Je m’indigne contre les propos honteux de monsieur Emmanuel Macron !

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

« Là où je vois trop souvent de l’hypocrisie, en particulier sur le continent africain je vous le dis avec beaucoup de calme et de sérénité à ne pas savoir qualifier une guerre qui en est une et à ne pas savoir dire qui l’a lancée. » dixit monsieur Emmanuel Macron depuis le Cameroun le 26 juillet 2022.  

Le privilège de monsieur Emmanuel Macron est celui d’être un homme Blanc qui pense donner des leçons de morale à tout un continent, notamment l’Afrique, en traitant tous ses habitants d’hypocrites.  

Cela n’est pas sans nous rappeler un autre Président français, Nicolas Sarkozy, dans un discours du 26 juillet 2007 à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar au Sénégal qui déclarait : « L’Homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… » C’était oublié que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Dans un autre registre le général de Gaulle, Président français clamait : « La France n’a pas d’amis mais des intérêts. » 

Monsieur Emmanuel Macron voudrait-il que les Africaines et les Africains qui ne sont pas les amis de la France redeviennent des esclaves de la France comme au XIXème siècle ou des néo-colonisés comme aux XXème siècle ?  

Le 26 juillet 2007 succède au 26 juillet 2022 dans les injures contre l’Afrique de la part des Présidents français. La similitude des dates en dehors des années fera du 26 juillet en Afrique une date de la prise de conscience de notre potentiel au développement ou du réceptacle des immondices sans broncher.  

Cette saillie honteuse de monsieur Emmanuel Macron montre à quel point la France, nous ne disons pas les Occidentaux ni les Européens, n’a pas de considération pour les Africaines et les Africains, disons les Noires et Noirs d’Afrique. 

Comment peut-on traiter d’hypocrite tout un continent qui compte 54 États souverains de langues différentes, de cultures différentes, de monnaies différentes, de sensibilités différentes, de politiques étrangères différentes ? Ce n’est à rien n’y comprendre sinon que du mépris vis-à-vis d’un continent qui tel un volcan endormi est en train de se mettre en éruption à travers une jeunesse dynamique qui ne supporte plus les errements de ses ainés trop longtemps à la botte du monde occidental aux dépens de l’Afrique qui tarde à sortir du sous-développement dans lequel elle est artificiellement maintenue.  

Dans notre histoire politique commune, aucun Président d’un pays africain n’a jamais dit que les Européens étaient des Nazis ou des Colonisateurs. Et pourtant, il y a eu l’Allemagne nazie, la France et le Portugal pays colonisateurs en Afrique. 

Cette confusion mentale de monsieur Emmanuel Macron de penser que le continent africain doit penser comme un seul Homme est une lubie. Comme partout dans le monde, chaque État souverain à sa politique étrangère, et se détermine comme la France en fonction de ses intérêts en toute indépendance.  

Alors pourquoi le choix des pays africains souverains dans le conflit qui oppose la Fédération de Russie et l’Ukraine serait-il sujet à controverse confinant à l’hypocrisie ?  

Monsieur Emmanuel Macron doit savoir que l’Afrique francophone n’a historiquement rien en partage avec la France en dehors de la langue française imposée dont elle comprend et connaît aussi bien les subtilités. Monsieur Emmanuel Macron reprocherait aux pays africains de ne pas s’aligner sur les positions de la France dans ce conflit. Une non-allégeance perçue comme une rébellion à un pays, la France, qui aurait tant fait pour l’Afrique pendant la colonisation. La colonisation constitue un crime contre l’humanité, une violation de droits des populations autochtones qui ont été spoliées, déshumanisées au point de perdre une partie de leur identité, ce qui se ressent encore de nos jours de cet encombrant héritage colonial.  

Cette récurrence verbale qui consiste à rabaisser l’Homme Noir africain pour affirmer la suprématie de l’Homme Blanc n’est plus entendable en Afrique ou ailleurs du fait de l’égalité des droits de l’Homme que nous réaffirmons avec vigueur.  

Personne ne reprochera à monsieur Dominique de Villepin, ministre de Affaires étrangères de la France d’avoir prononcé à l’ONU (Organisation des Nations unies) le 14 février 2003, un discours affirmant l’opposition française à une intervention militaire dans la résolution du conflit irakien. Il prônait la résolution du conflit dans la paix comme le font aujourd’hui la majorité de pays africains qui sont pour la cessation de hostilités entre la Fédération de Russie et l’Ukraine. Une mort due à la guerre est une mort de trop dans un monde civilisé.  

