Joseph Ouabari-Mariotti rend hommage au président élu Pascal Lissouba

Pascal  Lissouba,  un  nom  illustre  nous a  quittés.  Nous   pleurons  sa  perte.

Le   Président  Pascal  Lissouba   s’en  est  allé, à 88  ans,  ce   24  août  2020,  à Perpignan,   dans le  Sud de la France,  des  suites  d’une  longue  maladie. 

          En  raison  de  sa  haute stature,  de  son  vivant, et  pour   avoir  été  son  garde  des  sceaux,  ministre  de la  justice,   je  joins, ici,   ma pierre à  l’édifice dressé  en  sa  mémoire. 

         S’il  est  vrai  que  le  couronnement  de  toute  une vie  humaine  est le  souvenir  qu’elle  laisse  derrière  elle,  celle du Président Pascal  Lissouba  est d’un lustre des plus  enviables.

         L’annonce   de  son  décès a libéré  un  flot  d’emballement dans les  milieux universitaires,  politiques,  et   d’hommes  de  sciences  où   son  capital  scientifique force  l’admiration.  De   multiples voix, au  Congo,  en  Afrique  et  ailleurs, dans  le monde,  en  diront  beaucoup   de  ce  qu’il  a été.  

         Pascal  Lissouba,  c’était,  à  l’évidence, un  grand  homme. D’esprit  vif  et  lumineux, tenant  à la  fois du scientifique et  du  politique.

        Au  terme de brillantes  études  secondaires  puis supérieures, Pascal  Lissouba  devient,  au  fil   de  son  cursus, ingénieur agricole, généticien, chercheur, maître de conférences.

        La  passion  pour  la  science  ne  lui  suffisait  pas. Il  s’éprenait  parallèlement de  la  politique.  Aussi,  est-il nommé chef de  gouvernement  et, plusieurs  fois, ministre, dans  son  pays,  le Congo,   où  il  assure,  avant  la fin de  sa  vie,  les hautes fonctions de Président de la République. 

        À  tous  ces  postes,  travailleur acharné,  rigoureux,  perfectionniste, ne  s’oubliant  jamais,  sachant profiter de ses moments de  liberté.

        Les  années, à  la tête du  Congo,  le Président Pascal Lissouba sera  dévoué, sans  compter. Aimant  le travail  bien fait. Toute  œuvre  utile pour le  pays, quelle que  soit sa nature,  devrait   pour  lui,  être  accomplie avec  efficacité.  Et sa pugnacité,  toujours souriante et  détendue,  pour  obtenir des membres  du  gouvernement,  lors  des  conseils des  ministres,  une  accélération de  leurs activités,  m’impressionnait.

        L’ascension sociale du  Président Pascal  Lissouba  correspond,  à  tout point de vue,  à  l’effort  personnel  d’un   homme  qui  a construit   sa  vie  et  lui  a insufflé un sens utile. Ses qualités  intellectuelles, très  tôt  détectées, à  l’école  primaire,  se  sont progressivement   révélées  dans le   cours de ses études.

        Le  Président  Pascal  Lissouba  était  digne  d’estime. Sur  tous  les  terrains,  il n’a connu  que la  fidélité. Fidélité  à  sa  vocation  de scientifique,  d’éducateur,  de  chercheur. Fidélité à  sa  patrie,  aux  valeurs humaines.

        C’est à  l’UNESCO, jusqu’à  sa retraite,  qu’il sut développer une  activité, en  tous  points,  remarquable  et  féconde. Il en est de  même, plusieurs années auparavant,  lors de son  passage à  la  faculté des  sciences du  centre d’enseignement supérieur de  Brazzaville,  ainsi  que l’attestent les  témoignages de ses anciens étudiants.

        On  conçoit la faveur dont  jouissait Pascal  Lissouba auprès des étudiants. Ils  étaient sensibles,  non seulement au talent et  au  savoir de leur professeur, mais aussi  à  l’urbanité de son accueil  et  des qualités de son  enseignement.

       Dans  les  salles de  classe,  au  laboratoire , à   l’amphithéâtre, Pascal  Lissouba s’imposait par  une dialectique limpide et  claire,  à la portée de  tous les apprenants.

       Écouter  Pascal Lissouba,  disaient  les étudiants, était  délicieux.  C’était  un  orateur, hors  pair. Au  style sobre,  coloré, aux phrases superbes. Il  cadençait   ses paroles  avec   une  maîtrise  qui  étonnait. Savait  faire  ressortir chaque  finesse  de  ses  interventions  avec  un  art  surprenant  pour  fixer  l’attention  et la retenir.

