Quelles forces armées pour le Congo-Brazzaville après la dictature?

Comment restaurer une armée républicaine après le règne de la compromission

Depuis l’accession du commandant Marien Ngouabi à la tête de l’État congolais, l’armée à toujours été omniprésente dans la vie sociale, politique et économique du pays. Pour réussir la restauration de la république, telle que amorcée par la séquence de la transition des années 1990-1992, il va être indispensable de réfléchir en amont sur la question de l’Armée dans la société congolaise.

Si le but ultime est de repenser complètement sa place au sein des institutions civiles démocratiques, son rôle et son incidence dans la maîtrise du train de vie de l’État et la réelle capacité de dégager des marges de manœuvre afin de financer les services publics indispensables au bien-être des populations ainsi que les projets structurants pour l’équipement du pays, le traitement de ce sujet doit se faire avec un soin particulier.

D’abord parce que les métiers d’armes conduisent les pouvoirs publics à confier à des citoyens des instruments de la mort. Ce qui est une spécificité remarquable vis -à-vis de la sécurité collective car il n’est pas exclue que pour la défense de leurs intérêts corporatistes, certains peuvent être tentés de s’en servir contre les civils ou la République.

Ensuite parce qu’au regard du marché de l’emploi et du taux de chômage élevé (estimé à 11,3% en 2018 par le FMI), de nombreux Congolais ont de bonne foi intégré les rangs de l’Armée ou la police dans le but louable d’acquérir des revenus pour leur survie et celle de leur famille. Et il reste permis de croire que nombreux vivent leur serment de servir avec honneur et fidélité la République avec sincérité malgré tout.

Il convient donc de distinguer le traitement à court terme, qui consisterait à réorienter, reconfigurer progressivement l’Armée dans la période transitionnelle, du traitement à moyen et long terme qui devrait réduire voire neutraliser l’influence de l’armée dans la vie politique, sociale et économique et la soumettre aux autorités civiles.

1- Éviter toute frustration de l’institution et l’associer à la restauration de la République.

Depuis l’indépendance du Congo, l’Armée n’a jamais été mobilisée pour la défense d’une partie du territoire nationale contre une force étrangère ni pour préserver un attribut essentiel de la République. Elle a plutôt, en tant que force publique de défense, été associée à des opérations de maintien de la paix dans des théâtres situés hors du territoire (Tchad-année 1980-, Centrafrique-années 2000-…et une implication un peu moins orthodoxe en Angola-années 1970). A l’intérieur du pays, elle a été utilisée pour protéger le pouvoir, particulièrement le président de la République contre l’opposition politique et les populations de son propre pays. C’est presque donc à l’opposé même de la mission de défense nationale qu’elle a fonctionné ; c’est cette orientation qu’il s’agit de corriger véritablement dans un premier temps.

L’armée doit être à tout pris associée à la réalisation de la Transition reconstructrice pour ne pas constituer une menace à la paix. Pour ce faire, comme pour tous les corps de la fonction publique, il faut soigneusement distinguer les concepteurs et ordonnateurs des forfaits qui ont caractérisé la vie nationale de ceux qui ont subit le commandement inique et les humiliations d’une force publique instrumentalisée par un pouvoir illégitime et clanique.

Il s’agit de donner aux militaires républicains l’occasion de vivre leur engagement conformément aux règles de leur métiers respectifs. Cette démarche doit être encouragée à l’intérieur même de l’Armée et ne surtout pas venir de l’extérieur ; les militaires doivent prendre part à la réflexion qui permettrait une valorisation sociale plus enviable pour tourner le dos à son passé peu reluisant.

2- Encourager l’expression des compétences techniques au profit de la société entière.

