PASCAL LISSOUBA : DE SA NAISSANCE EN 1931 A SON ELECTION DÉMOCRATIQUE A LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO EN 1992.

Pascal Lissouba est un homme politique congolais né le 15 novembre 1931 à Tsinguidi, dans le Département du Niari. Il a été premier-ministre du Congo de 1963 à 1966. Élu Président de la République en août 1992, une guerre civile l’oppose à Denis Sassou Nguesso au cours des derniers mois de son mandat. Défait par son adversaire, il doit quitter le pouvoir le 15 octobre 1997.

Famille et formation

Pascal Lissouba naît le 15 novembre 1931 à Tsinguidi, petite localité située à 70 km au nord de Mossendjo, dans le département du Niari. Ses parents appartiennent à l’ethnie nzabi, communauté à cheval entre le Congo et le Gabon.

Marié à Jocelyne Rosdam, de nationalité française, il est père de 11 enfants. Sa première fille, Danielle Bineka Lissouba est écrivain. Sa mère, Marie Bouanga décède en 1996.

Pascal Lissouba fait ses études primaires à Mossendjo et à Boko. Il débute ses études secondaires à Brazzaville et les poursuit à Nice, où il obtient son baccalauréat en 1952. Il fait des études d’agronomie à l’École Supérieure d’Agriculture de Tunis et obtient en 1956 un diplôme d’ingénieur agronome. Revenu en France, il passe une licence en sciences naturelles. Il est ensuite stagiaire au centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris et à l’ORSTOM (aujourd’hui Institut de recherche pour le Développement dans la spécialité phytogénétique et amélioration des plantes. Il prépare une thèse en génétique sous la direction de Georges Rizet.

En 1961, il soutient à Paris sa thèse d’Etat et accède au grade de docteur ès sciences, avec félicitations du jury. À compter de juin 1961, il est chargé de recherches (ORSTOM). Il est promu maître de conférences en biologie végétale, par arrêté du 3 novembre 1961 du ministère français de l’Éducation nationale.

Trajectoire professionnelle et politique

La fulgurante ascension politique (1963-1966)

Lissouba rentre au Congo en 1962 et est nommé Directeur Général des Services agricoles, alors qu’il souhaite se consacrer à la Recherche et à l’Enseignement.

Le 16 août 1963, Alphonse Massamba-Debat, devenu Chef du Gouvernement provisoire après le renversement de Fulbert Youlou par une insurrection populaire, le nomme Ministre de l’Agriculture et des Eaux et Forêts.

Le 19 décembre, Massamba-Debat, candidat unique, est élu Président de la République. Le 24 décembre, Il nomme Lissouba au poste de Premier ministre. Moins de deux ans après son entrée dans la vie active, il devient, à l’âge de 32 ans, l’un des principaux personnages de l’État et le premier collaborateur du Chef de l’État. Aux termes de la nouvelle constitution adoptée par référendum le 8 décembre 1963, le Président définit la politique générale et économique du pays, le Premier Ministre et son gouvernement en assurent la réalisation

Lissouba forme un gouvernement de 9 membres, au sein duquel il conserve le portefeuille de l’Agriculture et des Eaux et Forêts. Germain Bikoumat, Bernard Galiba, Édouard Ebouka-Babackas, Charles David Ganao et Paul Kaya qui, comme lui, faisaient partie gouvernement provisoire, sont reconduits dans leurs fonctions. Parmi les trois nouveaux venus, on compte deux syndicalistes dont le rôle a été déterminant dans le renversement de Youlou (Aimé Matsika et Pascal Okyemba-Morlende).

Le gouvernement Lissouba manifeste dès le départ l’ambition de réduire la dépendance de l’économie congolaise vis-à-vis des capitaux étrangers. Il élabore un plan qui prévoit la nationalisation de plusieurs secteurs de l’économie et le développement d’une industrie d’état. La commercialisation des produits agricoles (ONCPA, RNPC) et le commerce d’importation (OFNACOM) sont nationalisés. Cependant, Le président Massamba-Debat tempère l’ardeur socialisante du gouvernement en mettant son veto à la nationalisation du transport urbain, de la production d’électricité et de la distribution d’eau. La collaboration des pays industrialisés du bloc communiste (Chine, URSS) et parfois occidentaux, permet la création de plusieurs unités industrielles publiques (cimenterie, construction navale, textile, manufactures de cahiers et d’allumettes).

L’action de rénovation rurale qui prévoit l’installation de jeunes de la ville en campagne pour développer l’agriculture échoue, faute d’adhésion.

