Le patrimoine de l’Etat à la trappe

SASSOUDepuis le retour aux affaires de Denis Sassou Nguesso en 1997, le patrimoine du Congo-Brazzaville se réduit comme la peau de chagrin de Balzac. La capacité de préserver les bijoux de famille dans l’escarcelle de l’Etat par Sassou, le PCT et les épigones du « Chemin d’avenir » est incertaine voire nulle.

La sécurité des biens tant mobiliers qu’immobiliers exige et recommande une action publique plus rigoureuse et efficace. Faute d’un classement des sites de la République, meubles et immeubles, l’arbitraire devient le modèle dans la gestion du patrimoine.

De fait, au Congo-Brazzaville, le patrimoine public est livré à la loi du plus fort conformément à la fable de Jean de La Fontaine (Le loup et l’agneau). Dans cet exercice, les vainqueurs de la guerre du 5 juin 1997 se taillent la part du lion. En la matière, on y trouve des perles. En l’occurrence le centre-ville de Brazzaville est devenu l’antre du lion. Centre-ville, centre-vide (selon le mot de Roland Barthes) ; tous les signes de notre histoire urbaines ont été vidés de leur symbolique archéologique et les référents architecturaux évacués de la mémoire urbaine sans coup férir. La « Brazzaville Blanche » de Georges Balandier est devenue le lieu de recyclage de l’argent sale des épigones/squatteurs. Quant aux « Brazzavilles Noires » observées dans les années 1950 par l’anthropologue, celles-ci font, depuis le coup d’état, l’objet d’un blanchiment de l’argent du pétrole dans des OPA immobilières ayant pour effet de jeter des familles entières à la rue.

Boulimie immobilière

C’est un genre d’inventaire à la Prévert qui, chaque année depuis le putsch sanglant de Sassou contre Pascal Lissouba, énumère les expropriations du patrimoine de l’Etat et l’accaparement des biens mobiliers et immobiliers du Congo-Brazzaville par les épigones du « Chemin d’avenir » . Il n’est pas rare que les badauds et les taximens égrainent dans les quartiers populaires des grandes villes la liste des biens immobiliers publics devenus par la force des choses des propriétés des nouveaux riches et hommes forts du régime du Congo-Brazzaville. Mais, là où, Jacques Prévert faisait un inventaire poétique se terminant par le célèbre « Raton laveur », les populations du Congo-Brazzaville, ahuries, agacées impuissantes et éberluées, donnent dans un genre plus aride puisque ses têtes de chapitre de leur liste noire vont de Brazzaville à Pointe-Noire en passant par Dolisie et Makabana ; du dépôt CFCO à la Poste Centrale de Brazzaville, aux anciennes résidences d’Air Afrique en passant par le bord de mer de Pointe-Noire. Rien n’est épargné. La boulimie immobilière des épigones du « Chemin d’avenir » est à son comble. « Pousse-toi que je m’y mette. » ou « Vas voir dehors si j’y suis. » Et, ceci au vu et au su de tout le monde. L’impunité a été érigée en mode de gouvernement. « J’y suis, j’y reste » : slogan du squatteur effronté.

Squatters en treillis

Le siège de l’Agence congolaise d’information (ACI) a été bradée à une organisation humanitaire appartenant à Claudia Sassou. L’ONG, qui n’a d’humanitaire que le nom, prendra et l’ACI et l’ancien cinéma Vog en face de la Délégation Générale aux Grands Travaux. Aussi, depuis quelque temps le voisinage de l’ancien siège de la Télévision Nationale est fortement squatté par les dignitaires hyper riches de la République. Quelques maisons sont déjà tombées dans leurs griffes. Des terrains sont rachetés et des villas réhabilitées. Et la conquête des biens se poursuit (Severin News, 6 février 2015). Ces raids se font sans même déverser le franc symbolique. Les abords du port fluvial de Brazzaville et des anciens chantiers de construction navale (Chacona) sont pris d’assaut par les militaires haut gradés des FAC et les proches du pouvoir qui y ont érigé des villas, des hôtels et restaurants. Après le transfert de Radio Congo vers le site de Nkombo Matari à Mfilou dans le septième arrondissement de Brazzaville, le vaste terrain de l’Etat ou du ministère de la communication a été morcelé, vendu ou redistribué à tout vent.

