HOMMAGE A NOS « PÈRES DE LA NATION » FULBERT YOULOU, JACQUES OPANGAULT, MASSAMBA-DEBAT…

Félix Tchicaya, Fulbert Youlou et Jacques Opangault

Le 15 août est le jour approprié pour rendre hommage aux pères fondateurs de  notre nation. Les Congolais devraient, par civisme, s’acquitter délibérément de ce devoir de mémoire. Cependant, combien le font ou ne le font pas ? Est-ce par ignorance ou faute d’intérêt ? Tandis que ceux qui ont connu ces personnages tendent à disparaitre et que la  jeune génération, celle de l’après-conférence  nationale souveraine, les ignorent, celle de l’entre-deux a une perception erronée de  leurs profil et statut déformés par la propagande idéologique pseudo-marxiste du PCT. Il est temps que la nation se ressaisisse et organise une sorte de pédagogie de devoir de mémoire pour rétablir la vérité historique afin d’éviter une déculturation sociale intellectuellement dangereuse pour la construction de la nation.

Lors d’une interview du 16 avril 1991 sur Télé-Congo, Pascal Lissouba, alors  potentiel candidat à la primature de la transition démocratique et à la magistrature suprême, évoqua leur mémoire en des termes très élogieux. « Ceux qui nous ont précédés », a-t-il déclaré, « je fais allusion à Youlou, je fais allusion à Massambat-Débat, je fais allusion à Opangaut qui m’a également pris en affection d’une manière assez touchante, qu’on parle du mausolée pour la réhabilitation de la mémoire de Massamba-Débat et de Youlou, mais je crois qu’il faudrait associer également Opangaut, je crois qu’il faudrait associer également celui que j’ai moins connu parce que j’étais très jeune à l’époque, Félix Tchicaya. Je crois que ce sont de grands   hommes. Ils nous ont laissé un grand héritage ; ils nous ont laissé  un Congo uni »

La Conférence nationale souveraine a eu pour mérites indéniables, entre autres, la reconstitution de la mémoire nationale de la période postindépendance dans une perspective  de rétablissement de la vérité historique et la restauration de la légitimité du pouvoir politique  dans notre pays. Indépendamment de toutes critiques, elle demeure l’unique opportunité  qui a permis à la nation de redécouvrir l’authenticité de son histoire et l’originalité de ses personnages enfouies sous une chape de plomb dont l’étanchéité révèle le degré de nuisance de la machine idéologique du PCT en charge de la contorsion de notre passé. A travers le démenti des contre-vérités de la propagande « PCTiste » par des témoins oculaires et acteurs décisifs des événements liés à cette période, la CNS a reconstitué notre sinistre passé, blanchi les personnalités stigmatisées et réhabilité nos héros et nos pères de l’indépendance. Les Congolais, éclairés, ont ainsi redécouvert la face cachée d’un relationnel impulsé par des leaders dont les vertus ont donné de la politique une image idyllique, celle de la cogestion de la cité par tous ses citoyens démocrates.

Pendant près de trois décennies, en réalité, l’écrasante majorité des Congolais à été écartée de la gestion de la chose publique et a conséquemment perdu foi dans la politique. Considérée depuis l’antiquité comme l’art de gestion collective de la cité, la politique devint, dans notre société, un simple instrument de gouvernance monopolistique du pays et de manipulation de l’opinion publique par des autocrates. L’accaparement du pouvoir par une autocratie endoctrinée à l’idéologie marxiste bouleversa les repères sociétaux et entraîna un changement de paradigme chez les Congolais en âge de gouverner la société. Or nos pères de la nation étaient de cette  génération à double éducation, la traditionnelle du mbôngi et la moderne de l’école officielle, chevauchant entre deux époques, la coloniale et la postindépendance, donc pétris d’une culture intégrale et consistante les prédisposant à la politique comme des missionnaires humanitaires  veillant incessamment sur l’équilibre social. Autrement dit, ils assimilaient la politique à un laïcat national ou un sacerdoce exercé par  des laïcs pour le compte de la nation.  