Qui avait appelé à ne pas humilier les Russes s’attirant les foudres de Ukrainiens ? C’est monsieur Emmanuel Macron qui a priori ne savait pas qui avait lancé la guerre entre la Fédération de Russie et l’Ukraine. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. », disait Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz.  

Les Africaines et les Africains ne sont en rien à l’origine des deux tragédies guerrières qu’aient connues l’humanité notamment la première et la deuxième guerre mondiale. La sagesse avait toujours prévalu dans la résolution des conflits. Mais la corruption de nos Présidents et nos élites par l’Occident à transformer l’Afrique en un champ de bataille dans lequel ce sont les Africains qui se battent contre d’autres Africains pour le contrôle du pouvoir et des richesses que regorgent nos sous-sols. Les Occidentaux ne sont pas étrangers à cette nouvelle mentalité des Africains car c’est en Afrique qu’il y a les richesses dont veulent les Occidentaux pour leur développement et le bien-être de leur population.    

Qui parle de la guerre qui sévit dans l’’Est de la RDC (République démocratique du Congo), qualifié de scandale géologique du fait de ses richesses minières, qui a déjà fait au moins plus de 15 millions de morts et occasionnant de souffrances incommensurables pour les survivants ? C’est ici où l’on peut parler de l’hypocrisie des Occidentaux qui sont les pompiers-pyromanes dans ce conflit qui ne profite guère à la population congolaise de la RDC.  

Monsieur Emmanuel Macron doit savoir que le monde change. Il doit comprendre que celui qui veut faire une nouvelle loi en marge de la loi naturelle perd sa liberté et se crée ainsi des difficultés et des souffrances. Sa parole n’est pas une parole d’évangile, mais encore une fois une insulte faite à tout un continent. S’il y a en France, « des Français qui ne sont rien », les Africaines et les Africains sont des femmes et des hommes dignes qui ne veulent se rabaisser à de pareilles invectives.  

Le plus sidérant dans cette histoire c’est le silence assourdissant des Chefs d’États et surtout des intellectuelles et intellectuels africains, supplétifs de la France en Afrique, face à cette énième mise à terre. Trop c’est trop, « Enough is enough » comme disent nos amis Anglo-Saxons.  

NON ! Monsieur Emmanuel Macron, les Africaines et les Africains ne sont pas des hypocrites. Mais, comme tout homme Blanc et du fait de votre position, vous venez, encore une fois, comme vos prédécesseurs, de manquer du respect à l’Afrique que vous spoliez depuis des lustres, et qui ne reçoit en retour que des insanités.  

Le respect est la base de toute relation. Vos propos sur l’hypocrise du continent africain m’ont interloqué, choqué avec une impression de déjà entendu ce qui m’a fait ressaisir. Ce n’est pas nouveau car lorsque l’on perd la bataille de idées novatrices l’on se rabat sur les insultes comme dans une cour de récréation.  

L’Afrique n’est pas un pays comme la France n’est pas l’Europe. En toute franchise, sans aucune animosité aucune, les Africaines et les Africains qui ne sont en rien responsables des affaires européennes en ont marre et assez de recevoir des leçons de morale comme pour mieux les infantiliser.  

Nous savons monsieur Emmanuel Macron que vous avez de l’humour noir comme avec « Le Président Roch Kaboré du Burkina Faso, pourtant votre homologue, qui serait parti réparer la climatisation. » Cela ne nous fait plus rire en Afrique, ce manque de respect.  

Les Africaines et les Africains ont décidé de prendre leur destin en main, et rien n’y changera même pas les rodomontades de certains.  

Le respect que nous apprenons à nos enfants doit être réciproque dans les relations entre États. « Le respect se commande et il ne peut être ni donné, ni retenu quand il est dû. »

Le temps des Pères fouettards des périodes esclavagiste et coloniale est terminé.  

« Le respect mutuel est le fondement de la véritable harmonie. » dixit le Dalaï Lama Tenzin Gyatso.

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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6 réponses à Je m’indigne contre les propos honteux de monsieur Emmanuel Macron !

  1. Ekamba dit :

    À chers Miakassissa et Tous,

    Même si dans le fond je suis un peu bien d’accrod avec vous, mais retenons surtout ceci: « le respect et la dignité ne se quémandent pas. Ces deux valeurs s’arrachent par le travaill et le serieux des peuples; Les asiatiques ont en grande partie eu le respect et la dignité de la part de leurs freres Blancs surtout grâce au travail. »
    Regardons-nous courageusement dans nos propres mirrors.

