Les sociétés pétrolières internationales escroquent-elles le Congo ? Par Mingwa BIANGO

C’est un pays dont la maltraitance de la population persiste d’année en année depuis quatre décennies. Depuis que Denis Sassou Nguesso en a pris directement les rênes ; en réalité en Mars 1977…

Aujourd’hui, malgré tout le faste qu’il consacre à l’exercice de son pouvoir, malgré tous les milliards de dollars, principalement de l’exploitation pétrolière dont il a fait son argent de poche, le Colonel ambitieux, ministre de la défense de Marien Ngouabi est arrivé au terme de son voyage. Tout s’effondre autour de lui, à l’image de la route de la Corniche à Brazzaville et de l’université qui portent son nom. Le Président Emmanuel Macron, peut bien lui rendre son accolade, ses embrassades : le bilan chiffré du régime congolais est honteusement catastrophique pour ses responsables, mais également tout autant pour la France, pour l’Italie, pour l’Europe et pour le Vatican. Et pour les compagnies pétrolières complices…

Le sang versé à Brazzaville a été intimement lié à l’exploitation du pétrole au large de Pointe Noire. L’autocrate avait longtemps joué le jeu : à Lui le pouvoir, à d’autres le pétrole ; et cela avait commencé par ELF ! Alors, lorsque des pressions s’exercent pour qu’il cède tout ou partie de ce pouvoir, il prend à témoin ses proches en affirmant ne pas comprendre car il « leur a tout donné ! »

Dans un tweet du 22 janvier dernier, Maria Malagardis de Libération rapportait une scène de la Conférence de Berlin de la veille, dans laquelle l’autocrate congolais, qui n’avait pu serrer la main de Boris Johnson, avait droit à une chaleureuse accolade d’Emmanuel Macron en qualifiant Denis Sassou Nguesso « d’inamovible président du Congo » et en posant la question : « est-il fréquentable ? »

En 1977, ni après, le Pape Paul VI n’a jamais demandé que la lumière soit faite sur le premier assassinat d’un Cardinal, celui d’Emile Biayenda, depuis près de 5 siècles. Combien de drames, de souffrances et de guerres inutiles auraient été évitées, sans le silence du Vatican ? Jamais le Colonel Sassou Nguesso n’aurait pu prétendre accéder un jour au pouvoir et encore moins à un long et nuisible règne.

Le tyran Sassou et le Pape François

« L’inamovible », tout simplement, n’aurait pas existé !

Les langues se délient dans le monde journalistique, notamment dans la sphère anglo-saxonne. Le 25 janvier 2020, le Comité de Rédaction du New-York Times publiait un article, sur Isabelle Dos Santos et son époux, intitulé : Les entreprises occidentales peuvent-elles cesser de profiter de la corruption des nations pauvres?

A peine deux jours après, Global Witness renchérissait dans un rapport intitulé : « Truqué : où est passé l’argent du pétrole congolais ? » au curieux accent d’un article de Congo Liberty dont on se félicite… ! Et en sous-titre, qu’à notre tour nous nous faisons un plaisir d’emprunter : « Les sociétés pétrolières internationales, escroquent-elles le Congo ? »

Ne rêvons pas ! Ce n’est pas demain, que TOTAL, ENI ou CHEVRON se mettront en tête de déposer plainte en diffamation contre l’ONG britannique. TOTAL a répondu docilement aux questions de Global Witness qui n’avait pas relevé les contre-vérités de la compagnie pétrolière dans son communiqué de « clarification » après la publication du rapport de l’ONG intitulé «PLANS DE SAUVETAGE DU FMI ET AFFAIRES A BRAZZAVILLE». Kontinent Congo (« appartenant » à 100% au Camerounais Yaya Moussa) a bien perçu les bénéfices de son association du 14 juillet 2015 dans les renouvellements des permis des Ex-PNGF Secteur Sud. Des Contrats d’Association ont bien été établis et respectés, pour ce qui est de TOTAL, par ses paiements à KONTINENT CONGO comme l’attestent des correspondances de Janvier 2018 de cette dernière à ENI Congo avec TOTAL Congo en copie.

