Du prisonnier politique Kikhounga-Ngot aux prisonniers politiques d’aujourd’hui au Congo : Et si en 2018, Sassou faisait comme Youlou qui , en 1960, avait reconnu que le dossier était « vide » dans l’affaire du « complot communiste » ?

En ce 8 avril 2018, 3ème anniversaire du décès de ce syndicaliste, homme politique et entrepreneur qu’était Simon- Pierre Kikhounga –Ngot (1920-2015), l’une des pages sombres de l’histoire du Congo qui pourrait aider les citoyennes, les citoyens et les gouvernants à mieux tirer les leçons de l’expérience de ce grand homme est une affaire politique judiciarisée. Une affaire qu’on appelle « le complot communiste »  en 1959, une affaire presque toujours cachée depuis lors et que les Congolais du 21ème siècle ont pu enfin découvrir dans le magnifique film Révolutionnaires de Tall Boukambou en 2015.

Quand on suit attentivement le récit livré par Simon-Pierre Kikhounga- Ngot lui-même sur cet épisode de sa longue vie, on peut trouver des bonnes réponses à plusieurs questions. Par exemple, les suivantes : pourquoi le Président Fulbert Youlou, qui est originaire du sud du pays, fait-il emprisonner des citoyens qui également originaires du sud ? Quelles conséquences devrait-on tirer du fait que les prisonniers étaient « de gauche » et le Président de la République était « de droite » ? Comment se comporte alors le procureur de la République ? Qu’est-ce qu’un « dossier vide » ? Comment les prisonniers se battent-ils pour obtenir le statut de « prisonniers politiques » ? Comment se comportent-ils en prison ? Que font les défenseurs des droits humains et les amis des prisonniers, notamment les personnalités influentes ? Comment les pressions de la société civile en France et dans le reste du monde peuvent peser dans la balance, s’agissant tout particulièrement des syndicalistes et des militants des organisations des jeunes et des femmes ? Comment doit se comporter un Président de la République ?

Lisons ce récit de Simon- Pierre Kikhounga-Ngot recueilli par l’ancien prisonnier politique

Noël Magloire NDOBA.

MAI –NOVEMBRE 1960 : CE QUE LE PREMIER GOUVERNEMENT DE FULBERT YOULOU APPELLE « LE COMPLOT COMMUNISTE »

En mai 1960 se déclenche une grève générale à Brazzaville, à Pointe-Noire et dans la vallée du Niari. Tous les dirigeants de la CGT, dont le Secrétaire Général Julien Boukambou et le numéro 1 à Pointe-Noire, Makosso Tchapi , de même que des responsables des mouvements de jeunesse de gauche comme Aimé Matsika, une responsable du mouvement des femmes, Alice Badiangana, sont mis en prison sans jugement. Seul ancien ministre et ancien dirigeant de la CGT, seul leader de parti politique en qualité de Vice-Président du MSA, je fais partie de ces prisonniers politiques, de mai à novembre 1960 à la Maison d’Arrêt de Brazzaville. Officiellement, c’est l’affaire du « Complot communiste ». Des avocats se mobilisent en France pour assurer la défense de nos droits. En prison nous développons une activité militante exemplaire, dans un esprit de solidarité. Un jour de novembre 1960, le Président Fulbert Youlou lui-même vient dans le bureau du régisseur de la Maison d’Arrêt, en compagnie de son directeur de cabinet, le juge Joseph Pouabou, m’annoncer trois choses : primo : je suis désormais libre ; secundo : on l’a trompé avec cette histoire de « complot communiste » ; tertio : il me réserve un poste au gouvernement.

1. « Le complot communiste » : des prisonniers sans jugement dès mai 1960

A l’appel de la Confédération Générale du Travail (CGT), un mouvement de grève générale est suivi pendant quelques jours dans les trois plus grandes villes du Congo (Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie), ainsi que dans une bonne partie de la vallée du Niari. Des arrestations ont lieu partout. Sans aucun jugement, des dirigeants syndicaux, des dirigeants de la jeunesse et des femmes sont mis en prison. Je suis alors le seul homme politique de mon rang parmi ces prisonniers. Que s’est-il passé ?

Les personnes mises en prison et la question du « complot communiste »

Des arrestations ont lieu à Brazzaville, la capitale. Il s’agit d’arrestations arbitraires. Et tel est le cas également dans d’autres localités du sud du pays.

BRAZZAVILLE :

Boukambou Julien  , instituteur, secrétaire général de la CGT 

Tauley Ganga Abel, comptable, membre du bureau confédéral de la CGT

Matsika Aimé , agent de l’ASECNA, responsable de la jeunesse dans le bureau confédéral de la CGT

Badiangana Alice , responsable des femmes dans le bureau confédéral de la CGT ;

Ndoudi Ganga , employé de commerce, membre du bureau confédéral de la CGT ;

Beloz Balossa, employé de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, respon-sable de la jeunesse dans le bureau confédéral de la CGT ;

Louzolo Gabriel, employé de commerce, membre du bureau confédéral de la CGT ;

Mahoungou Abel, vétérinaire, membre du bureau confédéral de la CGT ;

Loumouamou , employé de commerce, membre du bureau confédéral de la CGT ;

Bintsangou , comptable, membre du bureau confédéral de la CGT ;

Okoko, employé de commerce, membre du bureau confédéral de la CGT ( le seul prisonnier originaire du nord du pays).

POINTE-NOIRE :

Makosso Tchapi , menuisier, responsable No 1 de la CGT à Pointe Noire

Mbizi, employé de commerce, membre du bureau de la CGT à Pointe Noire

Lemouth,comptable, membre du bureau de la CGT à Pointe Noire

MADINGOU:

Kaya Maurice, employé de commerce, délégué syndical

SIBITI:

Ngono Maurice, membre du bureau de la CGT dans le Niari

Mouaya Jean-Jacques, instituteur, membre du bureau confédéral de la CGT

A DOLISIE :

Kikhounga- Ngot Simon-Pierre , ancien ministre et ancien haut conseiller de l’AEF

Mon arrestation, à Dolisie, a lieu vers le 10 mai 1960 à mon domicile. C’est l’inspecteur de police du nom de Makari qui vient lui-même me le signifier, sans toutefois me mettre des menottes. Makari est un Fançais, un Blanc né en Afrique du Nord.

La chose suivante sera en effet établie : ce que le nouveau gouvernement, à Brazzaville, appelle alors «  le complot communiste » restera plutôt un complot contre les forces politiques progressistes, contre les forces syndicales et la jeunesse du côté de la gauche, un complot monté par la droite vichyste et colonialiste sévissant dans l’entourage du Premier Ministre Fulbert Youlou devenu Président de la République. Ces vichystes et colonialistes sont les membres de ce que j’appelle le groupe Bath-Delarue-Gel-Vincent.

Trois membres de ce quator étaient des journalistes pétainistes pendant la seconde guerre mondiale : Bath, Delarue et Vincent. L’autre, Christian Gel, était même directeur de cabinet d’un ministre vichyste.

Comment est-ce possible  que des Vichystes viennent ainsi conduire le destin du Congo, à Brazzaville, l’ancienne capitale de la France Libre? En fait, la question du « complot communiste » en 1960 devrait être posée pour l’avenir, pour comprendre certains aspects essentiels de l’évolution politique du Congo.

Qui a décidé de mon arrestation et comment me traiter en tant que prisonnier ?

C’est moi qui arrive le premier en prison à Brazzaville. J’ai été interpellé à Dolisie.

Lorsque j’arrive à Brazzaville, il se pose la question suivante, parmi les autorités ayant décidé de mon arrestation : où Kikhounga Ngot doit-il passer la nuit ? Est-ce dans une cellule de la gendarmerie ou dans la cellule d’un commissariat de police ou bien à la Maison d’arrêt ?

