Le second procès de Paulin Makaya : un véritable pataquès juridique

Le feuilleton judiciaire, à l’allure d’une persécution politique de Paulin Makaya, le leader de l’UPC (Unis Pour le Congo), se poursuit au Congo-Brazzaville où le pouvoir tyrannique et liberticide venait d’improviser le jeudi dernier 07 juin 2018 un second procès à l’endroit du prisonnier politique. En effet, l’intéressé n’a été prévenu de manière spontannée que le mardi 05 juin 2018. Son avocat Me Eric Yvon Ibouanga, absent du Congo, n’a jamais non plus été informé par le juge de la tenue du procès en cette date. On peut relever ici un flagrant mépris des droits du prévenu et de ceux de la défense. Comment un juge peut-il faire fi de la loi et dans ces conditions se permettre de tenir un procès alors qu’il y a non respect avéré de la procédure judiciaire, donc vice de forme? C’est navrant de constater que les barbares primitifs au pouvoir n’ont que faire du droit et des lois de république !

Il convient de souligner que Paulin Makaya a déjà purgé une peine de deux ans d’emprisonnement ferme. Ainsi, il était libérable depuis le 1er décembre 2017. Pour ce qui est de cette seconde affaire, au départ elle concernait 56 présumés coupables, tous des prisonniers de droit commun, détenus de la maison d’arrêt centrale de Brazzaville. Lors de leur première audition devant le juge de la 3eme chambre correctionnelle, les accusés ont pour la plupart nié les faits qui leur étaient reprochés, notamment le chef d’accusation d’évasion, dont M. Paulin Makaya est poursuivi pour complicité.

Par ailleurs, les charges suivantes, qui ont été retenues contre lui, sont tombées : atteinte à la sécurité intérieure de l’État, assassinat et détention d’armes et munitions de guerre, car jugées sans fondement. Le fait d’être dédouané de si gravissimes charges aurait pu faire qu’il jouisse d’une mise en liberté provisoire, étant donné qu’il n’y a aucune preuve probante quant à la prétendue complicité de Paulin Makaya dans ladite évasion. Accuser un détenu de complicité d’évasion alors qu’il ne lui est jamais reproché le moindre délit de tentative d’évasion. Cette farce judiciaire est d’un ridicule pitoyable!

Le juge a dû cependant constater, avec surprise, que les prévenus, de la maison d’arrêt centrale de Brazzaville, impliqués dans cette affaire ont été pour la plupart élargis, sans l’avis du parquet. Et on ne comprend cependant pas pourquoi ils n’y a pas eu d’assignation à comparaître à leur encontre! Pourquoi alors avoir libéré ces prisonniers sans jugement et pendant ce temps Paulin Makaya, présumé coupable dans la même affaire, est maintenu illégalement en prison et doit être jugé pour éventuellement écoper une nouvelle condamnation? Pour ce faire, le ministère public a donc demandé de diligenter une enquête aux fins de faire la lumière sur ces libérations qualifiées à juste titre d’illicites. C’est ainsi que l’affaire a été renvoyée au 21 juin 2018.

On ne le dira jamais assez que cette histoire d’évasion, pour laquelle Paulin Makaya est d’office tantôt présenté comme “complice” tantôt comme “coauteur,” relève d’une grossière machination sinon une affabulation éhontée des officines de Mpila rompues à l’intrigue.

Il y a cependant lieu d’affirmer que la justice est mise à mal dans ce second procès stalinien de Paulin Makaya, qui dorénavant prend l’allure d’un pataquès juridique. C’est pourquoi le pouvoir, qui n’a pas voulu communiquer à l’avance la date de ce procès, a pris toutes les précautions pour que le procès se déroule à huis clos et sous embargo médiatique. Les forces de l’ordre ont ainsi investi le palais de justice, interdisant la prise d’images ou de filmer sous peine de poursuites judiciaires. On a signalé la présence d’aucun média encore moins de ceux du pouvoir. En effet, le juge a reçu du pouvoir la délicate mission de juger et de condamner le leader de l’UPC pour le chef d’accusation fallacieux sinon spécieux de complice d’évasion. Mais comment va-t-il réussir l’exploit de condamner un présumé complice quand on sait pertinemment que l’auteur principal de l’évasion n’a jamais été identifié encore moins appréhendé?

Au fond nous sommes persuadés que l’acharnement judiciaire ou du moins la persécution de Paulin Makaya relève d’une vengeance du pouvoir en raison du fait qu’il ne s’est jamais laissé circonvenir. Le croyant affaibli moralement et psychologiquement par l’injuste épreuve d’embastillement, le pouvoir a voulu lui faire renoncer ou renier ses convictions afin de le retourner. Mais le digne fils du Congo, au caractère trempé, s’étant résolument rangé du bon côté de l’histoire, pour avoir pris fait et cause pour le peuple et campant sur ses convictions, a exclu toute compromission avec le pouvoir dictatorial. Hélas, il y a lieu de déplorer l’insoutenable légèreté et la bêtise humaine qui caractérisent le pouvoir mbochi, dans la mesure où les procès intentés aux prisonniers politiques au Congo-Brazzaville ne se font guère sur la base de la lumière de la raison et du droit, mais plutôt sur celui de l’arbitraire et de l’injustice. Les juges corrompus et aux ordres sont simplement tenus d’exécuter les décisions de l’effroyable tyran sanguinaire !

René MAVOUNGOU PAMBOU

Activiste politique et combattant de la liberté

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3 réponses à Le second procès de Paulin Makaya : un véritable pataquès juridique

  1. Jusqu’à quand allons nous assistés à la médiocrité et l’incompétence des mbochis Christian Oba et Michel Oniangué deux petits voyous Mbochis aux ordres de leurs chef barbare Mbochi sassou Nguesso . Chers compatriotes de la diaspora sauvons notre pays du joug de la famille sassou nguesso . Car comment vivre dans un pays comme le notre ,où du jour au lendemain tu peut -être accusé d’atteinte à la sûreté de l’état Mbochi .

  2. dany dit :

    Ce qui se joue comme pièce de théâtre à Brazzaville sur ces procès staliniens me laisse pantois ! Paulin paye le prix de lèse majesté pour n avoir pas capitulé et surtout d avoir repoussé à plusieurs reprises l offre des nguiris.

  3. Djess dit :

    Notre pays est devenu un véritable foyer d’abjections et de miasmes .

    Aucun pays, sur ce vaste planisphère, ne peut soutenir la comparaison avec le nôtre, à cause de la singularité des comportements de Sassou et ses spadassins. Aucun pays ne cultive le culte de la dépendance autant que le nôtre. Aucun pays ne méprise les opposants autant que le nôtre. Aucun pays ne croit à la puissance des forces extérieures, au détriment des forces internes dans le processus de développement, ou dans la gestion du pouvoir autant que le nôtre.

    Sassou croit ainsi se faire une paix en maintenant illégalement dans ses géôles ceux qui sont susceptibles de lui porter l’estocade comme Paulin Makaya ; Mokoko ou Okombi.

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