LE CYCLE DE LA KLEPTOCRATIE : UNE AFFAIRE D’ÉTAT CONGOLAISE, TROISIÈME PARTIE

Ou comment le fils du président aurait volé, blanchi et dépensé des millions de dollars de fonds publics

Le mois dernier, de nouvelles allégations sont survenues sur les biens mal acquis de la famille présidentielle congolaise. A Miami, des procureurs fédéraux américains ont pris des dispositions en vue de saisir le penthouse de Denis Christel Sassou-Nguesso, fils du président de la République du Congo, député et ancienne figure puissante de la société pétrolière nationale SNPC. 

La plainte des procureurs américains, consultée par Global Witness, vient s’ajouter à un ensemble de documents qui ne cesse de s’étoffer sur les abus de pouvoir perpétré par le clan Sassou-Nguesso. La nouvelle tombe alors que le Congo, endetté, sollicite un sauvetage financier d’urgence auprès du Fonds monétaire international pour la deuxième fois en moins d’un an. 

Ce document détaille la façon dont Denis Christel aurait détourné des millions de dollars de fonds publics à la SNPC, par la suite blanchis par le biais d’un réseau de sociétés écrans puis utilisés pour acheter des biens immobiliers de luxe aux États-Unis, en France et ailleurs dans le monde. Selon les procureurs américains, entre 2007 et 2017, Denis Christel aurait dépensé plus de 29 millions de dollars en articles de luxe et pour financer le train de vie somptueux de sa famille et de lui-même. Cette somme correspond à environ 10 pour cent du budget congolais de la santé en 2020.  Toujours d’après les procureurs, il aurait également accepté plus de 1,5 million de dollars de dessous de table en provenance de sociétés pétrolières.

Cette plainte livre une illustration rare du cycle complet de la kleptocratie – ou comment le membre d’une famille présidentielle aurait volé, blanchi et dépensé des fonds publics à des fins personnelles. Cette affaire est un exemple criant de la manière dont une société pétrolière nationale pourrait devenir la vache à lait d’élites politiques corrompues.

Plus tôt cette année, nous divulguions que des millions de dollars avaient disparus des comptes de la SNPC. L’an dernier, nous exposions que Denis Christel et sa sœur Claudia auraient blanchi et dépensé jusqu’à 70 millions de dollars de fonds publics volés. En 2018, les autorités suisses révélaient que Denis Christel et d’autres hauts fonctionnaires congolais avaient reçu des pots-de-vin d’employés de la société de négoce Gunvor en échange de contrats pétroliers, ce qui a d’ailleurs fait l’objet d’une enquête de l’ONG Public Eye. En 2007, nous dévoilions déjà qu’il aurait dépensé 35 000 dollars issus de la vente du pétrole national lors de virées shopping dispendieuses entre Paris, Marbella et Dubaï. 

Global Witness a écrit à Denis Christel directement, ainsi que par l’intermédiaire du porte-parole du gouvernement congolais, mais n’a reçu aucune réponse.

LES ALLÉGATIONS AMÉRICAINES

Entre 2011 et 2014, Denis Christel aurait abusé de ses fonctions afin de détourner des millions de dollars de la SNPC, la plus grande entreprise publique du Congo, et véritable pilier économique de cette économie dépendante de l’or noir. 

D’après la plainte déposée en Floride, il aurait ensuite fait transiter l’argent sur des comptes au nom de plusieurs sociétés écrans, notamment Mercuria (au nom similaire à un négociant suisse, sans toutefois qu’il y ait de lien connu entre les deux), Atlas Logistique et SCI Etoile, auprès de la filiale congolaise du Groupe BGFIBank. Le ministère américain de la Justice a dit à Global Witness que « certaines [de ces] entités sont constituées au Congo, et d’autres sont constituées à la fois au Congo et en France ». Le ministère a ajouté que cette enquête demeure ouverte, et a décliné à commenter en réponse aux autres questions.

« En tant que cadre dirigeant de la SNPC, ministre et fils du président, il a suffi au ministre Nguesso d’ordonner au [PDG de] BGFI [Congo] de transférer des fonds de la SNPC (et d’autres entités publiques) vers les comptes de ses propres [sociétés écrans]. Cela s’est produit à de très nombreuses reprises, » peut-on lire dans la plainte. 

Denis Christel aurait ensuite utilisé un réseau de comptes en banque au nom de ces sociétés écrans et prête-noms en vue de dissimuler les fonds détournés et d’acquérir divers actifs, dont le penthouse à Miami pour 2,8 millions de dollars, une autre résidence à Coral Gables pour 2,4 millions de dollars au nom de sa première femme, Danielle Ognanosso, ainsi que d’autres biens en France. En 2016, Danielle Ognanosso déclarait aux autorités françaises ne pas détenir de bien immobilier aux Etats-Unis, et n’avoir aucune connaissance d’une quelconque société écran appartenant à Denis Christel et ayant pu être utilisée dans cette affaire. 

L’un de ses prête-noms, dénommé « Associé A » dans la plainte, est décrit comme un résident américain, fils d’une ancien haut-fonctionnaire gabonais, et associé de longue date de Denis Christel. Global Witness n’a pas pu vérifier l’identité de cet Associé A.