Sur le plan social, le gouvernement Lissouba s’efforce d’assurer une couverture maximale du territoire en matière de santé et de scolarisation, en créant de nombreuses écoles et dispensaires.

Le Stade de la révolution, construit en un temps record, est inauguré en juin 1965. Il sert de cadre aux premiers Jeux africains de 1965.

Sur le plan diplomatique, le Congo s’éloigne des pays occidentaux (rupture des relations avec les États-Unis) et se rapproche des pays du bloc communistes (reconnaissance de la Chine en 1964). L’encadrement de la Défense civile, branche armée de la jeunesse du parti unique, est assuré par des cubains.

Comme la plupart des grandes figures du régime, Lissouba est membre du Groupe de Mpila, cénacle politique qui, pour l’opinion publique, porte la responsabilité de l’assassinat en février 1965, de Joseph Pouabou, Lazare Matsocota et Anselme Massoueme, par la milice politique du régime. Cette tragédie altère les rapports entre Massamba-Debat et Lissouba.

En avril 1965, Lissouba remanie son gouvernement. André Hombessa est nommé Ministre de l’Intérieur et François Luc Makosso Ministre de la Justice. Claude-Ernest Ndalla devient Secrétaire d’État à la Jeunesse et Claude-Antoine Da Costa, Secrétaire d’État à la Défense. Okyemba-Morlende et Matsika quittent le gouvernement. En décembre 1965, il opère un second remaniement.

Le 15 avril 1966, les divergences de vue de plus en plus prononcées avec Massamba-Debat et l’hostilité d’Ambroise Noumazalaye qui contrôle le parti unique (MNR), le décident à présenter sa démission au Président. Celui-ci l’accepte et nomme Noumazalaye à sa place.

La longue période de vicissitudes (1966-1979)

Déchargé de ses responsabilités politiques, Lissouba enseigne la Génétique au Centre d’Études Supérieures de Brazzaville. Parallèlement, il apporte son assistance aux planteurs de cacao de la région de la Sangha et réalise des expériences de croisement d’espèces de manguiers à Boko et à Loudima.

En juillet 1968, au beau milieu du bras de fer entre Massamba-Debat et les officiers progressistes menés par le capitaine Ngouabi, il co-signe une lettre ouverte au Président de la République. Avec ses amis Henri Lopès, Jean-Pierre Thystère-Tchicaya et Jean-Édouard Sathoud, il exhorte le Président à ne pas céder à la tentation du renferment ethnique. Les quatre signataires préconisent l’instauration préalable d’une « démocratie nationale », encore à conceptualiser, avant toute édification d’un socialisme dont les conditions ne sont pas encore réunies au Congo. Ils demandent aussi au président de désigner un comité qui serait chargé d’élaborer des reformes permettant de consolider l’unité nationale.

Après à la négociation entre Massamba-Debat et l’armée qui dénoue partiellement la crise politique, Lissouba est un des 39 membres du Conseil National de la Révolution (CNR) mis en place le 5 août 1968. Il fait également partie du nouveau gouvernement formé par Massamba-Debat, avec le rang de Ministre d’État chargé du Plan. Le 31 décembre 1968, après l’aménagement de l’Acte fondamental qui permet à Marien Ngouabi de devenir Président de la République, il est nommé Ministre d’État chargé de l’Agriculture et des Eaux et Forêts. Il garde ce poste jusqu’au remaniement du 21 juin 1969.

Le 17 octobre, il est mis en état d’arrestation et doit répondre devant la cour révolutionnaire de l’accusation de complicité dans le triple assassinat de Pouabou, Matsocota et Massoueme en 1965. Ses co-accusés sont Massamba-Debat, Noumazalaye, Ndalla, Hombessa, Lounda, Bindi, Maboungou-Mbimba et Van Den Reysen. Le 21 novembre, tous les accusés sont acquittés, excepté Bindi, Maboungou-Mbimba et Van Den Reysen qui étaient jugés par contumace. Cependant, ils sont interdits de toute activité politique et sortie du territoire pour deux ans.

De nouveau libre de toute responsabilité politique, Lissouba revient à l’enseignement de Biologie cellulaire et de Génétique. Il mène des travaux de recherches et fait plusieurs publications scientifiques. En 1970, il devient directeur de l’École Supérieure des Sciences (future faculté des Sciences de l’Université de Brazzaville)

En février 1972, il est arrêté après l’échec du coup d’État militaire mené par Ange Diawara contre le gouvernement de la République populaire du Congo. Condamné à la réclusion par la cour martiale, il est cependant remis rapidement en liberté.