  2. Samba dia Moupata dit :

    Cher Miakassissa , Macron faisait la leçon à son employé Paul Biya ou encore Sassou Dénis qui ont étés nommés par la France. Ces soi disant présidents ne représente que les intérêts étrangers dans nos pays ! La Russie n’est que la 11 puissance économique mondiale , donc économiquement n’apporte rien dans nos pays ! Par contre les tyrans signent des accords militaires pour la simple raison de neutraliser leurs opposants, comme Sassou Dénis qui commet des génocides dans pool .

  3. Jean Claude Boukou dit :

     » la majorité de pays africains… sont pour la cessation de hostilités entre la Fédération de Russie et l’Ukraine. Une mort due à la guerre est une mort de trop dans un monde civilisé » écrit PACM. Telle devait être en mon sens la position des Africain.e.s., ne pas prendre partie, ne pas organiser des marches à travers l’Europe ou partout ailleurs pour soutenir telle ou telle position. Car, se limitant à la France ou en exhumant la position presque unanime des conquérants, le général de Gaulle, Président français clamait : « La France n’a pas d’amis mais des intérêts. » Cette attitude, qui n’est un secret pour personne, devait aiguiller les Africain.e.s quant à leur volonté de « sortir du sous-développement ». Les autres, c’est-à-dire, les Occidentaux sont des conquérants. En d’autres termes, puisqu’ils sont pour la plupart au service du PLUS GRAND NOMBRE, toutes leurs combines n’ont d’autres noms que la CONQUETE. Quand ils ont besoin des matières premières pour leurs multiples industries ou n’importe quel dessein, si par la prétendue coopération gagnant-gagnant ils n’y perçoivent aucune cause en leur faveur, ils procèdent par la violence. Ils arrachent tout et emportent chez eux pour CONSTRUIRE et REDISTRIBUER. Les Africain.e.s sont sommé.e.s d’en tirer des leçons, de s’ancrer dans le « travail et le sérieux ». Le nouveau logiciel des Africain.e.s n’aura d’autre nom que les conquêtes économiques, sociales au lieu de s’attarder sur les jérémiades de F. Villon,
    « Ah Dieu si j’eusse étudié au temps de ma jeunesse folle
    J’eusse maison et couches molles »

    Jean Claude Boukou
    Chercheur, Sociologie des Pratiques rémunératrices

  4. Val de Nantes... dit :

    @ Ekamba.
    Grosse validation !.
    C’est la paresse ,la passivité , la facilité ,qui sont les valeurs qui gouvernent le mental congolais.
    L’ odyssée vers le pouvoir politique est devenue le nouvel Eldorado des congolais à la recherche du bonheur matériel rêvé…
    Le travail est ravalé au rang des esclaves , car tout le monde veut avoir son Simba sac .
    La valeur du travail a été démonétisée par des pratiques politiques qui confinent au renoncement aux efforts individuels ,porteurs de l’élévation sociale…
    Les conséquences de cette attitude néfaste , c’est l’apologie de la flatterie ,de la dépendance du FMI .
    D’où notre perte d’identité auprès de la France et bien d’autres pays…
    Lorsqu’on transpose cette idéologie nihiliste au niveau national , vous avez un désert économique qui vous envoie à l’arrière monde….
    Les raisons de cette déraison ou folie résident dans l’esprit des autorités congolaises incompétentes de ne rien faire ,si ce n’est attendre les retombées de l’or noir…
    On peut ou ne pas aller à l’école ,le pouvoir politique supplée la déroute scolaire..

  5. Divin dit :

    Donc le PD de Macron là veut encore faire son matalana quoi! Avec cette grande bouche de salope, il oublie qu’en balançant ses belles paroles, il continue à pier le soi-disant continent hypocrite !

