouvoirs établis, et en général dictatoriaux, et jamais manifesté une inquiétude sur les violations massives des droits et libertés des africains par leurs dirigeants, bien au contraire. Et, ce n’est ainsi pas un hasard que l’un des maîtres mots du président Poutine au premier sommet Russie-Afrique post-indépendance de Sotchi, du 23 au 24 octobre, revenu comme un leitmotiv, c’est de « permettre aux États africains de retrouver leur souveraineté ». Comme si les dirigeants africains, dans leur majorité, n’étaient pas ceux qui avaient mieux réussi à brader la souveraineté de leur État! Surtout, et à l’expérience, les dirigeants africains n’ont souvent revendiqué la souveraineté que de manière négative, dans la protection de leur pouvoir, de leurs droits et intérêts personnels, quand ils sont rappelés au respect des droits fondamentaux de leur peuple, ou de l’ordre constitutionnel ! Une revendication qui, par ailleurs, ne manque pas non plus d’incohérence avec la construction panafricaine également revendiquée, dont le mode de fonctionnement dominant demeure le présidentialisme.

Ainsi, dans la logique de cette convergence politique, les points centraux de coopération Russie-Afrique retenus par le président Poutine, pour l’avenir, sont le terrorisme, l’extrémisme, la piraterie et les conséquences du « printemps arabe » et, à peine, les échanges divers qu’il promet de doubler dans cinq ans, et dans lesquels les accords militaires, le nucléaire civil et l’exploitation des ressources ont une grande place. Rien, absolument rien sur les questions des peuples, sur la démocratie et la promotion de la société civile ! L’on comprend pourquoi les chefs d’État africains, très allergiques sur le fond de ce problème qu’ils n’abordent que de manière incantatoire,  se sont bousculés au cours de cette rencontre où un peu plus d’une quarantaine ont été dénombrés. 

On comprend bien que ne disposant que d’une industrie lourde, et dépendante elle-même de l’étranger et principalement de la Chine pour le reste, de l’industrie manufacturière précisément, le président russe avait, au plan économique, peu de choses à proposer aux dirigeants africains dont les intérêts personnels, auxquels ils sont tous très attachés, sont plus tournés vers l’Occident que vers la Russie, ou même vers la Chine. Et il le sait, et en sont tous conscients. 

Dès lors, l’on se doute que les raisons de fond qui ont enthousiasmé et mobilisé les parties, au cours de ce sommet, sont plus ailleurs que dans les messages ou objectifs affichés: la Russie a besoin de l’Afrique essentiellement pour des raisons géopolitiques et les incontournables ressources minières, et les dirigeants africains, maîtres-chanteurs surdoués et friands insatiables du pouvoir, réussissent en apparence un double coup, d’abord en obtenant le soutien sans condition à leur pouvoir par une puissance autocratique qui leur ressemble bien, ensuite en faisant comprendre à leurs alliés et soutiens traditionnels, anciennes puissances coloniales, qu’ils sont bien désirés ailleurs et méritent plus de soutien par eux, sur la base de la très connue formule de feu président Omar Bongo du Gabon: « LE GABON EST COMME UNE JOLIE FILLE QUE TOUT LE MONDE DÉSIRE, ET QUI NE SE DONNERA QU’À CELUI QUI LUI MANIFESTERA PLUS D’ATTENTION ET DE SOUTIEN » 

Telle semble avoir été la trame essentielle du sommet de Sotchi : UN RENDEZ VOUS DES AUTOCRATES ET HYPOCRITES en gros, pas non plus dépourvus d’une capacité très élevée de dribble, au point que les anciens pays d’Afrique dits à orientation socialiste en avaient fait un art particulier: ils clignotaient à gauche, mais viraient quasi systématiquement à droite…  

Félix Bankounda-Mpélé

Diffusé le 27 octobre 2019, par www.congo-liberty.org

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7 réponses à SOMMET RUSSIE-AFRIQUE DE SOTCHI : LE RENDEZ-VOUS DES AUTOCRATES ET HYPOCRITES

  1. Africa Toto dit :

    Vladimir Poutine lui-même n’est déjà pas un exemple du tout. Un sale hypocrite effectivement toujours aux réflexes et mêmes méthodes bien frais genre ‘Guestapo’ et assurément du Komitet Gosudarstvennoy Bezopasnosti, soit KGB. Mais alors, il n’a RIEN de démocratique.

    Une vraie rencontre des pourris. Les Africains sont bien bêtes!

    Cependant ailleurs, President Trump: [Al-Baghdadi “Died Like a Dog” When American Commandos Stormed His Hideout.] Et maintenant le bras droit de l’ex-leader de l’ISIS, son porte-parole a aussi été tué comme un chiot. Voilà ce qui arrive tôt ou tard aux cruels terroristes de toute nature. C’est là une belle parenthèse pour la civilisation à rappeler aux CANCRES ‘chefs de villages’ africains tocards inutiles.

