In extremis la BDEAC accorde un financement suspect à ECAIR. Par Rigobert OSSEBI

ecair

Tout le monde annonçait la mort de la compagnie congolo-portugaise ECAIR (15% appartiennent à une obscure société portugaise, Heliavia, dont rien ne prouve l’existence au Portugal).

Depuis des semaines, des signaux inquiétants parvenaient aux usagers et au personnel de la compagnie. Les vols intérieurs avaient été suspendus, toutes les rotations extérieures étaient réduites ; récemment, un Boeing 737 ECair avait curieusement pris feu lors de sa révision à Prague (pourquoi Prague ?). Tout annonçait la faillite inéluctable du rêve mégalomaniaque d’un « Hub brazzavillois » avec ECair. La destination de Brazzaville, comme pour Dubaï, devait permettre à tout passager de se rendre ensuite partout en Afrique et dans le monde.

En fait Brazzaville dans le domaine du transport aérien, comme dans celui du développement et de la politique, n’est que synonyme de cul-de-sac ; Brazzaville n’est assurément que la capitale mondiale de l’incompétence et de la corruption. Arrivé à cette destination, impossible même de se rendre à Pointe Noire avec ECair… !

Alors, comme par miracle, Abbas Mahamat Tolli, président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) et le gouvernement de la République du Congo, représenté par Calixte Nganongo, ministre des Finances, du budget et du portefeuille public, ont signé récemment, au siège de la BDEAC à Brazzaville (République du Congo), une convention de prêt d’un montant de 20 milliards de FCFA, « pour le financement partiel du plan de développement de la compagnie aérienne congolaise ECAir ».

Assurément, on ne peut jeter qu’un regard soupçonneux sur cette facilité de dernière minute accordée par Monsieur Abbas Mahamat Tolli, justement parce que personne au Congo, pas même les députés congolais, n’avait voulu souscrire à l’emprunt obligataire, pour le compte d’ECair, lancé par la société de Willy Etoka, la Financière. La BDEAC ne sera pas la première institution « à flirter et à coucher »[i] avec Denis Sassou Nguesso et son système de corruption institutionnalisée. Légitimement, on ne peut que se demander de quelles garanties réelles, (pas celle de l’Etat congolais qui ne vaut strictement rien) l’attribution de ce prêt a été assortie ? Ce nouveau prêt porte les interventions brutes cumulées de la BDEAC au Congo à 152 milliards de FCFA.

Pourrait-on y trouver là une opération de blanchiment ? Pas exactement, mais de l’argent sale a sûrement été apporté en garantie ! Le sauvetage d’ECair sur le plan politique, en ce moment précis, était capital. Il est fort à parier que ces 20 milliards sont une goutte infime du trésor de guerre de l’instituteur-président-8% qu’il a été obligé de réinjecter dans la compagnie pour ne pas perdre, plus encore, la face.

La cessation de l’activité d’ECair aurait porté, à coup sûr, un coup fatal à son régime !

Déjà, dans ECair, 300 milliards de FCFA ont été gaspillés par le gang d’incapables et de pillards qui est à sa tête. Dans quelques semaines, vous pouvez en être sûrs, les caisses de la compagnie seront vides à nouveau.

Officiellement, « le prêt ainsi accordé permettra la modernisation de la flotte avec l’acquisition d’aéronefs de dernière génération, l’augmentation des désertes grâce à l’ouverture de nouvelles lignes, la construction d’un hangar de maintenance à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville et la promotion des emplois nationaux à travers l’internalisation des compétences ». En réalité, ce n’est qu’un peu d’oxygène apporté à la compagnie qui a été privée de l’aide de l’Etat Congolais.

Quel voyageur pourrait avoir envie de passer par Brazzaville, capitale d’un pays où les arrestations arbitraires se multiplient ? Le soutien de cette institution au pouvoir de Monsieur 8%, en cette période précise, est absolument indigne. Le FMI avait claqué la porte au nez du ministre corrompu Gilbert Ondongo. Il est infiniment regrettable que la BDEAC n’en ait fait de même avec Calixte Ganongo.