L’opacité est la règle première dans la communication de la production congolaise. TOTAL tait sa production et y souscrit totalement quant à la réalité des exportations de brut, notamment par des informations hors d’âge relatives au Terminal de Djeno (63% TOTAL, 37% ENI) dont le pétrolier français est l’opérateur. « Un tanker tous les 3-4 jours » affirmation inchangée malgré l’augmentation de la production. Il conviendrait plutôt de publier « un tanker tous les 2-3 jours » ! Fait curieux, le terminal est équipé pour charger deux tankers en même temps. Ce n’est pas un petit détail. De plus, neuf tankers sur dix sont des VLLC d’une capacité de 2 millions de barils de pétrole.

Dans les programmes de chargement communiqués par TOTAL, durant l’année passée, neuf enlèvements de mélange Djeno de 920.000 barils chacun, plus deux enlèvements de mélange Nkossa de 950.000 barils chacun étaient prévus mensuellement au Terminal de Djeno ; soit un total de 10.180.000 barils auquel il faut ajouter un tanker de 650.000 barils (tous les quarante jours) chargé par PERENCO au Terminal de la Noumbi. Donc, en 2019, une production légèrement au-dessus de 350.000 barils/jour. Mais ce n’est pas tout … !

Ce dernier opérateur, véritable « startup » pétrolière a connu son envol grâce au Congo en 2001 dans l’exploitation de champs matures, d’abord Emeraude puis Likouala, dans l’association CONGOREP (49% SNPC, 51% PERENCO) ou opérateur indépendant pour Yombo et récemment dans la reprise de l’ex-PNGF Secteur Sud abandonné par TOTAL et ENI.

PERENCO compte pour environ 80.000 barils/jour avec Emeraude (encore pour quelques mois). Les performances de la jeune société française, devenue franco-britannique et qui ne tardera pas à devenir suisse, sont remarquables surtout au regard des piètres résultats « officiels » d’ENI.

En effet, ENI avait déclaré en 2018 « une production globale d’environ 96 000 b/j (74 kbbl / j net pour Eni). Les autres zones de production non opérées sont représentées par une participation de 35% dans les permis de Pointe Noire Grand Fond et Likouala, avec une production globale d’environ 51 000 b/j (18 kboe / j net pour ENI) » : moins de 100.000 barils/jour en totalité de production opérée sur 14 champs soit une moyenne inférieure à 7000 barils/jour par champ.

Pour PERENCO, le permis ex-PNGF Secteur Sud abandonné par TOTAL au prétexte d’une chute de production à 15.000 barils (en réalité du fait de l’intrusion du Ministère de la Justice des USA dans le contrat signé le 14 juillet 2015) atteindrait maintenant les 25.000 barils/ jour. Likouala après plus de 20 années d’exploitation dépasserait les 30.000 barils/jour confirmés récemment à Brazzaville par son jeune Président. L’un et l’autre permis avaient nécessité des mises de fonds relativement modestes pour les signatures.

Chez l’Italien, les performances sont toutes contraires et la plus scandaleuse et la plus incroyable est celle de Mboundi, On shore qui au moment de sa reprise en 2007 par ENI produisait, avec Koukouala, 76000 barils/jour de qualité Nkossa. Il avait fallu mettre sur la table (et sous la table) plus de 5 milliards de dollars pour qu’ENI reprenne les participations de Maurel et Prom dans les permis et le contrôle de Burren Energy (qui s’était vendu intégralement à l’Italien plutôt que de se séparer uniquement de sa participation). Mboundi détenait 1,5 milliards de barils de réserve prouvée, sur terre ferme. Aujourd’hui ce permis compterait pour 20 000 barils/jour. Doit-on se fier à ce chiffre ? ENI est partenaire au total de 18 associations pétrolières au Congo : 4 fois plus que PERENCO, qui produirait au total seulement qu’une quinzaine de milliers de barils par jour de moins qu’ENI !