      Ainsi,  Pascal  Lissouba   apparait,  à  travers  la  splendeur   de cette  existence   de  chercheur,  du  scientifique,   du  professeur,   la   haute  valeur  morale,  la noble et  attachante   figure de  l’homme qu’il a été.

       Le   lancement   de l’implication   du  Président   Pascal  Lissouba, dans  la  vie  politique  congolaise,  a été   marquée   du  sceau  d’une  loyauté, sans faille,  à  l’égard  du  Président  Alphonse  Massamba Débat,  Chef  d’Etat  congolais,  de l’époque.  Son  goût  pour  les  batailles  difficiles le   conduisirent    à  se  présenter  aux  présidentielles   de 1992.  Il  devint  alors  le  Président de  la  République  que   nous  avons tous  apprécié, pour  sa  solidité  et  sa  pugnacité. 

         Aux  étapes où  j’accompagnais le  Président  Pascal  Lissouba,  lors  de la  campagne  précédant  son  triomphe   à   ces  présidentielles,  il s’attachait  à  combattre   l’esprit   de  pessimisme   et  de  découragement,  rappelant, toutes  les  fois  que  l’occasion   se  présentait  la   vie glorieuse   de  ces  hommes  qui  appartiennent   à  la  lignée  des figures   qui,  par  leur  combat  pour  les  causes  justes, ont  illuminé  le monde. Le  contact personnel  avec  les populations  visitées, lors  de la  campagne,  était  pour  lui, d’une  grande  richesse.

       Condamné,  à  mort,   de manière  injuste, le  25  mars 1977,  pour   dit-on  » complicité dans la  conspiration qui a  conduit  à  la mort   du Président  Marien Ngouabi »,   Pascal  Lissouba   a   échappé,  de   justesse,  au  peloton   d’exécution,   grâce  à  la  mobilisation   de  scientifiques  français  et africains.  La  peine  capitale  a été  commuée  en  détention   à  perpétuité  dans  le    Nord  Congo  où  les  conditions d’emprisonnement   ont   altéré  sa santé  avant   d’être  libéré,  pour  ensuite   regagner la France.

        Le  moral  du  Président Pascal Lissouba, le  temps de la détention,  était   à  niveau   qu’il  travaillait  à  maintenir  celui  de ses  compagnons de  captivité.

        Premier Ministre, à  33  ans,   dans  les  années 65-66, Pascal   Lissouba  a marqué  son  temps. Il  manifestait  l’ambition patriotique de  réduire la  dépendance  de l’économie   congolaise    vis  à  vis des  capitaux étrangers. A  élaboré  un  plan  qui  prévoyait  la nationalisation   de  plusieurs secteurs de l’économie  et le développement   d’une  industrie  d’Etat.  La  commercialisation des  produits  agricoles  et  le commerce   d’importation  ont  été  nationalisés,  pour  donner  naissance  aux   sociétés   comme  l’ONCPA, l’OCC,  l’OFNACOM,  toutes  éteintes, ce   jour, pour  mauvaise  gestion. 

        Toujours,  sous  Pascal  Lissouba,  Premier  Ministre,  les   relations  bilatérales  entre  le Congo  et les   anciennes  démocraties  populaires   des Pays  de l’Est  ont   permis  la création  de plusieurs  unités  industrielles publiques.  Au  compte  desquelles,  une cimenterie,   la   construction  navale,  l’usine   textile,  les manufactures  de cahiers   et d’allumettes.

       Parallèlement à   son  enseignement   de génétique au  centre   d’enseignement  supérieur   de Brazzaville,  Pascal  Lissouba  a apporté   son  assistance  aux  plantations de  cacao  dans  la région  de  la Sangha   et  du  tabac  dans  les  Plateaux. Il  a également  réalisé  des  expériences  de   croisement  d’espèces  de manguiers  à  Boko   et  à  Loudima.

       Ce  sont  là  des performances  qui faisaient  que  la  moindre    des apparitions publiques   de Pascal  Lissouba était  saluée par  des  hommages et des politesses. Pascal   Lissouba,  Premier  Ministre,   catalysait  des   représentations  positives.

        Dans   un   contexte   où  les  forces   du  mal,  opposées  à  son  pouvoir,   n’ont  pas  daigné  lui  accorder  le moindre  répit,   hissé au  rang  de  Président  de  la République,  Pascal Lissouba  a  réussi  quelques  avancées, dans  le  progrès  du  Congo.