  6. Paul Jean-Ernest OTTOUBA-KASSANGOYE dit :

    @ M. MIAKASSISSA
    Je vous avoue avoir beaucoup de mal à vous suivre dans votre indignation devant les propos dits irrévérencieux ou disgracieux tenus par M. Emmanuel Macron au sujet des africains et de ces personnages présentés comme leurs chefs d’Etat. J’en arrive à poser la question de savoir ce que vous attendez ou ce à quoi vous vous attendiez de M. Macron et des chefs d’Etat français. Votre indignation résonne comme la preuve d’une déception ou d’un dépit, semblable à une déception ou à un dépit amoureux.
    Pourtant, notre conscience intellectuelle, nourrie comme se doit par des faits de guerre, d’histoire coloniale et d’histoire des « indépendances » africaines aurait dû nous conduire vers cette prise de distance nécessaire à l’égard de M. Giscard d’Estaing, M. Chirac, M. Sarkozy, M. Hollande et de M. Macron. Tous chefs de l’Etat français de la période récente.
    Cette conscience intellectuelle aurait dû ne pas nous faire oublier que depuis M. Charles de Gaulle, l’Etat français est conduit par des théorèmes ou des principes qui sont invariablement appliqués par ses successeurs. Le caractère de « gauche » ou de « droite » de chacun d’eux n’y change rien, quant à l’absolue nécessité de les appliquer au nom de la France. A l’actif de ces principes, il y a notamment celui qui énonce que « la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ».
    Je crains que du côté du Rassemblement National et, au-delà des postures électives, on y soit dans le respect scrupuleux de ce même principe. Au nom du souverainisme.
    Je fais l’hypothèse que l’application de ce principe obéit à un cadre singulier, celui de la « servitude volontaire », que j’emprunte à Etienne de La Boétie. Ce cadre n’est pas celui de la domination par la fabrication d’êtres dociles ou de sujets- le créateur du sujet ayant une responsabilité à l’égard de son sujet comme en royauté-mais celui de la fabrication d’un personnage ou d’une figure historique, celle du « renonciateur ».
    Je précise ici que tous les rebelles à cette figure qui, hier M. Lumumba, M. Thomas Sankara et M. Marien N’Gouabi et, aujourd’hui M. Assimi Goïta, ont été assassinés. La tête de M. Assimi Goïta est d’ailleurs mise à prix, en quête de renonciateur parfait. Celui-là qui s’engagera dans son assassinat. Comme il y a un  » bouc-émissaire parfait » (René Girard), il y a aussi un renonciateur parfait.
    Pour Nietzsche, le renonciateur est un individu rationnel, calculateur, fidèle au calcul « avantage -coûts- risques ». Il « aspire à un monde supérieur, il veut s’envoler plus loin et plus haut que tous les hommes de l’affirmation, -il se déleste de beaucoup de choses qui alourdissent son vol et, parmi ces choses, il y en a qui ont de la valeur et qu’il aime: il les sacrifie à son désir (« désir mimétique » (René Girard?) des hauteurs. Or, c’est ce sacrifice et ce rejet qui sont seuls visibles en lui: c’est pour cela qu’on lui donne le nom de renonciateur, et c’est comme tel qu’il se dresse devant nous, drapé dans son froc, et comme s’il était l’âme d’un silice. Mais il est très satisfait de l’impression qu’il produit: il veut cacher à nos yeux son désir, sa fierté, son intention de s’élever dans les airs, au-dessus de nous »(in Nietzsche, Le gai savoir, op.cit. pp.130-131).
    En somme, le renonciateur est responsable de lui-même. de ses actes. Il peut donc faire l’objet de « blâmes » ou de « reproches ». Comme n condition de puérilité. Sans être son exégèse, je pense M. Macron, comme Sarkozy et Hollande dans leur genre, est sur cette posture. La « flatterie » comme gage ou témoignage de « mépris ». La subtilité c’est qu’il ne vous est pas pris par le mépris ou que vous n’êtes en rien méprisables.
    Alors, à quoi avons nous renoncé et qui nous rend aussi « méprisables ». Ce que notre cécité nous interdit de voir, d’observer. La raison aliénante.
    Nous nous sommes « délestés » de nous-mêmes, de notre patrimoine, de notre identité. A commencer par la couleur de notre peau (le « noir silure » en souvenir de ma bien aimée tante Julienne) au profit de l’introuvable blancheur, jusqu’à notre imaginaire (nos rêves) en passant par notre alimentation, nos dialectes ou nos langues au profit du français ou du fran-lingala ou du fran-kituba, de nos noms de famille et de nos accents linguistiques au profit de leur francisation, de nos terres et de nos ressources naturelles (même l’air que nous respirons) au profit des étrangers, les supports symboliques de notre existence au profit du christianisme et de la franc-maçonnerie.
    Personne ne nous a obligé à le faire. Nous l’avons fait et continuons à le faire. Souvent, avec un esprit de zèle assumé. En conscience.
    Sur ces considérations, je pense qu’il ne faut pas attendre de M. Macron quelques signes de respect ou d’amour. On n’en aura pas. Comme hier avec M. Chirac. Jamais. Aussi longtemps que nous serons dans l’ordre discursif et politique-notre raison- de la « servitude volontaire ». Il en va de notre survie par notre désaliénation. Et si nous pouvions être nous-mêmes. en suivant le sentier aujourd’hui balisé par le peuple malien, et hier par la lutte des Noirs Américains. De la fierté. Encore et toujours.

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