Personne ne peut croire, comme il a été dit dans la publication du prêt que « la connexion à grande vitesse des capitales et grandes villes est, non seulement un impératif commercial pour ECAir, mais contribuera à la réalisation des missions de la Cemac en facilitant la mobilité des personnes, des biens et des services dans l’espace communautaire. Cette intervention de la BDEAC cadre avec ses priorités opérationnelles et sa mission d’amélioration du bien-être des populations de la sous-région »

L’amélioration du bien-être des populations de la sous-région et du Congo-Brazzaville sera, avant tout, assurée par le départ de Monsieur 8%. Le nouveau pouvoir qui finira bien par s’installer au Congo devra impérativement révéler les complicités extérieures dont ce dernier a bénéficié.

Rigobert Ossebi

Diffusé le 18 juin 2016, par www.congo-liberty.org

[i] « Avec la Françafrique, je flirte mais je ne couche pas ! » Jean Yves Le Drian

ECAIR: une compagnie aérienne au service de la mafia du pouvoir de Brazzaville (1ere partie)

 

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19 réponses à In extremis la BDEAC accorde un financement suspect à ECAIR. Par Rigobert OSSEBI

  1. Emprunt obligataire : les parlementaires sollicités pour redonner vie à ECAir dit :

    Les responsables du cabinet conseil « La Financière » ont tenu le 9 juin à Brazzaville une journée de sensibilisation à l’endroit des parlementaires, membres des commissions économie et finances des deux chambres du Parlement. La journée visait à convaincre les députés et sénateurs pour souscrire des parts dans le chiffre d’affaires de la compagnie aérienne ECAir, en proie à d’énormes difficultés.

    « ECAir sollicite le soutien des députés et sénateurs pour l’aider à décoller », a d’entrée de jeu lâché le directeur général de « La Financière », Innocent Dimi, remettant à chacun des parlementaires un bulletin de souscription.

    Depuis mars 2016, ECAir a initié, via le Cabinet conseil, une vaste campagne d’emprunt obligataire à travers une série d’appels publics à l’épargne intitulé « Ecair 6% brut 2016-2021 ». A travers cette opération les responsables de la compagnie entendent amener le public à « investir, fructifier et rentabiliser » leur argent pour un montant minimum de 10.000 FCFA par souscripteur, avec un intérêt de 6% du brut par an. Les initiateurs de ladite opération espèrent atteindre pour toute la campagne le montant de 60 milliards FCFA, a –t-on appris de source bien indiquée.

    La compagnie aérienne ECAir a été créée en 2011 avec un chiffre d’affaires de 190 milliards FCFA répartis entre l’Etat congolais (99 %) et le Port autonome de Pointe-Noire (1%).

    Outre les parlementaires, les opérateurs économiques avaient déjà été sensibilisés à la question, sans succès apparent. « Depuis le lancement de l’opération sur l’emprunt obligataire d’ECAir, aucune réaction positive n’a jusque-là été enregistrée », a-t-on lancé dans la salle.

    De leur côté, les députés et sénateurs ont émis quelques réserves quant à l’issue d’une telle démarche, soulignant la nécessité « d’étudier d’abord la question avant de s’engager ».

    Critiquant ouvertement les contre-performances d’ECAir, les parlementaires ont posé quelques préalables : « il faut qu’on vienne d’abord vers vous pour comprendre ce qui ne marche pas avant de se prononcer », ont-ils dit, s’adressant aux responsables du Cabinet.

    Notons qu’ECAir emploie 700 agents pour une flotte de 7 avions dont 6 seraient à ce jour en révision hors du pays. Cette société aérienne qui a fait ces dernières années la fierté du Congo desservait plusieurs lignes nationales et internationales.

    Jean Kodila

    http://adiac-congo.com/content/emprunt-obligataire-les-parlementaires-sollicites-pour-redonner-vie-ecair-52583

  2. Anonyme dit :

    C’est la vraie raison de ce prêt, car une société qui ne peut aligner trois bilans ne peut prétendre à un financement obligataire…
    Espérons simplement que ce n’est pas pour payer les acomptes du DREAMLER aménagé VIP qui devrait permettre à SASSOU de voyager pour la HAVANE CUBA!

  3. MOUKOK MVANGA dit :

    Les Vols ECAIR sont déjà en soi un danger pour la sécurité aérienne en général et pour celle de tout voyageur en particulier.
    Personne ne serait rassuré de prendre un avion d’une compagnie, dont un des avions prend feu dans un pays où il est en révision.
    Il faudrait commencer à faire la lumière sur cette affaire d’incendie de l’avion d’ECAIR à Prague. Curieux ou mystérieux incendie.