Une autorité a dit au colonel Laval qui commande alors la gendarmerie de me faire passer la nuit dans une cellule de gendarmerie. Mais, le colonel Laval a refusé cela en déclarant tout haut ce qu’il m’a rapporté par la suite. Il a répondu dans les termes suivants aux autorités : « Votre affaire ne tient pas debout. Moi je ne peux pas faire passer la nuit à Monsieur Kikhounga Ngot dans une cellule de la gendarmerie. Si je dois garder Monsieur Kikhounga Ngot la nuit, ce sera dans l’une de mes chambres d’amis. »

Le groupe Bath- Delarue- Gel -Vincent, autrement dit, le groupe des vichystes installé dans l’entourage du Premier Ministre Youlou, a fini par décider de m’envoyer en prison mais en me faisant placer dans le camp des citoyens français de la Maison d’arrêt. Ainsi, pour la première fois de ma vie, je passe une nuit en prison. Evidemment, je suis loin d’imaginer que j’en passerai d’autres durant plusieurs mois. Il se trouve que, pendant ce temps, mes co-accusés sont détenus dans des commissariats de police.

Il faut souligner que tous les magistrats français refusent de se mêler de cette affaire qui est à leurs yeux un montage évident. Le Congo ne compte alors qu’un seul magistrat de nationalité congolaise, en l’occurrence le juge Joseph Pouabou.

Celui-ci se trouvant en mission pour une conférence au Tchad avec le Premier Ministre Fulbert Youlou, il faut attendre son retour.

Deux jours après mon arrestation et dès son retour du Tchad, Monsieur Pouabou, en sa qualité de juge d’instruction, me reçoit à son cabinet, sur convocation.

Je lui annonce que je vais faire une déclaration pour dénoncer les conditions de mon arrestation, tout en ouvrant le livre de Sylvère Alcandre intitulé L’émancipation des peuples colonisés. C’est l’auteur lui-même qui me l’avait offert à Paris.

Mais voilà que le juge Pouabou me dissuade de faire quelque déclaration que ce soit. Et la raison qu’il avance aussitôt me réconforte : « Le dossier est vide ! », dit le juge, en effet. Il le dit en s’exclamant d’une voix solennelle, une voix dont le ton devient si différent de la voix qui m’est pourtant familière depuis l’année 1939, lorsqu’à Dolisie, auprès de mon frère Pierre Mafoua et de Monsieur Hervé Dhello qui est devenu pour moi plus qu’un frère, j’ai fini par trouver en l’homme Pouabou un modèle. Ce modèle qui m’a toujours stimulé dans ma promotion sociale comme cadre.

Pour lui, sans doute, et pour moi, à l’évidence, c’est une épreuve au cours de laquelle les émotions sont intenses.

Je crois en l’homme de loi qui répète un constat dont la conséquence ne devrait être que ma remise en liberté : « Le dossier est vide ! »

Plus tard j’apprendrai que le juge Pouabou est conforté dans ce constat par au moins un fait décisif : le colonel Billette , le commandant de légion de la gendarmerie qui est basé à Pointe-Noire, s’est catégoriquement opposé à l’introduction, dans ce dossier, des faux documents préparés par le groupe Bath-Delarue-Gel –Vincent.

Plus tard j’apprendrai aussi que mon cas, dans cette affaire, a divisé fortement les Blancs en deux camps. D’un côté, les anciens Pétainistes ou Vichystes, qui s’étaient infiltrés en grand nombre en AEF et dont les chefs de file constituaient, autour du Premier Ministre Youlou, le groupe Bath-Delarue-Gel-Vincent. De l’autre côté, les Gaullistes et les hommes de gauche.

En fait, tous les grands Résistants me soutiennent en bloc. D’où les menaces qui sont alors proférées contre mes amis les plus proches parmi les Résistants gaullistes et communistes : Pierre Fouet, un commerçant qui deviendra plus tard exploitant forestier comme moi; l’ancien commandant Maurice –Yvan Dupont  qui fonde le village d’Aubeville; le colonel Pierre Moger.

Tout cela je le saurai avec le temps. Les moments que je passe dans le bureau du juge Pouabou et les propos de celui-ci me conduisent à garder mon calme. Mais je deviens un prisonnier politique sans jugement possible : le dossier est vide.

2. Mes co-accusés et moi, notre vie en prison et la question du respect de nos droits

Comment nous revendiquons et obtenons le statut de prisonniers politiques

Lorsque les autres co-accusés sont transférés à la Maison d’Arrêt, tous en venant des commissariats de police de Brazzaville où ils ont été regroupés comme détenus, je demande de les rejoindre là ils sont placés : au « Quartier des Indigènes ». Je quitte ainsi le « Quartier des citoyens français ».

L’unique femme qui est arrêtée avec nous, Alice Badiangana, est affectée au « Quartier des femmes ».

Un incident se produit le soir de mon arrivée au « Quartier de Haute Sécurité ». En effet, il y a une coutume : les prisonniers doivent se faire raser les cheveux avec des tessons de bouteille. Lorsque je me présente, le « spécialiste » -pour ainsi dire- décide d’utiliser des lames rasoirs. Tout se passe bien. Mais le lendemain , lorsqu’arrive le colonel Laval et qu’il constate que l’on m’a rasé les cheveux, le gardien de prisonnier, un sergent gabonais de l’ethnie fang, va vivre l’un des moments les plus difficiles de sa vie.

Qui a rasé les cheveux de Monsieur Kikhounga –Ngot et sur ordre de qui ?-demande le colonel Laval.

Monsieur Kikhounga-Ngot s’est présenté et on a fait comme avec tous les autres – répond alors le gardien.

Sur le champ, le colonel Laval décide de renvoyer le sergent gabonais de l’ordre des gardiens. Par la suite le régisseur de la Maison d’Arrêt, Joseph Okabande , est limogé. Il est remplacé par un Inspecteur de police, un Français et Blanc, monsieur Gaif. Celui-ci a pour consignes, entre autres, de ne pas toucher à un cheveu de quelque détenu que ce soit parmi ceux du soi-disant « complot communiste ».

Après un mois et demi environ, nous commençons à poser la question de nos droits en précisant que nous sommes des « détenus politiques ». Nous adressons alors une demande collective, par écrit, au Premier Ministre Fulbert Youlou via le Régisseur de la Maison d’Arrêt pour exiger ce à quoi tout détenu politique a droit, à savoir : un poste de radio ; des journaux ; un matelas ( au lieu de dormir à même le sol, sur le ciment) ; la liberté de recevoir des visiteurs.

En réponse, les autorités décident de satisfaire tous nos besoins exprimés. Nous obtenons aussi le droit de sortir pour une récréation dans la cour de la prison.

Etant conscients que notre séjour peut durer et qu’il est important de le mettre à profit sur le plan politique, nous décidons d’organiser des cours de formation pour les jeunes dans divers domaines. Nous choisissons alors de nous répartir les cours, parmi les aînés, chacun selon son métier ou selon son expérience politique et syndicale.

C’est ainsi que : Tauley Ganga va enseigner la comptabilité ; Julien Boukambou va donner des cours d’Organisation Générale ; Kikhounga-Ngot va assurer la formation en Economie Politique ; Makosso Tchapi va transmettre les connaissances nécessaires sur (et pour) le mouvement syndical au Congo.

Cette expérience dure plusieurs mois.

Les visites de parents, d’amis et autres connaissances et leurs conséquences pour nous, les détenus

Un jour je reçois une visite surprise. C’est un certain Ibrahim, un adjudant-chef tchadien qui vient de la part du Président Tombalbaye du Tchad , pays dont l’indépendance a été proclamée le 11 août 1960 alors que je suis en prison. L’adjudant-chef tchadien me transmet verbalement un message du Président Tombalbaye, mon ami syndicaliste devenu donc Président de la République, celui-là même que mon intervention à Fort-Lamy en tant que syndicaliste, avait permis de sortir de prison. C’était avant l’indépendance, comme je l’ai raconté dans un autre chapitre. Et voici qu’aujourd’hui, à mon tour, je suis en prison.

« – Je viens de la part du Président de la République du Tchad, son Excellence Françaois Tombalbaye. Ma mission est la suivante : de la part du Président, je dois aller voir l’une de vos épouses pour qu’elle le rencontre. Elle-même, votre épouse vous dira ce qu’il en est. »

Par la suite, j’apprends que mon ami le Président Tombalbaye a reçu l’une de mes épouses et lui a remis des cadeaux pour moi. C’est par celle-ci puis par d’autres amis que j’apprends comment notre destin de détenus politiques à la Maison d’arrêt de Brazzaville aurait pu devenir celui de citoyens congolais détenus sans jugement dans des prisons du Tchad.