L’Armée regorge en son sein de multiples métiers ( chauffeurs poids lourd, mécaniciens, plombiers, électriciens, maçons…) qui peuvent être mobilisés pour la reconstruction des équipements publics. Cet exercice peut représenter une véritable occasion de relancer l’idée même du service rendu à la Nation par un personnel qui a longtemps symboliser la menace du vouloir vivre ensemble tant il a été instrumentalisé dans le crime d’État. Au regard des besoins énorme en équipements (entretien et construction du réseau routier, par exemple), le génie civile devrait constituer une branche significative de l’armée au lieu d’acquérir du matériel de combat qui ne semble pas bien justifié eu égard à l’histoire même de l’armée congolaise.

Par conséquent on devrait favoriser les effectifs opérationnels à la place des fonctions supérieures ; avec environ 15 mille hommes, les 48 généraux sont excessivement nombreux eu égard à la population totale du Congo-Brazzaville estimée à un peu plus de 5 millions en 2019.

Toutefois, il faut bien être conscient que ces orientations auront une incidence réelle sur la nature et le contenu des rapports de l’État congolais avec ses fournitures habituels en matériel militaires. Il convient donc d’anticiper les réactions qui peuvent s’opposer à ces évolutions pour défendre des intérêts bien compris d’industriels de tout genre. C’est ici un des points névralgiques de la françafrique même si d’autres États comme la Russie ou Israël peuvent se sentir lésés.

3- L’armée doit progressivement être replacée sous le contrôle du pouvoir civil dans un régime démocratique.

La position de centralité que l’armée a acquise grâce aux faveurs d’un régime partisan doit être déconstruite progressivement pour reprendre sa place d’instrument de la défense nationale non d’un pouvoir exécutif quelconque. De ce fait elle devra participer aux efforts de maîtrise des dépenses publiques en vue de permettre une gestion rationnelle des ressources disponibles. Il s’agit de se départir des dépenses militaires inconsidérées au regard des besoins fondamentaux de santé et d’éducation des populations qui ne sont pas financés.

Le rôle normal des forces armées est fondamentalement de défendre le territoire national, l’ensemble des populations et des institutions de la République. Elles n’ont en aucune façon à définir les orientations politiques ou économiques du Congo ; au contraire, elles doivent être à la disposition des autorités issues des choix démocratiques de l’ensemble des populations congolaises.

Pour cela, il conviendra de réduire de façon très significative le nombre d’officiers supérieurs (colonels, généraux) qui constituent un pouvoir concurrentiel non démocratique par rapport aux institutions légitimes issues des suffrages. Cette démarche vise par la même occasion la réduction du poids de la masse salariale généré par cette pléthore d’officiers (les colonels sont payés environ 520 mille FCFA, les généraux émargent à 3 millions FCFA par mois, avec un pic à 5,6 millions pour le chef d’état-major) .

Par Yvon Mounguisa-Nkwansi


TABLE RONDE SUR LA REFORME DE L’ARMÉE AU CONGO-BRAZZAVILLE – 15 FÉVRIER 2020.

Hilaire BAKALA est un homme de Gauche. Co-organisateur de cette rencontre citoyenne, il appelle à la Refonte totale de l’Armée tribale du tyran Sassou-NGuesso qui est budgétivore et criminogène. Il faut supprimer l’institution militaire et renforcer les Forces intérieures Police, Gendarmerie et Douanes

Diffusé le 20 février 202, par www.congo-liberty.org

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6 réponses à Quelles forces armées pour le Congo-Brazzaville après la dictature?

  1. Val de NANTES. dit :

    Une étude sérieuse doit être entamée pour évaluer et justifier l’importance d’une telle institution dans notre pays ..
    Faudrait il créer une armée des métiers ayant une approche totalement professionnelle ou une armée assurant totalement des missions régaliennes .
    Pourquoi avoir une armée ?
    Et ,si cette armée se justifie dans le contexte de la sécurité de notre pays , quel serait le niveau de recrutement en son sein ?.
    Cette question vaut son pesant d’or et elle mérite qu’on y accorde plus d’attention que nous ne l’avons fait jusqu’à présent .

