LES LARMES DE CROCODILE KATANGAIS DU MINISTRE Charles Zacharie BOWAO, Par Daniel Nkouta

Dans une lettre en date à Brazzaville du 07 octobre 2912 au Secrétaire Général du Parti Congolais du Travail (PCT), l’ancien Ministre Délégué à la Défense, Monsieur Charles Zacharie BOWAO s’insurge contre les méthodes peu orthodoxes de Monsieur le Doyen des Juges d’instruction, qu’il dit être politiquement instrumenté par Monsieur le Garde des Sceaux, Ministre dit de la Justice et des droits humains (quelle justice et quels droits humains ?). Je n’ai aucune raison ni morale, ni citoyenne de me mêler d’une querelle interne au PCT, amusé que je suis de voir enfin les loups du Nord se dévorer entre eux. Je ne puis toutefois, en tant que juriste, simplement à ce titre, ne pas relever ces fraudes éhontées qui offensent la règle de Droit et qui indiquent que le Congo avance allégrement et inexorablement vers la déchéance morale, dès lors que ceux qui sont chargés de veiller au bon fonctionnement de ce qui tient lieu d’institutions de ce qui tient lieu de République violent tout aussi allégrement leur propre légitimité.

Dans cette lettre qui commence par un curieux panégyrique à Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, curieux parce que son auteur voudrait donner à comprendre que ce qui lui arrive le serait par la faute de ceux qui, du fait de l’essorage par centrifugation opéré par Monsieur Aimé Emmanuel YOKA et son entourage, le clan familial donc, comploteraient à l’éloigner du Chef de l’Etat, ce dernier n’ayant aucune responsabilité dans cette politique. Faut-il rappeler à Monsieur Charles Zacharie BOWAO, que Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO a été réélu Président du Comité Central du PCT lors du dernier Congrès en totale violation de l’article 72 de la Constitution qui prononce l’incompatibilité du mandat de Président de la République avec toute responsabilité au sein d’un Parti politique ? S’il a été réélu c’est qu’il avait postulé, ou pour user du néologisme désormais à la mode dans les Universités françaises, c’est qu’il avait candidaté, ignorant la nature de sa charge.

Et si Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO est actuellement le Président du Comité Central du PCT, ce serait logiquement à lui et lui seul que la lettre de Monsieur Charles Zacharie BOWAO aurait du être adressée, ou comme il l’a fait au Secrétaire Général du PCT, mais en précisant : ‘’voie hiérarchique’’.

« Tout porte à croire qu’il s’agit ici d’une machination politicienne, une de plus contre ma modeste personne, organisée de façon éhontée par certaines personnalités autour du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits Humains, pour m’éloigner systématiquement du Président de la République pour des raisons sordides et inavouées, et qui rappellent cruellement l’incarcération injustifiée du Docteur Bozongo Damasse, éminent membre du CC du PCT, il y a à peine quelques années… Qui sera la prochaine victime de cette logique permanente de destruction systématique des cadres ?)  

Tel est le cri de cœur de l’ex Ministre philosophe. Pour nous qui savons lire entre les lignes, il est aisé de décrypter la partie cachée du message : « Qui sera la prochaine victime de cette logique permanente de destruction systématique des cadres (de la LIKOUALA ?) Voilà ce que l’ex Ministre a désiré dire philosophiquement : comprenne qui pourra, en tout cas en ce qui me concerne, j’ai compris !

Que tels gémissements qui décrivent et décrient le désastre de la politique du PCT dont nous subissons tous au quotidien les conséquences, viennent d’un éminent membre de ce Parti et s’il vous plaît ressortissant de la partie militante du septentrion,  cela donne du vertige. Monsieur Charles Zacharie BOWAO déclare que conformément au Droit positif, un citoyen ne peut être poursuivi à titre personnel, au plan pénal, pour faute commise pendant l’exercice d’une fonction gouvernementale, la responsabilité dans ce cas d’espèce étant morale et collective (sic.). Curieuse conception de la justice et de la notion de la fonction gouvernementale que celle échafaudée par Monsieur Charles Zacharie BOWAO pour les besoins de sa cause. En termes précis et formels, le Droit positif est constitué de l’ensemble des règles juridiques en vigueur dans un Etat à un moment donné, quelles que soient leur source.

En prescrivant en son article 76 que chaque Ministre est justiciable devant la Haute Cour de Justice des crimes et délits commis par lui dans l’exercice de ses fonctions, la Constitution du 20 janvier 2002, à l’érection de laquelle Monsieur Charles Zacharie BOWAO a contribué en tant que Membre du PCT, a entendu affirmer que le Ministre est tenu de répondre à titre personnel et non collectif, des fautes qu’il aura commises dans l’exercice de ses fonctions. Il ne suffit pas d’avoir produit un texte, en espérant qu’il ne s’appliquera qu’aux autres. Les choses se passent ainsi partout dans un Etat de Droit.

