FAIRE FACE AVEC RÉALISME AUX DICTATURES. Par David Londi

Ces régimes sont installés et ils se maintiennent par la force, qu’il s’agisse de celle de l’armée régulière (d’où le grand nombre de dictateurs militaires), de celle de milices privées, de celle d’organisations politico-policières, etc. ; ils sont autoritaires et arbitraires, c’est-à-dire qu’ils suppriment en fait les garanties de la liberté des citoyens, même s’ils continuent à les proclamer en droit ; ils ne correspondent pas à la structure politique estimée normale par la majorité des citoyens, c’est-à-dire qu’ils sont privés de légitimité, ou que leur légitimité n’est reconnue qu’à titre transitoire (on accepte cette structure politique exceptionnelle parce qu’elle est nécessaire dans l’immédiat, mais on ne la reconnaît pas comme une structure permanente). Le Congo Brazzaville est sans aucun doute une dictature. Nous devons traiter ce pays comme tel dans toutes nos analyses et recherches  de solutions. Des Démocrates, avant nous, ayant subi des dictatures ont identifié un certain nombre de pistes de réflexions.

Ces dernières années,  différentes dictatures – Tunisie, Burkina Faso, etc. – se sont effondrées face à une population défiante et mobilisée. Souvent considérées comme solidement ancrées et invincibles, ces dictatures se sont révélées incapables de résister à une défiance sociale, politique et économique concertée par le peuple.  La résistance non-violente a fait progresser la démocratie dans plusieurs pays. Bien sûr, l’effondrement des dictatures n’a pas éradiqué tous les problèmes. Néanmoins, leur chute a réduit au-moins la souffrance des victimes de l’oppression et a ouvert le chemin vers la reconstruction de ces sociétés avec plus de démocratie politique, de liberté personnelle et de justice sociale. De nombreux pays, jadis sous des dictatures, sont aujourd’hui sujets à des changements politiques, économiques et sociaux rapides, notamment ceux de l’Afrique occidentale pour ne citer que ceux-là. Malheureusement nous en sommes loin dans la partie de l’Afrique centrale et plus spécifiquement au Congo où le passé nous accompagne toujours. Le problème de la dictature dans ce pays est profond. Nous avons vécu des décennies, depuis 1969, d’oppression qui se sont traduites par l’instauration d’une idéologie pseudo-marxiste avec pour impact direct : confiscation de tous les outils démocratiques hérités de l’indépendance : suffrage universel direct, deux (2) chambres animant la vie démocratique, des élections municipales libres, l’existence d’un système d’éducation libre (public et privé), etc. Il s’en est suivi une période de glaciation démocratique symbolisée par une soumission inconditionnelle aux symboles et aux détenteurs du pouvoir, imposée par les institutions et organisations  issues de cette forme d’idéologie.  Les institutions sociales, politiques, économiques et même religieuses – hors du contrôle de l’État – ont été délibérément affaiblies, subordonnées et même remplacées par de nouvelles institutions inféodées à l’État ou au parti unique. La population a souvent été atomisée, c’est-à-dire transformée en une masse d’individus isolés ou embrigadés, incapables de travailler ensemble pour développer des libertés, une confiance mutuelle ou même de faire quoi que ce soit de leur propre initiative. Seul le parti devait diriger l’État. Tout se structurait et s’organisait donc autour de celui-ci,  un alibi pour mettre en place « l’obumitrisation » de la société dans le seul et unique but de conserver le pouvoir dans la partie septentrionale du pays et ainsi ouvrir la porte à des revanchards comme Sassou, qualificatif dont l’affublait Ngouabi. Le résultat était  prévisible, nous le constatons actuellement. La population s’affaiblit, n’a plus confiance en elle-même et se trouve incapable de résister. Les gens ont souvent trop peur de partager leur haine de la dictature et leur soif de liberté, même en famille et entre amis. Ils sont terrifiés à l’idée même de résistance publique. À quoi cela servirait-il ? Au lieu de cela ils vivent une souffrance sans but et envisagent l’avenir sans espoir.

Que faire dans de telles circonstances ? Les solutions évidentes paraissent n’aboutir à rien. Les barrières légales et constitutionnelles, les décisions judiciaires et l’opinion publique sont généralement ignorées des dictateurs. En réaction aux brutalités, à la torture, aux disparitions et aux meurtres, beaucoup de nos compatriotes ont souvent conclu, de manière compréhensible, que seule la violence pouvait abattre cette dictature. Quelle que soit la valeur de l’option violente, une chose est certaine : en plaçant sa confiance dans les moyens violents, on choisit le type même de lutte dans lequel les oppresseurs ont presque toujours la supériorité. Les dictateurs sont équipés pour appliquer une violence insurmontable. Lorsque la rébellion militaire conventionnelle est reconnue comme irréaliste, certains dissidents choisissent la guérilla. Pourtant, la guérilla ne bénéficie que rarement, voire jamais, à la population opprimée et c s’impose étant donné le nombre énorme de victimes. Les populations civiles sont souvent assassinées, déplacées par le gouvernement au prix d’immenses souffrances et d’une dislocation du tissu social. La situation du Pool qui est un véritable crève-cœur nous rappelle le drame lié à cette forme de résistance. Même réussies, les luttes de guérilla ont souvent, à la longue, des conséquences structurelles néfastes. Et si la guérilla devait finalement l’emporter, le nouveau régime qui en est issu est souvent encore plus dictatorial que le précédent, cela par l’effet centralisateur d’un nouveau pouvoir encore plus militarisé, et aussi par l’affaiblissement ou la destruction pendant la lutte des groupes qui structuraient la société civile et qui sont essentiels à l’établissement et au maintien d’une société démocratique. Nous devons donc nous tourner vers d’autres méthodes. Pour autant devrions-nous tourner vers les coups d’État, les élections ou des sauveurs étrangers ?

