Mieux nous comprendre pour mieux nous aimer aux fins de raffermir l’unité nationale. Par Dieudonné Antoine GANGA.

Certains compatriotes ont mis à profit le confinement, non pas pour réfléchir sur les voies et moyens de contrecarrer le coronavirus mais pour aiguiser plutôt leurs langues de vipères aux fins de nous injecter leurs venins de haine et de tribalisme sur les réseaux sociaux. Il me semble que « notre nation qui s’est faite dans l’harmonie et la concorde mutuelle, unissant le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest du pays dans un même idéal de paix, de prospérité et de progrès » dixit le Président Abbé Fulbert Youlou, en a pris un grand coup. Si nous ne faisons pas attention, si nous ne nous ressaisissons pas, si nous nous entrainons à jouer à ce vilain jeu, notre société congolaise risque de se désintégrer progressivement, parce que, comme l’a dit Monseigneur Barthélémy Batantu « elle n’arrivera plus à la longue à respecter l’intimité des individus qui la composent. »

 Ne nous le cachons pas. Aujourd’hui l’unité nationale est sur le point de se fissurer. Ce qui donnerait raison au Premier Ministre Bernard Kolelas qui avait affirmé, il y a vingt ans, qu’elle n’existait plus à cause de malheureux événements successifs qui s’étaient produits dans notre pays en 1993. À ce propos, il avait dit que « l’une des conséquences de ces événements, c’était l’explosion d’une flambée de haine tribale qui faisait qu’aujourd’hui des Congolais fuyaient d’autres Congolais, alors qu’ils vivaient jusque-là ensemble, que le voisin ou le collègue de travail qui, hier, était un ami, était tout-à-coup devenu un ennemi irréductible du simple fait qu’il n’était pas du même terroir. La haine tribale avait cristallisé les oppositions et portait à son paroxysme, la violence des affrontements. »

En effet, pendant le confinementil nous a été donné de constater malheureusement que les rancœurs et les frustrations demeuraient toujours vivaces au tréfonds de nos âmes, au point de resurgir. Je me demande quel jour, après 60 ans de l’indépendance de notre beau pays le Congo, elles pourront y faire place à l’amour sincère, à la fraternité et à la tolérance ? Pour y arriver, il faut à mon humble avis, d’une part de la volonté politique de construire, de réunir ce qui est épars, et d’autre part  de mieux nous comprendre, nous les Congolais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, pour mieux nous aimer aux fins de consolider l’unité nationale.      

Mais que veut dire exactement d’une part « mieux comprendre » et   d’autre part « mieux aimer » et dans quelles mesures, en notre qualité de chrétien et de croyant, notre combat permanent dans la quête et la conquête de l’Amour peut-il s’effectuer pour s’élever au-dessus des apparences contradictoires en vue de nous mettre au service de cette vertu plus haute qui est l’Humanité ? Une autre question que je me pose, est de savoir quels sens et dimensions donner à l’expression « mieux comprendre », une expression vaste et complexe ?

Comprendre, c’est le cumprehendere latin, prendre avec, c’est se rendreraison d’une chose, d’un phénomène, d’une personne c’est se les expliquer. « Mieux comprendre » un phénomène qui va au-delà de la simple compréhension, c’est se l’approprier intellectuellement de la manière la plus complète. C’est dans ce sens que Descartes affirme : « Comprendre c’est embrasser par la pensée. » Pour mieux comprendre un objet il faut à la fois le cerner ainsi que le monde auquel il appartient.

« Mieux comprendre » est donc l’acte par lequel l’esprit s’approprie de la meilleure manière une connaissance. Ce n’est pas simplement savoir, mais c’est avoir assimilé la connaissance du phénomène à comprendre. La meilleure compréhension serait, par voie de conséquence, une démarche d’ordre intuitif et synthétique, visant la recherche de son sens global. Aussi Socrate disait-il : « Connais-toi, toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux. ». Cette meilleure compréhension apparaît finalement comme la relation entre celui qui connaît et l’objet de la compréhension. Elle implique non seulement la parfaite saisie de l’objet concerné mais aussi des capacités et des dispositions suffisantes par rapport à cet objet afin de produire un comportement intelligent. Une meilleure compréhension va au-delà de la simple conceptualisation pour se situer dans l’intégration qui implique la possibilité de l’action.

Mieux comprendre c’est accepter l’autre, découvrir sa dignité, entrer avec lui dans un regard d’espérance, le regard de Dieu : c’est croire qu’il a la possibilité de changer, d’évoluer ; c’est continuer de lui vouloir le bien. C’est entrer dans une attitude de confiance en l’autre, parfois à travers une certaine souffrance. C’est devenir les dignes enfants de Dieu, notre Père qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants.