L’ancien siège de la radio est d’ailleurs devenu une caserne militaire, alors que tout autour ont poussé à la vitesse d’éclair des villas, propriétés des dignitaires congolais. Le terrain qui abritait l’ancienne Voix de la Révolution Congolaise est devenu la propriété de Madame Antoinette Andzouana, épouse d’Albert Andzouana, ancien directeur général des Impôts. Antoinette Andzouana a poussé l’outrecuidance jusqu’à éjecter des lieux le Centre de Documentation pour les Médias (CDM) et démolir le siège.

De fâcheux précédents

Dans le bradage des bijoux de famille, le Congo-Brazzaville est coutumier du fait. Déjà en 2010 , Sassou et les épigones du « Chemin d’avenir » avaient défrayé la chronique. L’événement avait eu lieu le 16 juin 2010 avec l’annonce de l’attribution par la mairie centrale de Brazzaville du domaine de la Faculté des sciences de l’Université Marien Ngouabi à la République de Guinée Equatoriale afin d’y ériger sa chancellerie, les résidences de son chef de l’Etat et de l’ambassadeur accrédité au Congo-Brazzaville. Quel culot ! Quel obscurantisme ! Quel cynisme ! (Cf. Congopage.com, 2 juillet 2010 , « Université Marien Ngouabi : silence, on brade »).

Claudia Ikia

Les épigones du « chemin d’avenir « se sont lancés dans une course effrénée à l’expropriation du patrimoine de l’Etat en dépit des gesticulations de Pierre Mabiala, piètre bonhomme qui cogne les faibles, caresse les forts. Qui arrêtera ces caïds de la guerre de 1997 dans cette folie immobilière ?

Les populations du Congo-Brazzaville n’ont pas la mémoire courte. Claudia Ikia Sassou en a fait les frais, victime de la colère populaire.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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9 réponses à Le patrimoine de l’Etat à la trappe

  1. Kouakou dit :

    Le moment venu, il faudrait tout simplement confisquer tous ses biens et les restituer a l’Etat. Vraiment une vraie bande des bonobos ces gens la.

  2. Isidore AYA de Makoua dit :

    Quand la tête est pourrit, elle est pourrit…

    Le poisson pourrit toujours par la tête ; ce proverbe chinois est bien connu. Il signifie dans les grandes lignes que lorsqu’il y a un dysfonctionnement dans une organisation, qu’elle soit entreprise, association, état…, c’est celui qui est à la tête qui en est responsable.

    Le Congo du roi Dictateur Sassou Nguesso est à l’image d’une grande cour de récréation que chacun de nous a peut-être eu l’occasion d’observer dans les cours d’école de n’importe quel pays.

    Cela veut dire que nous sommes en présence d’une gouvernance juvénile et infantile où les règles du jeu sont fixées ou dictées par le(s) plus fort(s) de la cour de récré. Il faut donc des adultes pour dire aux enfants – stop, la grande récré c’est terminée !

    Un peuple qui n’a pas de mémoire et qui ne punit pas tout ceux qui ont commis des crimes sociopolitiques et économiques depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, est un peuple qui ira toujours vers les ténèbres.

    Tout est à penser et à repenser au Congo: le cerveau, les mentalités, les habitudes, les comportments et les valeurs morales (le bien ou le mal), l’état d’esprit critique, la raison et la conscience individuelle ou collective.

    Cela est d’autant plus difficile que l’homme politique congolais ne se sent responsable de rien, ni de son passé, ni de son mandat en cours.

    Nous devons donc obligatoirement  » reformer, restructurer et reconstruire le cerveau du congolais » âgé de 3 à 99 ans. Ce cerveau est abimé par 34 ans de dictature Denis Sassou Nguesso ayant opéré en mode contre-valeurs, antisociale, criminogène et haute-trahison, etc

    Si l’on veut avancer durablement ensemble, les crimes humains et socio-économiques commis depuis ces 40 dernières années par exemple doivent être traités sans distinction du responsable politique.
    De mon point de vue, l’intolérance juridique envers tous les dignitaires et valets étrangers ayant sévi pendant le régime Sassou Nguesso II doivent être traduits sans condition et distinction de région Nord/Sud/Est/Ouest.