Un coup d’État militaire contre une dictature peut paraître un des moyens les plus faciles et rapides d’éliminer un régime corrompu. Néanmoins, cette option pose de graves problèmes. Après avoir consolidé sa position, la nouvelle clique peut se révéler plus impitoyable et plus ambitieuse que la précédente. Quant aux élections, il n’en est pas question sous une dictature : elles ne sont pas un instrument efficace de changement politique. Les régimes dictatoriaux font des parodies d’élections pour paraître démocratiques. Elles ne font que des plébiscites rigoureusement contrôlés pour faire entériner par le public des choix de candidats déjà tranchés par les despotes. Les dictateurs ne vont pas se permettre d’organiser des élections qui pourraient menacer leurs positions établies. Suite à ces situations difficiles, beaucoup  de nos compatriotes placent leur confiance en des forces extérieures. Une telle vision est confortable, mais elle pose de sérieux problèmes car de dures réalités sont à considérer avant de s’en remettre à une intervention étrangère :

  • Fréquemment, les puissances étrangères tolèrent et même soutiennent une dictature afin de faire avancer leur propre intérêt économique et politique.
  • Certains iront jusqu’à trahir le peuple opprimé plutôt que de tenir leur promesse d’aider à sa libération, cela afin de poursuivre un autre objectif.
  • D’autres agiront contre la dictature pour mieux maîtriser le pays aux plans économiques, politiques ou militaires.
  • Les puissances étrangères s’investissent parfois de manière positive pour le peuple opprimé, mais seulement si le mouvement intérieur de résistance a déjà ébranlé la dictature au point d’attirer l’attention internationale sur la nature brutale du régime.

Les dictatures existent principalement à cause de l’insuffisante répartition du pouvoir dans le pays lui-même. La survie des dictatures dépend principalement de facteurs internes, même si elles peuvent être renforcées ou affaiblies par des actions internationales. Elles tirent leur pouvoir de la faiblesse de notre résistance. Ces pressions internationales peuvent être utiles lorsqu’elles soutiennent un puissant mouvement intérieur de résistance.

 La conclusion est difficile à accepter. Pour renverser une dictature efficacement et au moindre coût, il est impératif de travailler à quatre tâches :

  • Renforcer la détermination de la population opprimée et sa confiance en elle-même, et améliorer ses compétences pour résister par des mots d’ordre clairs et simples portés par des démocrates intègres ;
  • Fortifier les groupes sociaux indépendants et les institutions qui structurent la population opprimée (Associations, syndicats, etc.) pour développer des véhicules de transport de l’information efficaces ;
  • Créer une puissante force de résistance interne par la construction d’un réseau de résistants couvrant tout le pays dépassant l’opposition institutionnelle qui a perdu toute crédibilité ;
  • Développer un plan stratégique global de libération judicieux et le mettre en œuvre avec compétence (renforcer la collaboration entre les démocrates hors du pays et ceux du terrain).

Une lutte de libération est un temps d’affermissement de la confiance en soi et de renforcement de la cohérence interne des groupes combattants.  Il est inutile de compter sur les partis politiques corrompus ou des pseudo-leaders de l’opposition nous ne devons compter que sur notre propre détermination. Quand la dictature doit faire face à une force solide, sûre d’elle-même, dotée d’une stratégie intelligente, avec des actions disciplinées, courageuses et vraiment puissantes, elle finira par s’écrouler. La libération des dictatures dépend finalement de la capacité des peuples à se libérer eux-mêmes. Mais cela ne va pas de soi. Confrontée aux graves problèmes d’une dictature, une partie du peuple s’installe dans une attitude de soumission passive. Une autre, ne voyant aucune possibilité d’aller vers la démocratie, conclue qu’elle doive composer avec cette dictature, en espérant que, grâce à la « conciliation », au « compromis » et aux « négociations », il sera possible de mettre fin aux brutalités. En apparence et faute d’alternatives réalistes, cette option en séduit beaucoup. C’est un leurre et une faute grave. Seule la lutte libère même si affronter une dictature brutale   n’est pas une perspective agréable. Pourquoi faut-il l’envisager malgré tout  ?

Dans certaines situations qui ne portent pas sur des questions fondamentales et donc sur lesquelles un compromis est acceptable, la négociation peut être un moyen appréciable pour régler des conflits (conflits en entreprise).  Lorsque les enjeux sont fondamentaux, qu’ils affectent des principes religieux, des libertés humaines ou le développement futur de toute la société, les négociations ne peuvent pas trouver une solution acceptable. Sur des questions fondamentales, il n’y a pas de compromis possible. Seul un changement radical des relations de pouvoir en faveur des démocrates peut assurer la sauvegarde des enjeux fondamentaux. Un tel changement s’obtiendra par la lutte et non pas par des négociations.

Les individus ou les groupes qui s’opposent aux dictatures ont souvent de bonnes raisons de vouloir négocier. Une offre de « paix » négociée adressée par une dictature à son opposition démocratique n’est, bien sûr, pas dénuée d’arrières pensées. Les dictateurs peuvent mettre fin d’eux-mêmes à la violence en cessant de faire la guerre à leur propre peuple. Ils peuvent, de leur propre initiative, respecter sans marchander les droits et la dignité humaine, libérer les prisonniers politiques, faire cesser la torture, arrêter les opérations militaires, se retirer du gouvernement et présenter des excuses au peuple. Les démocrates doivent se méfier des pièges qui peuvent leur être tendus par les dictateurs au cours du processus de négociation. Dans ce type de conflit, la seule négociation envisageable est celle qui se tient à la fin d’une lutte décisive, lorsque le dictateur est aux abois et qu’il cherche un couloir de sécurité pour se rendre à un aéroport international.

Il importe de considérer plusieurs questions difficiles : quelle perspective s’offre à une partie pour atteindre ses objectifs si, à la table de négociations, l’autre ne prouve pas de volonté de progrès ? Et que peut faire une partie si, après être arrivée à un accord, l’autre ne le respecte pas et utilise ses forces sur le terrain pour agir unilatéralement de manière non conforme à l’accord ? Une entente négociée n’est pas obtenue par l’évaluation des droits et des torts des uns et des autres quant aux questions en jeu. Bien que ces sujets puissent être débattus, les vrais résultats des négociations viennent de l’évaluation du pouvoir absolu ou relatif des groupes qui s’opposent. Que peuvent faire les démocrates pour s’assurer que leurs revendications essentielles soient respectées ? Que peuvent faire les dictateurs pour rester au pouvoir et neutraliser les démocrates ? Autrement dit, si l’on arrive à une entente, elle sera vraisemblablement le résultat de l’estimation dans chaque camp du rapport des forces et des projections quant à l’issue probable d’un conflit éventuel. Dans le cas de dictatures extrêmes, que peuvent céder les forces démocratiques ? Quels objectifs des dictateurs doivent-elles accepter ? Doivent-elles donner aux dictateurs (qu’ils soient un parti politique ou une clique militaire) un rôle permanent et constitutionnel dans le futur gouvernement ? Où est alors la démocratie ?

