L’humilité devrait-elle être une qualité pour ceux qui nous gouvernent ? Oui et pourquoi ?

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Le jour du conseil inaugural de cabinet, à la Primature, il a été rapporté qu’une ministre aurait tenu des propos discourtois à l’endroit des journalistes qui étaient venus couvrir l’événement et qui ne l’auraient pas interviewée. Elle se serait per­mis de les agonir d’injures, d’insultes, avec arrogance et insolence, tout en les traitant de malheureux, de vauriens, de gueux, de gens qui ne pourront ni s’ache­ter des véhicules 4×4, ni construire des maisons, etc. Si ces propos sont avérés, c’est alors triste et malheureux de voir un ministre les prononcer. Dans toutes circonstances, quel que soit ce que nous sommes, nous devons faire montre de maîtrise et de courtoisie.

En tant qu’être humain, un membre du gou­vernement peut être tenté, parce qu’arrivé au « summum » de sa carrière administrative ou politique, de se considérer comme un super homme, comme une super femme et faire montre d’orgueil. Il devrait plutôt faire montre d’humilité, laquelle vertu est, selon le Pape Be­noît XVI, « l’huile qui rend féconds les processus de dialogue, facilite la collabora­tion, la cordialité et l’unité ». Il devrait, en effet, reconnaître sa faiblesse dans toutes les circonstances. A ce propos, voici ce que dit un auteur inconnu : « Voyez l’humilité pour le bien de l’homme et apprenez à vous abaisser pour faire le bien, à vous faire petit pour gagner les autres, à ne pas craindre de descendre, de perdre de ses droits quand il s’agit de faire du bien, à ne pas croire qu’en descendant on se met dans l’impuissance de faire du bien. Au contraire, en descendant, l’on nous imite ; en descendant, l’on emploie pour l’amour des hommes, le moyen que j’ai employé moi-même ; en descendant, l’on marche dans sa voie, par conséquent, dans la vé­rité ; et l’on est à la meilleure place pour avoir la vie et pour donner aux autres ». Le Christ ne dit-il pas : « Qui s’abaisse, s’élève » ?

Le citoyen qui nous gou­verne, qu’il soit ministre, sénateur ou député, devrait toujours se rappeler que nous sommes des éternels apprentis et qu’en s’abais­sant, l’on s’élève. Il devrait aussi faire siennes, ces paroles de Charles de Fou­cauld : « Que ceux qui sont les premiers se tiennent toujours par l’humilité et la disposition d’esprit à la dernière place, en sentiment de descente et de service ».

Le compatriote occupant ces nobles, difficiles et ingrates fonctions ne pourrait lutter contre la « fonctionnalité », ce mal qui le ronge, que par l’humilité. Qui plus est, à la place où il est, il devrait savoir écouter. Et comme le dit Saint-Augustin, il devrait toujours jouer « le rôle d’auditeur qui nous maintient dans une attitude d’humilité ». Car l’on ne se respecte pas quand on manque d’humilité. L’humilité est et devrait toujours être une qualité permanente non pas seulement pour ceux qui nous gouvernent, mais pour tout être humain.

Dans la conjoncture actuelle, la société congolaise est malade et ne va pas bien. La santé et l’éducation laissent à désirer. La vie est devenue cauchemardesque, une poubelle, une vie aux lendemains incertains. La pauvreté est galopante. Une large majorité des Congolais vivent des jours et des nuits d’angoisse et sous le seuil de pauvreté. Ils vivotent et se nourrissent très mal. De trois repas par jour, ils sont passés à un repas quotidien qu’ils ont pour la plupart de la peine à avoir. En tout cas, un malaise général gangrène le social des Congolais. Ceux qui nous gouvernent devraient plutôt en prendre sérieusement conscience, au lieu d’arborer de l’arrogance. Mais, ils devraient faire montre d’humilité vis-à-vis.de ceux qu’ils gouvernent. C’est pourquoi ils devraient méditer, à mon humble avis, sur ce qu’a écrit Jean Ziegler : « Aucun homme n’est une île. Tout homme ne se construit que par le regard, la tendresse d’autrui. La vie ne naît que de la complémentarité, de la réciprocité. Pour chaque martyre, il existe un assassin. Je ne peux être libre ni manger en paix, si, au même moment, à quelques centaines de mètres ou de kilomètres de moi, un enfant sous-alimenté entre en agonie ou meurt de faim ».

Et aussi ce qu’a dit Grégoire de Nazianze: «Quand tu es en bonne santé et dans l’abondance, porte secours aux malheureux. Lorsque toi, tu navigues le vent en poupes, tends la main à ceux qui font naufrage. N’attends pas d’apprendre à tes dépens combien l’égoïsme est un mal et combien il est bon d’ouvrir son cœur à ceux qui sont dans le besoin. Prends garde, parce que la main de Dieu corrige les présomptueux qui oublient les pauvres. Tire leçon des malheurs d’autrui et prodigue à l’indigent ne serait-ce que le plus petit secours. Pour lui qui manque de tout, ce ne sera pas rien »

Bannissons donc de nos cœurs, l’insolence, l’orgueil et l’arrogance. Cultivons-y, au contraire, les vertus de l’amour, de la paix et de l’humilité. Voyons l’humilité pour le bien de l’homme et apprenons à nous abaisser pour faire le bien. « Que ceux qui sont les premiers se tiennent toujours par l’humilité et la disposition d’esprit à la dernière place, en sentiment de descente et de service », dixit Charles de Foucauld.

