Détruire une dictature et empêcher qu’une nouvelle ne vienne la remplacer

Par David LONDI

Résister, c’est le début de la victoire, a déclaré Adolf Pérez Esquivel. C’est effectivement le début d’une grande transition à l’aube du XXIe siècle, de sujets soumis à citoyens, de spectateurs impassibles à acteurs. La résistance civile – type d’action politique s’appuyant sur l’emploi de méthodes non-violentes – pour vaincre l’oppression, l’imposition, la violence de l’indiscutable est l’expression du passage de la peur et la résignation à l’action résolue. Nous avons les diagnostics, le temps d’agir à temps est arrivé. Temps de surmonter l’inertie, de ne plus s’obstiner à vouloir résoudre les défis présents avec des formules valables hier. Il y a, certes, plusieurs solutions disponibles, mais un avenir respectueux des Droits de l’Homme, du partage, de la pleine solidarité… requiert de découvrir des chemins nouveaux vers l’avenir, de dévoiler des réalités encore cachées ou déguisées aujourd’hui, d’inventer le futur pour garantir l’égale dignité de tous les êtres humains.

La désobéissance civile est certainement l’une des voies à explorer pour désintégrer toute Dictature, dont celle du Congo-Brazzaville. Cette exhortation de Gene Sharp sera toujours le moteur qui anime mon âme de militant : De la peur et la résignation à l’action.

Quand on regarde ce que l’on peut faire face à la dictature de Sassou-NGuesso, surarmée et prête depuis plus de 20 ans à la répression du peuple en lutte, la désobéissance civile s’impose bien vite comme un outil nécessaire. Car quand la dictature embastille au nom des lois scélérates, celui qui reste impartial et conclue que les lois doivent toujours être respectées est complice. De la même manière que celui qui se déclare neutre en voyant combattre un lion avec une souris. Sa neutralité est un soutien pour le lion. Indiscutable. Imparable. La modernité n’est plus d’aller affronter les forces répressives de la dictature dans les démonstrations de rue mais de lui opposer des actions de « non-violence » ciblées, pensées et faisant le moins de victimes humaines et matérielles parce que c’est l’option pour laquelle elle s’est le moins préparée. Les démonstrations de rue, les manifestations viennent couronner la résistance quand le rapport des forces commence à s’inverser en faveur des démocrates. « Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre » (Sun Tzu dans l’Art de la guerre, VIème siècle av. J.C.).

Qu’est-ce que la désobéissance civile ?

Si l’on devait synthétiser toutes les définitions qui ont été données sur la désobéissance civile, c’est une infraction consciente et intentionnelle, un acte public à vocation collective, pacifique. Son but : la modification de la règle ou de la loi qui est jugée injuste et, dans le cas d’une dictature, la désintégrer pacifiquement.

La désobéissance civile a quelque chose de très attirant, mais c’est en fait une prise de position assez peu clinquante. Être désobéissant, ce n’est pas être une sorte de super héros. Ce sont des actes quotidiens presque anodins qui composent la désobéissance.

Quelle attitude doit adopter aujourd’hui un homme face à la dictature ? Je répondrai qu’il ne peut sans déchoir s’y associer. Pas un instant, je ne saurais reconnaître pour mon gouvernement cette organisation politique qui est aussi le gouvernement du génocide du Pool et qui a volé le suffrage du peuple.

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. Toutes les machines ont leur friction et peut-être celle-là fait-elle assez de bien pour contrebalancer le mal. En tout cas, c’est une belle erreur de faire tant d’embarras pour si peu. Mais quand la friction en arrive à avoir sa machine et que l’oppression et le vol sont organisés, alors je dis « débarrassons-nous de cette machine ». En d’autres termes, lorsqu’un sixième de la population d’une nation qui se prétend le havre de la liberté est composé d’esclaves, et que tout un pays est injustement envahi et conquis par une armée étrangère et soumis à la loi martiale, je pense qu’il n’est pas trop tôt pour les honnêtes gens de se soulever et de passer à la révolte. Ce devoir est d’autant plus impérieux que ce n’est pas notre pays qui est envahi, mais que c’est nous l’envahisseur.» Henry David Thoreau (inventeur du concept de la désobéissance civile, au 19ème siècle aux Etats-Unis, contre l’esclavage et la guerre contre le Mexique).

Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d’un homme juste est aussi en prison. La place qui convient aujourd’hui, la seule place que cette dictature ait prévue pour ses esprits les plus libres et les moins résignés, c’est la prison. C’est là que le militant, le prisonnier politique, le journaliste indépendant les trouveront sur ce terrain isolé, mais libre et honorable où la dictature relègue ceux qui ne sont pas avec lui, mais contre lui : c’est, au sein d’une dictature, le seul domicile où un homme libre puisse trouver un gîte honorable. Une minorité ne peut rien tant qu’elle se conforme à la majorité ; ce n’est même pas alors une minorité. Mais elle est irrésistible lorsqu’elle fait obstruction de tout son poids. S’il n’est d’autre alternative que celle-ci : garder tous les justes en prison ou bien abandonner la répression et le pouvoir, la dictature n’hésitera pas à choisir parce qu’elle n’aura pas de prisons assez grandes pour les contenir tous. Si un millier d’hommes devaient s’abstenir de payer leurs impôts ou les taxes cette année, ce ne serait pas une initiative aussi brutale et sanglante que celle qui consisterait à les régler, et à permettre ainsi à la dictature de commettre des violences et de verser le sang innocent. Cela définit, en fait, une révolution pacifique, dans la mesure où pareille chose est possible. Quand le soldat a refusé obéissance et que le fonctionnaire démissionne, alors la révolution est accomplie.