Si les dictateurs et les démocrates parlent ensemble de paix, il faut garder les idées claires, à cause des dangers que cela induit : tous ceux qui se servent du mot « paix » ne souhaitent pas nécessairement la liberté et la justice. La soumission passive à l’oppression cruelle de dictateurs, à un despote ayant fait subir des atrocités à des centaines de milliers de personnes ne correspond pas à la paix véritable. Hitler évoquait souvent la paix et cela signifiait soumission à sa volonté. La paix d’un dictateur n’est souvent rien de plus que la paix de la prison ou de la tombe. Raisons d’espérer ?

Les dictatures ne sont pas éternelles. Celles et ceux qui les subissent n’ont pas à rester toujours faibles, et il ne faut pas que les dictateurs restent toujours forts. Aristote remarquait déjà : « …Oligarchie et tyrannie ont une durée plus brève que n’importe quelle autre constitution, […] la plupart des tyrannies n’ont jamais eu qu’une durée extrêmement brève. » Les tyrannies modernes sont aussi vulnérables. Leurs faiblesses peuvent être accentuées et le pouvoir des dictateurs peut se désintégrer. L’histoire récente démontre la vulnérabilité des dictatures et révèle qu’elles peuvent s’effondrer en un temps très court (Tunisie, Burkina, etc.).

Comment cela est-il possible ? Quelle sorte de pouvoir l’opposition démocratique peut-elle mobiliser pour réussir à détruire une dictature et ses vastes réseaux militaires et policiers ? La réponse se trouve dans une lecture souvent ignorée de la nature du pouvoir. Le principe est simple. Les dictateurs ont besoin de l’aide de ceux qu’ils gouvernent. Sans eux, ils ne peuvent assurer et maintenir les sources de leur pouvoir politique. Ces sources du pouvoir politique comprennent :

  • L’autorité, la conviction, que le pouvoir essaie de repandre dans le peuple, que le régime est légitimeet que lui obéir est un devoir moral ;
  • Les ressources humaines, le nombre et l’importance des personnes et groupes qui obéissent, coopèrent, ou apportent leur assistance au souverain. C’est ici que nos dictateurs instrumentalisent le tribalisme pour avoir une assise populaire ;
  • Les compétences et connaissances, nécessaires au régime pour accomplir certaines tâches et fournies par des personnes ou des groupes coopérants ;
  • Des facteurs intangibles,facteurs psychologiques et idéologiques qui amènent les peuples à obéir et assister les dominants ;
  • Les ressources matérielles, c’est à dire la capacité des dirigeants à contrôler ou accéder à la propriété, aux ressources naturelles, aux moyens financiers, au système économique et aux moyens de communication et de transport ;
  • Les sanctions, punitions, brandies ou appliquées, contre ceux qui désobéissent ou refusent de coopérer, afin d’assurer la soumission et la coopération nécessaires au régime pour exister et mener ses politiques. Les dictateurs construisent des prisons de la peur dans lesquelles sont enfermés les citoyens pour maintenir le statu quo.

Toutes ces sources, toutefois, dépendent de l’acceptation du régime, de la soumission et de l’obéissance de la population, de la coopération d’innombrables personnes et des multiples institutions de la société. Ces appuis ne sont pas garantis. La pleine coopération, l’obéissance et le soutien renforcent la disponibilité des sources nécessaires au pouvoir et, par conséquent, augmentent le pouvoir d’un gouvernement. À l’inverse, le retrait de la coopération populaire et institutionnelle aux agresseurs ou aux dictateurs réduit ou supprime la disponibilité des sources du pouvoir desquelles dépendent tous les dictateurs. Sans elles, le pouvoir des dominants s’affaiblit et finalement se dissout. Nous devons donc nous battre pour discréditer toutes celles et tous ceux qui entretiennent des chapelles sous de faux partis politiques éthnocentrés pour endiguer la colère légitime du peuple. Dans le même élan nous avons le devoir, en tant que démocrates, d’éventrer et de dénoncer toutes les duperies comme le tribalisme qui fournissent un bataillon non négligeable de supporters au dictateur.

Naturellement, les dictateurs sont sensibles au développement des situations de résistance. Ils sont donc susceptibles de menacer et de punir ceux qui désobéissent, font grève ou n’acceptent pas de coopérer. Mais cela ne résout pas leur problème. Le pays n’a pas de prison assez grande pour contenir tous les résistants. La répression et même les brutalités ne mènent pas toujours au rétablissement de la soumission et de la coopération nécessaires au fonctionnement du régime. Si, malgré la répression, les sources du pouvoir peuvent être restreintes ou supprimées pendant une période suffisante, cela peut conduire à l’incertitude et à la confusion à l’intérieur même de la dictature. Il s’ensuivra probablement un net affaiblissement du pouvoir de la dictature. À la longue, la captation des sources de pouvoir peut mener à la paralysie et à l’impuissance du régime et, dans des cas sérieux, à sa désintégration. Le pouvoir du dictateur s’éteindra, lentement ou rapidement, par « famine politique ». Il s’ensuit que, dans quelque gouvernement que ce soit, le degré de liberté ou de tyrannie reflète la détermination des sujets à être libres, ainsi que leur volonté et leur capacité à résister à l’asservissement. Contrairement à l’opinion générale, même les dictatures totalitaires sont dépendantes de la population et des sociétés qu’ils gouvernent. Comme le notait en 1953 le spécialiste allemand en sciences politiques Karl W. Deutsch : « Le pouvoir totalitaire n’est fort que s’il ne doit pas être utilisé trop souvent. S’il doit être constamment exercé sur l’ensemble de la population, il est vraisemblable qu’il ne durera pas longtemps. Étant donné que les régimes totalitaires exigent, pour traiter avec leurs sujets, plus d’énergie que les autres formes de gouvernement, ils ont un plus grand besoin de s’appuyer sur des habitudes de docilité répandues et fiables ; plus encore, ils doivent pouvoir compter en cas de besoin sur le soutien actif d’une part majeure de la population. »

Machiavel disait que le prince « …qui a l’ensemble de sa population pour ennemi ne sera jamais en sécurité ; plus grande est sa cruauté, plus faible devient son régime. »

Trois des facteurs les plus importants qui permettent de déterminer le degré de contrôle d’un pouvoir gouvernemental sont : (1) la volonté du peuple d’imposer des limites à la puissance du gouvernement ; (2) la capacité des organisations et institutions indépendantes à retirer collectivement les sources du pouvoir ; et (3) l’habileté de la population à refuser son consentement et son assistance.