Nous sommes, tous, concernés. Dans notre pays où, malheureusement, tout se calculerait en fonction de l’intérêt, les mots ont un sens, des mots inacceptables, des mots fracassants, faits pour faire mal et qui procèdent d’une désintégration de la République, de la démocratie, de l’unité, de la paix et de la fraternité. Dans notre pays où certains compatriotes pensent que, «la politique serait devenue le court chemin vers le bien-être », selon Cyr Armel Yabbat-Ngo du journal « La Semaine Africaine », ceux qui nous gouvernent ne devraient pas être enfermés dans leur tour d’ivoire. Ils devraient, au contraire, écouter, entendre et faire preuve de souplesse et toujours d’humilité. Nous tous aussi, qui que nous soyons, « oublions ce qui nous divise, soyons plus unis que jamais. Vivons pour notre devise : Unité-Travail-Progrès ».

Comme l’a si bien dit le Padre Pio, «ne perdons pas de temps. Il ne faut pas remettre au lendemain ce que l’on peut faire aujourd’hui : les tombeaux dé­bordent de bonnes intentions ; et aux efforts conjoints des hommes, l’injustice peut être vaincue et que tous peuvent connaître une vie meilleure de notre conscience ; c’est la voix du prophète Nous ne possédons que l’instant présent : veillons donc et vivons-le comme un trésor qui nous est confié. Le temps ne nous appartient pas ; ne le gaspillons pas ». Nous avons beau faire le zouave, en tout cas, l’épitaphe nous attend au tournant.

Mettons tout en œuvre pour que notre pays ne devienne un pays où le désir effréné de posséder tout ne transforme les biens ma­tériels en idoles. Mettons tout en œuvre pour que notre pays re­trouve sa grandeur et son unité, sans que l’on ne construise, entre nous, des murs de haine, de tribalisme et des préjugés.

Pour paraphraser Martin Luther King Jr, « apprenons à vivre en­semble comme des frères, dans l’humilité ; sinon, nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ». Qui obvierait à ce sage conseil ?

Donnons la priorité au Congo où une société congolaise plus juste et plus humaine s’impose. Tout Congolais, homme politique ou le commun des Congolais, quel qu’il soit, doit en être pleine­ment conscient. Grâce à l’humilité et « grâce aux efforts conjoints des hommes, l’injustice peut être vaincue et que tous peuvent connaître une vie meilleure », dixit Nelson Mandela. Il serait sou­haitable que Anatole Collinet Mackosso, rappelle aussi ses ministres à l’ordre, en leur demandant de res­pecter le peuple, de ne pas le narguer, de lui parler non pas avec arrogance et insolence, mais avec humilité, de respecter l’être hu­main. Car, le respect de l’être humain, c’est ce qu’il y a de plus im­portant, dans le monde et dans notre beau pays, le Congo. J’ai dit.

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Ancien Ministre des Affaires Etrangères du Congo-Brazzaville

Diffusé le 22 juillet 2021, par www.congo-liberty.org

Camille Miansoni, Procureur de la République de Brest, est-il une chance pour le Congo ?

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à L’humilité devrait-elle être une qualité pour ceux qui nous gouvernent ? Oui et pourquoi ?

  1. le fils du pays dit :

    Plus rien nous etonne dans ce Congo que les camarades membres du pct et les oyocrates ont fait descendre plus bas que terre.Un pays ou se paasent quotiennement les scenes de poulailler.Un etat en carton.
    Que les vrais fils et vraies filles du Congo unissent leurs mains pour faire renaitre le Congo de ses cendres.

  2. samba dia Moupata dit :

    Ya Ganga , c’est Montesquieu qui a écrit qu’ un médiocre embauche toujours d’autres médiocres pour faire plus de médiocrité . Ya DIAG je t’ai toujours appeler , monsieur le ministre par ce que t’as servi un gouvernement qui avait reçu mandat du peuple congolais , ça n’est pas le cas des putschistes Mbochi . Collinet Makosso je le croyais intelligent après un échange de près de 5 heures de vol , dans un avion qui nous amenait sur Paris . Surtout comme Kongo , il était très critique sur le charlatanisme de Bernard Kolélas avec ses fameuses pierres qui allaient voté pour lui .A l’époque notre jeune frère Collinet faisait de l’humanitaire avec madame Sassou. Collinet Makosso restera un premier ministre potiche , comme là été Mouamba Clément .D’ailleurs récemment à Bétou dans le nord du pays , ce dernier a été humilier par petit préfet très proche de Sassou Dénis .

Laisser un commentaire