En effet, l’abbé Fulbert Youlou a cherché à se débarrasser de nous en demandant un échange au Président Tombalbaye que des prisonniers tchadiens viennent continuer leur séjour à la Maison d’arrêt de Brazzaville et qu’en contrepartie, nous du soi-disant « complot communiste », nous puissions aller continuer notre séjour en prison au Tchad.

« Je ne peux pas accepter un groupe de prisonniers dans lequel il y a Simon-Pierre Kikhounga Ngot » : telle a été la réponse de mon ami, le Président Tombalbaye à son homologue, le Président Youlou. Et il a été plus précis : « Bien au contraire, je te demande de libérer Simon-Pierre ».

Après le retour de François Tombalbaye chez lui, nous recevons le tout premier avocat pour notre défense. C’est Maître Kaldor, avocat du Secours Populaire Français. Ensuite vont arriver Maître Pierre Bruguier puis Maître Roger Cevaer, deux avocats envoyés par la CGT et par la Fédération Syndicale Mondiale.

De toutes les visites que je reçois, celle de Jean Félix-Tchicaya est celle qui me donne le plus d’assurance. Je connais l’homme, et qui peut ignorer qu’il a de l’entregent ?

Ce jour-là, il vient de Pointe-Noire pour me rencontrer personnellement et s’entretenir avec le Président Youlou à mon sujet. C’est ce qu’il m’explique dès le début de notre entretien.

« –J’ai dit au Président Youlou de te libérer. Il m’a tout de suite répondu que je devrais venir te voir. »

J’écoute le leader historique. Il me précise comment il a souligné mes qualités et pourquoi il a tenu ce propos si significatif en s’adressant au Président : « Libère Simon-Pierre. Je crois que tu regretteras cette erreur grave ».

C’est le Président lui-même qui lui a dit qu’il est libre de venir me voir en prison. Jean Félix-Tchicvaya a alors vu le juge Pouabou. Ce dernier a voulu me faire venir à son bureau afin que notre entretien ait lieu dans un tel cadre. Mais le leader Félix-Tchicaya a décidé de venir lui-même à la Maison d’Arrêt. Le régisseur, monsieur Gaif, nous a laissés seuls dans son bureau, le Président du PPC et moi. Le juge Pouabou, qui a suivi l’entretien, a eu le dernier mot : « Dans quelque temps, tu recevras d’autres visites importantes ».

En septembre 1960, je reçois la visite d’Hilaire Mavioka, le Maire de Dolisie.

C’est la période au cours de laquelle nous apprenons que le Président du MSA, mon ami Jacques Opangault, qui est devenu ministre dans le gouvernement de Fulbert Youlou, n’a pas pu être reçu par les populations locales au Niari. Pour quelle raison ? Parce que ces populations ont posé une même condition : « Nous ne pouvons pas te recevoir si tu ne viens pas avec Victor Sathoud qui doit nous expliquer pourquoi Kikhounga-Ngot est en prison ».

Comprenant la demande des populations, Jacques Opangault et Victor Sathoud tentent d’effectuer ensemble une tournée dans le Niari , surtout à Dolisie, à Kibangou et à Loudima. Mais presque partout on leur pose une seule et même question : « Pourquoi venez-vous sans Kikhounga-Ngot ? »

Ma libération en novembre 1960 par le Président Youlou lui-même, sans aucune décision de justice, après 6 mois de détention sans jugement

Au bout de six mois, mon séjour en prison va connaître une fin qui justifie la fameuse maxime selon laquelle « La prison est l’anti-chambre du pouvoir ».

Il y a eu les pressions internationales dont l’un des résultats a été au moins le rôle actif des avocats célèbres du barreau de Paris qui sont venus à Brazzaville pour préparer la défense de tous ceux du soi- disant « complot communiste ». Et cela, même si, comme le juge Pouabou me l’a expliqué dès le premier jour, « le dossier est vide ».

Il y a eu les pressions des populations dans diverses localités.

Et un beau jour, le soir venu, arrive dans notre cellule le régisseur de la Maison d’Arrêt, Monsieur Gaif. Il vient me demander de sortir de la cellule et de me rendre avec lui à son bureau. Après quelques protestations, mes co-détenus gardent leur calme sans pourtant qu’ils ne croient entièrement aux garanties données par le régisseur, la crainte d’un enlèvement étant réelle. Et pour cause : dans nos discussions militantes nous avons souvent évoqué pareille situation.

Ma surprise est totale, par la suite. Dans le bureau du régisseur, je trouve l’abbé Fulbert Youlou, mon ancien collègue de l’Assemblée Territoriale et du gouvernement issu des élections de 1957. Il est maintenant Président de la République. Le voilà donc, en compagnie du juge Pouabou, en ce jour de novembre 1960, qui vient me parler à la Maison d’Arrêt de Brazzaville où je suis détenu sans jugement depuis le mois de mai de cette même année.

Le Président Youlou veut faire une génuflexion pour commencer à s’adresser à moi. Je l’en empêche. Nous nous regardons, les yeux dans les yeux. Puis c’est le dialogue.

« -Mon frère, je dois te demander pardon. On m’avait induit en erreur en ce qui te concerne. Maintenant tu es libre et ministre. »

Il me montre alors un décret présidentiel qu’il se dit prêt à signer sur le champ si je suis d’accord. Il veut me nommer Ministre d’Etat. Et il poursuit en me montrant un arrêté ministériel déjà signé, qui a pour objet la régularisation de ma situation financière, y compris en tant qu’élu socialiste. Cela étant fait, le Président Youlou se met à m’écouter avec la profonde attention que j’ai toujours remarquée chez lui dans des situations délicates. Par exemple, lorsqu’en 1955 il avait insisté pour que je sois co-fondateur et Vice-Président de l’UDDIA avec lui comme Président.

Mes paroles sont celles d’un militant responsable et reconnu comme leader par des électeurs dont plusieurs sont en prison pour la même raison que moi ou parce qu’ils me sont restés fidèles. En ce moment, je sais que je dois défendre deux groupes de prisonniers, en effet. Le premier groupe est celui du soi-disant « complot communiste ». C’est le groupe qui est avec moi ici à la Maison d’Arrêt de Brazzaville. Et il y a l’autre groupe. Celui des 55 manifestants de Kibangou, des rebelles paysans qui sont en prison avant moi mais à cause de moi, même si leur cas est distinct de celui du soi-disant « complot communiste ».

« –Mon frère, je ne peux pas accepter ton décret et l’arrêté ministériel ainsi que toute autre offre alors que je suis en prison. Mais, avant tout, je voudrais que tu reconnaisses que tu as agi sous la pression des vichystes qui t’entourent. Au fond, tu as reconnu qu’il n’y a rien dans le dossier du soi-disant ‘complot communiste’. Si je suis libéré, tous mes co-détenus dans cette affaire doivent également recouvrer la liberté.

-Aucun des tiens ne restera en prison.

– Mais, j’ai un deuxième préalable : la libération des 55 manifestants de Kibangou qui sont détenus ici à la Maison d’Arrêt avant moi pour une autre affaire, une fausse affaire. Et dire qu’il est question qu’on les envoie poursuivre leur séjour en prison à Djambala.

– Je te promets fermement que tous ces problèmes seront réglés. Le juge Pouabou. fera le nécessaire, de son côté. Sur le plan politique, le ministre Victor Sathoud fera une déclaration. Vous allez vous réconcilier tous les deux.

Il y aura une réconciliation.

-Monsieur le Président, il n’y a pas un « problème Kikhounga-Ngot ».Il y a le problème du pays, notre pays, le Congo. Je n’accepterai dans le gouvernement qu’après la réalisation de toutes les promesses que vous venez de me faire. »

Dans ce bureau du régisseur de la Maison d’Arrêt de Brazzaville, nous ne sommes que trois. Lui, le régisseur, fait quelques incursions, juste pour remettre du papier au juge Pouabou qui prend des notes.

Nous sommes autour du 26 novembre 1960. Dans deux ou trois jours, le Président de la République doit faire son discours du 28 novembre, anniversaire de la proclamation de la République. Sans doute, il a voulu obtenir de moi ce qu’il me demande pour en faire alors l’annonce dans ce discours.

Tout se termine dans un esprit de conciliation.