    Mots -clés: justice, administration pénitentiaire, biens immobiliers, recensement, audit patrimoine, audit biens immobiliers, tolérance zéro, arrestation, impunité zéro, incarcération, confiscation, peine de prison lourde, etc

  3. toto moches dit :

    Vraiment quand on voit tout ce qui se passe comment les gens ne peuvent pas se révolter avec ces enfants bâtard qui ne réfléchisse pas elle est la conseillère de son père dans son lit

  4. toto moches dit :

    Il est temps que le peuple congolais se lève parce-que les congolais souffre de la misère et les Claudia se réjouisse et les autres souffre

  5. pilipili dit :

    A « AYA de Makoua »
    Je confirme entièrement tes propos qui reflète la cruelle vérité.
    Ton analyse très fine et exacte de l’état actuel du pays et de sa population nous démontre aussi que nous ne sommes pas le Burkina et que le changement tant attendu ne sera pas aussi simple que beaucoup ici, malheureusement, semble le penser.

  6. MACAIRE dit :

    Madame Ontsouana est l’épouse du bras droit de Mathias Dzon, le passage au ministère des finances de Mr Dzon a vu émerger les voleurs du plateau batékés.

  7. Le comte de Mpouya dit :

    A AYA de MAKOUA,

    J’ai toujours plaisir à lire tes analyses qui sont celles d’un vrai patriote. J’ai toujours dit que le mal Congolais c’est Sassou. La prostitution du patrimoine de l’état congolais a commencé depuis longtemps.

    Les congolais de notre génération savent que la résidence de Sassou à Mpila est non seulement sur le domaine du CFCO où beaucoup de cadres de cette société étaient logés, mais aussi à l’ancienne France câbles dite sans fils rétrocédé à l’ONPT. Aujourd’hui le CFCO n’a même plus de centre d’entretien parce que Sassou et ses guerriers ont tout spolié. Les rails démontés, les Ndénguet et autres voyous y ont construit leurs domaines. L’idiot de Mabiala ne bande ses muscles qu’avec les citoyens non protégés par le clan des vainqueurs.

    La bande à Sassou devra se mettre en tête que l’histoire du Congo s’écriera toujours et qu’aucun pays au monde n’est jamais faible. Les pouvoirs passent, le Congo ne passera jamais.

    La conférence Nationale n’avait rien réglé car le volet des biens mal acquis n’avait jamais été traité convenablement.

    Je suis toujours surpris que les ténors du socialisme scientifique d’hier , les Directeurs Généraux du temps du mono puissent avoir autant des biens immobiliers aussi bien au centre ville de Brazzaville et Pointe Noire que dans les quartiers de ces viles alors que ces révolutionnaires nous disaient que l’accumulation des biens étaient contre révolutionnaire.

    Ce sont ces mêmes du PCT qui veulent que Sassou meurt au pouvoir pour qu’ils continuent à saigner la République car ils ne peuvent pas avoir leur place dans une république où la compétence, le concurrence, le savoir faire et la démocratie est la règle de sélection.

  8. Le comte de Mpouya dit :

    PS: Lire quartiers de ces villes et où la concurrence
    Merci

  9. DÉGOUT POUR CES DIRIGEANTS ET LEURS SUPPORTEURS! dit :

    DÉGOUT POUR CES DIRIGEANTS ET LEURS SUPPORTEURS!

    Le système SASSOU a dépassé toutes les bornes de la décence!

    Rivières de diamants par ici, spoliation du domaine par là! TERRIBLE que cette pièce rapportée de Maman MOUEBARA et pour paraphraser MAKANDA, le plus grand démon qu’une pauvre mère congolaise ait pu porter…
    Jamais ce pays n’a été dirigé par des gens aussi négatifs!

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