L’AFRIQUE : IMPROBABLE CONTRẺE . Par Dina Mahoungou

LES PARODIES DU BONHEUR DE DINA MAHOUNGOU

LES PARODIES DU BONHEUR DE DINA MAHOUNGOU

Depuis bien longtemps, plusieurs occultations médiatiques contribuent aux yeux du monde entier à rendre le Congo Brazzaville fréquentable, responsable et agréable à vivre.

C’est de la frénésie à Paris, capitale pour la énième réunion franco-africaine qui annonce la création d’un nouveau machin : « la Fondation franco-africaine de la croissance ». Quelle gageure ! Ça frétille, ça se remue à Paname.

Malgré la grosse pagaille au Mali, en Centrafrique, nos experts falsifient grossièrement la réalité.

Qui, dans ce continent asphyxié de la sorte, pousserait les continentaux à réclamer justice. Les foules ne viendraient pas soulever la colère et l’indignation générales à Kinshasa, à Libreville, à Abidjan, car il y va de leurs vies ?

Les tueurs guettent, les subalternes agissent sur ordre. Le silence et le renoncement des populations à la rébellion sont sévèrement mis à l’épreuve.

De Tripoli à Bamako, les hauts-gradés de la police politique ont connaissance des crimes odieux, ils y prennent part, ces infatigables bourreaux.

Ᾱ Fort-Lamy, à Tombouctou, à Libreville, à Accra, en voyant l’état déplorable de l’appareil judiciaire, rien ne se dit sur le continent, toutes les initiatives sont sciemment isolées.

De Malabo à Tananarive, certains éléments des enquêtes pour disparitions et assassinats sont dissimulés, les escadrons de la mort courent toujours.

L’armée est félicitée et récompensée par des largesses, par de grosses primes de compatibilité pour son loyal dévouement.

Ᾱ Freetown, à Bangui, à Pointe-Noire, à Matadi, les exemples de tortures sont là-bas assez typiques. Les chefferies, les exécutants, le pouvoir arbitraire c’est du pareil au même.

De tout temps, nos états ont recouru à la carotte et au bâton pour influencer nos médias. De Tunis à Nairobi, d’Alger à Mogadiscio, c’est un black out sur les Droits de l’Homme. Certains journalistes et non les moindres qu’on arrose supportent aisément l’accoutumance et la dépendance. Cela ne nuit pas le moins du monde à la déontologie et au professionnalisme. Les experts à gages servent au mieux les intérêts des élites au travers d’un système de propagande très élaboré. Ce qui limite la vie privée du citoyen et intensifie la marchandisation des libertés, de Conakry à Bata, de Lagos à N’Djamena.

Des consultants défendent des énormités de ces affairistes à la tête de l’Etat, pour la plupart ce sont des transfuges de la sécurité du territoire au service de ses gouvernants. Point de soucis pour les valeurs morales et les impératifs humanitaires.

L’idée de ces tyrans est de recruter les faiseurs d’opinion susceptibles d’influencer les masses populaires en prévision des élections futures sous formes de tribunes et d’éditoriaux. La presse, à tout point de vue, est proche de l’esclavage et du désespoir. L’ethnocentrisme piétine à volonté l’impératif patriotique.

Les plumitifs, à l’unisson, de façon suiviste et monolithique, vénèrent les magouilles des truands en place, les défendent valablement becs et ongles, ce sont ceux qui fabriquent le consentement, ils ont rallié la cause avec un zèle remarquable.

Des médias sur mesure légitiment de facto les bourdes, les casseroles et les perversités des pouvoirs en place. Tout y passe, les fraudes électorales, les antécédents de terreur et de terrorisme d’Etat ainsi que l’emprise de ces gouvernements sur les forces armées.

Des budgets énormes « relations publiques », de très grands majors, or noir et minerais compris, financent des groupements politiques en attente d’un retour sur investissement. Il y a tout cela dans le continent depuis plus d’un demi-siècle, les mesures de rétorsion à l’encontre des patriotes et des sujets libres continuent, de Brazzaville à Kampala, de Luanda à Nouakchott. Des votes achetés, des intimidations de toutes sortes, de Niamey à Addis-Abeba, ainsi qu’à Lomé.

Des sommes gigantesques allouées aux leaders d’opinion dans le cadre d’initiatives populaires par les grandes banques privées afin de renforcer leur prédominance comme sources d’information.