Dans cette lancée, le penseur Steven Covey a déclaré : « si je devais choisir le principe le plus important dans les relations entre personnes et le résumer en une phrase, ce serait ‘’cherchez d’abord à comprendre, ensuite seulement à vous faire comprendre’’… La plupart n’écoutent pas dans le but de comprendre ; ils écoutent dans l’intention de répondre. Soit ils parlent, soit ils se préparent à parler ».    

Aimer, c’est éprouver de l’affection, de l’amitié, de la sympathie, c’est aussi éprouver de l’amour. La plupart du temps, il semble que l’amour soit motivé, qu’il se justifie par une cause. Dans cette acception, aimer est un moyen dirigé vers une fin, et rarement une fin en soi. Et le proverbe espagnol : « Offrir l’amitié à qui veut l’amour, c’est donner du pain à qui meurt de soif » illustre bien notre incapacité à cerner ce que l’autre attend de nous au point que l’on pourrait dire « Tout amour qui ne tend pas à l’universel n’est qu’un succédané de l’égoïsme. »

          Mais « mieux aimer » dépasse l’amour tel que nous le concevons communément c’est-à-dire, soit par simple affection, l’amour familial par exemple, soit par la recherche des différents plaisirs, par exemple l’amour charnel, ce qui place l’amour au niveau d’un objet quantifiable, ou par intérêt, l’amour circonstanciel pour tirer profit de la personne prétendue aimée. Pour Hegel, en revanche, « aimer c’est se ressaisir soi-même dans son rapport à une autre conscience de soi. » Être aimé, c’est alors, se sentir exister pour quelqu’un, c’est avoir conscience de soi à travers l’amour que nous porte l’autre. Les paroles que voici de Mère Teresa justifient cette assertion : « Le sentiment de ne pas être aimé est la plus grande des pauvretés. »

« Mieux aimer » c’est donc donneret ne rien prendre, puis surtout ne rien attendre en retour. Il s’agit du vrai amour, celui qui donneet s’oublie. Cet Amour est Transparence et Limpidité, l’on voit la Lumière à travers lui. Car il est la lumière et il produit de la lumière. Il s’adresse à tous et à chacunet ne connaît point de limites. Il veut le Bonheur, le Bien supérieurde l’être aimé et, surtout, il œuvrepour atteindre cet objectif, sans rien n’attendre ni se lasser. C’est dans ce sens que Saint Augustin dit : « La mesure de l’Amour, c’est d’aimer sans mesure ». L’apôtre Paul va plus loin et déclare que « l’Amour excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout »

           « Mieux comprendre pour mieux aimer » signifie intégrer parfaitement le vrai   amour tel que défini ci-dessus en vue de le vivre de la meilleure manière. C’est se construire en se débarrassant des préjugés et des sentiments négatifs, se construire en agrandissant notre monde intérieur, en le rendant plus vaste. C’est créer notre propre beauté, une beauté qui ne peut pas être définie par des stéréotypes ou par des mots. La vraie beauté est à l’intérieur, car c’est la seule qui ne périt pas, la seule qui ne peut pas être saisie et qui peut être vue seulement lorsqu’on regarde à travers les yeux de l’âme.       Mieux comprendre pour mieux aimer ne peut donc se confondre avec « un maquillage » qui ne peut embellir un cœur laid ; cette pensée est extrêmement importante pour concevoir notre estime de soi et de l’autre. Mieux comprendre pour mieux aimer, c’est en tout état de cause l’objet de notre combat constant.

           Comment « mieux comprendre pour mieux aimer » au quotidien sans nier l’importance extraordinaire de l’expérience de l’immédiat, comme la saveur du vin, le goût des aliments, le sensible, le charnel ? Il existe un contenu concret dans les mille jouissances de la vie, comme dans ses mille douleurs. Cerner de la meilleure manière le vrai amour, c’est disposer de la capacité de relier les uns aux autres, les différents aspects de cette réalité qui peuvent sembler parfois contradictoires, souvent hétérogènes et quelquefois logiquement incompatibles, voire antagonistes. Nous sommes dans le sillage de ce vrai amour quand nous refusons les réductions, les simplifications et autres déviations. 

          Dans nos sociétés humaines, nous observons la lutte dialogique, organisatrice entre le principe isolationniste, égoïste voire égocentrique et le principe communautaire et altruiste, la discorde et la concorde. Dieu nous a faits à son image, et nous portons en nous le déchaînement des forces malheureusement de jalousie, de haine, de désintégration et de mort, mais heureusement de générosité, de charité, de partage et d’altruisme. Notre baptême et notre foi nous ont permis et nous permettent de développer aussi bien la fraternité que l’amour, forces de résilience. Ce statut nous place à la pointe de la lutte dynamique contre la séparation, la dispersion. Chacun de nos actes nous relie à autrui, aux nôtres, à l’humanité.