    Avec ce genre de négligence pas étonnant qu’un de ces jours futurs on entende un accident pire et hécatombesque… Le genre d’avion à éviter à tout prix. Surtout quand l’incompétence des gestionnaires s’en mêle.

    En matière d’aviation, rien de PIRE que l’INCOMPETENCE ET LA MEDIOCRITE HUMAINES

  4. Obambi dit :

    Cet argent sert à rembourser la banque de Dominique Okemba.

  5. BOB dit :

    Le multimilliardaire Etoka n’a donc rien a prêté à Ecair?
    Il y a moins de 3 ans que Ondongo Gilbert fanfaronnait que le Congo disposait de 1000 Mds de F CFA de reserves à la BEAC. Où sont-ils alors?

  6. VAL DE NANTES , dit :

    Ce financement dantesque va en appeler d’autres car le bébé ECLAIR est un véritable tonneau des danaides . Les financements opaques dont il bénéficie , n’améliorent nullement les méthodes de gouvernance de cette compagnie vouée à l’échec .
    Ce unième sauvetage financier est la conséquence de l’impéritie dont fait montre le SASSOULAND .

  7. jean michel dit :

    Que cette compagnie Ecair ait des difficultés financières ne m’étonne guère; je l’ai déjà prise à plusieurs reprises et me suis demandé si ses responsables ont le bon sens; décréter des rotations quotidiennes Brazza-Paris, avec des avions remplis 25%, c’est de l’incompétence notoire. or, c’est ce qui se passait! Sans compter ceux qui voyageaient gratuitement ou à des tarifs très réduits. Il faut virer la DG et son équipe.

  8. INCONCEVABLE AMATEURISME!!! TATI ¨PETROLE GOKANE dit :

    C’est en Juin – Juillet unanimement reconnu comme période de pointe que l’on suspend les vols??? C » EST UNE HONTE!!!

    PAS ÉTONNANT AVEC UNE COMPAGNIE CRÉE A LA SAUVETTE APRÈS UN DÉTOURNEMENT DE 300 MILLIARDS…..

  9. le fils du pays dit :

    @Mr Ossebi,le secteur Aerien est déficitaire a long terme et il ne nourrit pas son financier.
    Air france par exemple fait carrément du racket sur la ligne Mfoa-Paris pour avoir quelque dans la caisse.Mais le cas Ecair est plus symptômatique et dramatique.Ils ont créé une structure de toutes pièces,dans les conditions opaques et avec a sa tete des gens qui ne valent meme pas un clou.
    Le Congo post Denis Sassou alias Mister eight doit subir un vaste audit dans tous les domaines de la vie du pays afin de le remettre sur les rails.

  10. Bouétafogo dit :

    Un énième prêt, pourquoi faire, il finira comme les autres, dans les poches des dirigeants directs et indirects.
    La gestion de Ecair est similaire à la gestion du pays, avec des spécialistes de la navigation à vue, sans lendemain meilleur.

    Cette compagnie n’a pu apporter le moindre sou comme bénéfice alors qu’elle a bénéficié de plus de 180 milliards de Fcfa d’investissements de l’argent du contribuable Congolais.

    On attendra rien de cette Bande d’incompétents, incapables de rentabiliser le moindre écu.

    Prêter à Ecair, c’est comme faire garder un sac d’arachides à un coq.

  11. KIA! KIA! KIA! LES PAPIS SENATEURS DU PCT NE SE SONT PAS LAISSES AVOIR! TATI PÉTROLE GOKANÉ dit :

    LES Sénateurs même en majorité PCTISTES ne sont tombés dans le pièges pour acheter les Obligations pourries!!!
    Ces VIEUX ESCROCS ONT DEMANDE A VOIR LES COMPTES D’ABORD MALGRÉ LES MOTS D’ORDRE DU PARTI.
    KIA! KIA! KIA! C’est ces petits vauriens qui vont apprendre à ces vieux singes à faire la grimace au pays des BONOBOS…

  12. Pésa_i_mbua_i_mbua_mé_manga dit :

    Il faut comprendre que la France s’autorise ces immixtions dans la vie du Congo, c’est parce que le Congo est un Territoire sous autorité française (de façon frauduleuse soit dit en passant). Il faut IMPERATIVEMENT revenir sur l’indépendance du Congo en 1960. D’où, la nécessité d’organiser avec ou sans l’aval de la France, un Référendum à ce sujet avec les deux choix possibles:
    – Rester dans la Communauté française pour une indépendance fictive assurant l’emprise de la France sur le Congo, avec les Accords qui furent paraphés et signés par le Président Fulbert YOULOU le 12 Juillet 1960 à Paris.
    – Ou sortir de la Communauté pour une Indépendance totale et la fin de l’emprise de la France sur le Congo.