De retour dans la cellule où je retrouve mes co-détenus au bout d’environ une heure, je rassure tout le monde en faisant croire aux uns et aux autres qu’il s’agissait d’un entretien relatif à mon dossier, à la demande des avocats et à la suite de cet autre entretien que j’ai eu la veille avec le juge Pouabou à son bureau. Toutefois, je mets les aînés, mes camarades dirigeants syndicalistes dans la confidence, en l’occurrence Tauley Ganga, Julien Boukambou et Makosso Tchapi. C’est sûr, ceux-là garderont le secret jusqu’à ce que la liberté soit accordée à tout le groupe.

D’ailleurs auparavant je leur avais tout dit sur mon entretien avec Jean Félix-Tchicaya.

Depuis le début de mon séjour en prison, c’est la troisième ou la quatrième rencontre que j’ai eue avec le leader du PPC. Son soutien à la cause du groupe du soi-disant « complot communiste » est indéfectible. Nul doute qu’il est très actif dans les réseaux qui mobilisent les avocats internationaux pour notre défense. De tous les camarades congolais en liberté, celui qui m’a le plus souvent rendu visite en prison est Prosper Dekorah. Parmi les amis français blancs, c’est Pierre Fouet. C’est dans le bureau du régisseur que j’ai toujours passé ces moments. Une visite est restée parmi celles que je ne pourrai jamais oublier : celle de mon épouse venue m’annoncer le décès de mon frère aîné Alphonse Ngot, décès survenu le 12 juillet 1960 à Maboukou, mon village natal, suite à un traitement médical inapproprié au dispensaire de Kibangou.

La liberté pour tous mes co-détenus

Une semaine après l’entrevue mémorable que j’ai eue avec le Président Fulbert Youlou dans le bureau du régisseur, on vient me chercher en voiture pour m’amener au tribunal dans le bureau du juge Pouabou.

«  Tu avais gagné dès que Tombalbaye avait refusé que tu sois prisonnier au Tchad », me dit-il.

Et comme pour préciser sa pensée, il ajoute : « Tu es un homme de relations, tu as des responsabilités. Il ne faut pas être trop rigide. »

Revenu dans ma cellule, cette fois je sais que c’est pour dire au revoir à mes co-détenus. Les dispositions prises par le Président Youlou et le juge Pouabou sont telles qu’il faut tout de même que je sorte de prison en tout premier lieu. Tous les prisonniers du soi-disant « complot communiste » seront libérés par la suite. Comme «  les 55 » de Kibangou.

Il est certain que le juge Pouabou ne peut pas tolérer longtemps pareille injustice : « Le dossier est vide !», il me l’a dit dès le premier jour. J’imagine sa peine. Mais celle de mes co-détenus est encore plus grande. Nous maîtrisons notre émotion, les uns et les autres. « Espoir et persévérance ! » Tel est le dernier mot que je leur adresse.

Les plus jeunes sentent davantage qu’une nouvelle page va s’ouvrir. Ils ont acquis des connaissances grâce à nos cours de formation politique et syndicale. Nous avons partagé tant de choses ensemble. Tous nous ne pouvons pas prévoir qu’après ma libération et quelques jours avant celle de tout le groupe, l’un des nôtres allait mourir de maladie, abandonné sans soins dans la cellule de haute sécurité. Jean-Jacques Mouaya, en effet. Il s’était battu avec un co-détenu. Le régisseur avait choisi de le punir aussi durement.

Nous n’oublierons pas cela. Et nous retiendrons sans doute pour toujours ce que nous avons fait ensemble pour cultiver l’espérance en travaillant. Y compris ces chansons que nous avons apprises et chantées.

Quand le régisseur me salue pour la dernière fois alors que mes effets sont prêts, j’ai une autre surprise. Le ministre Victor Sathoud vient me chercher dans une voiture de la Présidence de la République. Il est en compagnie de monsieur Leblanc, l’un des responsables de la sécurité présidentielle, un Blanc venu de France, de la métropole. Nous nous saluons. Le ministre m’informe que le Président voudrait m’inviter à dîner ce soir. Je lui suggère d’envisager cela pour le lendemain. Car je suis impatient de retrouver d’abord le Président du MSA, moi qui suis toujours Vice-Président de ce parti. Et je suis tout aussi impatient de retrouver ma famille à la rue Haoussas et à la rue Bacongo, dans ce quartier de Poto-Poto où j’ai en partie grandi. Là où je me suis installé depuis les débuts de ma vie professionnelle à Brazzaville, depuis cette époque de la fin des années 1940 et du début des années 1950, une époque où les images de cette ville comme « capitale de la France libre » étaient dans tous les esprits des « évolués » dont je faisais partie, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

Quelle liberté alors pour nous qui sommes restés sept mois en prison, sans jugement, et qui n’avons pas vécu la liberté chantée le jour de la proclamation de l’indépendance du Congo, le 15 août 1960 ? Cette question reste dans mon esprit, en pensant à l’avenir et en considérant le passé de mon combat pour ce que nous avons presque toujours appelé « l’émancipation »- nous les progressistes. Mon combat, ce combat syndical et politique qui est devenu celui de tous les jours surtout depuis ce mois de janvier 1949 à Paris, le temps de ce séminaire de formation syndicale organisé par la CGT et auquel j’avais pris part. Depuis ce premier séjour en France où, avec le syndicaliste guinéen Ahmed Sekou Touré, j’ai vécu ce que cela signifie, pour le colonisé , d’être reconnu comme citoyen français et d’être libre, avec une conscience politique certaine.

Diffusé le 08 avril 2018, par www.congo-liberty.org

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15 réponses à Du prisonnier politique Kikhounga-Ngot aux prisonniers politiques d’aujourd’hui au Congo : Et si en 2018, Sassou faisait comme Youlou qui , en 1960, avait reconnu que le dossier était « vide » dans l’affaire du « complot communiste » ?

  1. Mascad dit :

    Sassou n’est pas Youlou. Il faut avoir un Grandeur d’Esprit hors du commun pour faire ce qu’avait fait Youlou. Le geste que voulait faire Youlou face à Kikhounga-Ngot a un nom : HUMILITE ! Aujourd’hui, dans tout le Congo, trouvez un autre homme, un autre Chef de l’Etat avec cette GRANDEUR D’ESPRIT ! Sassou est-il capable de le faire ? Je ne le pense pas. C’est une question de culture !

  2. mwangou dit :

    Que d’émotions!
    Merci d’avoir eu la présence de porter un tel document historique à notre gouverne.
    Et si ceci avait été donné au grand public, comme je le regrette, peut-être que l’animosité qui anime le Congolais d’aujourd’hui envers lui-même, ne serait pas.
    Un jeune président procureur de la république qui n’aura pas eu à accomplir le devoir qui devrait être le sien, d’instruire ses successeurs sur/de la noblesse de et dans la fonction de justice dont ils ont eu le pouvoir de la société elle-même.
    Un président de la république, de droite nous dit-on, peut-être par opportunisme ou simple stratégie de survie, puisque encerclé par des colonialistes qui ne pouvaient supporter de voir l' »émancipation » chère au MSA, mais peut-être aussi aux autres formations politiques…, autant que l’histoire d’une autre ancienne colonie comme la Côte d’Ivoire nous apprend que le jeune communiste Houphouet-Boigny, se convertira aux idées de droite, pour sauver sa peau, ayant vu son compagnon communiste emprisonné comme lui, ne pas sortir debout de la prison…
    Quelle hauteur d’esprit de ces aînés!
    Mais avec un homme politique de cette trempe, un aîné de ce gabarit dans sa région, comment le président Lissouba n’a t-il pas pu être un grand manager politique, au point d’avoir fait le lit à la tyrannie actuelle? Car comme il est dit ici, c’est bien l’engagement du président de la république qui est déterminant, un point un trait…
    Mais cela ne peut servir d’exemple aux présidents actuels, parce que ces derniers ont des objectifs bien précis, pas très nobles, mais bien ciblés.