Par ailleurs, il est prescrit à l’article 74 de la même Constitution du 20 janvier 2002 : « Le Président de la République nomme les ministres qui ne sont responsables que devant lui. Il met fin à leurs fonctions. Il fixe, par décret, les attributions de chaque ministre. Il peut déléguer une partie de ses pouvoirs à un ministre », C’est donc faux d’invoquer la responsabilité simplement morale et collective. Chaque Ministre est responsable individuellement et donc personnellement devant le Président de la République. Et puisque c’est le Président qui fixe, par Décret les attributions de chaque Ministre, plutôt que d’entretenir cette confusion par voie de presse par des aboiements ridicules, Monsieur Charles Zacharie BOWAO devrait simplement relire le Décret portant sa nomination au poste de Ministre délégué à la Défense, pour voir quelles avaient été exactement les limites de ses attributions, telles que fixées par le Président de son Parti. Nous sommes ici sur le terrain strictement juridique, et les problèmes juridiques doivent être appréciés sous l’angle exclusivement juridique, la philosophie n’a pas ici voix aux chapitres.

La seconde fraude juridique qui mérite d’être relevée, est celle qui viole d’abord l’article 154 de la Constitution du 20 janvier 2002 que nous a imposée le Parti de Monsieur Charles Zacharie BOWAO, dont les dispositions sont les suivantes : « Les membres de l’Assemblée Nationale et du Sénat, les ministres, les membres de la Cour suprême et les membres de la Cour constitutionnelle sont justiciables devant la Haute Cour de Justice pour des actes qualifiés de cri mes ou de délits commis dans l’exercice de leurs fonctions. Ils ne peuvent être mis en accusation que par le Parlement réuni en congrès, statuant par un vote au scrutin secret à la majorité des deux tiers de ses membres ». 

Puis la loi N°1-99 du 8 janvier 1999 portant attributions, organisation et fonctionnement de la haute cour de justice, qui en son article 8 dispose en ces termes : « Il est institué une commission d’instruction près la haute cour de justice. Cette commission comprend sept membres dont cinq magistrats de la Cour Suprême et deux parlementaires tous élus par leurs pairs. Les sept membres élisent leur Président ».

Au chapitre 1er de la fameuse loi organisant la Haute Cour de Justice, en son article 11, il est disposé que la mise en accusation et l’instruction des justiciables devant cette juridiction spéciale, procède par la saisine de cette juridiction par une réquisition du Président du Parlement, notifiée tant au Président de la juridiction qu’au Procureur Général près la même Cour. La réquisition contient le texte de la motion d’accusation. Dans les vingt-quatre heures de la notification, le Procureur Général requiert l’ouverture de l’information et en saisit immédiatement la Commission d’instruction. Jusqu’à la réunion de la Commission d’instruction, le Président de celle-ci a personnellement pouvoir de faire tous les actes d’instruction nécessaires à la recherche de la vérité et à la mise sous main de la justice des accusés, en se conformant aux règles ordinaires en matière d’instruction criminelle. Tel est le prescrit de l’article 12 de la loi.

A l’article 15 de la même loi, il est disposé comme suit : La Commission d’instruction recherche si les faits reprochés sont établis etc.

A moins que ma lecture de ces textes soit déficiente, il me paraît résulter de toutes ces dispositions, que seul le Parlement a pouvoir de mettre en accusation les justiciables de la Haute Cour de Justice, et que le Doyen des Juges d’instruction ordinaire est fatalement incompétent à instruire les faits dont seraient présumés coupables ces justiciables d’une nature spéciale. Il s’infère de tout ceci que les actes d’instruction faits par Monsieur le Doyen des juges d’instruction près le Tribunal de Grande Instance de Brazzaville sur les Ministres Charles Zacharie BOWAO et André OKOMBI SALISSA sont nuls comme entachés d’illégalité. Mais ce genre de dérapages qui sont légion par le pouvoir du PCT, ne sauraient en toute conscience surprendre Monsieur Charles Zacharie BOWAO.

Ce qui m’étonne, il faut le dire, c’est la candeur dont fait montre Monsieur Charles Zacharie BOWAO, qui, philosophe de son Etat, manque d’objectivité dans la lecture de la réalité politique du pays, une politique assassine pourtant élaborée par sa propre famille politique. Il daigne s’interroger sur l’implacable discrimination faite par le pouvoir de Mpila entre les uns et les autres, ceux de la Cuvette et ceux de la Likouala, même si l’ex Ministre ne donne pas cette précision nettement, cela transparaît tout de même en filigrane dans son expression. Il se demande, qui sera le prochain cadre de la Likouala victime de la machination instrumentée par le cénacle du Ministre Aimé Emmanuel YOKA.