          Dans la vie de tous les jours, souhaiter ou désirer demeurent dans les perspectives pas nécessairement dans l’action. Il en est de même du vouloir, si cette volonté n’est pas suivie d’actes effectifs. C’est pourquoi lorsqu’un philosophe soutient « qu’aimer, c’est vouloir aimer », nous ajouterons, pour notre part, qu’aimer, surtout mieux aimer, c’est non seulement vouloir aimer, mais c’est agir dans ce sens le mieux possible, c’est se donner, ce qui rejoint dans une certaine mesure et va plus loin que la sagace et combien perspicace pensée de Jean Cocteau : « Il n’y a pas d’amour, il y a seulement des preuves d’amour ».

          N’est-il pas essentiel de faire ce qui est à notre niveau partout où nous nous trouvons, du nord au sud, de l’est à l’ouest du Congo, pour nous rapprocher encore tous les jours davantage de cet autre nous-même en vue de l’aimer de la meilleure manière possible ? Et en vue de consolider l’unité du peuple congolais, comme nous la chantons dans notre hymne national « Oublions ce qui nous divise, soyons plus unis que jamais ; vivons pour notre devise Unité, Travail, progrès » ?

Comme je l’ai déjà écrit et dit « Notre classe politique a l’obligation historique de prendre ses responsabilités afin de réparer les dommages que ses actions immodérées ont causés au pays. Sa place dans l’histoire du pays en dépend. Il revient principalement à nos autorités actuelles et secondairement aux autres dirigeants politiques, de prendre les nécessaires initiatives dans ce sens, en s’écartant des ‘’ politiques de diviser pour régner et d’ôte-toi de là que je m’y mette’’, mais en utilisant toutes les voies pour refaire et consolider notre unité, aux fins, en paraphrasant Rafal Olbinski, de « bâtir des ponts entre nous congolais plutôt que d’élever des murs de haine, de division, de tribalisme, de mensonge et de calomnie  pour nous séparer. »

Avec Jean Mandzoungou, j’affirme que « le vrai problème est dans la tête de nos responsables politiques. Tant que ceux-ci n’auront pas compris et mis en avant les intérêts fondamentaux de notre peuple, tant qu’ils manipuleront les esprits fanatiques à leur cause égoïste, le pays connaitra encore et pour longtemps son chemin de croix, avec des simulacres de repentance, de cessez-le feu, d’accords et autres pactes pour la paix à répétition dont ils seront toujours eux-mêmes les fossoyeurs. » Et l’unité en prendra toujours un grand coup.

Notre peuple qui n’a pas besoin de fraternité fratricide comme celle de Caïn et Abel peut et doit retrouver sa grandeur et son unité sans que l’on ne construise entre nous, des murs de haine, d’exclusion, de jalousie, de tribalisme et des préjugés. Quels dignes filles et fils du Congo obvieraient à ce noble devoir ?

« Il s’agit de panser nos plaies, non de provoquer de nouvelles déchirures. Faut-il enjamber d’autres cadavres pour arriver à la Démocratie et à la Paix ? » dixit le Président Denis Sassou-Nguesso. Comprenne qui pourra.

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Ancien Ministre des Affaires étrangères 1992

Ancien ambassadeur du Congo à Washington (USA) et à Addis Abeba (Éthiopie)

Diffusé le 01 juin 2020, par www.congo-liberty.org

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3 réponses à Mieux nous comprendre pour mieux nous aimer aux fins de raffermir l’unité nationale. Par Dieudonné Antoine GANGA.

  1. Lucien Pambou dit :

    OUI MONSIEUR LE MINISTRE GANGA /MAIS COMMENT FAIRE?
    C EST BIEN DE COMPRENDRE MAIS VOUS N EXPLIQUER PAS COMMENT FAIRE CONCRETEMENT SUR LE TERRAIN AU DELA DE VOS OUKASES ET COMPLAINTES

    Merci pour votre texte de rassemblement et d amour pour l unite du CONGO
    Mais les congolais sont ils capables de transcender les ressentiments et les sentiments de vengeance pour ceux d entre eux qui estiment a raison ou a tort d ‘a voir ete traites injustement pour eux memes et pour leurs parents
    L’ analyste et editorialiste politique que je suis , salue a haute voix votre papier mais sans etre pessimiste permettez moi d ‘ etre dubitatif

    Le congolais au dela des effets de manche et de joie immediate est il capable de tenir une position republicaine d unite , de pardon , de cohesion et d ‘amour pour l ‘ autre congolais qui n est pas de sa region , ni de son ethnie a long terme?