  2. VAL DE NANTES dit :

    Après toutes ces réflexions thématiques ,n’oublions pas celle dont tout le monde ne souhaite pas entendre parler ,tel le coronavirus , c’est comment devenir ,ex nihilo, riche sans passer par la case « politique « .
    Ex nihilo ,peut être ,un euphémisme ,mais qui son importance …
    Cette question est aristocratique en ce qu’elle concerne plus ces supposés diplômés censés détenir un savoir que le paysan de BOKO dont le quotidien est la contemplation de son cosmos (village ) ..
    Si le savoir du diplômé ,souvent venu d’Europe ,est destructeur des valeurs morales ,exemple ,le vol des deniers publics pour s’enrichir ,on n’aura pas réussi à faire notre mue institutionnelle .
    Il nous faut éclairer ce arrière monde (métaphysique ) qui obscurcit notre monde (présent ,physique ) ,sans quoi ,notre vivre ensemble sera toujours parsemé des désillusions ..
    Pour paraphraser MACHIAVEL  » ,BEAUCOUP usent de l’art de la séduction pour s’emparer de la totalité du pouvoir « .
    Le créateur des anti valeurs est celui qui est porté en typoye au CONGO BRAZZA , SASSOU en est un .

  3. Ngouri dit :

    Pour le reprendre, il est judicieux d’ équilibrer la stratégie. Vous faites un travail extraordinaire. Mais il ne faut pas rester sur ce point tabler au monologue. La lutte pour la libération du Congo exige que les informations publiées ici sur Congo liberty ne se facalisent pas seulement sur la table ronde. Il faut s’atteler à pubier aussi les images. Il y a tellement des sujets à aborder. Il est important de prendre en compte des informations pour mieux expliquer la politique mafieuse de corruption, de génocide, de biens mal acquis de Sassou Nguesso.Le comportement de Sassou Nguesso;le génocidaire, criminel, le terroriste, ainsi que celui de son réseau mafieu qui pille ensemble le Congo, massacre les populations du Congo et les condamne à la misère sans fin est à demontrer avec endurance. Il est très important de montrer les images, les témognages, de continuer avec les interviews télévisées et sonores des nombreux acteurs et mettre complétement à nu et cela de manière bien soutenue le caractère du régime Sassou Nguesso. Nous congolais connaissons plus ou moins Sassou Nguesso et son régime inhumain. Mais nous devrons nous montrer capables à informer et à faire comprendre cette vérité au monde entier et mettre devant le fait accomplis tout ce réseau mafieu puissant qui soutient sans cesse Sassou Nguesso pour des interets égoistes. Ce qui est à déplorer est de constater que Congo Liberté et d’autres journaux qui sont pour la libération du Congo n’ ont se montrent pas capables pas publier les reportages des réseaux sociaux, les videos avec des témoignages poignants qui relatent les différents problèmes auxquelles est confrontré la population congolaise et le Congo. Les images satelitaires, du génocide des Laris dans le Pool et les livres écrits par Mr Dominique Nkounkou, Modileno Massengo etc sur ce sujet ne pas du tout écho ici. Christel Sassou Nguesso est inquiété par la justice de la France. Il est important que ce sujet et la position de ce Monsieur qui avec sa soeur et autres parents, complices volent à ciel ouvert l’argent du peuple congolais soit largement commenté et montrer avec des preuves image à l’appuis aux yeux du monde le comportement diabolique de Mr 8% et sa clique.Nous devront beaucoup toucher le volet psychologique dans notre lutte. Dans notre lutte traiter les sujet comme celui des disparus de Beach ainsi que des autres massacres, des malversations financières, la malgouvenance, de la corruption accentuée du régime Sassou est un exercice à long terme. Le régime Sassou continue à cause de notre manque de combativité à long terme, notre incapacicité à nous ladaptater aux paradigmes politiques, de lutte qui sont un plus qui a un impact considérable dans les esprit et le jugement. Nous devrons nous atteler avec volonté suffisament soutenue et sans cesse les atrocités commises par Sassou Nguesso et son régime. Il faut beaucoup monter les images, les témoignages. Cela est très capital pour prendre le monde à témoin. Ce qui existe au Congo ne se passe qu’au Congo.Aucun autre peuple dans ce monde ne s’est contenté de se laisser abuser que le peuple, intellectuels, l’opposition, cadres du Congo. Ceci est regretable.Comment peut on laisser un assassin, génocidaire, criminel, terroriste et sa bande régner si longtemps comme en terre conquise. Il faut aussi dénoncer avec force le jeu de la France officielle, les hauts responsables de l’ONU etc qui défendent le régime Hitlérien.