  3. SATHOUD dit :

    Emouvant article et bel hommage à papa Simon-Pierre KIKHOUNGA-NGOT en qui j’ai une grande affection.
    Pour compléter votre information, et j’espère celle de vos lecteurs, il est pertinent de préciser que Victor SATHOUD (mon père, cité dans l’article) était intervenu auprès du Président YOULOU pour la libération de son frère KIKHOUNGA et des autres détenus. Face à certaines réticences (notamment internationales du fait entre autres de la Guerre froide), Victor SATHOUD a relancé son appel à la libération, cette fois en publiant une lettre ouverte dans le Journal « L’Homme nouveau – Congo ya sika » (Numéro 40 du 06 novembre 1960).
    Cela souligne le sens de l’intérêt collectif et, surtout, le souci d’un apaisement durable qui motivaient cette démarche. Les images ci-dessous l’illustrent parfaitement !

    http://www.congopage.com/Plaidoyer-pour-la-liberation-des

  4. Wilfried Kivouvou dit :

    Dont acte !
    Autre temps, autres moeurs politiques…
    Autant, la noblesse du ‘ »dénouement heureux » de cette malheureuse affaire serait un motif de fierté pour certains, autant il est navrant de noter la pratique, dès ce moment des premières heures de l’avènement de la République, d’une violence d’Etat, sans cause, dans la gestion des affaires publiques. L’arbitraire comme moyen de contrainte aussi fins de l’élimination politique d’adversaires est déjà présente dans cette République naissante, dont les premiers marqueurs structurent toutes les violences ultérieures, qui jonchent le parcours chaotique d’une épopée tragique de crimes, de crises, de guerres civiles, de coup d’Etat, de tribalisme primaire à des fins d’exclusion politique, de tricheries électorales, d’épuration ethnique, de gangsterisme d’Etat, de pillage organisé et systématique des deniers publics, etc. Voilà qui explique comment et pourquoi les peuples du Congo n’aient pas pu connaître ce qu’est la Paix, le Bonheur collectif en tant que Peuple, résolu à se construire un destin de dignité et de grandeur parmi les Nations responsables de ce monde.

  5. colonel benoit moundele ngollo dit :

    il faut savoir resumer un texte!

    au mois on comprend que joseph pouabou fut directeur de cabinet de fulbert youlou il avait don ete assassine par al massamba debat. on donne aussi raison a yombhy opango qui en 1978 pour faire executer la peine capitale infligee aux collaborateurs dal massamba debat condamnes pour crime capital car selon le juge congolais ils etaient reconnus coupables de l’assassinat du president donc le president de la rep avait refuse la grace. yombhy opango disait que certains dentre eux sont des accoutumes des faits « cette fois ci sans pitie et sans pardons ils doivent la revolution a trop pardonne ». sur ce trop long recit se trouve le nom de ndoudi ganga un condamne de 78. yombhy opango disait donc vrai

    c’est simon pierre kinkounga ngot qui avait encense les regions du niari bouenza et lekoumou contre andre milongo et paul kaya.parfois vous soutenez des gens qui ont detruit ce pays. il etait meme le geniteur de ce concept malefique pour la nation congolaise.il est mort dans l’anonymat complet.le congo a une memoire apres tout.

    youlou au pouvoir greve dans la vallee du nairi et le kouilou. evidemment quand mr milongo etait au pouvoir cest le niari qui avait ete le premeir a sectionne la voie ferree a mont belo car commilog avait unileratement rompu sa relation contractuelle avec le cfco. le pool et ses ninjas n’ont pris le relais qu apres.en principe dans cette affaire c’est comilog qui devrait verse des indemnites au cfco pour rupture abusive d’une relation contractuelle et le juge francais avait donne raison a la succession des agents de la comilog de nationalite congolaise.

    c’etait une catastrophe ferroviaire qui impliquait une locomotive du cfco contre un train du cfco mais tracte par une locomotive affrete par le cfco a la comilog. donc le debat aurait du etre oriente sur le contrat d’affretement qui liait les deux parties. la responsabilite du cfco ne devrait se limiter qu au remboursement a l’identique d’une locomotive de la comilog or comilog avait rompu unilateralement le contrat au grand bonheur de votre kingounga ngot. cette rupture abusive etait une violation du contrat d’affretement car il fallait notifier au cfco un preavis de cessation de contrat.ce sont les kinkounga ngot qui avaient lance contre mr milongo l’insulte publique selon laquelle qu il etait « incompetent ». aujourdhui a kinkouga ngot et l’ensemble des ressortissants du niari de la bouenza et de la lekoumou que l’insulte publique est un delit puni par la loi.

    mr denis sassou ng ne peut pas s’inspire du modele de fulbert youlou car l’environnement jurudique n’est plus le meme. aujourdhui il existe un droit penal congolais . le directeur de cabinet du president de la rep n’a pas le droit de visiter des detenus et de leur annoncer une quelconque grace.le droit est une science evolutive.fulbert youlou n’etait pas juge.il n’avait pas a prononcer un non lieu. a son epoque cela etait comprehensible mais aujourdhui non ca ne passe plus.

    retenez seulement que c’est kikounga ngot qui avait endiable le niari la bouenza et la lekoumlou contre andre milongo.le general florent tsiba directeur de cabinet de denis sassou ng au regard du droit penal congolais n’a pas le droit de prononcer des acquittements.il sera attrait en justice pour ursurpation de fonctions. si joseph pouabou avait pu agir en lieu et place du juge, florent tsiba aujourdhui ne peut plus le faire.

    SACHEZ RESUMER UN TEXTE

  6. Val de Nantes dit :

    Est ce la genèse de la criminalité politique au Congo ,ou un balbutiement dans la recherche d’un équilibre politique au sortir d’une indépendance mal négociée????.
    Cette époque ,pour noble qu’elle soit ,doit être rangée dans les tiroirs de l’histoire politique de notre pays ,pour insuffler une ère politique expurgée de toutes manigances politiques .
    Le passé politique de notre pays ne peut nous servir de lumière à notre défi de proposer une nouvelle organisation politique de notre pays , car il est émaillé des intrigues criminogènes qui continuent à peser sur la promesse de l’èdification d’une nation congolaise avec tous les avantages y afférents….

  7. DIELE MO MISSOU dit :

    Dans le même ordre d’idée que la réaction de SATHOUD fille ou fils, j’exhorte les lecteurs à s’imprégner par ailleurs de l’article intitulé: « Péripéties de la réconciliation et prémices de l’unité nationale à l’orée de l’indépendance dans le département du Niari » publié sur ce même site Congo liberty, depuis le 06/07/2012 et disponible sur la même page en guise d’article similaire.

  8. Anonyme dit :

    Juste trois observations pour aujourd’hui.
    1- S’agissant de la forme des écrits des Congolais, je constate que Mr Benoît Moundélé Ngolo ne semble pas comprendre qu’il faut savoir lire un document. Et quand il s’agit d’une archive, on peut, à ses dépens, faire le choix de ne pas tout lire, le pire étant que la paresse intellectuelle débouché sur le choix de ne rien lire.
    2- Dire que Kikhounga-Ngot est mort dans l’anonymat relève d’une fiction qu’un romancier pourrait écrire en falsifiant l’histoire de la manière dont le fait Mr Moundélé Ngolo qui juge utile de faire croire des contre-indications vérités telles que les suivantes, dans un commentaire inutilement long. Exemple 1:Kikhounga-Ngot et des leaders issus de la Vallée du Niari empêchant le premier ministre Milonga de gouverner ( Pour faire perpétuer la fausse idée selon laquelle les gens des pays du Niari » sont  »contre » ceux du Pool, les uns et les autres étant descendants du royaume de Kongo?). Exemple 2: Doudi Nganga présenté comme un récidiviste qui méritait d’être tué dans le cadre des procès staliniens de 1977, n’est-ce pas là une de ces insultes incroyables à la mémoire de compatriotes victimes du terrorisme d’ État que dénoncent encore ces jours- ci les victimes de la  »guerre du Pool »? Depuis le 8 avril 2018 justement, un message audio circule sur les réseaux sociaux , message d’une pauvre et digne femme s’adressant en lari à Madame Adélaïde X ( N’est-ce pas le devoir des ci

  9. Val de Nantes dit :

    @Anonyme ,oui ma femme m ‘a fait écouter ce pathétique message adressé à Adélaïde . Je puis te dire à quel point ,tout est encore confus .Le congo est bel et bien maudit.
    On ne sait plus à quel cardinal se vouer ????? Déjà on n’en a plus , bonjour la tristesse ,pauvres parents …..

  10. Anonyme dit :

    Que pensez-vous des propos de Me Moudileno Massengo sur Diawara-Sassou et Nganao?