L’une des caractéristiques des sociétés démocratiques est qu’il y existe, indépendamment de l’État, une multitude de groupes et d’institutions non gouvernementales. Ce sont, par exemple, les familles, les organisations religieuses, les associations culturelles, les clubs sportifs, les institutions économiques, les syndicats, les associations d’étudiants, les partis politiques, les communautés villageoises, les associations de quartier, les clubs de jardinage, les associations de défense des droits de l’Homme, les groupes de musique, les sociétés littéraires, etc. Ces entités sont importantes car en poursuivant leurs objectifs propres elles contribuent à satisfaire des besoins sociaux. De plus, elles ont une grande utilité politique. Elles structurent les groupes et les institutions à travers lesquelles les personnes peuvent exercer une influence sur la direction de leur société et résister aux autres groupes ou au pouvoir lorsque ceux-ci semblent nuire à leurs intérêts, à leurs activités, ou à leurs objectifs. Par conséquent, si l’autonomie et la liberté de ces entités peuvent être limitées par les dictateurs, la population sera relativement impuissante. Néanmoins, si l’autonomie et la liberté de ces institutions civiles indépendantes (hors du contrôle gouvernemental) peuvent être maintenues ou reconquises, elles sont très importantes pour la mise en œuvre de la défiance politique. Le trait commun de dictatures désintégrées ou affaiblies a été la courageuse application massive de la défiance politique par la population et ses institutions. Ces centres de pouvoir procurent les bases institutionnelles à partir desquelles la population peut exercer une pression ou résister aux contrôles dictatoriaux. Si la dictature a largement réussi à détruire ou à contrôler ces groupes sociaux indépendants, il sera important pour les résistants d’en créer de nouveaux ou de rétablir un contrôle démocratique sur les groupes qui survivent ou sont partiellement contrôlés. En Pologne, à la fin des années 1980, les ouvriers firent vivre le syndicat Solidarnosc et, parfois, prirent le contrôle de syndicats officiels dominés par le parti communiste. Ces perspectives sur le pouvoir montrent néanmoins que désintégrer délibérément des dictatures est possible. Elles ont des caractéristiques particulières qui les rendent hautement vulnérables à une campagne de défiance politique bien menée. Examinons-les plus en détail.

Les dictatures apparaissent souvent invulnérables. Les services de renseignements, la police, les forces militaires, les prisons et les escadrons de la mort sont sous le contrôle d’un petit nombre de personnes puissantes. Les finances d’un pays, ses ressources naturelles et ses capacités de production sont souvent arbitrairement pillées par les dictateurs qui s’en servent pour satisfaire leur volonté. En comparaison, les forces démocratiques d’opposition apparaissent souvent extrêmement faibles, inefficaces et impuissantes. Parmi les points faibles des dictatures, dans le cas du Congo, on trouve :

  • Les impacts de la crise économique (fermetures d’entreprises, salaires et pensions de retraite non versés, système de santé agonisant, etc.). Conséquences d’un PIB qui est passé de 16 milliards de dollars en 2013 à 8,5 en 2016) qui engendre des tensions sociales.
  • « Qui a l’ensemble de sa population pour ennemi ne sera jamais en sécurité ; plus grande est sa cruauté, plus faible devient son régime » (Machiavel).
  • Le personnel et les ressources qui sont affectés à des tâches existantes peuvent avoir du mal à se rendre disponibles pour de nouveaux besoins. La multiplication des fronts sur le social (grève, boycott, désobéissance civile, etc.) et le plan militaire (situation du Pool).
  • Par crainte de déplaire à leurs supérieurs, des subordonnés peuvent ne pas rapporter les informations précises ou complètes dont les dictateurs ont besoin pour prendre des décisions.
  • La détérioration de l’efficacité et de la compétence de la bureaucratie, ou des contrôles et règlements excessifs, peut rendre inefficaces les politiques et les opérations du système. A ce point il faut souligner la banqueroute des systèmes administratifs et économiques par la généralisation de l’incompétence au détriment de la méritocratie.
  • Des conflits institutionnels internes, des rivalités ou hostilités personnelles peuvent nuire au fonctionnement de la dictature ou même la déstructurer (les déchirements du clan commencent à se manifester au grand jour).
  • Les intellectuels et les étudiants peuvent perdre patience en raison des exigences de la dictature, des restrictions et de la répression.
  • L’exacerbation des conflits ethniques.
  • La hiérarchie d’une dictature est toujours quelque peu – et même parfois très fortement – instable. Les individus ne restent pas au même niveau, ils peuvent monter ou descendre des échelons ou même être complètement écartés et remplacés.
  • Des sections de la police ou des forces militaires peuvent profiter de situations pour atteindre leurs propres objectifs (rackettages), même contre la volonté du dictateur en place, y compris par un coup d’État.
  • Avec tant de décisions prises par si peu de personnes, les dictatures sont exposées aux erreurs de jugements, de politiques et d’actions.

Connaissant ces faiblesses fondamentales, l’opposition démocratique peut délibérément chercher à exacerber ces « talons d’Achille » afin de changer radicalement le système ou de le désintégrer. La conclusion est claire : malgré leur force apparente, toutes les dictatures ont des faiblesses, des inefficacités internes, des rivalités personnelles, des inefficacités institutionnelles et des conflits entre organisations et services. À la longue, ces faiblesses tendent à rendre le régime moins efficace et plus vulnérable aux changements et à une résistance délibérée. Ceci ne signifie pas que les dictatures peuvent être détruites sans risques et sans victimes humaines. Tous les types d’entreprises libératrices entraînent des risques, des souffrances, et nécessitent de la patience. Et, bien sûr, aucun moyen d’action ne peut assurer un succès rapide en toutes circonstances. Néanmoins, les types de luttes qui visent les faiblesses identifiables des dictatures ont plus de chances de réussir que celles qui les attaquent dans les domaines où elles sont les plus fortes. La question est de savoir comment entreprendre la lutte ?

