Première Guerre mondiale : les tirailleurs « africains » tyrannisés

Par Maria Malagardis — 

Près de 200 000 soldats d’Afrique subsaharienne ont été envoyés au front par la France, qui les a ensuite oubliés.

«Vous les chocolats d’Afrique noire, vous êtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire», explique le capitaine Armand à ses troupes africaines, dans Frère d’âme, le dernier roman de David Diop, qui raconte le destin d’un tirailleur sénégalais envoyé pendant la Première Guerre dans la fournaise d’un champ de bataille. Publié en cette rentrée littéraire, pressenti pour le Goncourt et le Renaudot, ce superbe roman n’a obtenu aucun prix. Dommage, le symbole aurait été fort. En cette année de commémorations, comment ne pas rappeler le rôle décisif des troupes africaines dans l’issue de cette guerre meurtrière ? Comment oublier à quel point ils étaient populaires ? Plusieurs générations de petits Français ont pourtant pris leur petit-déjeuner face à l’image – folklorique et peu valorisante certes – de ce tirailleur sénégalais affichée sur les boîtes de Banania, poudre chocolatée commercialisée à partir de 1914.

Conquête

Cette popularité trop souvent exotique n’a pas duré longtemps. Et la «patrie reconnaissante» se montrera bien ingrate, gelant les pensions à partir de 1959, soumettant à des conditions de vie dégradantes ces troupes de l’Empire français, souvent recrutées sur tout le continent africain. Car les fameux «tirailleurs sénégalais» n’étaient pas tous sénégalais. Ils doivent leur nom au corps créé en 1857 par le gouverneur du Sénégal, Louis Faidherbe. Longtemps, ces soldats seront chargés d’appuyer les conquêtes coloniales. Jusqu’à ce que le premier conflit mondial ne les propulse sur le front. Près de 200 000 soldats venus d’Afrique subsaharienne, auxquels s’ajoutent 40 000 Malgaches et 270 000 Maghrébins, seront ainsi, de gré et souvent de force, envoyés sur le champ de bataille. On estime les pertes à 28 000 hommes et 22 % de ceux qui seront envoyés au Chemin des Dames n’en reviendront pas. D’autres périront de maladies, voire lors du voyage du retour, tels ces 192 tirailleurs naufragés qui couleront, entassés de façon abominable sur le paquebot l’Afrique, le 12 janvier 1920.

Massacre

Cette année, les héros noirs n’ont pas été oubliés. Mardi, Macron était à Reims pour inaugurer le Monument aux héros de l’Armée noire. Ou plutôt son retour : érigé en 1924, ce bloc de granit de quatre mètres de haut, représentant quatre tirailleurs sénégalais entourant un officier blanc – quand même – avait été détruit dès 1940 par les nazis. «Ils sont venus ici verser leur sang sous la neige de vos contrées», rappellera le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, invité à la cérémonie de Reims. «Pour nous, ce monument est plus qu’un symbole. C’est une lutte. Il aura fallu un siècle pour y parvenir», soulignera l’écrivain d’origine congolaise Alain Mabanckou. Lire l’intégralité de l’article sur Libération.fr

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2 réponses à Première Guerre mondiale : les tirailleurs « africains » tyrannisés