Dans les listings prévisionnels de chargement du Terminal de Djeno, PERENCO/CONGOREP n’apparait également que pour une cargaison ce qui ne semble pas correspondre à la réalité de sa production. Quant à l’Américain CHEVRON, avec seulement 31,5% de participation dans le permis Ex-Haute Mer, il a droit à deux cargaisons mensuelles de 920.000 barils. Bel investissement !

Un audit des facilités d’exportation du brut congolais s’impose avant tout autre considération de transparence de la production pétrolière au Congo.

Il y a quelques jours également, AIRBUS, l’avionneur européen, a reconnu avoir obtenu avoir passé un accord avec les justices française, britannique et américaine afin de régler des affaires de corruption dans lesquelles il était impliqué. Total de l’amende : 3,6 milliards d’euros dont 2 iront dans les caisses de l’Etat français. Pourtant les affaires aéronautiques n’ont strictement rien à voir avec les pratiques pétrolières du Golfe de Guinée…

Après quarante années d’exploitation très sale du pétrole au Congo, à combien se chiffreront les potentielles amendes à l’encontre des sociétés qui sont au lit avec AOGC, Kontinent, Petro Congo, ex-Likouala SA et autres traders indélicats ?

La question que pose Global Witness «Les sociétés pétrolières internationales escroquent-elles le Congo ? » finira bien par trouver la réponse qu’elle mérite !

Mingwa BIANGO

Diffusé le 02 février 2020, par www.congo-liberty.org

MIGWA BIANGO SUR LE PROJET D’UNE TRANSITION POLITIQUE «EXCLUANT SASSOU-NGUESSO »

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5 réponses à Les sociétés pétrolières internationales escroquent-elles le Congo ? Par Mingwa BIANGO

  1. Val de Nantes dit :

    L’escroquerie n’est que la conséquence de la complicité..
    Si tu connais tu dénonces ,si tu ne dénonces pas tu acceptes..Telle est la situation qui prévaut dans ce secteur..
    1+2=3 ,et si un étranger te dit :1+2= 2,et vous validez cette assertion, deux approches se dégagent :soit on est ignorant de cette vérité mathématique et donc universelle ,soit on connaît la vérité et on refuse cette tisane dormitive..
    Le Congo n’a t-il pas formé des cadres dans ce domaine, depuis la découverte de cette huile noire ?..
    Regardez ce qui se passe avec la route corniche..
    La société française qui contrôle les ouvrages impute la responsabilité aux effets du fleuve congo sur l’ouvrage.et finit par admettre les impacts du climat tropical sur ces ouvrages…
    Foutaises de gueule…
    Voilà l’escroquerie due à la complicité locale, laquelle à tendance à privilégier les cerveaux étrangers….
    Le Congo se vend au complotisme escroqueur..
    Il n’est besoin des étrangers pour construire ces ouvrages, les congolais peuvent y suppléer..
    Revoyez mes propositions techniques sur ces ouvrages et vous vous rendrez compte combien elles sont d’une technicité universelle…
    Relisez Cheick Anta Diop sur l’origine négre de la civilisation égyptienne..
    Le miracle grec est une photocopie du savoir noir (kemet).

  2. Louzolo Bakala Téléma dit :

     » Le sang versé à Brazzaville a été intimement lié à l’exploitation du pétrole au large de Pointe Noire. L’autocrate avait longtemps joué le jeu : à Lui le pouvoir, à d’autres le pétrole ; et cela avait commencé par ELF !  »

     » C’est completement faux ce que vous dîtes . Le sang versé au Congo n’a aucun lien avec lexploitation du pétrole. C’est Pascal Lissouba le responsable . Lui et lui seul » – c’est ce que disaient les congolais qui sont allés accueillir sassou denis à Maya Maya.