Contrairement à la défiance politique, la résistance  armée ne frappe pas le point faible des dictatures, mais, au contraire, leur point fort. En choisissant de concourir dans le domaine des forces armées, avec munitions, armes technologiques, etc., les mouvements de résistance se mettent clairement dans une position désavantageuse. Dans ces domaines, les dictatures pourront presque toujours rassembler des ressources supérieures. Quant à espérer être sauvé par une puissance étrangère, les dangers induits ont été exposés. Quelles sont donc les voies suffisamment sûres qui peuvent s’offrir à une résistance démocratique pour aggraver les faiblesses des dictatures que nous avons identifiées ? La réponse est la défiance politique. Elle a les caractéristiques suivantes :

  • Elle ne s’engage en aucun cas dans les domaines de lutte choisis par le pouvoir dictatorial.
  • Elle est difficile à combattre par le régime.
  • Elle seule peut aggraver les faiblesses de la dictature et peut couper les sources de son pouvoir.
  • Son action peut être soit largement dispersée, soit concentrée sur un objectif spécifique.
  • Elle conduit le dictateur à des erreurs de jugement et d’action.
  • Pour mettre fin à la domination brutale de quelques-uns, elle peut, dans le combat, mobiliser efficacement toute la population et les groupes et institutions de la société.
  • Elle contribue à décentraliser le pouvoir dans la société, préparant ainsi l’établissement durable d’une société plus démocratique.

Comme les moyens militaires, la défiance politique peut être utilisée dans différents buts : en vue de pousser l’adversaire à faire telle ou telle chose, pour créer les conditions favorables à la résolution du conflit, ou pour déclencher la désintégration du régime adverse. Cependant, la défiance politique s’opère par d’autres voies que celles de la violence. Bien que les deux techniques soient des manières de mener la lutte, elles remplissent leur fonction avec des moyens différents, et ont des conséquences différentes. Les modalités et implications des solutions violentes sont bien connues, des armes physiques sont utilisées pour intimider, blesser, tuer et détruire. La lutte non-violente est un moyen beaucoup plus complexe et multiforme. Son arsenal inclut des armes de nature psychologique, sociale, économique et politique qui sont maniées par la population et les institutions sociales. On parle de protestations, de grèves, de non-coopération, de boycotts, de désaffection ou de pouvoir du peuple. Elles s’appuient sur ce besoin vital des gouvernements de disposer de la coopération, de la soumission et de l’obéissance de la population et des institutions sociales. La défiance politique, contrairement à la violence, sert justement à tarir ces sources de leur pouvoir.

L’erreur commune des campagnes de défiance politique improvisées a été de miser uniquement sur une ou deux méthodes, telles que les grèves, les villes mortes et les manifestations de masse. En fait, il existe une multitude de méthodes qui permettent aux stratèges des organisations de résistance de concentrer ou de disperser le mouvement en fonction des besoins. Elles sont classées en trois larges catégories : la protestation et la persuasion, la non-coopération, et l’intervention. La première comprend des manifestations symboliques, ce qui inclut les parades, marches et veillées. La non-coopération est divisée en trois sous catégories : (a) non-coopération sociale, (b) non-coopération économique, ce qui inclut les boycotts et les grèves, (c) non-coopération politique. Le dernier groupe, l’intervention non-violente, inclut des moyens psychologiques, physiques, sociaux ou politiques tels que le jeûne, l’occupation non-violente et le gouvernement parallèle. L’utilisation d’un nombre considérable de ces méthodes – soigneusement sélectionnées, appliquées avec persévérance et à grande échelle, choisies dans le cadre d’une stratégie judicieuse, avec des tactiques appropriées, et mises en œuvre par des civils formés – risque fort de créer des problèmes graves à n’importe quel régime illégitime. Cela est valable pour toutes les dictatures. Contrairement aux moyens militaires, les méthodes de la lutte non-violente peuvent être dirigées directement sur l’enjeu d’un conflit. Par exemple, si la question de la dictature est essentiellement politique, il s’ensuit que les formes politiques de l’action non-violente seront primordiales. Celles-ci comprennent la négation de la légitimité du dictateur et la non-coopération avec son régime. La non-coopération s’appliquera parfois contre des politiques spécifiques. Il arrive que le sabotage du système par inaction et par report des tâches puisse être pratiqué discrètement et même en secret, alors qu’à d’autres moments, la désobéissance ouverte, les manifestations publiques de défiance ainsi que des grèves peuvent être organisées au grand jour. D’un autre côté, si la dictature se trouve vulnérable à la pression économique, ou si de nombreux griefs contre elle sont d’ordre économique, alors des actions comme les boycotts et les grèves peuvent être des méthodes de résistance appropriées. Le choix sélectif de différentes méthodes de grève peut s’orienter sur des secteurs-clés de l’industrie ou des transports, sur l’approvisionnement de matières premières ou sur la distribution de produits. Certaines méthodes de lutte non violente exigent des gens qu’ils n’agissent pas comme à leur habitude, par exemple qu’ils distribuent des brochures, fassent fonctionner une presse en sous-sol, fassent la grève de la faim ou aillent s’asseoir dans la rue. À moins de situations exceptionnelles, ces méthodes peuvent être difficiles à appliquer pour certaines personnes. D’autres méthodes de lutte non violente permettent au contraire de vivre quasiment comme d’habitude. Par exemple, aller au travail normalement au lieu de faire grève mais travailler plus lentement ou inefficacement. Il est possible de commettre délibérément des « erreurs », de « tomber malade » et d’être « incapable » de travailler à certaines périodes. On peut aussi simplement refuser de travailler. La similitude de ce type d’actions avec celles de la vie courante, et en tout cas leur faible différence avec des activités habituelles, facilite pour beaucoup de gens la participation à la lutte de libération. Etant donné que les luttes violentes et non violentes opèrent de façons complètement différentes, toute forme de violence, même limitée, durant une campagne de défiance politique sera contre-productive car elle déplacera le combat sur le terrain militaire où le dictateur a un avantage écrasant. La discipline non-violente est une clé du succès et doit être maintenue en dépit des provocations et brutalités des dictateurs et de leurs agents. Le maintien de la discipline non violente contre les adversaires violents facilite la mise en œuvre des mécanismes de changement dans la lutte non violente. Dans certains cas, cependant, une violence limitée contre la dictature ne peut être évitée. Dans ces situations, la défiance politique ne doit pas être abandonnée. Néanmoins, il sera nécessaire de séparer l’action non violente aussi clairement que possible de l’action violente, en termes de géographie, de groupes de population, de moments choisis ou de domaine de conflit. Sinon, la violence pourrait avoir un effet désastreux sur le potentiel beaucoup plus grand de la défiance politique et sur sa capacité de réussite.

