Le torchon brûle entre le pasteur Willy Nguesso et le pétrolier KIKI 1er…Par RIGOBERT OSSEBI

Sassou et willy nguesso et sa femme

Les sceptiques et les crédules n’étaient pas restés sans réaction, lorsque dans une vidéo rendue publique le 3 janvier dernier, celui qui fut longtemps un fils chéri de l’autocrate congolais, annonça qu’il allait se consacrer à Dieu. Les uns et les autres n’avaient pas tort, bien qu’avec des arguments totalement opposés.

Sans perdre de temps, tambour battant ou presque, le nouveau pasteur proclama la dissolution de son parti, « le Club 2002-P.U.R (Parti pour l’unité et la République) » affilié à la majorité présidentielle. Certains dirent que ce fut au grand dam et à la surprise générale des cadres, militants et sympathisants, réunis jeudi 30 janvier 2014, dans la salle de conférence de l’hôtel Atlantic Palace à Pointe Noire. Parti satellite créé pour défendre les intérêts et les actions du dictateur Denis Sassou Nguesso, il avait refusé d’être «avalé», par le P.C.T, à l’instar d’autres partis de la majorité, en juillet 2011. Guy Wilfrid César Nguesso, suite à l’appel, selon lui, reçu de Dieu, a décidé de fermer boutique et de liquider le fonds de commerce « Club 2002 » sans accorder une miette de la structure, des adhérents ou de leurs cadres au tonton dictateur. Une tentative de montrer clairement qu’il ne voulait plus avoir de relation politique avec le système actuel !

« L’ingrat ! » penseront certains car il en avait beaucoup profité. D’autres verront en lui « un homme éclairé » qui a le souci de se mettre à l’abri… !

Mais avant tout, « il faut rendre à Wilfrid César ce qui appartient à César » : Willy dans la famille NGuesso a toujours été un précurseur ! Ce qu’il fait aujourd’hui, demain les autres suivront !

A la fin de la guerre de 1997, il s’était violemment opposé à son Oncle qui s’apprêtait à pratiquer une ouverture, en nommant par exemple Paul Kaya Premier Ministre (comme le suppliait son épouse Antoinette), ou récompenser les artisans et partisans de sa résurrection comme Rodolphe Adada et quelques autres. Les enfants, et le neveu Willy en tête, objectèrent alors que « maintenant, c’était leur tour ! Que la traversée du désert devait servir de leçon et ce nouveau pouvoir devait leur permettre de BOUFFER sans la moindre retenue, pas comme ce fut le cas durant le premier ! » Ils obtinrent gain de cause et le paysage politique que nous connaissions jusqu’à la « révélation divine » de Willy NGuesso était incontestablement leur œuvre !

Dans les ruines encore fumantes de la capitale dévastée, César Willy, fut le premier à satisfaire son appétit démesuré en obtenant, avec l’appui de sa sœur, la défunte Edith, le feu vert pour la SOCOTRAM. Enfin, son rêve se réalisait d’instaurer un racket généralisé sur l’économie congolaise. Toute marchandise entrant ou sortant du Congo devra s’acquitter d’une taxe qui, par des structures opaques comme Trading & Shipping domiciliée à Shaan au Liechtenstein chez Burotel, (avant de partir pour le Luxembourg et le Canada) disparaitra dans sa poche. César Willy fut donc le précurseur des paradis fiscaux opaques dont sont friands tous les rejetons, petits ou grands, de la famille NGuesso. Vous pouvez chercher longtemps, vous ne trouverez jamais la trace d’un tanker ou d’un bateau offert à la République du Congo par SOCOTRAM grâce à la taxe maritime infâme qui profite toujours au seul César Willy.

Certes, pareils situation et privilège ne peuvent que générer des tensions et des rivalités au sein d’une famille de crocodiles dont la seule vocation est de dévorer totalement les ressources et les richesses du pays dont elle s’est emparée. Kiki 1^er, ces derniers temps ne rate pas une occasion de soustraire ses cargaisons de pétrole au paiement de la taxe SOCOTRAM-César Willy, ce qui rend les réunions et déjeuners de famille toujours plus désagréables et tendus.

Contrairement aux autres, conscient de ses limites, César Willy s’est contenté de ce racket et d’activités annexes dans le transport et le transit. Sa responsabilité est moins grande que celle de Jean Jacques Bouya, incompétent notoire, dans la réalisation des infrastructures et que celle de Kiki 1^er, incurable kleptomane du négoce pétrolier notamment, dont les recettes disparaissent dans le triangle des Bermudes.

L’épisode sanglant de l’arrestation de Marcel Ntsourou, le 16 décembre dernier, fut le signal pour César Willy qu’il était temps de quitter la pirogue Alima et d’entendre (ou de faire semblant d’entendre) l’appel de Dieu ! « L’amour, la paix, la fraternité, les louanges du Seigneur » autant de signaux qu’il était prêt à lancer aux affamés et aux révoltés qui brutalement, un jour ou l’autre, pourraient s’en prendre à lui ou à sa famille.

César Willy n’a aucune envie de rejoindre les enfants de Kadhafi finir ses jours en Algérie, ni ceux de Ben Ali on ne sait où, ni de se retrouver à la place actuelle de Marcel Ntsourou dans le même cachot « QD ». Le nouveau pasteur du Seigneur a toujours su réagir très vite en toute occasion : lorsque le Canard Enchainé avait révélé son train de vie fastueux à Courbevoie, son appartement et ses voitures, immédiatement il quitta la France pour trouver refuge au Canada, pays de son épouse. Loin des tracas de l’affaire des BMA dans lesquels ses petits frères et petites sœurs sont tombés.

Willy César, qui avait porté les armes pour son oncle, sait très bien que les Barons les plus puissants se sont écartés de ce dernier. Incontestablement un des plus indispensables à la survie du régime a claqué la porte en disant au dictateur fatigué et vieillissant : « ton temps est terminé ! ». Alors le neveu précurseur cherchera son salut, et celui des siens, dans la nouvelle voie qu’il va suivre : «..je pense que le choix le plus important de ma vie, c’est de servir le Seigneur, puisqu’il m’a appelé ! »

Comme beaucoup de Congolais, Willy César ne pouvait être sourd à certains appels, autres que celui de Dieu, au sein de la diaspora et de la société civile qui leur demandent tous de se retrouver. Celui de Benjamin Toungamani a-t-il reçu un écho particulier auprès de celui qui n’allait pas tarder à être touché par la grâce divine ?

« Tous, comme nous-mêmes, craignent une explosion qui ne satisfera que ceux, très rares,  qui n’ont plus rien à faire du Congo parce qu’ils ont constitué des fortunes colossales à l’extérieur et qu’ils préfèrent un nouvel embrasement total plutôt que d’accepter d’être mis de côté.

Déjà en 1991, le Peuple congolais fort de toutes ses composantes, sans que la moindre balle de fusil ne fut tirée, avait su fraternellement et pacifiquement imposer le débat démocratique et l’alternance politique. L’autocrate d’alors n’avait d’autre choix. Aujourd’hui, la situation est identique. »

Willy César NGuesso n’est peut être pas le plus apte à rassembler et à conduire les brebis égarées vers le regroupement attendu et annoncé, mais il a donné un signal qui ne saurait passer inaperçu. D’autres le suivront, de la famille et du clan. L’épisode Ntsourou a ruiné à tout jamais l’espoir pour l’autocrate congolais de succéder à Mandela. Ce rôle incombera à un autre. Les Congolais le reconnaîtront.

Rigobert OSSEBI

Diffusé le 6 février 2014, par www.congo-liberty.org