  11. DIELE MO MISSOU dit :

    Dixit Victor SATHOUD :
    « Le Niari est un carrefour de nos ethnies et de nos opinions. C’est un pays qui, par ces richesses naturelles, veut se maintenir dans l’ordre, mais dont l’équilibre est souvent menacé par les manœuvres de certaines gens qui se servent des fils du Niari comme des outils, en les opposant les uns aux autres – au détriment des intérêts bien compris de cette région du Niari – tant il est vrai qu’il faut diviser pour régner. »

  12. Comment le groupe Total a aidé le Congo à berner le FMI dit :

    http://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2018/04/10/comment-le-groupe-total-a-aide-le-congo-a-berner-le-fmi_5283316_4862750.html

    « Le Monde » révèle comment le groupe a imaginé un opaque montage offshore pour permettre au Congo d’échapper à la vigilance du Fonds monétaire international.
    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2018/04/10/comment-le-groupe-total-a-aide-le-congo-a-berner-le-fmi_5283316_4862750.html#ZBofwBclYjZRFV3m.99

    Caniculaire été 2003. Alors que le mercure dépasse allègrement les 30 degrés, les avocats d’un cabinet de Jersey échangent avec le gendarme financier de l’île anglo-normande. Il s’agit d’obtenir un accord de principe de la part de la commission des services financiers pour s’assurer de la légalité d’un montage opaque qui est en train d’être échafaudé dans la plus grande discrétion. « Ce dossier est extrêmement urgent », plaident-ils.

    C’est le point de départ d’une nébuleuse histoire liant le géant pétrolier Total à la République du Congo, qui peine à se relever financièrement après une guerre civile meurtrière. Avec l’aide de la banque BNP Paribas, la multinationale et le Congo ont cherché à contourner des engagements pris par Brazzaville envers le Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier joue un rôle décisif dans l’allégement des dettes souveraines et ne doit en aucun cas être mis au courant de ce qui se trame : contre des promesses de transparence comptable, le FMI doit annoncer l’accession du Congo au statut très convoité de « pays pauvre très endetté », qui garantirait une annulation substantielle de la dette d’Etat.

    Total, de son côté, vante l’irréprochabilité de sa charte éthique, établie après l’absorption d’Elf, en mars 2000. Impossible dès lors de dévoiler aux instances internationales ou même à ses actionnaires le micmac financier qui se mijote dans les paradis fiscaux.

    L’étendue de cette tentaculaire affaire, qui s’étend sur trois continents différents, à l’insu du FMI, des créanciers congolais et du public, a été découverte par Le Monde en enquêtant sur des centaines de documents des « Panama Papers » et « Paradise Papers », deux fuites de données massives issues de cabinets d’avocats offshore, révélées en 2016 et 2017 avec le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires.

    Passer l’éponge sur l’historique d’Elf
    Il faut donc remonter à 2003 pour comprendre l’histoire. Si l’avocat de Jersey se fait pressant, en ce 9 juillet, c’est qu’il s’agit d’une affaire de la plus haute importance pour son client, Total. La multinationale française vient de mettre la touche finale à un épineux problème qu’elle traînait comme un boulet depuis le tournant du siècle. Après plusieurs années de négociations, Total est enfin parvenu à un accord avec Brazzaville, qui permet au géant français des hydrocarbures de passer l’éponge sur le passif litigieux de son prédécesseur, Elf, dont les dirigeants sont alors en procès. A couteaux tirés avec Total, dans un climat de Françafrique qui ne dit pas son nom, le gouvernement congolais réclamait notamment réparation pour le rachat par la compagnie pétrolière, à prix bradé, des parts de l’Etat congolais dans Elf-Congo.

    C’est chose faite, le 10 juillet 2003, avec l’adoption d’un « accord général transactionnel », négocié par Denis Gokana, conseiller spécial du président congolais… et ancien ingénieur chez Elf. En quelques signatures, tous les contentieux sont effacés. Lavé des péchés d’Elf, Total obtient même les droits d’exploitation d’un nouveau champ pétrolifère. La multinationale française a dû pour cela consentir à un geste financier ; mais plutôt que de verser au Congo des espèces sonnantes et trébuchantes, elle lui cède pour 1 franc symbolique ses parts dans une concession pétrolière maritime en fin de vie, située au large des côtes africaines.

    Estimé à 160 millions de dollars (129 millions d’euros), ce « cadeau » n’est pas une si bonne nouvelle pour le Congo. Etranglé par ses dettes, le pays a besoin de liquidités plutôt que de champs pétroliers. L’une des solutions consisterait à vendre par anticipation le pétrole qui sera extrait du champ dans les prochaines années, pour empocher immédiatement des devises. Impossible ! Le FMI interdit de tels préfinancements pétroliers aux pays qui sollicitent son aide et le Congo s’est publiquement engagé à se passer de telles pratiques.

    Le 7 octobre 2003, le président Denis Sassou-Nguesso signe donc une loi pour vendre le champ à Likouala SA, une société congolaise fraîchement créée, ce qui lui permet de récupérer immédiatement une première tranche de 80 millions de dollars ainsi que la promesse d’une seconde tranche, d’un montant identique, dans quelques années. « La nécessité pour la République du Congo de monétiser au plus vite ses intérêts dans le champ de Likouala s’est avérée déterminante dans la logique de l’opération qui a ensuite été mise en place, avec la cession de ses droits à la société Likouala SA », explique au Monde un porte-parole de Total. Voilà pour la version officielle.

    Lire aussi : Congo, cache-cache et corruption

    La création du montage
    En coulisses se trame une histoire bien plus complexe. Les éléments rassemblés par Le Monde permettent de penser que Likouala SA, loin d’être une compagnie pétrolière comme les autres, était en réalité un faux nez de la République du Congo. La société a été créée en septembre 2003, quelques semaines avant d’obtenir la concession sur le champ pétrolier.

    Ses actionnaires ne sont ni des investisseurs congolais ni de grandes multinationales occidentales, mais une société-écran baptisée Montrow International Limited, enregistrée aux îles Vierges britanniques un mois plus tôt. Les autorités de ce territoire des Caraïbes sont très peu regardantes sur les modalités des montages offshore et permettent un enregistrement extrêmement rapide des sociétés-écrans.

    Pour rajouter une couche d’opacité, Montrow International Limited est elle-même logée dans un trust tout juste créé à Jersey, le Montrow Trust. Ce type de structure de droit anglo-saxon présente un avantage incomparable pour les entreprises en quête d’opacité : les propriétaires officiels sont les avocats du cabinet Nautilus, qui ne sont en réalité que de simples gestionnaires (trustees). Les bénéficiaires du trust restant invisibles, les véritables détenteurs de la concession pétrolière sont donc protégés par un double verrou de confidentialité.

    Pour s’offrir la concession, la mystérieuse Likouala avait besoin de 70 millions de dollars. Difficile d’obtenir de tels montants pour une société sortie de nulle part, dotée d’à peine 15 000 euros de capital et détenue par des actionnaires inconnus. Cette somme lui a pourtant été prêtée par la banque française BNP Paribas.

    Likouala SA, une coquille vide
    C’est ce prêt qui expliquerait pourquoi le Congo s’est donné tant de mal pour ériger un mur étanche avec le champ pétrolier : frappé de l’interdiction de s’endetter lui-même pour des projets pétroliers, l’Etat congolais n’aurait en aucun cas pu effectuer la même opération avec sa société pétrolière publique, sous peine de s’attirer les foudres du FMI. Grâce à ce montage habile, Brazzaville a donc pu obtenir l’argent frais de la BNP sans éveiller les soupçons de l’institution internationale. Sollicité par Le Monde, le FMI n’a pas souhaité commenter ces révélations.

    Total a toujours affirmé n’avoir gardé qu’un intérêt subalterne dans le champ pétrolier après en avoir cédé sa participation, en 2003. Des documents montrent au contraire que la multinationale française a continué à y jouer un rôle de premier plan. C’est Total qui a élaboré le montage offshore impénétrable permettant de dissimuler les propriétaires du champ pétrolier, avec l’aide du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel et de Nautilus, un prestataire offshore basé à Jersey. Total, toujours, qui a payé les avocats de Gide Loyrette Nouel pour rédiger le contrat de prêt entre Likouala et la BNP. Total, encore, qui est resté à l’époque le seul maître à bord dans Likouala, comme en attestent les contrats confidentiels épluchés par Le Monde. Total, enfin, qui a prévu de racheter pour seulement 1 500 euros les actions de la société Likouala afin de les rétrocéder gracieusement à Brazzaville, après le remboursement du prêt bancaire.