    Telle est la vraie voie qui apportera le salut au Congo. Toute autre approche est une pure perte de temps. Car, rappelons-le et c’est la REALITE INDISCUTABLE: Le problème, c’est la France. Il faut donc que les Congolais répondent à l’appel au Référendum pour l’indépendance du Congo. Cet APPEL ne saurait tarder. Soyons tous prêts.
    http://bantura.blogspot.fr/2016/06/linevitable-rupture-et-la-redefinition.html

  13. Delbar dit :

    A Pesa
    S’il y a bien un sujet où la France n’a rien à voir, c’est bien celui-ci.
    Bref, ça fait toujours du bien de dire que c’est la faute des francais…

    Ceci étant, comment voulez-vous développer le trafic aérien sur Brazza alors que le tourisme est
    pratiquement inexistant vu le coût des visas et la difficulté de les obtenir.
    L’insécurité policière et judiciaire décourage bien des gens de venir au Congo.
    Personnellement je déconseille formellement à tout étranger journaliste, avocat et autres professionnels qui veut informer de se rendre au Congo.
    A tout instant, vous pouvez etre arrête sans motifs sérieux.

    Le Congo se referme comme une huître et Ecair n’y survivra pas longtemps.

  14. le fils du pays dit :

    @ Mr Pesa bien vu et bien tant pis pour ceux qui defendent de facon tordue l’empire francais sur cet espace.Nous sommes conscients et nous savons que c’est la france qui est creatrice du drame Congolais
    Les Algeriens ont gagne la liberte,l’independance et le respect en mettant l’empire francais hors d’état de nuire.Bowao et d’autres de Frocad,il faut arreter de tourner en rond,vous perdez votre temps et vous faites perdre egalement au peuple Congolais du temps.Il faut absolument et imperativement appliquer la dotrine de la guerre de tout le peuple en armant les 92% de Congolais qui ont dit non a l’esclavage afin de chasser du Congo la france,ses multinationales et son valet Denis Sassou alias Mister eight per cent(8%).

  15. VAL DE NANTES , dit :

    Une banque fonctionnant selon les règles de l’art bancaire , ne peut s’autoriser à prêter de l’argent à une compagnie qui n’a jamais publié le moindre bilan financier annuel .
    Je pense fortement à une opération mafieuse de recyclage des deniers publics volés par le clan en faveur de cette malade éternellement sous perfusion pécuniaire .
    La BDEAC rejoint la liste des accusés complices des crimes du CLAN , et elle en répondra dans la période post SASSOU .

  16. Delbar dit :

    Pour répondre à Fils du pays, je tiens à le rassurer.
    Si je participe à cet espace, c’est uniquement pour défendre le Congo et certainement pas la France.
    Cependant avec des discours aussi réducteurs ( et non tordus ), comme les vôtres, Sassou a encore de beaux jours devant lui.

  17. le fils du pays dit :

    Mr Delbar,
    Vous pouvez remarquer que je suis constant dans mes positions c’est parce qu’aucune personne qui a été a la tete du Congo avant Mr Denis Sassou alias Mr 8% a fait ce qu’il a fait et ce qu’il continue a faire.
    Je tiens a vous le réitérer que Denis Sassou est une fabrication française.
    L’empire français l’use habilement pour maintenir le Congo la tete sous l’eau.
    La solution que je préconise est unique,globale et définitive c’est la chasse par le feu des canons du valet Denis Sassou et son employeur la france.

  18. Delbar dit :

    A Fils du pays.
    Je respecte évidemment vos positions d’autant que l’un et l’autre nous avons comme seul but de chasser Sassou.
    Je pense cependant que, si la France a des responsabilites dans la situation actuelle du Congo ,elle n’est pas la seule.
    Enfin la situation en Algérie n’est pas aussi florissante que vous le croyez.
    Le chômage est très important et la democratie est loin d’être respectée.
    Le jour où Sassou sera parti, il faudra des hommes forts et honnêtes qui feront la part des choses.
    Très cordialement.

    Ps : vivement la liberté à Brazza où nous pourrons déguster une bonne bière ensemble.

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