        Chef d’Etat, de 1992  à  1997, Pascal  Lissouba  a  posé  les  bases d’un  développement  réel,  en cinq  années  de gouvernance   difficile.

          Le  gouvernement  Lissouba est  le seul  qui  a remboursé   70% de la dette la  plus  élevée  du   monde, par  tête   d’habitant.

         Pascal  Lissouba  est  le  Président   qui  aura réussi  à  négocier, dès  1993,  de meilleures  conditions   de  revenus pétroliers. Avec  l’adoption, en  1994,  du   nouveau  code  des  hydrocarbures,  l’exploitation   du  pétrole   se fait   désormais   au  Congo,  non  plus,  sous  le  régime  de  concession,  mais  dans  le cadre  du   contrat  de partage de  production.

       Un nouveau  code  qui  assure  à  l’Etat  congolais  une  part à la rente  plus  consistante   qu’avant  l’arrivée au  pouvoir de  Pascal Lissouba.  Toutefois,  obtenu à  l’arrachée,  le  partage  de production   a  sans  doute  valu au Président   Pascal  Lissouba  sa destitution  en 1997,  dans  un  coup  d’État,  contre  lui,  par le  camp  du  Président  Sassou Nguesso,  avec le soutien des  armées interventionnistes  étrangères.

       Quoiqu’en  disent ses adversaires, le  Président Pascal  Lissouba  était un  homme de paix,  animé  d’une foi  profonde. Durant les dernières  semaines de  sa vie,  cette foi  a  merveilleusement été soutenue par sa famille.

        Pascal  Lissouba  voyait,   en  chaque être  humain,  une  manifestation  de la grandeur  et  de la création. De sa  personne, rayonnait  une  bonté  quasi évangélique que rehaussait sa modestie. Tous  ceux  qui l’ont approché  considèrent  la  bonté  et l’humilité  comme deux traits dominants  de  son  caractère. 

       Nous,  anciens  collaborateurs  du  Président  Pascal  Lissouba,  à  divers  niveaux,  gardons   la  mémoire  de cet  homme de  cœur,  du  savoir, de  devoir,  passionnément attaché à sa  mère  patrie qu’il a  honorée de sa renommée internationale.

         À  titre  personnel,  j’éprouvais  quelque fierté à voir l’étranger s’incliner, avec  respect,  devant  la stature  scientifique du   Président  Pascal  Lissouba.

         Je   revois, encore,  comme  si c’était  hier, les  instants où,  son ministre  de la  justice  que  je  suis,  je  rencontrais le  Président Pascal   Lissouba, dans  son  bureau  de  travail,  au  palais du  peuple,  à  Brazzaville. Je  ne  réalisais  pas  qu’un jour,  j’aurais  le triste devoir de lui rendre  hommage à  sa disparition. 

       En  ces moments  d’intense douleur,  je  m’incline devant  la mémoire  de  celui  qui  fut,  pour  nous,  le Président  de la  République, démocratiquement élu  du  Congo. Un Président respecté,   dans  le concert des  nations, au parcours remarquable. Il restera, pour nous,  un exemple.

       Que la famille du  Président Pascal Lissouba, particulièrement son  épouse, Mme Jocelyne Lissouba,  son  fils,  le  Député UPADS  de  Dolisie, Jérémy Lissouba, et d’autres  proches  trouvent,   ici,  l’expression de mes condoléances les plus attristées. 

        Aux  membres   de l’UPADS,  parti  dont le Président Pascal  Lissouba a  été le prestigieux  fondateur,  en  1991,  aux partis et  associations qui l’ont soutenu et  accompagné durant  son  mandat,  j’exprime ma solidarité active.

        Reposez  en paix,  Mr  le  Président. 

        Vous  laissez  à   tous ces  Congolais  et  autres  citoyens du  monde  qui   ont  eu  la   chance de  vous  côtoyer,  tout  au  long de  votre   vie,  le  souvenir   impérissable  d’une  figure morale  consensuelle  et  rassurante.  Un  acteur  impartial,  intègre,  rigoureux,  respectueux   des  valeurs   humaines  et  privilégiant  l’essentiel. 

        À  votre  endroit,  les   éloges  abondent,  comme  les  témoignages  d’affection post-mortem.

        Même  à  Etoro, vous  êtes  pleuré.  Etoro,  petite localité   forestière,  sur  les  terres   de Gamboma, au Nord  Congo,  où  dès  l’indépendance  du   pays, vous  aviez  en   charge,  dans  un  centre   d’essai  où   vous  logiez également,  l’expérimentation   technique  des  espèces  agricoles   tropicales.