Comme élément de réflexion, j’invite Monsieur Charles Zacharie BOWAO à la lecture avec une attentive minutie, de ce qu’a écrit son frère du terroir, le Ministre Henri DJOMBO, membre influent du Parti Congolais du Travail, qui dans son ouvrage véritable mea culpa qui ne dit pas son nom, paru aux Editions Hémar en février 2002 sous l’intitulé : LUMIERES DES TEMPS, nous donne avec une franchise qui laisse pantois, la dimension morale de la politique telle qu’elle se conçoit dans la cosmogonie du PCT. Voilà ce qu’il écrit à la page 190 : « La politique est un office à sorciers, un nid où se cachent les vrais démons qui marchent avec toi le jour pour satisfaire leurs ambitions mesquines et trahissent dans la nuit les plans les plus purs. Comme des oiseaux migrateurs, ils se déplacent dès que change l’horizon et passe la saison, dès que bouge le centre de leur intérêt. Les politiciens sont, si tu veux savoir mon avis, des champions de la fausseté… ».

Je renvoie par ailleurs notre philosophe à la lecture du Secrétaire de Florence, Machiavel. En effet, comme les Sophistes et Thucydide avant lui, Machiavel est un penseur qui refuse le merveilleux et qui estime que les causes des faits résident principalement dans les intérêts et les passions. Pour Machiavel, comme plus tard pour Hobbes, l’homme est profondément mauvais. Ceux qui prétendent le contraire, les Chrétiens principalement, sont dans l’optique Machiavélienne non seulement des imposteurs mais surtout des utopistes. Selon Machiavel, la politique doit toujours se fonder à partir de la vérité effective, laquelle n’est autre qu’un gigantesque magma de non-sens et de hasard et parfois de cruauté et de souffrance. «Celui qui établit une dictature et ne tue pas Brutus, ou celui qui fonde une république et ne tue pas les fils de Brutus, celui-là ne règnera que peu de temps ». ( Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live, Gallimard, Paris.)

D’une franchise absolue, la formule de l’Evêque Dietrich Von Nehmen cristalliserait la pensée de Machiavel quant à la nécessité de conserver coûte que coûte l’unité d’une nation. «Lorsque son existence est menacée, l’église est dispensée des commandements de la morale. L’unité comme but sanctifie tous les moyens, l’astuce, la traîtrise, la violence, la simonie, l’emprisonnement, et la mort. Car tout ordre existe pour les fins de la communauté, et l’individu doit être sacrifié au bien général» (Dietrich Von Niehmen, évêque de Verden, De Schismati Libri 3, 1411), et ici, dans la logique de SASSOU et son clan, il faut comprendre : son pouvoir existe pour les fins de la communauté mboshi, et l’individu autrement dit, tout sujet de la République qui n’a pas le sang mboshi, doit être sacrifié au bien général de la tribu mboshi.

L’ex Ministre devrait également lire utilement Adolf Hitler dans Mein Kampf, qui dit que le fort est plus fort quand il reste seul : « Il ne faut jamais oublier que tout ce qui est, en ce monde, véritablement grand, n’a pas été obtenu de haute lutte par des coalitions, mais a toujours été conquis par un vainqueur unique ». Par suite de leur origine, les succès des coalitions portent en eux-mêmes le germe de l’émiettement futur, et même de la perte totale des résultats atteints. Les mouvements révolutionnaires d’ordre spirituel, vraiment grands et susceptibles de bouleverser le monde, ne peuvent être conçus et menés à bien que par des combats titanesques livrés par un groupement indépendant, jamais par des coalitions de groupements. Ainsi, et avant tout, l’Etat raciste ne peut pas être créé par la volonté faite de compromis d’une assemblée ouvrière populaire ».

Il précise plus loin : « Certaines vérités courent tellement les rues que, précisément pour cela, le vulgaire ne les voit pas, ou du moins ne les reconnaît pas. Il passe le plus souvent devant elles sans les voir, ainsi qu’il reste aveugle devant des vérités aveuglantes, et qu’il est extrêmement surpris quand quelqu’un vient soudain à découvrir ce que tous devraient pourtant savoir. Il y a tout autour de nous, par centaines de milliers, des problèmes aussi simples à résoudre que l’œuf de Christophe Colomb, mais ce sont précisément les hommes du genre de Colomb qu’on rencontre assez rarement. 