    Likouala SA, gérée par un cadre congolais de Total, n’est en réalité qu’une coquille vide sans dépenses ni revenus, sans personnel ou compte en banque à son nom. En vertu d’un « contrat d’“operating délégué” », elle a en effet transféré « tous les aspects techniques, administratifs, légaux, comptables et financiers » à Total, qui continue d’exploiter les puits pétroliers.

    Omniprésence de Total
    C’est également Total qui règle l’intégralité des frais administratifs des sociétés offshore et se charge de rembourser l’emprunt à la BNP, comme le confirme une source proche du dossier : « La BNP n’a qu’un seul interlocuteur dans ce deal : Total. D’ailleurs, la créance est garantie par Total. » La banque française récupère au passage un nouveau client de poids. « La contrepartie, c’est qu’il ne fallait pas trop poser de questions… »

    Pourtant, dans l’entourage du pétrolier, on affirme au contraire que toutes les conditions du prêt étaient posées par la banque. En substance, pour que le prêt soit accepté par la banque, la BNP aurait imposé à Total un certain nombre de garanties, notamment que la République du Congo n’apparaisse jamais dans le cadre du montage offshore. Et pour cause : à la même époque, la BNP préside le comité rassemblant les créanciers privés du Congo. Elle connaît donc l’étendue de la dette congolaise et ne peut pas prêter directement au Congo dans ces conditions.

    L’omniprésence de Total est telle que, dès la création du montage, l’un des gestionnaires de Jersey met en garde le géant des hydrocarbures. Dans un mail envoyé à Gide Loyrette Nouel, le fiscaliste écrit : « Avec autant de garanties (…) envers Total, si jamais cela devait pour une quelconque raison atterrir devant les tribunaux, je pense que le juge pourrait décider que Total est le véritable gestionnaire » du montage… ce qu’évidemment Total veut absolument éviter. D’autant que son prédécesseur, Elf, avait déjà fait l’usage de montages peu ou prou identiques dans les années 1990, de l’aveu même du PDG de l’époque, Loïk Le Floch-Prigent.

    L’attaque des vautours
    Ce secret aurait pu s’oublier dans les placards de Total sans l’entrée en jeu d’Elliott Management, un fonds d’investissement américain spécialisé dans l’achat de dette souveraine, considéré comme un « fonds vautour » pour ses méthodes très agressives.

    L’une de ses filiales aux îles Caïmans, Kensington International Limited, détient une partie de la dette congolaise, rachetée au rabais. Elle cherche à obtenir le paiement de sa créance depuis quelques années déjà, mais faute d’obtenir le remboursement intégral des 93 millions de dollars qu’elle réclame encore à l’Etat congolais, Kensington s’est tournée vers Likouala, qu’elle soupçonne d’être une « façade » du Congo-Brazzaville.

    Lire aussi : Elliott Management, le fonds spéculatif qui a fait payer le Congo-Brazzaville

    Représenté par Appleby – le cabinet d’avocats au cœur des « Paradise Papers » –, le fonds assigne l’actionnaire unique de Likouala, Montrow, devant un tribunal aux îles Vierges britanniques, après avoir obtenu des jugements favorables à Jersey, en Angleterre et aux Etats-Unis. Cherchant notamment à établir une volonté de dissimulation et de fraude de la part du Congo, les plaignants se livrent à une bataille légale féroce et très coûteuse durant la période d’instruction, qui s’étale sur toute l’année 2007. L’un des acteurs va jusqu’à assigner Gide Loyrette Nouel et la BNP en justice en France dans le but d’obtenir des documents permettant de prouver la fictivité du montage offshore, mais les plaintes sont jugées irrecevables.

    Le règlement secret
    Ce procès aux îles Vierges, prévu pour février 2008, est l’occasion pour la justice de déterminer une bonne fois pour toutes qui est le véritable propriétaire de Likouala. Mais la vérité judiciaire n’éclatera pourtant jamais au grand jour. Les avocats de Kensington et du Congo parviennent in extremis à un règlement à l’amiable. Dans l’accord paraphé le 15 janvier 2008, le Congo se résout à payer « une somme d’argent (…) en règlement des revendications découlant des jugements au Royaume-Uni ».

    En échange, Kensington renonce à toute prétention supplémentaire sur « les dettes souveraines qu’elle a achetées ». Le fonds d’investissement abandonne aussi toutes ses procédures judiciaires, y compris contre Total et la BNP. En professionnels respectueux du secret des affaires, les cabinets d’avocats représentant Kensington s’engagent même à effacer les milliers de pages de documentation utilisées durant le préprocès. Aucune publicité n’est faite de l’accord, ou du contenu des discussions.

    La société Likouala n’existe plus depuis janvier 2011. Quelques mois auparavant, elle avait cédé pour 130 millions de dollars sa concession pétrolière à CongoRep, une coentreprise détenue par la République congolaise et la compagnie franco-britannique Perenco. Une fois les dettes à la BNP et à Total soldées, Brazzaville devait récupérer au moins 52,2 millions de dollars dans l’opération. Les pudiques comptes publics congolais empêchent pourtant toute vérification.

    Total a assuré dès 2003 avoir « cédé son intérêt de 65 % dans la concession » Likouala sans jamais plus s’appesantir sur la question. Contactée à de multiples reprises, la société s’est contentée de justifier, par le biais d’un porte-parole du groupe, que « cette opération s’est inscrite dans un cadre légal et n’a causé de préjudice à personne. » Les autres protagonistes n’ont pas souhaité commenter les informations du Monde, et pour cause : la plupart sont liés à une clause de confidentialité qui leur interdit de « publier des communiqués de presse à des fins de divulgation de l’accord » signé aux îles Vierges britanniques

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2018/04/10/comment-le-groupe-total-a-aide-le-congo-a-berner-le-fmi_5283316_4862750.html#U2kuVUiHh14VOPsY.99

  13. VAL DE NANTES dit :

    @anonyme , il y a un âge , où il faut dire la vérité sur ce qu’on a vécu ;.Maître MOUDILENO livre par petites saillies des vérités cachées sous le tapis noir de la république .
    J’avais dit qu’ après SASSOU , le pays sera ivre des surprises nauséeuses ;MOUDILENO nous en donne les prémices .
    J’avais personnellement rencontré, ce baobab de la politique congolaise , dans les années 90 dans une des régions françaises , je puis vous assurer de son intelligence intacte .
    En gros , cet homme est une médiathèque ambulante ,pour ceux qui veulent construire ce pays , sur les cendres de cette génération , ce dont je doute .
    Nous devons nous macronnisez ;;;;;pour réécrire une nouvelle page politique de notre pays .
    A force ,de regarder dans le rétroviseur , nous n’avancerons jamais ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;
    La nostalgie politique est un poison du devenir politique de notre pays ;;;
    MERCI ; J’ai dit ;

  14. Anonyme dit :

    Val de Nantes,
    La bombe que vient de lâcher Me Moudileno m’a vraiment bouleversé au point où ce sassou je ne sais comment le qualifier. Ce monsieur sassou est la méchanceté incarnée sur terre.

    Et que dire de Adélaïde Moungani? Quand a-t-elle su cette nouvelle ? Ô pitié Seigneur !

  15. mwangou dit :

    LE PRESIDENT FULBERT YOULOU N’ETAIT NI UN CHEF ETHNIQUE NI UN DIRIGEANT SECTAIRE

    Le Président Fulbert YOULOU a été le mal aimé de notre sanglante histoire. De 1964 à 1991 plusieurs générations ont été éduquées dans ce que je puis nommer l’anti-youlisme.
    Et pourtant l’ascension du petit Abbé vers le pouvoir suprême ne l’autorisait point à devenir un dirigeant sectaire et ethnique.

    En effet, lorsque l’Abbé rentre du Cameroun en 1946 il est en butte à l’hostilité d’une partie de ses « parents ethniques » Laris-Kongos, notamment la branche radicale des matsouanistes, qui y voient dans sa soutane une collusion avec les colons français. Etant donné qu’en 1946 des émeutes éclatent à Bacongo au cours desquelles l’Abbé RAMEAUX est molesté à l’église St Pierre Claver. Youlou est donc victime d’un ostracisme à Bacongo. Il échappe par ailleurs à un lynchage public en 1947 en l’église de Mabaya-Koubola pour avoir prononcé une homélie dans laquelle il s’en prend avec une rare violence verbale à la fraction radicale des matsouanistes qui refuse la scolarisation des enfants. Youlou est exfiltré par des fidèles venus à sa rescousse.