Lors du deuxième congrès extraordinaire du Parti congolais du travail (PCT), du 26 au 31 décembre 1972, il fait sa rentrée dans le Comité Central. Il y a posé une condition : l’amnistie des prisonniers politiques. N’obtenant pas satisfaction, il organise une opposition interne au sein du parti unique. Quelques semaines seulement après son retour dans les instances de pouvoir, il est de nouveau arrêté le 23 février 1973, pour complicité dans un putsch qu’aurait tenté le maquis de Diawara. Suspendu du PCT et traduit devant la cour révolutionnaire en avril, il est acquitté. Sa suspension du parti n’est toutefois pas levée.

Fin mars 1976, après l’échec de la grève générale lancée par les victimes de la « radicalisation de la révolution » opérée par Marien Ngouabi en décembre 1975, il est encore arrêté. Il reste en prison quelques semaines seulement.

Le 18 mars 1977, dans les heures qui suivent l’assassinat de Ngouabi, il est arrêté sur ordre du Ministre de la Défense, Denis Sassou N’Guesso. Traduit devant la cour martiale, il est condamné à mort le 25 mars, pour complicité avec Massamba-Debat dans la conspiration qui a conduit à la mort du Président de la République. Une intervention in extremis d’Omar Bongo, appuyée par une mobilisation de scientifiques français et africains, lui permet d’échapper au peloton d’exécution. Le Comité Militaire du Parti commue la peine capitale en détention à perpétuité. Il est incarcéré successivement à Brazzaville, Epena et Ouesso. En 1979, Sassou N’Guesso qui a évincé Yhombi-Opango, élargit tous les prisonniers politiques. Lissouba retrouve la liberté au mois de mars.

La retraite politique (1979-1990)

Les conditions très sévères de sa détention ont altéré sa santé. Aussitôt libéré, il se rend en France pour les soins médicaux appropriés. Il va y rester, s’éloignant pour de longues années du champ politique. Il enseigne la Génétique à l’Université de Créteil. En 1985, il intègre l’UNESCO et est nommé Directeur du Secteur Sciences exactes et naturelles. Il est ensuite Directeur régional de l’UNESCO en Afrique pour la Science et la Technologie à Nairobi. Au cours de toutes ses années, Lissouba s’abstient de toute intervention et commentaire sur la vie politique du Congo et semble avoir définitivement tourné cette page de sa vie.

Le retour à la vie politique (janvier 1991 – février 1992)

Fin 1990, l’évolution politique du pays a contraint Sassou N’Guesso à accepter le principe d’une Conférence Nationale Souveraine. Celle-ci s’ouvre le 25 février 1991 à Brazzaville. Pascal Lissouba y participe comme individualité, en sa qualité d’ancien Premier Ministre. Il est proche à la fois de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de Pierre Nze et du Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS) de Thysthère-Tchicaya. Au cours du deuxième mois de la CNS, son prestige est écorné lors des débats sur les assassinats de février 1965. Les témoignages en plénière et les auditions de la Commission Assassinats mettent en lumière la responsabilité du Groupe de Mpila, dont il était un des principaux animateurs, dans le triple meurtre.

Il présente sa candidature à l’élection du Premier Ministre de la Transition démocratique par les délégués à la Conférence Nationale. La fonction a été pourvue des plus grands pouvoirs par l’Acte fondamental. Parmi les dix-huit autres candidats en lice, on compte Louis Sylvain-Goma, Édouard Ebouka-Babackas, Matthias Ndzon, André Milongo, Jean Martin Mbemba, Samuel Badinga, Eckondy-Akala, Gabriel Bokilo et Lévy Makany. En tête aux deux premiers tours, Lissouba est finalement battu au quatrième tour par André Milongo par 454 voix contre 419.

En juillet 1991, Lissouba fonde l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS). Le nouvelle formation politique a intégré plusieurs partis qui ont participé à la Conférence Nationale et rassemble de nombreuses figures de la vie politique nationale : Simon-Pierre Kikounga-Ngot, Martin M’beri, Nguila Moungounga Nkombo, Augustin Poignet, Christophe Moukoueke, Clément Mouamba, Victor Tamba-Tamba, etc. Lissouba a également convaincu une bonne partie de la jeune classe politique à le rejoindre dans son action. Après la mise en place des organes de son parti, Lissouba repart en France pour prendre sa retraite à l’UNESCO, laissant à ses lieutenants le soin d’implanter l’UPADS dans la population.

