Dr Patrice Serge Ganga-Zandzou
D’aucuns pourraient s’étonner de l’opportunité de poser une telle question dans le contexte actuel, d’autres au contraire, au regard de récents évènements, comprendront que cette interrogation présente un réel intérêt.
En effet, la pandémie internationale à la covid 19, nous a révélé de façon inattendue des singularités sur notre comportement social et notre mode de vie contemporaine. La crise socio-sanitaire que nous traversons a montré que l’être humain vit aujourd’hui dans une société pervertie, dévoyée par une consommation effrénée de produits divers et un appât du gain sans précédent. La morale a fait place au cynisme et l’éthique déontologique chère à Emmanuel Kant s’est éloignée de nos pratiques quotidiennes. La dignité humaine a été réduite au maximum, le monde s’orientant vers un voyeurisme immodéré. Tant est si bien que la vie humaine devient davantage rythmée par l’exposition médiatique dominée par la course aux buzz ou aux scoops et influencée par l’assujettissement des individus en fonction de leurs besoins sociétaux.
Pour tout arranger, certains dirigeants influents de ce monde se prêtent au jeu des médias par des provocations en tout genre, attisant le feu entre les communautés, au risque d’embraser la société.
Toutefois, nous avons été particulièrement frappés par la frénésie qui a agité le monde scientifique. Ce milieu très particulier de la recherche scientifique et médicale, en règle élitiste, a également sombré dans la dérive. Les enjeux économiques et financiers associés aux souverainetés nationales ont pris le dessus sur l’humanisme et conduit différentes équipes scientifiques vers une lutte sans merci, abrogeant tout principe de bonnes pratiques. Ainsi, dans cette course effrénée vers la découverte d’un traitement contre la covid 19, l’industrie pharmaceutique et des scientifiques ont sciemment brûlé les étapes exigées par les protocoles de recherche fondamentale. Ces chercheurs sous l’influence des firmes pharmaceutiques, avaient pour priorité d’être précurseurs dans la découverte d’un traitement efficace contre le SARS-COV 2, sous prétexte que l’urgence présidait à la rigueur scientifique. L’opinion publique a ainsi assisté avec impuissance et incompréhension, aux querelles de scientifiques, exposées au grand jour dans les médias. Cette cacophonie a très probablement décrédibilisé davantage le monde scientifique.
De plus, fait majeur, des revues scientifiques prestigieuses comme le « Lancet » et le « New England Journal of Medicine » ont participé à ce discrédit en autorisant la publication d’études tronquées, contestables et méthodologiquement critiquables au point d’en retirer leurs publications dans un second temps (1-4). Les données de ces études en défaveur de l’administration de l’hydroxychloroquine aux patients infectés à la covid 19, ont été fournies par la société américaine Surgisphère, basée à Chigaco. Ces études controversées ont conduit à des prises de décisions hasardeuses et précipitées de certaines autorités gouvernementales. L’Organisation Mondiale de la Santé aussi n’est pas restée en reste, ayant ajouté de la confusion en suspendant trop rapidement et temporairement tout essai clinique testant l’hydroxychloroquine dans différents pays. Ces voltes faces répétés de la part de journaux médicaux de référence et de l’OMS n’ont fait qu’accentuer la défiance du public vis-à-vis des chercheurs et scientifiques.
Les décideurs politiques sous l’influence de scientifiques considérés comme experts ont dû faire des choix ne reposant pas toujours sur des arguments scientifiques objectifs, quitte à se contredire ou se médire. L’inexpérience et la méconnaissance de ce virus étaient les principales justifications de ces balbutiements. Soumis aux contraintes socio-économiques, les choix de stratégies de ripostes n’ont pas toujours été judicieux. Certains pays développés comme la France, la Grande Bretagne, l’Italie, les USA et le Brésil s’en mordent encore les doigts.
En chine, pourtant point de départ de la pandémie, il est suspecté une sous-estimation du nombre réel de cas infectés et de la mortalité liée à cette infection.
Sur le continent africain, on a déploré le souhait des occidentaux d’en faire le théatre de leurs essais cliniques sans respect des règles éthiques en vigueur. N’eussent-été, les réactions violentes des populations locales, de la société civile et des réseaux sociaux, leurs vœux auraient peut-être été exhaussés. De plus, certains pays africains sont suspectés de majorer les nombres de cas déclarés infectés à la covid 19, pour pouvoir bénéficier des aides octroyées par les institutions financières internationales, permettant de faire face aux conséquences socio-économiques de cette crise sanitaire.