Denis Christel a demandé à « Associé A » d’établir de fausses factures pour justifier ces transferts de fonds. L’une d’elles révèle 3 589 543 dollars d’ « appareils de cuisine et autres dépenses ».

Denis Christel aurait également lui-même ouvert des comptes aux États-Unis, dont quatre auprès de la Bank of America entre 2013 et 2016. Il aurait utilisé le pseudonyme « Denis Christelle » et un deuxième passeport affichant ce nom d’emprunt – une tentative de dissimulation d’identité. Il aurait également menti sur ses activités et ses revenus en prétendant gagner 50 000 dollars par an en tant que responsable d’une société dénommée « Merchurrea » (dont la consonance n’est pas sans rappeler sa société fictive et le négociant suisse Mercuria). 

« POTS-DE-VIN ET ABUS D’INFORMATION PRIVILÉGIÉE »

Toujours d’après la plainte, le ministre Nguesso aurait non seulement détourné des fonds de la SNPC, mais également « accepté des dessous de table d’une valeur de plus de 1,5 million de dollars en échange de lucratifs contrats de permis pétroliers octroyés par la SNPC, entre 2014 et 2016 environ ». La plainte ne mentionne aucune société spécifique.

Il aurait également utilisé ses fonctions à la SNPC « pour assurer que les sociétés dans lesquelles il détenait des intérêts bénéficient du statut de ‘partenaire local’ dans le cadre de ces projets pétroliers lucratifs ».

Denis Christel Sassou-Nguesso, « le gardien des richesses pétrolières congolaises »- procureurs américains, 2020

Selon les rapports de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et le cadastre pétrolier du MAETGT, le Congo a délivré ou renouvelé 26 permis de recherche et de production pétrolière entre 2014 et 2016. Les bénéficiaires de ces permis étaient, entre autres, les majors pétrolières Eni et Total. Lire l’intégralité de l’article…

POUR EN SAVOIR PLUS

Natasha White, Journalist

[email protected]

+44 (0) 7968 160 377

Source : Global Witness

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4 réponses à LE CYCLE DE LA KLEPTOCRATIE : UNE AFFAIRE D’ÉTAT CONGOLAISE, TROISIÈME PARTIE

  1. samba Dia Moupata dit :

    Franchement , on est chez les fous . Comment comprendre , le comportement des intellectuels Mbochis ? Obenga Egyptologue qui enseigne la civilisation aux jeunes et soutiens indéfectible du barbare Sassou ou encore Okiemy professeur de droit qui soutiens la barbarie de Sassou . Je vais dire que Sassou et son fils sont des dérangés mentaux ! Le pays vit son plus grand désastre ! Chers compatriotes nous devons sortir du romantisme et chassés ces Mbochis qui envahissent pointe -noire et qui sème la terreur dans le pays .

  2. Anonyme dit :

    Sous quelque forme que ce soit sassou n’est pas le président du congo. Personne ne l’alcool jamais élu et il n’a aucune origine royale pour se prétendre héritier. Par conséquent C’est effectivement un tyran qui meritera pendaison pour tout ce qu’il a détruit. Qu’on ne parle plus de président en tout ce qui concerne cette famille kleptocrate. Elle n’a aucune légitimité.

  3. marie brigitte dit :

    le trop grand recours au conditionnel discredite ce texte

    1 denis christel sassou ng aurait detourne

    2 denis christel sassou ng aurait abuse

    3 denis christel sassou ng et claudia auraient blanchi

    4 denis christel aurait egalement…. il aurait egalement menti…. il aurait egalement utilise ses fonctions ….

    5 en 2007 nous devoilions …..qu il aurait depense

    6 il n y a pas de ministre « nguesso » au congo brazzaville a la date d’aujourdhui

    7 en matiere de fraude on parle de blanchiment et non de « blanchisserie »

    8 l’ong global withnes n’a pas etabli le lien de causalite entre les pretendus detournements operes au congo brazzaville et le prejudice subi par elle

  4. Nguia dit :

    Youlou avait besoin du temps pour travailler et orienter le Congo vers l’indépendance qui venait juste de sortir de la colonisation. On lui pas laissé ce temps nécessaire.
    Massamba Débat qui l’ avait remplacé avait en 5 ans de gouvernance fasit un travail remarquable ainsi que le premier ministre Milongo.Le défaut de Massamba Débat est d’avoir laissé fonder la milice nationale et laissé installké un climat de terreur pour toute la population au non du socialisme Bantou. le tribalisme et la haine ethno tribale ont réellement commencé sous le régime Marien Ngouabi et se sont accentués sous la gouvernance tribo génocidaire du tyran Sassou Nguesso. Ce dernier est l’auteur des malheur, la dictature sauvage que connait le Congo. Sassou Nguesso est le grand criminel, génocidaire, assassin qui érigé la corruption véritable institution, qui est venu semé la terreur infinie, créer les les génocides au Congo, notamment dans la région du Pool. Sassou Nguesso, son filks Christel,ses enfants, sa clique doivent partir de la gouvernance du Congo. sans cela le Congo ne connaitra ni la paix, ni le developpement

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