Lettre de Marie-Louise ABIA, militante PS, à François Hollande, Président Français, suite à la venue en France de Sassou Nguesso

sassou et Hollande
Monsieur le Président de la République,

Je m’appelle Marie-Louise Ango, citoyenne française née au Congo Brazzaville, militante au PS, détentrice de sa carte de membre.

J’aime être française, j’aime parler de la France à ceux qui ne la connaisse pas.

En France, j’ai découvert ce qu’est la paix, la vrai ; en France, j’ai trouvé mon premier emploi avant d’atteindre la trentaine ; en France, malgré quelques dérapages humains, mes droits sont respectés ; en France, j’ai appris à être une citoyenne et à vivre avec des institutions de la république ; en France, j’ai appris à être une adulte libre et indépendante ; en France, j’ai eu des enfants et j’y ai vécu une vie de famille convenable, au sein d’une république qui a regard sur mon bien-être.

Mes enfants sont Français, ils vivent dans la sérénité, ont reçu une bonne éducation et un bon encadrement institutionnels, ils sont bien soignés quand ils sont malades, ils boivent de l’eau potable, ils ont de l’électricité et de l’eau courante, ils ne sont pas inquiétés pour leur sécurité, car LA RÉPUBLIQUE Y VEILLE.

Pour tout cela, Monsieur le Président de la République, moi, la citoyenne congolaise adoptée et protégée par la France, je m’incline très bas devant la République Française et je lui dis, du plus profond de mon cœur : France, je t’aime.

Ceci ne veut pas dire que je n’aime plus le Congo, loin de là, car j’y ai encore de très fortes attaches, des attaches viscérales.

Le Congo, comme vous le savez mieux que moi, est devenu pire qu’un enfer pour les Congolais, ils y sont pris en otage et rendus esclaves par leurs propres dirigeants, même les esclaves avaient plus de droits que les Congolais n’en ont aujourd’hui.

Ceci n’est pas votre affaire, me diriez-vous, car le Congo est un pays indépendant et libre de TOUT DROIT. Je le comprendrais, Monsieur le Président, je le comprendrais très bien.

Mais le Congo, pays peuplés d’individus, d’êtres humains, d’âmes vivantes, est un pays ami de la France.

La raison pour laquelle je me permets de vous écrire, Monsieur le Président, est que nous venons d’apprendre la venue prochaine en France de Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo.

Vous êtres un Président, avec des obligations dans l’intérêt du pays que vous incarnez. Ce n’est que normal que vous puissiez, à ce titre, et à ce titre seulement, recevoir votre homologue dans le cadre des intérêts communs ou mutuels de vos deux états.

Seulement, il se trouve que votre homologue Monsieur Denis Sassou Nguesso qui incarne la République du Congo, applique, au vu et au su du monde entier, un système sociopolitique GÉNOCIDAIRE envers et contre ses populations. Les Congolais, surtout ceux de la partie sud du Congo, sont quotidiennement et impitoyablement massacrés sur tous les plans par leurs propres dirigeants dont le N°1 est, évidemment, Monsieur Denis Sassou Nguesso que vous vous apprêtez à recevoir au Palais de l’Elysée.

Je ne suis pas contre cette visite, au contraire, car ce n’est que normal que vous puissiez faire ce pourquoi ma famille, mes amis et moi-même avons joyeusement voté pour vous : défendre les intérêts de la France.

Cependant, je suis contre votre main qui va serrer la main d’un criminel.

Je suis contre le tapis rouge de l’Elysée qui va être souillé par les pieds de quelqu’un qui marche sur les cadavres de ses propres enfants.

Je suis contre le siège sur lequel s’assoira Monsieur Denis Sassou Nguesso, l’homme qui baigne dans le sang de ses propres concitoyens.

Je suis contre la protection et l’amitié indéfectibles des dirigeants français envers les dirigeants congolais, sachant et voyant comment ces derniers traitent leurs propres populations, cela s’appelle de la complicité et je dénonce cette complicité avec la dernière énergie.

Monsieur le Président, quand vous recevrez votre homologue, s’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît !!!!!

Ne nous oubliez pas !

NOUS, le peuple congolais mourant, impuissant, sans voix et incarcéré au fond de la sombre cale du navire congolais d’où nous ne voyons même pas la lumière du jour.

NOUS, que vous ne pourrez ni voir, ni entendre car enchaînés et bâillonnés, il nous est interdit de crier ou d’exprimer notre souffrance.

NOUS, à qui il n’est autorisé qu’une seule chose à dire qui est « le président sassou nguesso est un bon président » car si nous ne le disons pas ainsi, nous risquerions de disparaître physiquement par tous les moyens possibles et imaginables.

NOUS, à qui l’on impose, par tous les moyens diaboliquement possibles, de soutenir et de défendre publiquement notre propre bourreau.

Monsieur le Président, le film que vous allez voir, par le lien suivant, vous donnera une petite idée de la vie quotidienne des Congolais au Congo.

http://www.dailymotion.com/video/xxu6cb_etats-generaux1_webcam?start=16#.UUGkaRfTqSo

Je vous remercie infiniment, Monsieur le Président, pour le temps que vous avez pris à lire cette lettre, et surtout, pour la considération que vous lui accorderez.

Veuillez, s’il vous plaît, Monsieur le Président, agréer l’expression de mes salutations distinguées.

Marie-Louise Ango

Opération déminage pour le dictateur Sassou Nguesso à l’Elysée le 8 avril 2013…

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