  2. Prince Albert dit :

    Bien vu. Bien dit.
    Très juste !
    Grand papier.
    Merci Congo Liberty et FBM

  3. Anonyme dit :

    Une auto aliénation couplée d’un baise main hallucinant.
    Que cherche la Russie au travers de ces rencontres futiles si ce n’est infantiliser davantage ces tyrans en peau de carton dont la seule finalité est d’échanger la valeur africaine contre un soutien militaire
    en-cas de vendetta populaire.
    @VAL DE NANTES.

  4. Samba Dia Moupata dit :

    Ce nouveau projet de partenariat ne changera rien aux africains, faute d’une élite corrompu. Or devons-nous commencer à transformer nos matières premières en produits finis dans nos pays , après décider du prix de nos ressources minières en cas exportation , en fin imprimer une monnaie solide. Sinon les africains resteront au cœur des ténèbres, au sens de Joseph Conrad . Le cas congo Brazzaville où sassou a corrompu même le clergé catholique Milandou Anatole . Or Les évêques en face Rdc peuvent s’en orgueillir des avancées démocratique grâce à cette même église catholique, d’aileurs Monseigneur Fridolin Ambongo a été élevé cardinal par pape François.

  5. Mark dit :

    La Russie est sous les sanctions Américaines.. Financierement, elle ne peut pas aider l’Afrique. La Russie est dirrigée par un dictateur.Democratiquement, elle ne peut pas aider l’Afrique. Que vont chercher les MAKANDAS en Russie? Certainement les armes pour tuer leurs peuples….

  6. LES VALETS DE LA FRANCE MONTENT AU CRENEAU dit :

    Les cerbères de la France montent au créneau pour protéger les intérêts menacés du colon, le bon « bwana ».

    Aaaahh « moundombé » !
    Nul doute que ces mêmes Hervé Mahicka, Félix Bankounda et consorts auraient condamné à la vitesse supersonique KADHAFI comme étant le plus grand monstre de l’humanité.
    Avec le recul aujourd’hui tout le monde s’accorde à reconnaître que KADHAFI était le Jésus de l’Afrique, crucifié par ces mêmes donneurs de leçons.
    Assurément Messieurs BANKOUNDA, MAHICKA et autres laquais de nos colons éternels n’ont pas écouté le discours de Mme Nathalie YAMB. Ils en tireraient bien de leçons.

    Le but du jeu ce n’est pas de se mettre sous la domination, sous une nouvelle colonisation ou sous les ordres de la Russie, mais d’établir les bases d’une collaboration gagnant-gagnant.
    Ouvrir le monde et constituer un nouveau pôle d’influence en vu de casser le JOUG que la France fait peser sur l’Afrique francophone.

    Tout ce qui tend à supplanter l’emprise COLONIALE que la France exerce criminellement sur l’Afrique (assassinats de présidents comme Thomas SANKARA…., coups d’état organisés, guerres importés…., mercenaires comme Bob DENARD…. ) ne peut être que positif.

    Les valeurs africaines ne sont pas différentes de celles du reste du monde, les aspirations au bonheur des africains ne peuvent continuer de souffrir du cancrétisme que la France continue sans vergogne à nous imposer en soutenant des présidents préfets de la mère patrie, tous aussi incompétents qu’idiots invétérés.

    Il s’agit de diversifié les offres de coopération.
    Il s’agit de MULTI-POLARISé le monde.

    Encore une fois, l’analyse de Mr BANKOUNDA tend à infantiliser les Africains en voulant démontrer qu’ils ne sont pas capables de trier le bon grain de l’ivraie dans tout ce que leur proposera la Russie.

    Et que nous proposent les critiques faciles de Mr BANKOUNDA, MAHICKA et compagnie ?
    SANS DOUTE DE CROISER LES BRAS ET DE RESTER SOUS PROTECTORAT « CFA-TIQUE » DU GAULLISME ETERNEL ?

    Ecoutez donc Nathalie YAMB avant de pérorer ou de balancer des inepties.

    TOUS LES DIRIGEANTS AFRICAINS NE SONT PAS DES IDIOTS COMME SASSOU NGUESSO ET AUTRES DICTATEURS QUE LA FRANCE IMPOSE A L’AFRIQUE.

  7. Emergence en L'an 3000 ? dit :

    On parle (en général) et non pas d’individualité.
    Mais bien sûr, nul n’a dit ou y voit d’inconvénients; mais ne pas commencer à diversifier tout de même avec Satan après Démon…

    C’est une chose pour une minorité de discourir, mais c’en est une autre pour la majorité de continuer à pratiquer manifestement la politique de l’autruche après et malgré tout.

    Il y a vraissemblablement confusion et incompréhension ici. La réalité sur le terrain est tout à fait limpide et n’en demeure pas moins contestable.

    Tous les chats peuvent paraître gris la nuit.

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