L’Afriquexit, vers un monde meilleur !

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

A l’heure où la Grande-Bretagne s’apprête à quitter l’Union européenne par la volonté de son peuple souverain et pour assumer sa totale indépendance dans ses choix, la même question devrait se poser pour les Africains en particulier francophones vis-à-vis de la France.

Avoir expérimenté bon gré mal gré, même contre la volonté de nos peuples, le système de la Françafrique, il est évident qu’après plus d’un demi-siècle l’Afrique francophone est toujours perdante, point de développement sérieux à l’horizon.

A l’heure où l’Occident se bat contre le réchauffement climatique dû à l’action de l’homme sur la planète, après avoir réglé les problèmes basiques de ses citoyens (éducation, santé, nutrition, infrastructures, etc.), l’Afrique dans ses errements n’est qu’au stade de se poser la question de la gouvernance électorale et du troisième mandat présidentiel ;  Qui permettront à nos Présidents de se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir, au point de s’assurer une succession monarchique envers et contre tous, dans une indifférence générale de la communauté internationale plus que complice du fait des intérêts économiques qui surplombent les droits humains.

Un peuple qui ne se prend pas en charge est un peuple qui est voué à disparaître. Au début de ce XXIème siècle, il est évident que les schémas de démocratie que nous avons tous tant idéalisés ne sont plus des modèles à suivre stricto sensu.

Le visage qu’offre la démocratie française ces temps derniers est loin d’être une référence pour les plus sérieux d’entre-nous. Nous avons hérité d’un système de captation du pouvoir par cooptation des individus du même sérail, que nous reproduisons maladroitement en y introduisant le concept tribal qui permet l’autopréservation par loyauté familiale. En France, ce sont les Énarques qui se sont accaparés du pouvoir imposant ainsi à tout un peuple la pensée unique de ce moule uniforme qui ne permet pas une voix dissonante. De Gauche, du Centre comme de Droite, ils ne se muent que dans la conservation du pouvoir. Ainsi, fleurit ça et là des thématiques nauséabondes venues du Moyen âge notamment le port du foulard, ce bout de tissu qui met en péril toute une civilisation et serait la cause de tous les malheurs de la France et des Français. L’on pourrait se demander lesquels Français, tant cette France est supposée être multiculturelle, multiraciale et multiconfessionnelle. Mais ça, personne ne veut le voir, la cécité intellectuelle veut « qu’ils pensent être supérieurs et croient l’être » comme disait l’autre. A croire que cette France n’aime pas la diversité qu’elle prône à longueur de journée et à coup de propagande.

Jadis France des lumières aujourd’hui France des ténèbres ! Éclairer le monde c’est l’orienter vers un vivre ensemble possible, paisible et non vers la stigmatisation de toute une communauté musulmane qui n’aspire qu’à vivre et exercer librement ses droits civiques. L’on demande sans cesse à une population de prouver son amour pour un pays du seul fait de sa pratique religieuse dans un pays laïque. Nous ne sommes pas à la première contradiction française.

Le communautarisme en France n’est que le repli identitaire de tous ceux qui se sentent exclus d’un système qui détermine les gens en fonction de leur couleur de peau, leurs origines, leurs pratiques religieuses. Le communautarisme devient un système de préservation si l’on ne veut pas disparaître devant ce tsunami de la stigmatisation généralisée. L’ascenseur social est en panne en France. Alors comment parler de « communauté musulmane » quand cette même France refuse le communautarisme ? La société de vigilance contre le prétendu risque islamiste prônée par Emmanuel Macron est le prélude à une société de délation et cela fait froid dans le dos de vivre dans un tel pays.


Maintenant que nous avons toutes les cartes en main, il y a lieu de savoir ce que nous voulons. Le racisme est un système basé sur un rapport de domination sociale que nous vivons depuis des lustres sans broncher. Notre plus grande peur a consisté à croire que nous étions incompétents ou insuffisants. Mais force est de constater que nous ne le sommes pas. Il y a lieu de faire briller notre lumière afin que d’autres se reconnaissent en nous et poursuivent notre voie de la renaissance que nous avons tracé, quitte à eux de l’améliorer par la suite, ce qui est une évidence.

L’Afrique, notamment francophone, se doit de sortir du carcan français en affirmant une réelle indépendance et non celle de quelques privilégiés africains qui en côtoyant leurs maîtres se croient affranchis. La sagesse africaine dit que « Le séjour d’un tronc d’arbre dans l’eau ne le transformera jamais en crocodile.» Loin de nous de faire l’apologie du rejet de l’autre. Mais force est de  que nous ne savons pas quelle carte jouer car nous ne savons pas à quel jeu ils jouent.