Les professionnels de santé ont en majorité été soutenus par l’opinion publique dans les pays en lutte contre le SARS COV 2. Mais ils ont aussi été désignés comme potentiels responsables de la circulation du virus au sein des populations. C’est là, un paradoxe humain révélant le côté sombre de l’homme. Ces professionnels ont payé un lourd tribut à cette pandémie en essayant de sauver des vies humaines.
Aussi, peut-on encore accorder une confiance aux chercheurs, scientifiques et médecins impliqués dans la recherche ?
Pour ce faire, il est indispensable de revenir à de bonnes pratiques, afin de retrouver éthique et morale dans la vie professionnelle. Il faudrait re situer la dignité humaine au centre des préoccupations et que la compétition entre pays et laboratoires de recherche s’affranchisse de l’influence des multinationales et de l’industrie pharmaceutique. Il va ainsi falloir que les chercheurs et scientifiques retrouvent un climat professionnel serein et les médecins une confraternité reposant sur le respect du serment d’Hippocrate. C’est à ce prix que la recherche médicale retrouvera ses lettres de noblesse en respectant scrupuleusement les étapes qu’exige la rigueur scientifique. L’Afrique a tout à gagner dans ces batailles contre ce type d’épidémies. Elle a déjà payé un lourd tribut dans la lutte contre le virus Ebola et s’en est fait une expérience. Malheureusement, le continent reste médicalement sous-équipé. Une prise de conscience des décideurs politiques africains doit viser à créer des pôles d’excellence, renforcer une collaboration sud-sud afin de se rapprocher des standards internationaux et rivaliser avec les centres de recherche et de soins de référence.
Nous retenons de cette crise de confiance vis-à-vis des sachants, qu’il faut une résilience. S’affranchir de l’influence et du pouvoir des multinationales est peut-être un vœu pieux, mais qu’il nous soit permis de rêver et d’espérer que de cette situation qui a bouleversé la planète, jaillira le meilleur de l’homme.
Dr Patrice Serge Ganga-Zandzou
Références
1- Mehra MR, Desai SS, Ruschitzka F, Patel AN. Hydroxychloroquine or chloroquine with or without a macrolide for treatment of COVID-19: a multinational registry analysis. Lancet. 2020; (published online May 22.) 10.1016/S0140-6736(20)31180-6
2-Mandeep R Mehra, Frank Ruschitzka, Amit N Patel. Retraction—Hydroxychloroquine or chloroquine with or without a macrolide for treatment of COVID-19: a multinational registry analysis. Published Online June 4, www.thelancet.com Vol 395 June 13, 2020
3- Mandeep R. Mehra, Sapan S.
Desai, M.D., SreyRam Kuy, M.D., M.H.S.,Timothy D. Henry, Amit N. Patel, M.D. Cardiovascular Disease, Drug
Therapy, and Mortality in Covid-19. June 18, 2020
N Engl J Med 2020; 382:e102.
4- Mandeep R. Mehra, Sapan S. Desai, SreyRam Kuy, Timothy D. Henry, Amit N. Patel, Retraction : Cardiovascular Disease, Drug Therapy, and Mortality in Covid-19. N Engl J Med.This letter was published on June 4, 2020, at NEJM.org.
Diffusé le 23 juin 2020, par www.congo-liberty.org
mardi, 16 juin, 2020 à 15:11
Brazzaville – L’aide médicale marocaine destinée à la République du Congo, dans le cadre d’un ensemble d’aides accordées, sur très Hautes Instructions de SM le Roi Mohammed VI, à plusieurs pays africains frères pour les accompagner dans leurs efforts de lutte contre le coronavirus, est arrivée mardi à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville.
Cette opération s’inscrit dans le cadre des Très Hautes Instructions de SM le Roi pour l’acheminement d’une aide médicale en faveur de plusieurs pays africains appartenant à toutes les sous-régions du continent et ce, en solidarité avec les pays africains dans une approche préventive et durable au-delà de la pandémie du Covid-19.
A cette occasion, une cérémonie officielle de remise du don médical a eu lieu en présence du ministre d’Etat, directeur du cabinet du chef de l’Etat congolais, Florent Ntsiba, du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Congolais à l’étranger, Jean-Claude Gakosso, de la ministre de la Santé et de la Population, de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement, Jacqueline Lydia Mikolo et du chargé d’affaires e.p de l’ambassade du Royaume du Maroc en République du Congo, Abdellatif Seddafi.
La réception de l’aide marocaine s’est déroulée en présence également de du président et membres de l’Association des anciens étudiants congolais du Royaume du Maroc, ainsi que d’autres acteurs associatifs qui ont brandi à cette occasion des banderoles rendant un vibrant hommage à la Personne de SM le Roi Mohammed VI et exprimé leur gratitude pour cette importante Initiative Royale.
Le don destiné au Congo se compose de masques non tissés, de blouses, de charlottes, de visières standards, du gel hydro-alcoolique, des boites de chloroquine et des boites d’azithromycine.
