On peut estimer, sans grand risque de se tromper, qu’à une immense majorité des Africains de la zone francophone, ce nom résonnera comme celui d’un illustre inconnu : Sir Seretse Khama Ian Khama est un homme d’État botswanais. Jusque là rien d’extraordinaire!
Il a la particularité d’être le fils de Seretse Khama, chef de la tribu Bamangwato, premier Président du Botswana et père de l’indépendance de ce pays, mais l’intérêt d’évoquer une partie de son parcours de vie porte sur sa carrière politique. D’abord Vice-président de la République de 1998 à 2008, il a accédé à la magistrature suprême de la République du Botswana le 1ᵉʳ avril 2008.
Militaire de son état, formé dans la prestigieuse Royal Military Academy de Sandhurst dans le comté du Berkshire en Angleterre, il en est sorti pilote. Ceci explique peut-être sa réputation d’homme pointilleux, obsédé par la ponctualité et un brin autoritaire mais sans doute au sens noble du terme, c’est-à-dire qui impose l’autorité et qui est carré ! Certainement moins autoritaire au sens de faire valoir un pouvoir et une autorité sans limites, puisque c’est en vrai légaliste qu’il vient de quitter la tête de l’Etat le 31 mars 2018, à l’issue de son second mandat, sans chercher à faire valoir la force, sans soutenir qu’il est fils du père de l’indépendance.
Il n’a pas non plus crié sur tous les toits du pays qu’il a obtenu des résultats satisfaisants sur le plan économique, comme le lui a d’ailleurs reconnu la Banque Mondiale et tous les économistes honnêtes. Il ne s’est pas maintenu au pouvoir et n’a tenté d’invoquer aucun prétexte, ni modifier la Constitution. Il a quitté le pouvoir à 65 ans, tandis qu’un certain Paul Biya, du haut de ses 85 ans, s’y maintient encore à la faveur d’un sixième mandat à la tête du Cameroun et ne semble donner aucun signal de vouloir abdiquer.
Le cas de Sir Seretse Khama Ian Khama force l’administration à plus d’un titre:
Bien que fils du premier président et avait 27 ans au décès de son père en 1980, il n’a pas été imposé comme « fils de », mais a accédé au pouvoir que vingt-huit ans plus tard, contrairement aux pays francophones qui offrent les tristes exemples de succession automatique par filiation des fils Eyadéma au Togo et Bongo au Gabon, au terme de simulacres d’élections parrainées et téléguidées depuis Paris.
Militaire de formation, Sir Seretse Khama Ian Khama ne s’est pas imposé par les armes comme trop souvent quand il est question de militaires dans la conquête du pouvoir. Il n’a pas pris appui sur l’armée pour accéder au pouvoir où s’y maintenir. Mieux, il a quitté le pouvoir dix-huit mois avant la fin de son mandat et les élections générales, afin de se conformer à la règle constitutionnelle limitant à dix ans le « règne » d’un chef d’Etat au Botswana.
Par ailleurs l’ancien président a fait état d’autres projets plein la tête, donnant ainsi le signal positif qu’il y a bien une vie après avoir dirigé un pays, mais pas nécessairement la prison ou l’exil quand ce n’est pas l’exécution. Il a même fêté son départ par une tournée d’adieu, avec bains de foules et grands gestes de la main et large sourire à l’adresse de ses concitoyens. mais ce qui sort de l’ordinaire c’est qu’il a aussi fêté son départ par une soirée offerte pour l’occasion. Sans rancune!! Les images de cette soirée où l’on voit l’ancien président se trémousser joyeusement au milieu d’une chorégraphie millimétrée font le tour des réseaux sociaux, pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué.
Quand on le compare à la plupart des pays francophones qui nous ont habitués à des fins de mandats tumultueux, avec le blues et le pessimisme que cela suscite, l’exemple du Botswana offre des raisons d’espérer que si les pays africains se rapprochent et dépassent les barrières héritées de la colonisation comme celle de la langue, on peut dire que toute l’Afrique n’est pas fichue et que certains pays pourraient tirer les autres vers le haut pour que les constitutions revêtent véritablement leur caractère sacré, à l’image de la constitution de la république du Botswana adoptée en mars 1965 et entrée en vigueur en septembre 1966.
Malheureusement, pour le moment les deux zones s’ignorent quasiment et sont aux antipodes. Pendant que dans la zone anglophone l’alternance s’impose de plus en plus comme une évidence, à l’exception du vieux Mungabé qu’il a fallu pousser à la retraite (néanmoins sans effusion de sang), la zone francophone fait de la modification opportuniste des constitutions un modus operandi puis de la violence politique et des intimidations le mode de gestion des scrutins préféré.
La différence ne vient-elle pas de ce que la couronne britannique n’a pas le vice de mandater des juristes payés à prix d’or pour aider aux révisions constitutionnelles opportunistes en Afrique, comme le font quelques juristes français spécialisés dans le tripatouillage électoral, au nez et à la barbe du monde entier.
Par Claude BAKAMA
Avocat à la Cour – Maître d’enseignement à l’EFB de Paris
Difusé le 06 mai 2018, par www.congo-liberty.org
Sassou sort d’une autre planète ,et prétend régner sans fin ,pour l’unité d’un pays dont il a réussi à y instiller le virus tribaliste …
Disposer infiniment de l’argent public ,semble être la seule motivation…C’est honteux.
A tous,
pourquoi l’alternance politique en Afrique centrale est difficile et quasiment impossible ?
L’exemple du Botswana n’est pas transposable à l’Afrique centrale car les relations endogamiques entre la France et ses anciennes colonies ne le permettent pas, quoiqu’en dise la France et comme le prétendent un certain nombre d’opposants qui n’ont ni programme, ni stratégie.
Faut-il incriminer la France ? La réponse est non car elle défend ses intérêts. Faut-il incriminer les opposants en Afrique centrale francophone ? La réponse est oui car ses opposants se sont embourgeoisés dans les mains des Présidents en place et qui représentent les intérêts français. Les différents opposants, surtout au Congo Brazzaville, demandent le départ de Sassou, mais ils sont tous là se marquer à la culotte et à jouer les sous-marins qui le sait bien et qui les manipulent à sa guise. C’est ce que j’appelle la théorie du réseau et qui explique avec une construction analytique sans faille ce que sont les opposants et le goût du pouvoir de la classe politique congolaise.
La vérité est que scientifiquement, techniquement, nous sommes incapables, nous ne savons pas faire et la politique est le simple exutoire de tous pour un enrichissement illicite. Voilà ce qu’est le Congo. Voilà ce que représente son personnel politique. Faut-il s’en désoler ? C’est triste car les populations souffrent, s’appauvrissent, se taisent, subissent pendant que les intellectuels que nous sommes construisons des grands discours pour un monde qui n’arrivera peut-être pas, sauf au cours d’une révolution, comme nous savons le faire au Congo depuis l’indépendance. Mais au fait, une révolution contre qui, car nous sommes tous les mêmes ? Une fois Sassou parti, les remplaçants feront la même chose.
On a vu un début avec Lissouba et il en sera ainsi dans ce Congo qui n’est pas maudit mais perdu vis à vis de lui-même et de ses propres enfants. Ce n’est pas du pessimisme mais de la réalité implacable et réaeautale.