L’état de l’Afrique est déplorable sur un continent qui regorge d’autant de richesses minière et humaine. Il est de notre devoir à l’instar de l’Asie du Sud-Est d’impulser cette dynamique qui sera à l’origine du miracle économique africain. L’union faisant la force, l’effet domino ne sera plus qu’accéléré. La Grande-Bretagne ne veut pas sortir de l’Union européenne par un caprice infantile, mais pour décider avant tout de ses choix afin de préserver les intérêts de son peuple dans ce monde globalisé.

Le même sursaut est attendu des Africains qui doivent se démarquer de la tutelle de ceux qui pensent l’Afrique, notamment francophone, en termes de pré-carré ou de biens. Si bien qu’aucune décision de grande envergure ne peut se prendre dans nos contrées sans l’aval de nos figures paternalistes nous reléguant ainsi au rang de subordonnés.

Les débats de la gouvernance électorale ou du troisième mandat des Présidents africains est un non débat car la raison et l’évidence devraient l’emporter. Les questions de pauvreté, de mortalités maternelle et infantile, d’éducation, de justice sociale, d’accès aux soins, à l’eau potable, à l’électricité, sont autant de problèmes basiques qui se posent avec acuité dans nos pays et n’ont pas encore trouvés de solutions viables et pérennes. Il est l’heure de s’y atteler.

Notre seule question est celle de savoir quel héritage allons-nous laisser aux générations futures après cette faillite collective ?

L’Afriquexit s’impose comme une prise de conscience de nos valeurs, nos forces, nos faiblesses, nos menaces qui nous permettront d’avoir des opportunités nouvelles pour bâtir une autre Afrique.  Trompons-nous sur nos propres idées que sur celles des autres. Ainsi, les ajustements seront d’autant plus faciles que nous saurons où nous voulons aller.

C’est Wilson Churchill, encore un anglais, qui disait : « Le politicien devient un homme d’État quand il commence à penser à la prochaine génération plutôt qu’aux prochaines élections. »

Denis Sassou-Nguesso du Congo-Brazzaville, Idriss Déby du Tchad, Paul Biya du Cameroun, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée équatoriale, Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire devraient en prendre de la graine et s’en inspirer car seuls Dieu et la patrie nous survivrons.  

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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3 réponses à L’Afriquexit, vers un monde meilleur !

  1. Pambou Mkaya Mvoka dit :

    A mon compatriote Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA,

    Merci pour ce papier fort instructif qui interpelle les Congolais que nous sommes sur notre rapport à nous-mêmes, nos compatriotes et le reste du monde.

    Au moment où va se tenir le 26 octobre une table ronde que l’on doit espérer nouvelle sur les institutions, l’économie, la société et la cohésion sociale, votre papier est utile. Les Congolais africains que nous sommes, sont trop complexés dans les rapports hérités de l’esclavage et de la colonisation. Malgré nos beaux discours nous restons bavards et incapables d’actions concrètes pour améliorer notre sort d’anciens esclavagisés et colonisés par la France. Nous critiquons ce pays mais par faiblesse et lâcheté, nous y résidons même s’il y a d’autres diasporas qui vivent aux Etats Unis et au Canada. Il faudrait que les peuples noirs prennent appui de façon ontologique sur le peuple juif et Israël qui, après la Shoah et le génocide juif, a toujours mis sur la table, grâce à ses historiens, ses intellectuels, ses financiers, la question du peuple juif.

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    Le peuple juif, à la différence des populations noires, se bat pour son identité après la Shoah. Les populations noires se couchent car leurs dirigeants ne maîtrisent pas la géopolitiques et tendent la main.

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    Les Noirs africains, surtout d’obédience musulmane, et au nom de la confrontation entre Israël et les Palestiniens, ont toujours montré Israël comme le monstre. Ils n’ont rien compris des ficelles méticuleuses de la géopolitique et des rapports compliqués au Moyen-Orient. L’Arabie Saoudite, qui hier était le soutien indéfectible des Palestiniens, est devenue leur ennemi juré et ami d’Israël au nom du pragmatisme politique et de la lutte contre un autre Etat musulman et malheureusement perse, à savoir l’Iran. Les Africains que nous sommes ne maîtrisons pas la géopolitique internationale et nous ne savons pas joué en nuances car la plupart de nos dirigeants politiques ne sont pas formés à la géopolitique mondiale, à sa subtilité et nous sommes en permanence ceux qui tendent la main et qu’il faut aider.
    Voilà pourquoi un Afriquexit est difficile, nous sommes bavards, semoulards, buveurs de bière (et j’en suis bien sûr) et nous attendons que d’autres nous libèrent des chaînes de l’esclavagisme sentimental, sympathique et réel qui nous soumet.