  1. Jean OKOMBA dit :

    La présence d’un dictateur le plus sangionaire de la terre à côté d’un chef d’Etat français peut elle encore deranger la sensibilité des gens? Je ne pense pas. L’histoire de la france est remplie de ce genre d’images. Tous les chefs d’Etat de l’ancienne puissance coloniale depuis Charles de Gaule jusqu’à Emmanuel Macron se sont affichés de cette façon avec les dictateurs africains de la françearique, Il n’ y a pas d’exception à cette affirmation! Ce qui permet ce comportement c’est l’argent des pauvres d’Afrique volé pour alimenter les poches des dignitaires politiques français, soit disant défenseurs des droits de l’homme. Ce n’est que l’argent que l’on vole aux pauvres d’Afrique que cette complicité entre dictateurs et défenseurs de droits humains se maintient simpiternellement.
    Par ailleurs, il y a un fait que j’ai découvert dans un youtube espagnol. Je regrette que beaucoup de congolais ne s’interessent pas aux langues, on devrait savoir beaucoup de choses et realiser que l’ancienne puissance coloniale n’est pas le centre de la terre comme on a tendance à la croire. Que la grandeur de la france tant vanter n’est qu’un agencement de mots sans pertinence aucune. C’est vouloir créer un certain effet, mais aussi ce n’est absolument rien et rien du tout. Le youtube que j’ai énoncé, traite de la période postfranquiste espagnole. Au lendemain de la mort du généralissimo Franco en 1975, le Roi Juan Carlos devenu chef d’Etat tente d’ouvrir son pays aux Etats dits « civilisés ». Parmi ces Etats, la France. Alors Valery Giscard d’Estaing est président de la République. Ce dernier pour accepter l’invitation du Roi espagnol a beaucoup hésité et qu’il ne pouvait pas immédiatement venir en Espagne pour s’afficher publiquement dans un pays franquiste, et ainsi salir ce qu’on appelle la grandeur de la france. Le diplomate espagnol voyant la necessité de la rencontre le chef de l’Etat français et le monarque espagnol, fit tout ce qui était à son pouvoir pour qu’au lieu que Valery Giscard D’estaing soit reçu publiquement, cette rencontre se déroule discretement au palais royal au cour d’un petit dejeuner garni à l’espagnol. Et c’est ce qui s’est passé et c’est de cette manière qu’un chef d’Etat français a mis pieds en Espagne postfranquiste. Tout ceci ça ce passe entre 1975 (année de la mort de Franco) et 1976 (année où l’Espagne initie sa transition vers une démocratie parlementaire). Ce qui a attiré mon attention en tout cela, est que Valery Giscard D’Estaing se donne de la peine de ne vouloir pas s’afficher en Espagne de Franco, combien même ce dernier gît dans sa tombe à la Vallée de los CAIDOS, pour eviter de salir la grandeur de la france, alors que ce même Valery Giscard D’Estaing , mieux son pays avait à cette époque de très bons rapports avec une des dictatures les plus cruelles d’Afrique, celle de Jean Bedel BOkassa. Ici on refusait de venir s’afficher publiquement en Espagne post franquiste qui avait entrepris son chemin vers la démocratie, mais on preferait s’afficher en Republique centrafricaine de Jean Bedel Bokassa qui avec l’appui du pouvoir français est devenu même empereur le 4 décembre 1977. Alors en qui consiste vraiment cette grandeur de la France? Oui sauf si l’on peut me dire, que la dictature de Franco était amère et celle de Jean Bedel Bokassa beaucoup plus sucrée! On ne doit pas s’étonner de voir Macron avec Sassou Nguesso ou un autre dictateur de cet acabit. Quoiqu’ilen soit je veux bien que quelqu’un m’explique quel est le contenu de l’expression « la grandeur de la france »

  2. Nick Conrad dit :

    Que rajouter de plus ? L’ingratitude de la france, en vers les Tirailleurs dits sénégalais, a pris toute les formes inimaginables. Cela s’est doublement vérifier, à l’issue des deux Guerres Mondiales. Quand ce n’était pas le refus de verser aux anciens Combattants leur solde honorablement méritée, c’était la répression des protestataires trop véhéments, jusqu’au massacre du camp de Thiaroye au Sénégal. Puis l’oublie, par le système scolaire éducatif et l’effacement, dans l’histoire officielle. Les français sont un peuple chauvin, un brin raciste, mais ils adorent donner des leçons d’humanisme à la terre entière. Ils n’accepteront jamais l’idée selon laquelle, sans l’apport de l’Afrique et des noirs général, ils ne sont rien. Aux africains de déboulonner les statues, débaptiser les villes, bâtiments, avenues et mémorial… Etc. Tout ce qui rappelle de près ou de loin le passé colonial esclavagiste des occidentaux ingrats. C’est une démarche légitime, noble même et tant pis, pour les esprits aliénés.

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