    Ahh les congolais. C’est maintenant que nos souffrances nous ouvrent les yeux sur l’origine de now malheurs.

    Le général Eta Onka l’avait dit haut et Fort quand il etait chef d’état major general de l’armée en 1993 à savoir que les troubles de 93-94 étaient liés à l’exploitation du pétrole.

    Qui l’a suivi? Personne. On a plutôt pris les raccourcis en disant que c’est Lissouba le responsable du sang versé au Congo.

    Lui au moins vous a arraché les 33% de partage de la production. Il a sa conscience tranquille. Aujourd’hui , c’est vous qui pleurez à cause de votre naïveté.

    Les congolais meritent ce qu’ils vivent . Trop de haine et d’immaturité nous habitent. Aucun amour pour ses prochains.

  3. Isidore AYA TONGA dit :

    @ Val de Nantes,

    Je valide ton raisonnement et surtout que je suis friand de la matière grise… de la pensée brute et nette et sans bavure !!!
    Une fois de plus merci pour cette analyse à la fois mathématique ( vérité universelle), politique, sociale et culturelle.

  4. kitota dit :

    Sassou Nguesso est très dangereux pour le Congo, l’Afrique.
    Rien qu’en cette semaine du début février 2020, il ya près de 3 scandales qui montrent le danger que represente le tyran sanguinaire Denis Sassou contre le Congo, l’Afrique.
    On vient t’ incepter un bateau parti d’ un port de la Turquie, pour Pointe Noire Congo avec une gargaison d’armes de guerre; des lances roquettes et autre materiel de guerre.Sassou rerait en complicité avec Erdogan, président de la Turqui dans la guerre en Libye. Sassou Nguesso est un monstre de Frankenstein pour les responsables de la France, L’ONU et autres puissance qui soutiennent le fou, génocidaire Sassou.
    Les douaniers des USA ont intercepté un conteneur avec des lingaux d’or emballés dans des males- coffres qui été livrés au domcile privé de Sassou Nguessso, pendant que le peuple Congolais se trouve dans des difficultés économiques, financieres énormes.
    Sassou Nguesso est le sponsor du candidat aux élections présidendielles de Guinée Bissau, qui s’est précipité de se déclarer vainqueur et a vite pris l’avion pour aller remercier Sassou Nguesso pour son soutien.

  5. mpaty dit :

    Enfin les congolais commencent a retrouver leurs esprits et surtout a recouvrer leur capacite d’analyse longtemps attenuee. Pour nous qui avons vecu toute la guerre de Brazzaville, il n’ya jamais eu de doute quant a la culpabilite de l’Etat francais. En effet, ce dernier a eu a utiliser tous les moyens a sa disposition : media (rfi, etc.), armes a pompe (depuis son ambassade- il faut se rappeler de l’episode de kinshasa -), etc. Bref, la france a veritablement instrumentalise nos pauvres dirigeants avides de pouvoir et ayant une volonte de puissance trop affirmee. EIle s’est donc moquee de pauvres rois negres faineants et incapables.
    Pendant que Brazza brulait, Ponton se vidait de son petrole.
    La chance a voulu que le Congo ne brule pas longtemps, grace a la multiplication des mariages multiethniques qui ont fait naitre une nouvelle couche de congolais ( 25 a 40% de la population) dont le fait tribal n’a aucune valeur. Heureusement.
    En conclusion, maintenant que l’on a commence a ouvrir les yeux pour voir les vrais enjeux de notre societe, je demande aux hommes et aux femmes de notre pays de ne plus tomber dans les travers du tribalisme idiot donc sclerosant. Si la france reste indivisible et se bat pour le rester, comment imaginer ques des individus osent conseiller aux pauvres heres du Congo de se separer si ce n’est pour mieux piller.

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