A la suite de la carte sur les « présidents-tirailleurs », Africa4 propose une carte des « présidents-professeurs » qui ont présidé à l’indépendance entre 1960 (AOF) et 1980 (Zimbabwe)…
Premièrement, si les instituteurs ont occupé une place importante parmi les élites politiques de l’AOF et de l’AEF, du fait de l’identité républicaine (avec tous ses paradoxes) du programme colonial de la France, il ne s’agit toutefois pas d’un cas particulier. Les enseignants versés en politique ne sont pas absents non plus de la colonisation britannique. C’est ainsi que, pour toute l’Afrique, la figure de l’instituteur n’est pas incarnée par un ancien élève de l’école William-Ponty, mais par Julius Nyerere, surnommé le Mwalimu(l’instituteur en swahili).
Deuxièmement, la particularité du système français est d’avoir créé en Afrique des écoles normales spécifiques aux fédérations d’AOF et d’AEF, en s’inspirant de l’incubateur politique que furent les écoles normales de la IIIe République qui ont formé les Célèbres «Hussards noirs». La plus célèbre école normale coloniale est l’école William-Ponty pour l’AOF, dont les élèves sont baptisés les «mangeurs de craie». En réalité, les présidents ne constituent que la partie émergée de toute une élite d’AOF qui s’est formée à William-Ponty. En sont notamment diplômés Houphouët-Boigny, Modibo Keïta, Hubert Maga et Hamani Diori. L’école a été créée en 1903 à Saint-Louis avant de déménager sur l’île de Gorée dès 1913 : des générations s’y sont côtoyées et a ainsi été forgé un authentique sentiment corporatiste parmi ces instituteurs qui structureront le champ politique de l’AOF à partir des années 1940. Il convient bien de voir William-Ponty comme une structure qui, dans le système colonial français, a vocation à drainer les meilleurs élèves – sans que tous ne se «contentent» nécessairement de cette carrière d’instituteur. Houphouët-Boigny a ainsi trois métiers : planteur, instituteur et médecin… En AEF, l’école Édouard Renard formera des instituteurs tels qu’Alphonse Massamba-Debat. En outre, afin d’offrir un paysage plus large, pourraient être ajoutées à ces structures de formations «laïques» les structures confessionnelles : les différentes écoles chrétiennes, catholiques (Pères blancs et Spiritains) ou protestantes (rôle pionnier de laLondon Missionary Society dans le développement de la lecture) ont à leur tour été prises en charge par des prêtres-enseignants africains. Si dans l’Afrique francophone ce sont les écoles normales qui ont servi d’incubateurs d’élites intellectuelles, dans l’Afrique anglophone ce furent plus facilement les universités régionales : Mugabe, Nyerere, Kaunda ou encore Chipieto sortent de l’Université de Fort Hare en Afrique du Sud. Il convient de préciser que, dans le cadre francophone, être enseignant signifie servir l’Etat à travers la fonction publique de professeur ou d’instituteur ; dans le monde anglophone, cette dimension est beaucoup plus absente puisque les enseignants sont payés avant tout par leur école ou leur institution pédagogique. Cette distinction, dans la formation des élites africaines, n’est pas sans conséquence.
Troisièmement, professeurs de l’enseignement secondaire s’avèrent finalement peu nombreux au regard des instituteurs de l’enseignement primaire : en d’autres termes, peu de champ est laissé aux diplômés africains pour accéder non seulement au collège et au lycée, non pas seulement comme élève mais aussi comme professeur – a fortiori en Afrique (Senghorest professeur de lycée… en France métropolitaine). La figure du «poète-président» de Senghor, dans laquelle les élites des IIIe et IVe République ont cherché à trouver un modèle, s’avère finalement un cas exceptionnel en situation coloniale. De manière mois consensuelle et séduisante que le président sénégalais, se profile, parmi le syndicat très sélectif des professeurs, la silhouette de Robert Mugabe, le véritable homme fort du Zimbabwe depuis son indépendance en 1980. Bardé de sept diplômes académiques, cet ancien combattant contre le régime blanc de Rhodésie aime à en revendiquer un huitième en se présentant d’abord comme «diplômé en violence».
Quatrièmement, si une image d’Epinal «progressiste» est traditionnellement associée à la figure du professeur ou de l’instituteur versé en politique, il semble que la réalité soit moins évidente. Certes, Modibo Keïta et Alphonse Massamba-Debat ont incarné, chacun à leur manière, la voie révolutionnaire de leur nation. On considère même que la Révolution congolaise est en grande partie portée par les instituteurs qui constituent l’épine dorsale des promesses d’alphabétisation portée par la Révolution. Si Julius Nyerere incarne une image positive et progressiste sous les traits de l’instituteur,François Tombalbaye et Milton Obote n’ont pas fait figure de modèle démocratique sur le continent. Reste que la formation originelle de ces élites (les présidents comme plusieurs membres de leur entourage) teinte d’une certaine manière leur politique – à l’image des enjeux de la culture et de l’éducation sous la houlette de Boubou Hama, diplômé de William-Ponty, ministre et numéro 2 du régime du président Hamani Diori.
A l’heure des indépendances, les instituteurs et les «présidents-professeurs» représentent bel et bien une certaine idée et une certaine voie/voix de la politique en Afrique. et par-delà les présidents, il s’agit bel et bien de toute une génération politique.
Par
LE VRAI VISAGE D’EMMANUEL MACRON…ATTENTION SATAN FUT UN ANGE… http://congo-objectif2050.over-blog.com/2017/04/le-vrai-visage-d-emmanuel-macron.attention-satan-fut-un-ange.html
Merci à l’auteur de cet article. En effet, nous devons utiliser ces espaces d’échange pour apporter un brin de lumière tant soit peu sur l’histoire de notre continent. Cela aidera les esprits éclairés à mieux comprendre les tenants et les aboutissants des problèmes qui empêchent l’Afrique d’avancer sereinement.
Dans tous les cas, une chose est certaine, parce que vérifiable à travers tout le continent africain : » un grand nombre de différends politiques dans nos pays, trouvent leurs origines dans les querelles entre personnes pour des objets souvent futiles ( femmes, etc.) »
Ce fut l’époque de la vertu , du sens de l’Etat , du respect de la chose publique .Bizarre que ce soit , au sortir de cette une période coloniale , qui fut la meilleure pour les africains ;;;;;