    Cela dit, Youlou avait d’abord conquis ce que l’on appela autrefois le Niari Forestier (actuelle région de la Lekoumou et la partie forestière du Niari constituée de Divenié, Mbinda et Mayoko), avant de capter ce qui devait être son électorat naturel de la région du Pool dont il est originaire.

    Contrairement à la littérature d’une certaine science politique congolaise à prétention scientifique, Youlou ne s’était pas appuyé sur son ethnie et encore moins sur le matsouanisme pour conquérir le pouvoir suprême. Au contraire, en redoutable stratège et très ambitieux, Youlou s’était rapproché des élites du Niari Forestier et du Kouilou continental (Bilala, Mvouti etc) issues des lignages et des clans « dominés ». Dans le Kouilou, ces élites du Kouilou Forestier étaient en butte à l’hégémonie symbolique des élites Vilis issues des descendants de la lignée royale (Diosso et Loango), ces derniers revendiquant une descendance et une filiation directe avec le Roi MA LOANGO, légitimant par ailleurs la structure vassalisée de la société vili.
    Dans le Niari les élites conquises par Youlou se préparaient à une revanche symbolique contre les élites Bakunis de Dolisie et Loudima qui les considéraient comme des « landala lail », donc des populations venues des forêts et longeant le rail (CFCO) pour rejoindre Dolisie et Loudima.

    Cette configuration ethno-géographique issue des rapports marchands coloniaux sera d’un grand secours pour Fulbert Youlou à partir de 1959, puisque son allié Stéphane THYTIELLE, un Vili de Bilala, remporte les municipales de Pointe-Noire tandis que Pierre GOURA, un autre allié, Bayaka originaire de Sibiti, accède à la mairie de Dolisie en battant KIKOUNGA NGOT.
    C’est après avoir conquis le Kouilou continental et le Niari Forestier que l’Abbé Youlou avait capté l’électorat du Pool et de Bacongo à la faveur d’un grand travail de terrain mené par des associations de jeunes coordonnées par Dominique NZALAKANDA, Jean BIYOUDI, Roch MALANDA et le Doyen LASCONY.

    En outre, Youlou relève opportunément que la langue urbaine qu’est le lari est porteuse des liens sociaux dynamisant un réseau de solidarité trans-ethnique entre les ressortissants de Bacongo au-delà de leurs ethnies d’origine. C’est donc par le biais du lari en tant que langue que Youlou conforte son ascension fulgurante vers le pouvoir en se rapprochant des fonctionnaires originaires du Niari et du Kouilou installés à Bacongo, lesquels habitaient majoritairement les quartiers SIC de Bacongo et Makélékélé, et parlaient un lari sans accent. Parmi ceux-ci, il y a le très respecté Martial KONGO, un Yombé de Mvouti, père de l’historien Marcel KONGO; François NGOY, originaire de Zanaga, devenu plus tard le président de l’équipe de football les « Diables-Noires »; MADOUNGOU Boniface dit « Vieux Castar », un Bayaka originaire de Sibiti dont la fille TSONA Claire épousera le Ministre Prosper GANDZION, tandis que sa troisième fille, Henriette BOUANGA, affectueusement appelée BIBI, deviendra la propriétaire du bar dancing « CHEZ BIBI » à Bacongo ; MENGO Edouard, originaire de Sibiti dont le fils ainé, Jean Marie MENGO, Chef des Motards et Maréchal des Logis, sera assassiné le 26 mars 1970 après avoir été enlevé de sa cellule à la maison d’arrêt trois jours après l’échec du coup d’état du Lieutenant Siroko KIGANGA dont il était très proche ; Basile MAPINGOU, député UDDIA, originaire de Zanaga, nommé Sous-préfet de la nouvelle sous-préfecture de la Létili, laquelle a été créee par Youlou pour remercier les élites de l’actuelle région de la Lekoumou ; MOUKENGUE dit « Shérif » et Barthelemy NZABA, tous Bembés de Mouyoundzi.

    On le voit, l’Abbé Youlou a été inspiré par une rationalité politique tirée d’une lecture sociologique intelligente de la société coloniale. Il avait par ailleurs compris et saisi le rapport du lari à l’urbanité comme processus valorisant de son ascension politique. Et, contrairement à Bernard KOLELAS, plus tard, Fulbert Youlou avait compris depuis 1947 qu’il était dangereux pour tout ressortissant du Pool de se revendiquer de MATSOUA GRENARD, puisque suivant Youlou cette figure de notre histoire qu’est Matsoua incarne « l’interdit » pour avoir perturbé l’ordre colonial et sa structuration de domination. D’autant que, par simplifications idéologiques, les colons français avaient assimilé le Matsouanisme au « Larisme », autre expression conçue par les mêmes colons pour légitimer « l’intégrisme dit du Pool », lequel a été repris dans le champ politique postcolonial à la faveur des raccourcis politiciens et des simplifications idéologiques. D’où la forte tendance vers l’essentialisation et la particularisation des Laris-Kongos. L’Etat postcolonial ne pouvant se reproduire qu’avec les logiques et les postures de l’Etat colonial dont il est le dérivé. Et, l’épuration ethnique en cours dans la région du Pool depuis avril 2016 est instructive en ce sens.
    C’est la raison pour laquelle Youlou avait compris que la figure de Matsoua, faussement assimilé à ce supposé « intégrisme » des Laris-Kongos, sera utilisée pour justifier et « légitimer » les violences meurtrières contre ses parents ethniques Laris-Kongos. C’est sous cet angle qu’il convient de comprendre la répression qu’il organise contre les matsouanistes radicaux et leur déportation au nord du pays. Et parallèlement, Youlou se rapproche des matsouanistes modérés. Cette répression-déportation répondait a deux préoccupations. D’abord, rassurer les factions politiques non laris-Kongos de ce qu’un ressortissant du Pool, donc Youlou, peut organiser une expédition punitive contre les siens. Ensuite, il s’est agi pour Youlou d’éloigner les motivations de la répression contre les originaires du Pool tant que les matsouanistes habiteront cette région.

    Ceci étant, les éléments parcellaires, ci-dessus décrits, sur l’ascension fulgurante de l’Abbé Youlou vers le pouvoir suprême, apportent un éclairage sur la posture trans-ethnique et nationalitaire de l’Abbé Youlou.

    Certes, il lui était fait le grief, à raison par ailleurs, d’avoir prononcé un discours en lari le 15 août 1963 en s’adressant uniquement à ses « parents ethniques » Laris-Kongos et non à l’ensemble du peuple congolais. Cependant, ce discours sur fond de recentrage ethnique a été tenu par un chef dépité et désespéré, lâché de toutes parts, et voyant le pouvoir lui échapper. Il a donc tenté de rallier à sa cause les originaires du Pool, majoritaires à Brazzaville. D’autant qu’il se dit surpris de constater que le 14 août 1963 le premier rassemblement du peuple déferlant vers le palais, au-delà de celui des syndicats, a lieu au Marché total de Bacongo. Dans un dernier sursaut, Fulbert Youlou s’adresse donc à ceux qu’il considère comme ses parents dans l’espoir d’obtenir leur ultime soutien, en vain. Dans l’après-midi de cette journée du 15 août 1963, après sa démission, Youlou est en larmes, exposant sur le peuple congolais manipulé mais aussi sur ses « parents » du Pool. Mon défunt père, Pascal MVOULA, Chauffeur du Président de l’Assemblée Nationale, Marcel IBALIKO, vécut cette scène au palais lorsque le Président Fulbert Youlou, en larmes, est soutenu par Marcel IBALIKO, Dominique NZALAKANDA et Prosper GANDZION.

    Cette séquence ne peut pour autant invalider la posture de dirigeant trans-ethnique et national du Président Fulbert YOULOU.

    Il s’agit d’une ahurissante contre-vérité historique que d’affirmer que l’Abbé YOULOU, cette figure emblématique de notre histoire, aurait été un dirigeant ethnique ou un Chef sectaire. Cette thèse a été soutenue par une certaine science politique congolaise engluée dans des analyses contredites par la pugnacité des faits.

    Roger MVOULA MAYAMBA
    Juriste

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