L’aide médicale marocaine destinée à plusieurs pays africains appartenant à toutes les sous-régions du continent, est composée de près de 8 millions de masques, 900.000 visières, 600.000 charlottes, 60.000 blouses, 30.000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que 75.000 boîtes de chloroquine et 15.000 boites d’Azithromycine.
Cette action de solidarité s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’Initiative lancée par Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’assiste, le 13 avril 2020, en tant que démarche pragmatique et orientée vers l’action, destinée aux pays africains frères, permettant un partage d’expériences et de bonnes pratiques et visant à établir un cadre opérationnel afin d’accompagner leurs efforts dans les différentes phases de gestion de la pandémie.
L’ensemble des produits et équipements de protection composant les aides médicales acheminées vers les pays africains frères, sont fabriqués au Maroc par des entreprises marocaines, et sont conformes aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé.
http://www.mapexpress.ma/actualite/societe-et-regions/covid-19-arrivee-brazzaville-laide-medicale-marocaine-destinee-republique-du-congo/
Le Royaume chérifien (Maroc) comme modèle de pôle d’excellence dans le domaine de la santé en Afrique ?
Le philosophe Alain disait « le pessimisme est humain et l’optimisme est de l’ordre de la volonté ». Le roi du Maroc appartient à cette deuxième proposition et au plus fort moment du COVID 19 il apporte son soutien à la plupart des pays d’Afrique noire dans le domaine des matériels (blouses, masques, etc.). Dans un article sur Congo Liberty, je demandais que les Africains créent un fonds de 300 milliards en refusant l’aide de la France (http://congo-liberty.com/?p=23786). C’est une façon de commencer à assumer leur indépendance économique et financière. Comme d’habitude en Afrique, ce type d’initiative est difficile à atteindre car on reste plus dans l’ordre du dire que du faire.
Le Maroc peut prendre le leadership, mais il ne faut pas se tromper, le Maroc veut devenir une puissance régionale africaine en investissant en Afrique noire et en devenant membre de la CEDEAO. De plus, le Maroc reste la seule puissance sanitaire avec l’Afrique du sud et un peu le Nigéria, capable d’installer dans n’importe quelle partie de l’Afrique des unités sanitaires mobiles avec tous les appareils et tous les médecins requis. Il faut s’appuyer sur le Maroc puis de l’expérience, encore faut-il que cette opportunité soit de l’ordre de la volonté politique. la plupart des dirigeants d’Afrique noire vont se soigner au Maroc plutôt que d’implanter des structures sanitaires efficientes à l’image du Maroc dans leurs pays. Quant au débat entre chercheurs sur le COVID, rien à dire car la médecine nous a montré la plus vilaine face de son existence au nom des intérêts privés de certains chercheurs et leur implication dans des réseaux financiers avec les laboratoires pharmaceutiques: honteux.
Merci Dr Patrice Serge Ganga-Zandzou pour votre excellent article. Le »virus chinois », le a bien montré le côté pervers des décideurs politiques, de la communauté scientifique et de l’industrie phamarceutique entre autre. En son temps, Protagoras avait affirmé non sans raison que « L’homme est la mesure de toutes choses ». L’homme doit être au centre de tout. Négligez ce principe soit disant pour protéger l’économie c’est être idiot. Le corona l’a démontré. On avait retarder de prendre des décisions conséquentes c’était pour protéger l’économie. Que peut l’économie sans les hommes? Il ya eu une crise économique en 1929, le monde c’était il arreté? La reponse est non. Pourquoi retard on à prendre des meilleures options pour la société? Simplement parceque l’Homme est devenu immoral, sans éthique. Les critiques contre le docteur Raoult et son équipe de marseilles sont là pour nous le rappeler. Negligez l’homme image de Dieu suppose la mort de la société.
Mon cher Patrice Serge Ganga Z., merci pour ton article qui vient encore souligner comment l’être humain est en plein éperdu eperdition du fait de l appât du gain, mais jusqu’a quel niveau vouloir dominer peut nous amener.