Il y a un temps pour tout. Ce temps n’est-il pas venu de se mettre en ordre de bataille pour mettre fin à cette situation intolérable avec son cortège de morts, de prisonniers et de tortures ? Ce temps n’est-il pas venu de se détourner des faux-prophètes pour enfin engager des actions de résistance qui tariront toutes les sources de répression de cette dictature ?  Tous, rendez-vous à la manifestation du 10 juillet.

Source : Gene Sharp, Massachusetts, 2002

 

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20 réponses à FAIRE FACE AVEC RÉALISME AUX DICTATURES. Par David Londi

  1. Bakala dit :

    Comment appliquer ce beau discours au cas concret du Congo où le slogan est: on l’a eu par les armes, on le perdra par les armes, dixit Pierre Oba – ministre des mines.

    Qui va organiser dette défiance politique et à partir d’où?

    En 2015, les congolais ont mangé tout leur pain blanc. Aussi, je vois difficilement s’appliquer ce concept importé de défiance politique au Congo sans une analyse conséquente sans compromis des forces en présence.

    Bref, c’est pour dire que ceux et celles qui peuvent se donner les moyens pour appliquer quelques éléments de la défiance politique NE VEULENT PAS PRENDRE LE POUVOIR et ceux et celles qui veulent prendre le pouvoir n’ont pas les moyens pour organiser la défiance politique.

    La diaspora a des idées, mais n’a pas les moyens pour organiser l’alternance au Congo, car elle n’est pas en contact avec le Peuple Qui FAIT L’HISTOIRE. Elle a beau multiplier des initiatives à l’extérieur, tant qu’il n’y aura pas de coordination avec les forces voulant le changement au congo, Sassou continuera à dire : le chien aboie, la caravane passe.

    Pour finir, quand est-ce que l’on va s’occuper vraiment à aider le grand nombre à améliorer sa condition morale et physique, comme dirait Saint-Simon?

    Est-ce que cette amélioration ne peut venir que du politique et par la politique? J’en veux pour exemple le cas du Pool. Est-ce que le soulagement de la malnutrition des populations déplacées ne peut venir que du politique ou bien de tous les autres congolais non affectés? Jusqu’à date, tous ceux qui veulent chasser Sassou du pouvoir regardent à côté au lieu de montrer leur amour pour une partie de la population au,ils veulent servir. C’est comme si soulager la souffrance du Pool ne fait pas partie des obligations des politiciens.

  2. David Londi dit :

    Les salariés travaillent sans salaire, les retraités attendent des pensions qui arrivent avec des mois de retard, les hôpitaux ne sont plus que des mouroirs, les écoles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes …. les ingrédients ne sont-ils pas réunis pour une défiance politique.

    Nous ne pouvons pas affronter l’ennemi par son point fort sinon courir vers une défaite certaine (Sun Tzu). Le mythe de prendre le pouvoir par les armes dure depuis 1970 avec le coup d’État avorté de Kinganga, point de départ de l’épuration ethnique dans tous les corps de l’administration et de l’armée, sans résultats effectifs : les mêmes tortionnaires sont toujours au pouvoir.

    L’Histoire du Congo nous apprend que les seules luttes ayant porté des fruits ont toutes été initiées par le Peuple. Les anciennes dictatures de l’Amérique latine ne sont pas tombées par le fait des armes, les FARC, en Colombie, ont fini par rendre les armes sans avoir réussi à atteindre leurs objectifs. Le peuple qui s’est mobilisé cet après-midi de septembre 2015 sur le boulevard était prêt et il est toujours debout à condition qu’il trouve des leaders dignes de ce nom, qui ne courent pas à la soupe.

  3. dire que guy brice p kolelas est sortit "premier" le 20 mars 2016 avec 15% de suffrages exprimes c'est declarer que bernard kolelas etait sortit "premier" avec 20% de suffrages exprimes en juillet 1992. dit :

    arretez de promouvoir le recours a la violence p lissouba declarait un jour en debut de mandat » nous avons montre a l’opposition que nous avons des dents » 5 ans apres dabord il avait oublie qu il devait organiser les elections en juillet 1997 ensuite il vit dehors.

  4. Bissa Bo dit :

    Bravo David Londi, pour avoir mis ici un vingtième (1/20) du texte de Gene Sharp (De la Dictature à la Democratie).
    Sauf que les recherches de Sharp ne s’adaptent pas trop aux dictatures tropicales car elles sont sans education. Quand Sharp parle des pays comme la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, la RDA, etc, on a affaire ici a des populations generalement bien eduquees.
    Dans les cas des pays ouest africains comme le Benin, le Senegal, le Burkina Faso, bien que les populations de ces pays n’aient pas un niveau d’education tres superieur a celui des polpulations de l’Afrique equatoraile bananiere, reconnaissons que ces populations de l’afrique de l’ouest ont des bases nationales depassant de loin les egoismes ambiants des gens de l’afrique centrale.
    Dans le cas present du Congo Brazzaville, la dictature s’accouple de la barbarie dont les auteurs s’enorgeuillent meme.

    Conclusion: beaucoup de ces dictatures ne se feront pas deboullonner par des moyens non violents.

    Le texte integral de Sharp : Self-Liberation: A Guide to Strategic Planning for Action to End a Dictatorship or Other Oppression with the assistance of Jamila Raqib, First Edition, Boston, MA: The Albert Einstein Institution, November 2009. ISBN 978-1-88-081323-2.

    La Traduction francaise a ete faite par les editions L’Harmattan.

  5. LE CONGO DEBOUT dit :

    QUANT UN PEUPLE ESTIME QUE RIEN NE MARCHE EST LES DROITS SON BAFOUÉS VOICI LA SOLUTION
    youtube.com/watch?v=CBm48Scju9E

    Ils ont dit que nous y arriverons pas ici, qu’il aura que des morts, tout le monde le sait que nous sommes ici…personne ne va changer notre détermination, nous ne reculerons pas…taper, tuer, emprisonner nos jeunes, et bannir nos églises ne détournera pas de notre objectif… nous sommes en marche… le temps est arrivé, nous sommes en mouvement vers la terre de la liberté …

  6. Bissa Bo dit :

    @ Bakala
    Frere, au lieu de vous en vouloir aux « autres congolais »( du reste desargentés et totalement démunis) de soulager les souffrances de nos freres et soeurs déplacés du Pool, commencons d’abord par exiger aux minsitres et hauts dignitaires du pouvoir dictatorial comme Mampouya, Nsilou, Kolelas, Mvouba, Senga, Mbemba Martin, le maire de Makelekele, et tous ces enfants du Pool qui soutiennent ferocement Sassou… de dire a leur maitre commun d’arreter le massacre dans le Pool. Qu’ils le fassent honnetement, et pourquoi pas publiquement !!!

