LA BOUE DE SAINT-PIERRE : le roman de la talentueuse Ralphanie Mwana Kongo

Ralphanie Mwana Kongo

Ralphanie Mwana Kongo

Il y a une vingtaine d’années, une catastrophe humaine eût lieu à Brazzaville à l’église Saint-Pierre Claver de Bacongo. Un drame humain étrange qui fit plus d’une centaine de mort à la sortie d’une messe dominicale. Un mouvement de foule après une pluie ayant rendu le parvis de l’église, boueux. Disons­-le, je n’ai jamais eu le fin mot de l’histoire et en lisant le titre énigmatique du roman de Ralphanie Mwana Kongo, à savoir La boue de Saint-Pierre, mon esprit a tout de suite pensé à cet épisode douloureux de l’histoire brazzavilloise… A tort.  LA BOUE DE SAINT-PIERRERalphanie Mwana Kongo nous amène dans un tout autre univers, dans un pays fictif,  dans une ville tout droit sortie de son imaginaire prolifique. Loin d’un fait divers congolais ou d’un scandale de pédophilie au sein de l’église catholique, l’auteure nous propose une plongée dans l’enfer du quartier de Saint-Pierre dans un grand centre urbain africain. Un quartier livré à lui-même où la misère sévit avec une douloureuse violence. Les promesses électorales ne trouvent aucune prise dans un réel où la population doit se coltiner tant la gangue des rues que la disette journalière. C’est dans ce contexte corrosif que la jeune femme qui occupe la première phase de ce roman s’exprime et dévoile un quotidien fait de violences conjugales, de quête du pain journalier pour sa fille Léonide. Pélagie est une mère courage exemplaire. Mais avant d’être une mère et la compagne d’un zonard de Saint-Pierre, elle est avant tout la fille de sa mère avec laquelle elle est en conflit. Cette dernière élève ses deux premiers enfants de Pélagie, à savoir François et Dimenga. Au fil des pages de cette première partie du roman, le lecteur découvre progressivement les liens qui unissent les différents personnages. Les rapports malsains qui passent les travers universels d’un milieu paupérisé tant moralement qu’économiquement : violence, maltraitance, inceste. 

Pélagie est une femme qui fait des choix radicaux pour tenter de s’émanciper de toutes les formes rapports pesants exercés à son endroit. Ralphanie nous propose d’observer cette mue, tout en introduisant de nouveaux portraits comme celui de Gaspard, le frère aîné, sortie de la boue de Saint-Pierre, de son épouse, belle métisse afro-libanaise. De la description de la misère de la rue, et d’un quartier, Ralphanie Mwana Kongo pénètre une autre forme de fange, celle qui ronge un couple quelque peu banal où les ambitions des uns et des autres ne convergent pas vers une focale unique. Alors que ce vaudeville grandit au détriment des combats de Pélagie, l’auteure conduit le lecteur des intrigues politiciennes et de la conquête du pouvoir.

La Boue de Saint-Pierre est un roman qui demandera au lecteur d’avoir une attention particulière pour suivre le cheminement  des différents  personnages. Il offre quelques descriptions physiques intéressantes du quartier fictif de Saint-Pierre :

« Tchibodo. C’est ainsi que l’on surnommait le quartier Saint-Pierre, à cause de ses fréquentes inondations, de l’eau qui s’infiltrerait dans les maisons, souillant tout sur son passage, entrainant au-dehors les vieilles casseroles et les seaux, après lesquels, les enfants couraient en riant chaudement. Le faubourg était connu pour sa grande avenue principale qui rendait dangereuse la boue. Une boue immonde, noire et vorace qui faisait  tanguer des camions entiers provoquant là des accidents réguliers. »

source: http://gangoueus.blogspot.fr/search?q=ralphanie

L’HARMATTAN NOTRE PARTENAIRE

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2 réponses à LA BOUE DE SAINT-PIERRE : le roman de la talentueuse Ralphanie Mwana Kongo

  1. Afrika Conscience dit :

    Lu et relu. Ce roman parfaitement mené reste un émerveillement. Tanu nous rappelle nos métropoles africaines avec ce qu’elles ont de plus boueux mais aussi avec la chaleur qu’on éprouve en les visitant. L’intrigue nous tient en haleine et on est presque déçu d’arriver à la fin du livre. Un travail de maître pour un premier roman.

  2. william dit :

    Pour un premier roman, il est vrai, qui n’attire pas les foules de Congo liberty dont les pensees sont plus exercees a combattre Sassou et son systeme qu’a analyser le contenu d’une creation litteraire.

    Je n’ai pas lu ce roman mais j’aurai bien voulu afin d’y apporter ma touche de critique.

    Bon courage, tout de meme, Ralphanie.

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