    Je souhaite l union des congolais et l acces aux postes de travail en fonction des competences professionneles averees

    je reve et dites moi que mon reve n ‘est qu eun reve et quelque part se trouve la realite vraie ; l union des congolais

  2. Val de Nantes dit :

    Cette démarche d’inspiration stoïcienne a montré ces limites sociologiques autant que politiques .
    La politique congolaise a toujours oublié le fondement existentiel d’une nation ,en ce qu’elle priorise les instincts grégaires et égoïstes de l’homme politique congolais .
    Bacon parle à ce propos de ,: »idola tribus  » en latin ; les illusions tribales ,en français ,qui caractérisent l’homme congolais par ces dispositions particulières qui l’éloignent des jugements universels …
    La compréhension congolaise est un faux miroir dans lequel ne figure aucune possibilité de l’usage de la raison …
    Quand une maladie perdure dans un corps ,il importe de s’interroger sur l’efficacité de cette prescription médicale …
    Notre pays doit être l’objet de notre pensée et non un objet de narration infertile .
    S’étonner ,c’est s’apercevoir de ce qui ne va pas ,et notre devoir est d’y apporter une réponse adéquate .
    Le « cogito » de Descartes doit nous servir de fil conducteur pour mieux nous interroger nous mêmes à travers notre esprit ,siège de notre entendement …
    Parler du Congo aujourd’hui ,c’est refuter ,intellectuellement ,les ordres préétablis
    par l’étranger ,supposés être un début de civilisation de l’homme noir …
    La carte géographique du Congo en est un ….
    La question que l’on doit se poser ,c’est la compatibilité des exigences de l’économie et cette carte conçue sur la base tribale ….
    La tribu étant du domaine métaphysique ,pourquoi en faire des tonnes ?
    L’heure n’est – elle pas venue de muer cette carte coloniale en carte de géographie économique ?..
    Que valent ces régions qui ,économiquement ,sont inexistantes ?
    Quel est le paradigme économique ,qui serait en mesure de délester l’Etat de la torpeur administrative ?
    Etc. Ce sont là des questions auxquelles nous devons impérativement répondre pour parvenir à l’amour patriotique dont l’auteur appelle de ces vœux ….
    Comment instaurer la paix nationale ,des coeurs ,si la richesse nationale devient l’enjeu des batailles politiques ?
    C’est cette richesse nationale à laquelle nous devons travailler pour ramener la compréhension dans la maison congolaise ,ce qui induit une répartition des revenus au prorata des efforts fournis .
    La solution de nos étonnements ethniques réside dans notre génie économique ..

  3. Val de Nantes dit :

    Nous devons inventer un nouveau Congo qui soit plus économique que tribal.
    Le langage économique doit été apprivoisé par les congolais afin d’oublier notre fixation sur notre Léviathan nationale (tribalisme )….
    Notre imagination doit aller au delà de notre bout nez quotidien ,pour trouver des scénarios où l’homme congolais domminerait ces bas instincts ,des passions tristes ,des idola fori (les opinions fumeuses )…..
    Nous aimer équivaudrait à résoudre nos difficultés sociales par l’économique .
    Le Congo , un pays en apnée , a l’obligation d’en sortir pour mieux respirer à la seule condition qu’il est le courage de démolir les vieilles statues idéologiques ,géographiques ,sociologiques jugées contraires à sa marche vers son développement économique et social.
    Mieux nous serons en mesure de nous remettre en question , meilleur sera l’avenir de notre pays dont les pesanteurs ataviques ne favorisent le moindre progrès possible ……
    L’exemple le plus criard est celui de notre compatriote ,Patrick tsengue tsengue dont l’ingéniosité est capable de créer un début d’industrialisation dans notre pays .
    Je peux en citer plusieurs ,mais bref !.
    Qu’est ce qui a manqué à l’Etat central d’investir dans ces multiples activités ?
    Quels ont été les freins explicatifs à cette attitude discriminatoire ?
    Est ce une ignorance étatique doublée d’une imperitie étatique ou la pathologie congénitale congolaise qu’est le tribalisme ?…..
    Soyons pragmatiques quand à la recherche des solutions structurelles que doit trouver le Congo ,pour abattre ces vieilles montagnes qui se dressent devant lui …
    Comme disait Sénèque : »À force de vivre dans le passé ,on nihilise notre présent « .
    Les narrations basées sur l’historicité politique de notre pays ne nous aident pas à baliser le chemin de sortie de notre misère …..
    D’où mon voeu de voir apparaître des disruptions idéelles concernant notre pays .
    Tenez ,quelqu’un pourrait me donner le PIB régional de la cuvette ?
    Ramenons l’âme congolaise vers la lumière , bloquée dans la caverne de Platon …
    Merci .

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