  7. LE CONGO DEBOUT dit :

    LE TEMPS EST ARRIVE, LA MARCHE VERS LA DÉMOCRATIE, BOMBARDER NOS MAISON NI NOUS TUE RIEN NE CHANGERA NOTRE DÉTERMINATION. LE MENSONGE NE PEUT PAS DURÉE A L’INFINI
    Avec la determination, quelque les difficultés
    Nous allons surmonter

  8. David Londi dit :

    Bisso ba, la situation au Congo n’est pas fondamentalement différente de celle des pays de l’Afrique centrale à la seule exception près de l’instrumentalisation du tribalisme par les leaders politiques congolais. Pendant la campagne électorale nous avons assisté à une mobilisation généralisée des forces vives de ce pays, la jeunesse, de Brazzaville à Pointe-Noire en passant par Dolisie. C’est, en effet, la montagne que nous avons à gravir. Ces leaders forment actuellement une nouvelle classe politique transethnique qui défend les mêmes intérêts que le régime dictatorial de Sassou. Celle-ci tire tout son avantage du statu quo parce qu’elle sait que le nouveau rapport de forces qui se construit entre le peuple et elle ne lui est pas favorable. Rappelons-nous du score de quelqu’un comme Tsaty aux fameuses élections, laminé dans son propre fief par Mokoko. Je pourrais aussi parler de Kolelas. Quel serait son rôle si Ntumi arrivait à prendre le dessus sur les forces répressives de Sassou ? Je suis donc persuadé que des membres de cette nouvelle classe politique servent de digue au pouvoir sanguinaire de Sassou parce qu’ils ont tout à perdre dans le changement politique du pays.

    Des jeunes sont fanatisés, voire même hysterisés, derrière des faux-prophètes qui les conduisent dans l’impasse politique, sociale et économique. Or, les faiblesses de cette dictature sont clairement identifiées :
    – une crise économique sans précédent : division du PIB de 50 % de 2013 à 2016 (16 Mes de $ contre 8,5 ) ;
    – une crise politique et sécuritaire dans tout le pays : crise du Pool, prisonniers politiques et disparitions presque quotidiennes ;
    – une communauté internationale qui commence à se réveiller : 2 rapports des droits humains du Département d’État americain et une relation pas encore claire dans les relations entre la nouvelle équipe dirigeante, en France, et la dictature;
    – une tension naissante au sein du clan du dictateur et des forces répressives qui se comportent comme des voyous.

    Cette situation est explosive si des traîtres ne canalisaient pas la colère légitime du peuple. Nous devons tout faire pour libérer cette énergie par une communication ciblée démontrant la duperie qu’est le tribalisme et en leur indiquant qu’ils sont trahis par celles et ceux qu’ils pensent les défendre. Nous sommes les fossoyeurs de notre propre sécurité dans le Pool. Sassou ne peut rien sans la collaboration de certaines figures marquantes de cette région. Changeons de paradigmes de résistance. Ce n’est plus que tout contre Sassou mais les démocrates contre cette nouvelle classe allant du clan Sassou à Kolelas en passant par Tsaty, Dzon, Kinfoussia, etc.

  9. David a écrit :
    « e. Nous sommes les fossoyeurs de notre propre sécurité dans le Pool. Sassou ne peut rien sans la collaboration de certaines figures marquantes de cette région »

    Est-ce que sassou a demandé la permission de ces gens avant de lancer ses mercenaires au Pool?

    Ne faisons pas porter à autrui des charges dont il n’est pas responsable. C’est trop facile d’accuser autrui quand on sait qu’ils sont aussi des victimes.

    La priorité aujourd’hui au Pool est d’apporter de la nourriture, des médicaments et autres biens de premières nécessités aux populations démunies de cette région. Quand on formule cette demande, tout le monde regarde ailleurs. C’est vraiment triste. La priorité est la chute de Sassou. Après, nous apporterons vivres et médicaments aux victimes. Tchiadi mingui!

    On ne peut prétendre servir un peuple que l’on refuse de soigner, nourrir, apporter de l’assistance psychologique en temps de détresse. Refuser de le faire c’est courir après ses propres intérêts.

    Sous d’autres cieux, on organise des banques alimentaires et des compagnes de levée de fonds pour venir en aide aux sinistrés. Cache le congolais politicien, on attend la chute de Sassou pour le faire. Tant pis si d’ici là tout le Pool se vidait de sa population. Dans ce cas, il n’y aura pas que Sassou comme le responsable de cette situation. Les personnes non affectées seront aussi tenues responsables de non assistance à personnes en danger. Ne venez pas dire que les autres sont démunis. En 1997-2002, les gens étaient encore plus démunis ; ce qui ne les avaient pas empêché de prendre en charge les déplacés des régions affectées par les razzias des mercenaires de Sassou.

  10. VAL DE NANTES , dit :

    @BAKALA …ADMIS DU COUP

  11. Anonyme dit :

    @Bakala, celles et ceux qui collaborent constituent une digue qui protège Sassou contre la colère légitime du peuple. Sassou dépense un argent fou pour s’assurer leur non-opposition à sa stratégie d’annihiler toute contestation de son régime. C’est en cela qu’ils sont complices et fossoyeurs de la résistance dans le Pool. Il sait aussi qu’un mot d’ordre de mobilisation de Kolelas fera descendre de centaines de gens dans la rue. De cela il ne veut pas parce qu’il est en pleine conquête d’une légitimité sur la scène internationale. Cela ferait mauvais genre !

  12. Anonyme dit :

    Anonyme @Bakala, c’est David Londi

  13. LE CONGO DEBOUT dit :

    LE DROIT DE SE RÉUNIR
    LE DROIT DE PARLER
    LE DROIT DE PRESSE
    LE DROIT DE PROTESTER

  14. LE CONGO DEBOUT dit :

    NOUS TOUS LE 10 JUILLET 2017

    youtube.com/watch?v=qF-KSf9XQ5Q

  15. Nous ne pouvons prétendre gouverner les congolais sans leur montrer de l’affection et agir en conséquence à leur égard. Qui aime, ne compte pas, dirait l’autre.