Les élections démocratiques (mars – août 1992)

Il revient à Brazzaville en février 1992. Une foule considérable de militants et de sympathisants de l’UPADS l’accueille à l’aéroport de Maya-Maya et l’escorte jusqu’au palais des congrès, où il tient son premier meeting. Il y prononce une phrase qui marque les esprits « Je suis venu pour vous servir, et non pas pour me servir ». Sa rentrée politique intervient dans la dernière ligne droite avant la série des élections de 1992. En son absence, ses adjoints ont réalisé un travail considérable d’enrôlement de militants et d’organisation. En quelques mois, l’UPADS est parvenu à fédérer la majorité des populations issues des régions de la Bouenza, de la Lekoumou et du Niari. Pour désigner cette intégration politique, les Congolais créent l’acronyme ’’NiBoLek’’.

Au référendum constitutionnel du 15 mars, à l’instar de la plupart des partis, l’UPADS appelle ses militants à approuver la nouvelle constitution. Le oui l’emporte avec 96,32 % de voix, mettant un terme officiel au régime de la République populaire du Congo.

Les élections locales et municipales du 3 mai voient le parti de Lissouba réaliser un raz de marée dans les régions de la Bouenza, de la Lekoumou et du Niari. Il y emporte la quasi-totalité des sièges en jeu. Ayant également obtenu de bons scores à Brazzaville et Pointe-Noire, l’UPADS s’impose comme la première force politique du pays.

Le 24 juin, le premier tour des élections législatives confirme l’impact du parti de Lissouba et son ancrage dans les 3 régions de la vallée du Niari. Il obtient 31 sièges. Au second tour, il récolte 8 sièges supplémentaires. Avec 39 députés, il sera le premier parti dans la future Assemblée nationale, devant le MCDDI (29 députés) et le PCT (18 sièges). Lissouba est lui-même élu député de la première circonscription de Dolisie dès le premier tour.

À l’approche des présidentielles, Lissouba, qui a nommé Marc Mapingou directeur de sa campagne, apparaît comme le favori. Le Président de l’UPADS réalise une campagne électorale remarquable, avec une stratégie de communication basée sur son passé d’homme d’État, son image de savant et son expérience internationale. Il occupe efficacement l’espace médiatique et ne lésine pas sur les promesses de campagne, s’engageant à faire du Congo une petite Suisse en cinq ans. Les grands axes de son programme sont la modernisation de l’État en intégrant les nouvelles technologies, la construction d’un vaste réseau de communication (autoroute à péage entre Brazzaville et Pointe-Noire, notamment), la relance de l’agriculture, la libéralisation de l’économie et l’industrialisation du pays.

Le 2 août, au premier tour de l’élection présidentielle, il arrive sans surprise en tête, avec 282.000 voix (35,89 %). Bernard Kolelas qui a obtenu 20,32 % sera son adversaire au second tour. Entre les deux tours, Pascal Lissouba obtient le ralliement de quelques battus du premier tour : Joachim Yhombi-Opango, David Charles Ganao, Alphonse Souchlaty-Poaty. Le 11 août, le PCT et l’UPADS signe un accord pour constituer le socle d’une majorité parlementaire stable, gouverner ensemble quel que soit le résultat de la présidentielle et faire campagne commune pour l’élection de Lissouba au second tour de la présidentielle.

Le second tour a lieu le 16 aout. Les résultats sont proclamés le 20. Pascal Lissouba devance largement Bernard Kolelas avec 506 395 voix (61,32 %) contre 319 396 (38,68 %). Lissouba est arrivé en tête dans 7 régions sur 10. Kolelas ne l’a battu qu’à Brazzaville et dans le Pool. Au Kouilou, les deux candidats sont au coude à coude. Le recours de Kolelas auprès de la Cour suprême, pour « fraudes généralisées et frappantes » de la part de son adversaire, est rejeté. Pascal Lissouba devient le sixième Président de la République du Congo.

Source : wipedia.org

 

Le site www.congo-liberty.org a pour ambition la véritable réhabilitation de Pascal Lissouba, le Premier Président de la République du Congo, élu au suffrage universel direct.

Notre but n’est pas d’écrire l’histoire de ce Grand Homme, mais de mettre à la disposition du plus large public, son œuvre politique à travers ces différents discours prononcés, avant, pendant et après son élection à la Magistrature Suprême de la République du Congo.

Ainsi nous en appelons et demandons à toutes les personnes qui détiennent des documents écrits, photos, vidéos et autres… de prendre contact avec nous, ou les envoyer pour diffusion à l’adresse mail : [email protected] 

En vous remerciant très sincèrement pour votre collaboration

Ce contenu a été publié dans Les Dossiers. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.