C’est bien fortuitement, d’ailleurs, que le premier Président de la République, Fulbert  Youlou, fut un prélat tout comme son successeur, Alphonse Massambat-Débat, qui fut un pasteur de l’Eglise évangélique. Les  deux  n’eurent point de peine à basculer du sacerdoce au laïcat, considérant le changement de domaine d’action comme la continuité de la même mission dont seuls les bénéficiaires changeaient de statut de fidèle à celui de citoyen. Les  pères de la nation étaient des personnalités d’un calibre diamétralement opposé à celui de leurs successeurs d’aujourd’hui. Ils étaient pleins d’humanisme et servaient la nation avec engagement et désintéressement. Ils avaient une conception scrupuleuse du patrimoine étatique prescrivant une nette distinction du bien public de la propriété privée du fonctionnaire,  d’une part,  et  une stricte orthodoxie financière, en particulier, arrimée à une  transparence administrative,  en général. La foison d’anecdotes sur la méritocratie et l’orthodoxie des fonctionnaires astreints à justifier l’utilisation de leurs frais de mission et à reverser le reliquat au Trésor public forme une légende inspirant une vive nostalgie de cet âge d’or de la République.

Ces  pionniers de la République  ne dilapidaient ni ne subtilisaient le patrimoine public mais le géraient avec responsabilité comme un bon père de famille ; au plus, ils l’enrichissaient opportunément avec leur fortune propre. La dotation à la nation par le Président Fulbert Youlou certains immeubles importants abritant nos représentations diplomatiques à l’étranger et  d’édifices publiques, dont toutes les mairies centrale et d’arrondissement de Brazzaville, est une parfaite illustration de cet attribut de générosité inédite d’un chef d’Etat. Interpellant est donc ce paradoxe démagogique et infamant qui stigmatise le Président Youlou comme pilleur de l’Etat alors qu’il est l’unique dans son genre à avoir fait don à la nation. Le doyen Dieudonné Antoine-Ganga nous en dit long à propos dans son plaidoyer pour ce dignitaire blasphémé qui mérite, à cet effet, un procès de réhabilitation : Le Président Abbé Fulbert Youlou aurait-il tout volé ?

La personnalité de ces grandes figures de l’indépendance était  pour les populations une source d’inspiration, d’engagement et d’implication dans le champ politique. Leur probité morale et la simplicité de leur vie faisaient d’eux des modèles à imiter pour les citoyens et contribuaient  à l’établissement d’un climat de confiance réciproque fondant la légitimité de leur pouvoir. Ils n’imposaient pas leur autorité aux populations par contrainte physique  comme c’est le cas aujourd’hui mais ils l’attiraient de la gagnaient de celles-ci par le biais de la confiance qui impliquait une délégation implicite et délibérée du pouvoir. C’était une passation tacite de contrat social entre les leaders ou dirigeants de formations politiques et leurs militants ou sympathisants engagés de manière désintéressée et animés par une seule  préoccupation : l’accomplissement de leur idéal  politique partagé, la  réalisation d’un rêve de  création d’une nation plurielle, multiculturelle et harmonieuse ainsi que l’érection d’un socle économique sur lequel devaient se greffer  des projets tentaculaires de développement durable  du nouvel Etat indépendant.

Nos pères de la nation avaient  le sens de l’honneur et étaient conséquents dans leur conduite. Ils avaient l’esprit républicain ; ils en observaient scrupuleusement les principes et agissaient conséquemment en toutes circonstances. Ils se témoignaient une solidarité réciproque illustrée par des actes concrets rapportés pas des anecdotes très partagées dans l’opinion publique mais également vérifiées et confirmées par des témoins oculaires. Primo, en 1963, après la chute de Fulbert Youlou aux arrêts, Jacques Opangaut, son vice-président, rentrant d’une mission de l’étranger, alla également se livrer aux nouvelles autorités pour se constituer  prisonnier par solidarité gouvernementale. Secundo, rapporte Pascal Lissouba dans son interview, « on a proposé à Opangaut de prendre la succession de  Youlou, d’être le Premier ministre, il a répondu : « Je ne serai jamais dans un gouvernement où Fulbert ne se trouve pas ». Ils étaient des hommes de parole.