    Parmi celles et ceux qui courent après les suffrages des congolais, combien sont milliardaires? Ils sont des dizaines à s’être enrichis sur les deniers publics; donc au détriment des congolais. La crise du Pool serait pour ces individus l’occasion de payer pour leurs péchés en apportant une aide aux populations en détresse. Le peuple n’est pas seulement de la chair à canon ou des marchepieds pour remplacer votre ami Sassou.

    Je sais que ce n’est pas demain la veille que ceux qui n’ont hésité à paupériser leurs compatriotes, leur viendront en aide. Leur rappeler leur devoir moral vis à vis d’une partie de la population dans le besoin valait la peine pour que le peuple comprenne qu’il doit se prendre en charge lui-même au lieu d’attendre quoi que ce soit de ces individus aux cœurs de pierre.

    Les temps sont certes difficiles financièrement, nous devons nous organiser en tant que Peuple. Que soient mis en place dans les principales villes du Congo et les chefs-lieux de régions des Banques Alimentaires pour les populations du Pool.

    Ces banques alimentaires doivent servir de ramasser les dons des populations en divers produits, non périssables en particulier: poissons et viandes fumés, poissons séchés, légumes, huile, sel, sucre, conserves, foufou, ignames, autres tubercules et racines.

    Qu’une collecte de ces produits soit organisée chaque deux semaines dans les principaux marchés où les congolais iront déposer ce qu’ils peuvent. Et Dieu seul sait que les congolais sont généreux et prêts à donner pour leurs frères et sœurs du Pool.

    Que ceux et celles qui ont des moyens de transport puissent les mettre à disposition pour acheminer ces vivres à qui de droit.

    Par ailleurs, aujourd’hui les déplacés du Pool vivent dans des familles d’accueil ou dans des abris de fortune. Là que les congolais de différents corps de métier se mobilisent pour aider à construire des abris à ces déplacés et ainsi soulager les familles qui les accueillent. On aura besoin des briquetiers, maçons, menuisiers, couvreurs bénévoles pour aider à construire un habitat à ces déplacés à qui il faudrait songer à offrir des lopins de terrain pour faire l’agriculture vu que nous sommes en saison sèche, période de préparation des champs pour les mois de septembre- octobre. Avec l’agriculture, les déplacés pourront se nourrir et obtenir de l’argent de la vente de leur surplus agricole.

    Pour ceux qui ne peuvent contribuer aux banques alimentaires, ils peuvent participer aux activités de levée de fonds. Chacun peut donner selon ses moyens. La diaspora qui vit dans des bassins d’emplois d’europe et d’Amérique du nord devra participer en conséquence. L’argent récolté devra servir à financer des projets très précis. Par exemple le déménagement des déplacés de tels lieux à tels lieux, le financement du transport des vivres de telles localités à telles autres, l’hébergement des bénévoles venus construire des maisons ou défricher des champs, etc.

    Nous sommes congolais. Face à un gouvernement failli qui quémande 21 millions de dollars pour une crise qu’il est le principal responsable, il est de notre devoir de nous prendre en charge. Dépassons nos égoïsmes. Ce qui est proposé est faisable, car le congolais est généreux. On ne peut être généreux avec les étrangers, qui pillent notre pays, et indifférents à nous-mêmes. Ce n’est pas possible.

  16. David Londi dit :

    @Bakala,

    j’adhère à ton projet. Il part de très bonnes intentions et tout individu sensé et sensible, surtout celles et ceux qui ont vu leurs villages détruits, devrait y participer. Le seul problème, et il est de taille, c’est le régime dictatorial de Sassou. C’est la contradiction principale. Ce projet n’echappera pas aux fourches codines de Sassou. Ces produits ne pourront pas circuler librement dans la région, barrage après barrage, prélèvement après prélèvement par les forces répressives de Sassou, sans parler du black-out total qu’il impose.

    Sassou intègre une stratégie de communication qui nie cette réalité et déployer ce projet revient à ouvrir des couloirs humanitaires dans une zone qui doit contenir des preuves qui l’enverraient directement à la CPI. Nous devons donc nous concentrer sur les voies et moyens de le faire partir. Mon problème n’est donc pas l’opportunité d’agir mais la faisabilité d’un tel projet.

  17. LE CONGO DEBOUT dit :

    Parler ne donne absolument rien c’est l’ation qui compte.Nous savons nous tous que sassou le plus grand criminel africain de tous les temps n’est qu’une fabrication de la FRANCE. LA FRANCE EST LA SOURCE DE TOUS NOS MALHEURS, POUR NOUS APRES 32 DE SASSOU AU POUVOIR NOUS SOMMES SOTIE DE LA DEMOCRATIE. TOUTES LES THEORIES SONT SUR LA TABLE MAIS SASSOU RESTE LE PROBLEME DU CONGO ALORS NOUS TOUS LE 10 JULLET 2017.POUR LA PLUS GRANDE DEMONSTRATION DE L’HISTOIRE DU CONGO, A QUI SA PROFITE A TOUS LES CONGOLAIS SANS DISCRIMINATION, QUAND ON A PERDU LE DROIT DE VOTE ON DEVIENT ESCLAVE ET C’EST SA QUE NOUS SOMMES AVEC SASSOU LE CRIMINEL LE PLUS REDOUTABLE D’AFRIQUE. AU CONGO LA FRANCE APPLIQUE LA POLITIQUE DE CHIER SUR L’ARBRE QUI LUI DONNE DES FRUITS.
    youtube.com/watch?v=r_VLWeIgOlA

  18. LE CONGO DEBOUT dit :

    vous vous trompez sassou n’irra pas a la CPI CAR IL EST LE FILS BIEN AIME DE LA FRANCE

    AUX CONGOLAIS DE RESOUDRE NOTRE PROBLEME
    TOUS LE 10 JUL 2017 POUR LA PLUS GRANDE DEMONSTRATION PACIFIQUE DE L’HISTOIRE DE NOTRE PAYS, RECUPERONS NOTRE DROIT DE VOTE ET NO A LA NOMINATION DE DEPUTES
    Parler ne donne absolument rien c’est l’action qui compte

    youtube.com/watch?v=r_VLWeIgOlA

  19. VAL DE NANTES dit :

    @UN BAKALA … DES GRANDS JOURS ..C’est BON …ça donne du grain à moudre ;;;

  20. Anonyme dit :

    Vers la fin de la troisième malédiction du peuple kongo. Après la colonisation portugaise, la colonisation française, les kongos de m’foa vivent la troisième et dernière colonisation. La colonisation interne perpétrée par les M’bochis.

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