  4. Bino Betoula dit :

    Ngouri a Raison. Nous devrons nous monterer capable de mener la notre lutte éfficacement Avec tous les ingrédiens possible.
    Boris JOHNSON à Berlin déclenche le Sassouxit. Cette réaction d’ un Grand de ce monde , nous pas du tout inspiré cela est une lacune statégique et intellectuelle contre Sassou Nguesso; le Grand criminel, génocitaire, tribasliste qui sape l’unité des Congolais.
    « Je ne sers pas la main de ce monsieur ! C’est un criminel ! » Dit Boris Johnson.Nous sommes dans les coulisses de la Conférence de Berlin qui s’y déroule ce 19 janvier 2020.
    Boris Johnson, vient de tenir ce propos alors qu’il est face à Denis Sassou Nguesso dont il vient de refuser la main tendue, sous les yeux d’Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission Européenne, d’Antonio Guterres le Secrétaire Général de l’ONU et de Charles Michel le Vice Président de l’UE.
    Le Président Emmanuel Macron n’était encore qu’à quelques pas. En rejoignant le petit groupe, sans le savoir, il va sauver la face humiliée du tyran congolais.
    Peu importe que le Locataire de l’Elysée n’ait pas entendu l’affront infligé au dictateur congolais par le Premier Ministre Britannique ! Il le lui a été rapporté. Le plus important est que l’incident s’est produit devant la nouvelle direction de l’Union Européenne. Elle devra en tirer toutes les conséquences et également sortir du copinage suspect qu’avait imposé Federica Mogherini dans les relations, voire le soutien, de l’Europe au tyran congolais. Madame Ursula von der Leyen aura fort à faire avec son Adjoint, Charles Michel, qui appelle « Tonton » l’autocrate congolais. Il nous faut rappeler que lors de sa première nomination à la Primature belge, son père Louis Michel était à Brazzaville en compagnie de Denis Sassou Nguesso ; ils apprirent ensemble la bonne nouvelle et Denis Sassou Nguesso, grand seigneur, mit immédiatement son Falcon dictatorial à la disposition de l’heureux père pour qu’il retrouve plus rapidement son cher « neveu » !
    Nous devrons bien utiliser de telles occasions pour ammener beaucoup de grands soutiens du régime le plus sanguinaire, mafieu de ce monde à prendre leurs distances avec « Brazzaville »

  5. Anonyme dit :

    Le Frère Ngouri a tout dit, tout le problème est la nous pleurons entre nous sur notre sort mais nous ne savons pas nous vendre alors que de nos jours avec les réseaux sociaux nous pouvons toucher le monde entier mais malheureusement nous ne savons pas nous en servir.

  6. Isidore AYA TONGA dit :

    Les Mbochis et les originaires de la Cuvette congolaise et du Nord Congo Brazzaville portent-ils en grande partie la responsabilité historique de la destruction de ce pays par Sassou Denis? Moi, nous, vous, mbochis, Cuvettois et Nordistes allons-nous ensemble laisser encore Sassou Denis se protéger du peuple et en détruisant ce riche pays ruiné? Le temps n’est plus de coopérer avec lui, ni de se soumettre à lui ; le temps est venu d’agir et donc de le chasser pour sauver tout le monde. https://www.youtube.com/watch?v=DHGd51sGdQ0

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