       Aujourd’hui,  le  centre   s’est  écroulé. La  nature  y  a repris  ses  droits.  Mais, le  temps  passant, avec  lui, les  habitants d’Etoro,  le  nom  de Pascal  Lissouba  est  demeuré  un  mythe.  On  en  parle  sans  jamais  percevoir  l’intéressé.

        C’est  la preuve   de  ce  qu’a été  votre  stature  et   votre  dévouement  pour  votre  pays  que  vous  avez aimé  toute  votre  vie. 

              Paris  le  25  août  2020

                      Ouabari  Mariotti

                   Membre    de l’UPADS

PASSATION DE POUVOIR ENTRE SASSOU ET LISSOUBA

https://youtu.be/7JtL86Wl8BY

Le président Pascal Lissouba est décédé ce 24 août 2020 en France

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6 réponses à Joseph Ouabari-Mariotti rend hommage au président élu Pascal Lissouba

  1. samba Dia Moupata dit :

    Cher Ouabari Joseph , merci pour ces mots gentils , mais les actes c’est mieux ! Restons cohérent en politique ! Moi j’ai pris mes distances avec plein d’anciens amis qui sont passés par Bordeaux qui ont rejoints Sassou pour démolir le pays . Ce n’est pas votre cas cher Joseph .

  2. Pambou Mkaya Mvoka dit :

    Hommages et condoleances a la suite du deces du President pascal lissouba

    Que tout soit fait pour que sa depouille retourne au congo , pour y etre enterre aupres des siens

    il doit en etre ainsi comme pour la depouille de l ancien President yombhi -opangault

    La mort doit rapprocher meme si la vie pour des raisons politiques separe les hommes politiques congolais plus epris d eux memes que du peuple congolais pour des raisons egotistes

    Que la terre vous soit tres legere cher President et si vous avez ete croyant ou non que DIEU vous accueille dans ses bras et vous ouvre le paradid celeste pour l eternite
    Repos eternel cher president

  3. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    DENIS SASSOU NGUESSO SUIVRA T-IL LE DESTIN MORTUAIRE ET TOMBAL DE SES PRÉDÉCESSEURS? https://www.youtube.com/watch?v=l_IWNT75txc

  4. Val de Nantes dit :

    Plus que le concours des hommages hypocrites ,mais une réflexion approfondie sur la nécessaire explusion de nos têtes de la fonction présidentielle du Congo …
    On ne reconstruira pas ce Congo avec des postures politiques et intellectuelles blotties sous des manteaux ethniques ….
    Cette génération. bien que , diplômée pour certains , n’ avait pas su dépasser leur égocentrisme pour imprimer au Congo une démocratie ,institutionnellement ,bien sécurisée .
    La conférence nationale fut l’occasion loupée de tuer la fonction présidentielle au Congo .
    Nous payons les coûts de leur écurie politique fondée sur l’instrumentalisation et de la tribu et de la région …
    Compte tenu de ce qui précède ,une réorientation de la pensée politique moderne est vitale pour élaguer et épargner à notre pays la folie des hommes attirés par l’inépuisable désir financier au détriment du collectif …

  5. Abbé Luc Itoua Ngambolo (Historien) dit :

    Dans les traditions africaines, mourir et être enterré loin des lieux où son cordon ombilical a été enterré, est signe de déconnexion avec les ancêtre et la terre mère.
    Le spectacle odieux des anciens présidents du Congo qui meurent comme des vulgaires lapins sur la terre du colonisateur, France, est l’occasion, pour les peuples libres du Congo, de s’arrêter et de mesurer combien nous sommes perdus dans le cours fluvial de l’existence, comment nous traversons la vie terrestre comme des voyageurs sans bagages, ballottés par des vents terroristes, sans voile et sans pagaie dans la pirogue trouée de la France.
    La mort du Président Lissouba est un signe annonciateur du grand malheur qui s’abat déjà sur le clan sassou, usurpateur des terre d’Oyo, qui tue par jalousie les vrais jeunes Mbosi, par le biais de l’armée.
    La mort de Lissouba, à la vérité, est la voix du coq qui chante le matin inaugural de la libération du Congo, de la bande des faux politiques guerroyeurs des années 1960.
    Nous pouvons être sûrs que le trépas de Sassou n’est plus loin,
    car l’équipe des présidents du Congo morts vient d’être renforcée par Lissouba, son plus grand ennemi.

  6. Vulgarus dit :

    Je déteste pleinement les hypocrites. Ils se reconnaîtront.
    Fake ass!

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