C’est ainsi que tous les hommes, sans exception, se promènent dans le jardin de la nature, se figurent tout connaître et savoir, et se comportent comme des aveugles à peu d’exceptions près vis-à-vis de l’un des principes les plus saillants de son action: celui de l’existence de caractères organiques distinguant les espèces entre lesquelles se répartissent tous les êtres vivant sur cette terre. L’observation la plus superficielle suffit à montrer comment les formes innombrables que prend la volonté de vivre de la nature sont soumises à une loi fondamentale et quasi inviolable que leur impose le processus étroitement limité de la reproduction et de la multiplication. Tout animal ne s’accouple qu’avec un congénère de la même espèce: la mésange avec la mésange, le pinson avec le pinson, la cigogne avec la cigogne, le campagnol avec le campagnol, la souris avec la souris, le loup avec la louve, etc. 

Seules, des circonstances extraordinaires peuvent amener des dérogations à ce principe ; en première ligne, la contrainte imposée par la captivité ou bien quelque obstacle s’opposant à l’accouplement d’individus appartenant à la même espèce. Mais alors la nature met tous les moyens en œuvre pour lutter contre ces dérogations, et sa protestation se manifeste de la façon la plus claire, soit par le fait qu’elle refuse aux espèces abâtardies la faculté de se reproduire à leur tour, ou bien elle limite étroitement la fécondité des descendants; dans la plupart des cas, elle les prive de la faculté de résister aux maladies ou aux attaques des ennemis. Cela n’est que trop naturel: Tout croisement de deux êtres d’inégale valeur donne comme produit un moyen-terme entre la valeur des deux parents. C’est-à-dire que le rejeton est situé plus haut dans l’échelle des êtres que celui des parents appartenant à une race inférieure, mais reste en dessous de celui qui fait partie d’une race supérieure. 

Par suite, il succombera, plus tard, dans le combat qu’il aura à soutenir contre cette race supérieure. Un tel accouplement est en contradiction avec la volonté de la nature qui tend à élever le niveau des êtres. Ce but ne peut être atteint par l’union d’individus de valeur différente, mais seulement par la victoire complète et définitive de ceux qui représentent la plus haute valeur. Le rôle du plus fort est de dominer et non point de se fondre avec le plus faible, en sacrifiant ainsi sa propre grandeur. Seul, le faible de naissance peut trouver cette loi cruelle; mais c’est qu’il n’est qu’un homme faible et borné ; car, si cette loi ne devait pas l’emporter, l’évolution de tous les êtres organisés serait inconcevable. 

La conséquence de cette tendance générale de la nature à rechercher et à maintenir la pureté de la race est non seulement la distinction nettement établie entre les races particulières dans leurs signes extérieurs, mais encore la similitude des caractères spécifiques de chacune d’elles. Le renard est toujours un renard, l’oie une oie, le tigre un tigre, etc., et les différences qu’on peut noter entre les individus appartenant à une même race, proviennent uniquement de la somme d’énergie, de vigueur, d’intelligence, d’adresse, de capacité de résistance dont ils sont inégalement doués. Mais on ne trouvera jamais un renard qu’une disposition naturelle porterait à se comporter philanthropiquement à l’égard des oies, de même qu’il n’existe pas de chat qui se sente une inclination cordiale pour les souris. Par suite, la lutte qui met aux prises les races les unes avec les autres a moins pour causes une antipathie foncière que bien plutôt la faim et l’amour. Dans les deux cas, la nature est un témoin impassible et même satisfait. La lutte pour le pain quotidien amène la défaite de tout être faible ou maladif, ou doué de moins de courage, tandis que le combat que livre le mâle pour conquérir la femelle n’accorde le droit d’engendrer qu’à l’individu le plus sain, ou du moins lui fournit la possibilité de le faire. Mais le combat est toujours le moyen de développer la santé et la force de résistance de l’espèce et, par suite, la condition préalable de ses progrès ».

Je me demande quel genre de philosophie enseigne Monsieur le Professeur Charles Zacharie BOWAO à nos enfants à cette Université qui porte le nom d’un  parachutiste, ceci expliquant cela ! Comment se dire Professeur de philosophie et ne pas être capable de comprendre, que quand la faillite menace une société commerciale, il est de règle de procéder à un inventaire de ses ressources afin de se servir d’elle pour conjurer les travers de la catastrophe redoutée

En fin, j’ai abondamment rigolé en lisant l’exposé fait par Monsieur le Professeur Charles Zacharie BOWAO de son parcours universitaire. Dans un pays comme le Congo de SASSOU-NGUESSO où la tolérance accordée à la médiocrité s’est transformée en un véritable sauf-conduit, que valent désormais les succès universitaires ?

Daniel NKOUTA

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