Des fonds énormes consacrés à diverses associations caritatives par des sponsors internationaux pour leurs campagnes promotionnelles et du lobbying.

Les hommes de presse sont dans la hantise et l’interrogation ? Ces rumeurs qui murmurent, qui se répètent sans cesse et qui se perpétuent. Toutes nos persévérances sont retardées. Les hommes des médias en Afrique, c’est la meurtrissure de nos corps maintes fois réprouvés. C’est la mort absolue.

Toute justice, toutes libertés restent en attente. Peut-être qu’un jour, s’accompliront-elles ?

Tout ce qui est faux, dans l’espace public, est d’absolue présence.

Dans cette opacité maléfique, seul devant les événements, le journaliste est souvent dépourvu et ridiculisé. Dans cette pauvreté dénuée d’essence, et dans notre être le plus propre, nous savons que l’avènement adviendra ………………………………. Mais jusqu’à quand ?

Plus de cinquante ans après les indépendances, la France est toujours au volant, on a mis le continent au pillage, c’est tout du simulacre, toujours des réunions et des sommets, avec des boy-scouts à la queue-leu-leu, c’est du foutage de gueule au dehors multiple. La pesanteur, la lourdeur du mal, la lassitude du citoyen persécuté qui écoute toujours « la voix de son maître », l’Occident.

La plupart des hommes de presse sont assujettis, arrachés à eux-mêmes, dans cette présence d’ensemble, leurs paroles à titre provisoire, ne leur appartiennent plus. La banalisation du mal est trop équivoque.

Nous sommes désœuvrés, la conspiration s’acharne à nous écraser, à nous détruire sans ambigüité. Tous les lieux du pouvoir en Afrique distillent la violence. Nous autres journalistes sommes fragmentés, notre silence n’en tient pas lieu.

Nous autres, hommes de presse, sommes dans le repentir, la mendicité, l’inconsenti, l’inagissant, la situation n’est plus vivable.

Ceux qui dépècent l’Afrique, les holdings et leurs chiens couchants ont usurpé un pouvoir colossal, et manifestement réduisent le contrôle du peuple sur le système politique, en utilisant les médias et tous les relais d’information pour créer les adhésions, la soumission et la plus totale confusion au sein du public. Ceux qui se complaisent dans une posture de défi et de contradiction sont impérativement éliminés et mis hors d’état de nuire. Devant ces acteurs burlesques, nos hommes politiques et compagnie, face à un monde interlope d’escrocs, les grands magnats de presse et leurs financiers véreux, devant ces soudards incultes et sanguinaires, les intermédiaires de la mondialisation, à la vie à la mort il n’y aura point d’impossible pardon.

Mais comment conclure le dialogue si nous ne nous rendons pas à l’évidence ?

Nous ne pouvons pas le nier, la mort continue à arriver en excès dans le continent.

Les guerres civiles et tribales ont laissé des traces de ce qui a eu lieu. Nous périrons par nos propres yeux.

Dorénavant, la barbarie sera infinie, le désastre indicible, si nous ne trouvons pas le mot-clé, la formule qui appelle à la fraternité. Pour s’approprier l’amour et la bonté, les moyens de langage ne suffisent pas. C’est de l’audace que d’être lucide.

L’amour était, sans commune mesure, la passion de Nelson Mandela.

Sa volonté a détruit toutes les erreurs sans lieu, le grand Madiba a mis toute sa passion en jeu pour le pays arc-en-ciel. Le leader n’a pensé tout le temps qu’à la justice, n’ayant de relation privée, principalement qu’avec elle.

Tout ce calme indésirable qu’est la patience, il l’avait en lui : paix à son âme.

 

Dina Mahoungou

Ecrivain et journaliste médias

Auteur du roman : « Agonies en Françafrique » aux éditions l’Harmattan

Auteur des nouvelles : « Les parodies du bonheur » aux éditions Bénévent

Diffusé le 6 décembre 2013, par www.congo-liberty.org

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3 réponses à L’AFRIQUE : IMPROBABLE CONTRẺE . Par Dina Mahoungou

  1. john dit :

    excellent article!

  2. Mr Manona dit :

    Parfait!parfait!,parfait!très Cher Compatriote Dina,votre article.

    Très sincère considération.

    Martin Manona.

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