Le Maroc qui vient faire un don aux pays Africains ne doit pas nous étonner d autant plus que les firmes pharmaceutiques occidentales ont leurs succursales au Maroc surtout la France. Donc il faut voir dans ce don le prolongement de la domination française. Le Maroc doit bien ça a la France puisque elle embellie le pays. En réalité c’est le Congo qui ferait de son au Maroc puisqu’il est 100 fois plus riche que le Maroc. Mais le ridicule ne tue pas.
au dr patrice ganga zanzou
au sujet du covid 19 je pensais lire de vous que cette maladie est dorigine zoonotique en ce sens qu il sagissait d’un transfert de maladie de l’animal a l’homme
a lorigine c’est de la viande pangolin et de chauve souris qui etait vendu a lair libre dans un marché de wuhan une sorte de marche total dans sa version chinoise consommee par les chinois qui en fut leffet declencheur.
les resulats sont la. contamination de l’homme par le pangolin chauve souris
donc je pensais lire de vous un eveil sur les risques de zoonose
de loms. je ne pense que pas que l’oms ait faillit a sa missiosn dagence de conseil et dappui au developpement de la sante dans le monde. bien au contraire des les premiers signes le dr gebreyessus avait deja donne l’alerte
pour ce qui est de lafrique dans une certaine mesure je suis daccord avec vous que le continent reste medicalement sous equipe
j’ai anime un debat informel dans ce sens ou je disais que la maladie a coronavirus a montre que les etats africains sont des etats sans chefs d’etat
comment expliquer que pour le cas specifique du congo brazzaville le gouvernement sest presente sans gene devant la face du monde disant que voici les trois centres charges de la riposte contre le covid 19:
brazzaville clinique albert leyono au demeurant clinique municipale
tj a brazzaville une sorte de clinique a mfilou ca me fait penser a quelqu un qui a souffle a sassou ng le choix de ce site en voyant un clin doeil a une partie des congolais
pointe noire avec le chu a sice
oyo avec l’hopital general edith lucie bongo odimba
or entretemps le meme gouvernement a dit avoir dote le congo de douze hopitaux generaux
alors dr je ne sais pas je ne suis pas medecin. le congo cest quand 342 000 km2
je sais qu’aujourdhui au sein de l’oms il existe une distance minimale entre le patient et le medecin distance a respecter par le gvt.voila pourquoi les etats construisent des centres de sante de facon permanente.
alors letat congolais a t il pense au congolais souffrant du covid 19 mais vivant a dongou epena…. comment devrait il se rendre a oyo? a pied? par avion?
donc oui l’afrique est medicalement sous equipee mentalement aussi mais ces etats sont en manque de chefs d’etat et c’est regrettable
pour ce qui est de la recherche les centres ne manquent pas. pour la seule ville de brazzaville il y en a deux. la cite des sciences de kinsoudi ex orstom ou ird brazza incendiee en 1994 par ceux la qui disent nuit et jour qu il n y a pas assez de democratie au congo et rehabilite depuis par letat congolais
il ya aussi le laboratoire national de sante public ex institut pasteur dafrique du temps de la colonisation c’est officiel source internet nationalise par marien ng et la c’etait une erreur de diplomatie medicale
il ya un bureau de lird a pointe noire mais sans universite sans ecole doctorale que peut faire le sous bureau de lird base a pointe noire?
bon est ce que le laboratoire national de sante public peut il aller en competition contre un laboratoire francais sanofi aventis par ex ….? je ne pense pas
a moins qu il ne reparte vers son ancienne appellation cette fois avec des ressources humaines internationales et polyvalentes
la certitude est que les centres de recherches sont la il y a aussi un pb budgetaire
quelle est la part du ministere de la recherche scientifique dans le budget de letat congolais?
cest le moment indique dapprecier la direction logistique du pam qui a etabli en afrique des hubs logistiques(addis abeba brazzaville et accra)
jai aussi entendu cette histoire de falsification des chiffres relatifs au covid 19 pour pretendre aux prebendes de la banque mondiale et cest toujours regrettable j’espere que le congo brazzaville ne sest pas inscrit dans cette optique
dr la crise de confiance sest installee avec linsuffisance des competences comportementales en terme de management de crise
aujourdhui des que vous developpez la plus petite fievre la plus petite angine non cest le coronavirus vous etes mis en quarantaine sans soins abandonné a vous meme deux jours apres, publication des tests, ils se revelent etre negatifs entretemps vous etes deja mort
voila pourquoi il ya une mefiance du patient vis a vis du medecin traitant
@paulette, malheureusement oui le Congo Brazzaville, le Gabon, le Sénégal, les Comores, et bien d’autres pays africains ont augmenté le nombre des contaminations pour deux raisons: 1ere raison, suspension du service de la dette extérieure auprès des créanciers, et 2e raison: bénéficier les fonds de ripostes des institutions internationales(OMS, FMI, BM, etc…). C’est malheureux!. Sinon qu’au fond, le Congo Brazzaville n’est pas vraiment touché par la covid19. Ailleurs, les morts sont vus, les malades également, mais au Congo, c’est le black out
Madame Paulette, bonnes réflexions mais au Congo, certains congolais sont de aliénés par le système sassou nguesso. Personne n’ose montrer le bon chemin au vieux dictateur Sassou Nguesso insquinter par les crimes de masses.