Le Maroc s’est vu retirer le mardi 11 novembre, l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de football prévue du 17 janvier au 8 février. Elle aura finalement lieu en Guinée Equatoriale.
Le Maroc avait demandé par deux fois que la compétition soit reportée en raison des risques liés à l’épidémie d’Ebola. Mais qu’à cela ne tienne, comme l’année dernière, le Royaume Chérifien organisera la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA du 10 au 20 décembre 2014, et la Royal Air Maroc continue à desservir les pays touchés par le fléau sanitaire. Alors, l’épidémie d’Ebola est-elle la seule cause de la renonciation du Maroc ? Rien n’est moins sûr !
Tous les scrutins démocratiques qui ont suivi le printemps arabe dans le Maghreb , ont été remportés par des partis se réclamant de l’Islam politique . Ennhadha en 2011 pour l’Assemblée constituante en Tunisie, des frères musulmans du Président égyptien déchu Mohamed Morsi en 2012, et le Maroc n’a pas fait exception avec la victoire aux législatives de 2011 du parti de la justice et du développement (PJD) de l’actuel premier ministre Abdel Ilah Benkiran.
La politique économique de Benkiran est décriée par les syndicats qui l’accusent d’avoir provoqué l’inflation des prix des produits de consommation quotidienne comme la farine, l’huile…en baissant les subventions de ceux-ci, et augmentant les taxes tous azimuts. Trois centrales syndicales avaient appelé à la grève générale le 29 octobre dernier. M. Benkiran qui n’a pas de majorité absolue au Parlement est confronté à une opposition très combative menée par son ancien allié M. Hamid Chabat.
L’organisation de la CAN aurait donc donné du grain à moudre aux adversaires de M. Benkiran qui l’auraient accusé de privilégier le pouvoir de l’argent du Football au détriment de la santé de ses compatriotes. Politiquement cela aurait été catastrophique !
Bien que la politique intérieure a largement influencé la demande du report de la CAN de la part des autorités du Maroc, reconnaissant que l’argumentaire sur l’épidemie d’Ebola est recevable et que le principe de précaution sanitaire est une décision salutaire et responsable de la part du gouvernement marocain.
Qu’est ce que les africains ont à perdre à reporter ou annuler un événement sportif face à une urgence sanitaire ? Doit-on sacrifier notre santé pour satisfaire les intérêts des sponsors ?
Le Maroc ne mérite donc pas d’être sanctionné au delà de la CAN 2015 car il n’y a pas eu de sa part de la préméditation !
Par Mingwa Biango
Diffusé le 27 novembre 2014, par www.congo-liberty.org