Nos pères fondateurs étaient enfin de beaux esprits dont la rencontre créait une résultante harmonieuse. Leur magnanimité leur facilitait une appréhension inclusive de la diversité culturelle des communautés composant notre nation et une approche transcendante de  toute divergence ou conflit susceptible d’en résulter. Ainsi, Fulbert Youlou et Jacques Opangaut tranchèrent sagement et habilement les aboutissements malencontreux de l’incident politique du transfuge du  député Yambot de 1958. En février 1959, l’affrontement entre militants des formations politiques du MSA et de l’UDDIA prit des allures d’un conflit tribal entre nordistes et sudistes. Conséquemment, pour le salut de notre nation à peine en gestation, les pères de la nation décidèrent par consensus de fusionner  toutes les formations politiques en un parti unique en vue  d’enterrer définitivement la hache de guerre entre communautés culturelles (L’explication est d’Antoine Lethembet-Ambily, ancien secrétaire de la présidence de Fulbert Youlou). Il est d’interpréter ce déchirement de communautés comme un accouchement dans la douleur de notre nation qui retrouva aussitôt après l’harmonie de sa diversité.

Ainsi naquit notre nation qui érigea en principes la compétence  et le mérite au détriment de l’affiliation tribale comme  étalon de traitement égalitaire des citoyens en vue de préserver son unité et de garantir son effectivité. Pascal Lissouba qui, comme nombre de ses concitoyens, bénéficia de ce traitement républicain, en rend un témoignage édifiant honorant, à travers les action de Fulbert Youlou, tous nos pères de la nation : « Aux côtés de cette formation universitaire, je dois reconnaitre que mon éducation technique, j’allais dire, a été d’abord interrompue par le président Youlou qui en a assuré par après le perfectionnement…C’est ainsi que j’ai, tour à tour, été directeur des services agricoles. Il m’a fait comprendre qu’il valait mieux que j’apprenne le Congo profond, que je le comprenne ; et effectivement, j’ai parcouru tout notre pays  pendant cette période. Et j’en connais à peu près  les moindres recoins et ça a été très agréable et très instructif. Mais ce n’est pas tout… Vous voyez donc qu’en dehors  de cette formation scientifique …j’ai été, grâce à la diligence de cet  homme, remarquable au demeurant, -il était bien sûr Lari, il aimait bien son ethnie mais c’était un très   grand Congolais ».

Tirons, en tant qu’intermédiaires, les leçons résultant de l’exemplarité de la  personnalité et de l’œuvre de nos pères de la nation, comme le prescrit « l’apôtre  de paix », Dieudonné Antoine-Ganga, « Léguons donc aux générations futures, l’esprit patriotique, la vérité et l’honnêteté intellectuelle ». « Oublions ce qui nous divise et soyons unis à jamais »

Tout honneur à nos pères de la nation !

David NTOYO-MASEMBO

Diffusé le 15 août 2021, par www.congo-liberty.org

POUR TOUT SAVOIR SUR L’INDEPENDANCE DU CONGO-BRAZZAVILLE LE 15 AOUT 1960: Discours prononcés par Fulbert Youlou, Massamba Débat, André Malraux ,Jean Foyer…

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Une réponse à HOMMAGE A NOS « PÈRES DE LA NATION » FULBERT YOULOU, JACQUES OPANGAULT, MASSAMBA-DEBAT…

  1. VAL DE NANTES : dit :

    S’ils revenaient sur terre , par résurrection christique , ils s’en retournaient très vite , tant la médiocrité abyssale a pris place dans les cerveaux des congolais .

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