    Ainsi va le nègre, triomphant par sa revendication au niveau de la littérature, mais incapable d’actions pratiques sur le terrain pour le bien être de ses concitoyens. La démocratie est un exercice difficile car nous sommes plus accoutumés au principe de chefferie dont le pouvoir est concentré au niveau du chef de village. Les présidents africains reproduisent à l’identique ces problématique et il est inutile de réfléchir sur les conditions de modernité des institutions africaines. Assez paradoxalement, il faut le faire et espérer que les écrits de Tocqueville résonnent dans l’imaginaire africain et trouvent un chemin et une trajectoire pour aider les Africains à l’auto-gouvernance sans les maîtres blancs d’hier et les maîtres asiatiques aujourd’hui.

    Ce n’est qu’à l’aune de cette prise en conscience de la construction d’une personnalité de base africaine et congolaise, que peut se faire l’Afriquexit. Les tenailles et les tentacules de l’environnement mondial auront peu d’emprise sur les nègres s’ils méditent le texte de Tocqueville.

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    De la nécessité des Africains de méditer le texte de Tocqueville parus en 1835 sur la démocratie en Amérique.

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    « Tocqueville insistait sur l’égalité des conditions entre les individus, sur les progrès socio-économiques et sur la capacité des minorités politiques à exister sans entrave dans une société démocratique. L’analyse de Tocqueville est loin d’avoir un écho sociétal et politique en Afrique francophone. Comment obliger les intellectuels africains à sortir des chemins de convenance de la démocratie élective (élections + votes) ? Nos pays africains n’ont pas 1 000 ans d’histoire depuis les indépendances dans les années 1960. Il faut être sérieux dans l’analyse intellectuelle en convoquant, à côté des élections et des votes, d’autres critères propres à notre cosmogonie africaine pour expliquer les ratés démocratiques.

    La démocratie africaine ou à l’africaine sont des débats d’intellectuels intéressants et de salons auxquels j’ai participé. La réalité, la modernité, commandent un travail plus sérieux, plus approfondi sur la démocratie et l’existence réelles des pays africains francophones dans le monde nouveau de la géopolitique au sein de laquelle les rapports de force sont dominants. Ces rapports de force respectent, assez paradoxalement, les droits de propriété, la souveraineté politique, les droits de contrat et la démocratie économique et nationale des pays souverains africains, à condition de savoir la conceptualiser et la mettre en musique pour le bonheur des populations africaines. »

  2. Abbé Luc Itoua Ngambolo (Historien) dit :

    Je suis d’accord avec l’idée de l’Afriquexit, mais à une condition: que les Africains reconnaissent qu’ils n’existent pas encore comme nations, qu’ils doivent, en conséquence, opérer un retour aux sources de gouvernances anciennes d’avant la colonisation, pour inventer une nouvelle existence à l’humanité, à toute l’humanité. Si toutes études historiques sérieuses montrent que l’humain a pris naissance en Afrique, que l’Afrique est le berceau stable de l’humanité, la cupidité des dictateurs africains a fini par transformer l’Afrique en un tombeau de l’humanité, en un lieu où l’existence devient de part en part une célébration des pompes funèbres.
    Dès lors, la réflexions sur le futur de l’Afrique devrait intégrer l’idée que la bonne gouvernance politique en Afrique est nécessaire pour l’Avenir radieux de toute l’humanité. Plusieurs études scientifiques montrent que dans quelques années, la vie sur notre planète dépendra totalement de l’Afrique, non seulement en ressource du sous sol, mais aussi en eau potable non polluée, en oxygène, en produits agricoles sains etc.
    C’est donc une grande responsabilité que de considérer cette table ronde du 26 octobre comme le matin inaugural d’une telle réflexion pour l’Afrique, selon la contribution du Congo. Il faut oser croire qu’avec la position géographique du Congo, nous pouvons inaugurer un projet politique qui se répandra dans toute l’Afrique par l’effet d’osmose et de diffusion.

  3. affaire génerale dit :

    Emmanuel Macron décide, Sassou Nguesso se soumet et obeit !!!
    Sur instruction d’Emmanuel Mcron, en concertation avec la Francafrique de Jean-Yves Le Drian, des dispositions ont été prises pour les obsèques de Louise Ongagna incluant son fils unique, le Général Jean Marie Michel Mokoko.
    Le dictateur Sassou Nguesso boude et s’est contre sa volonté obtempéré aux injonctions de son employeur.
    Stop aux mensonges, ce n’est pas Sassou Nguesso qui aurait décidé de libérer Jean Marie Michel Mokoko le 25 et 26 octobre 2019. Bien au contraire !!!

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