La non-violence ne s’improvise pas

Au lendemain de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, comme le rapporte RFI « Au Congo-Brazzaville, quatre candidats déçus de l’élection présidentielle appellent à une opération « ville morte », ce mardi 29 mars, à Brazzaville et dans l’ensemble du pays. Cette action vise à protester contre la victoire, au premier tour, du président Denis Sassou Nguesso à l’élection du 20 mars. »

Ces dirigeants politiques de l’opposition et de nombreux démocrates se retrouveront avec une forme de « gueule de bois » sociale. La dictature en sortira plus grandie. Ce sera le retour à une bien pénible réalité : l’opposition était complètement à terre et divisée entre ceux qui avaient reconnu la victoire du tyran et d’autres qui le traitaient de voleur. Un échec relatif qui révèle les contradictions profondes de la société congolaise biberonnée au tribalisme béat. Mais il y aura aussi, bien sûr, les leaders politiques qui en subiront aussi les conséquences, les hauts et les bas de nombreuses comparutions, préparations et, bien entendu, les sanctions d’embastillement qui accompagneront les actes imaginaires commis. Les actions auxquelles fait allusion Munari, ici, s’inscrivaient certainement dans la volonté de contester pacifiquement l’élection de Sassou Nguesso par une série d’actions de désobéissance civile vite stoppées par ce premier flop.

Une question de responsabilité

Le terme « désobéissance civile » a été utilisé à de nombreuses reprises lors de cette spectaculaire opposition à l’arnaque électorale de Sassou avec le même « insuccès ». Au cours des quelques événements de protestation, des militants ont été encouragés à enfreindre volontairement l’autorité de cette nouvelle dictature qui s’installait. Mais l’incitation de militants ou des citoyens à désobéir à une dictature aussi féroce et autocratique n’est pas une mince affaire surtout après les traumatismes des guerres que ce peuple a subies depuis plus de sept (7) ans (1993 – 2000).

Dans une dictature, les personnes n’ont pas l’habitude de volontairement enfreindre la loi par une peur tenace. Ils ont très souvent de la difficulté à jauger aussi bien l’importance du sacrifice que ces actes leur imposeront que les conséquences qu’ils encourent par leur lutte.

Dans le tumulte des actions et réactions, des confrontations sociales aux forces répressives de la dictature dégénèrent facilement en violence; la spirale de la violence s’enclenche et les actes impulsifs et maladroits entraînent des réactions imprévues que, souvent, par la suite, plombent les objectifs de la lutte légitime. Rapidement, souvent, les manifestants arrêtés se retrouvent incarcérés, déboussolés; leur liberté leur est retirée et ils doivent maintenant se défendre contre des accusations civiles ou criminelles qui peuvent affecter leurs études, leur travail, leur employabilité et leurs possibilités de voyager.

La désobéissance civile a des conséquences sur les personnes qui s’engagent dans la lutte et qui mettent en œuvre les moyens d’action qui l’accompagnent. Elle implique une importante responsabilité qui doit toujours être prise en compte par les initiateurs.

La formation et la discipline… incontournables

Dans le cadre de la lutte pour les droits civiques, Martin Luther King a compris que l’appel responsable à la désobéissance civile face au racisme des institutions devait s’accompagner de vastes programmes de formation à l’action non-violente. Il a rapidement constaté que les confrontations violentes impliquant matraques, gaz lacrymogènes, vraies balles de fusil (les balles plastiques n’existaient pas) et riposte des manifestants nuisaient à la cause et ne menaient qu’à la polarisation permanente des débats.

L’adoption d’une stricte discipline non-violente dans l’action, loin de n’être qu’une affirmation morale, lui apparut comme une position tactique et même stratégique. La stricte non-violence des manifestants devenait la seule voie pour mettre un terme à l’ambiguïté sur la justesse de la cause du mouvement et d’accroître le nombre de militants (parmi les femmes, des personnes âgés, éclopés de la guerre, des marginaux réprimés, etc.).

De plus, la non-violence limitait considérablement l’arsenal des accusations utilisables par les autorités et garantissait le retour rapide des militants les plus aguerris. L’action de désobéissance civile non-violente est devenue le cœur et l’âme d’un mouvement qui transformera la couleur du voisin du sud.

Bref, il est un devoir citoyen de désobéir à une loi injuste, mais ce devoir s’accompagne de responsabilités que le citoyen doit accepter. L’appel à la désobéissance civile mal préparée nuit à la cause et démobilise les militants, souvent parmi les plus actifs. Une action de désobéissance civile qui a des chances de fonctionner, et d’aider à atteindre un objectif politique est conduite dans une dynamique d’ouverture et de soutien inconditionnel aux participants qui acceptent de prendre des risques et de subir les conséquences « légales » d’une action. C’est pour cette raison d’ailleurs que, dans le cadre de formations à l’action de désobéissance civile, la préparation du procès a souvent tout autant d’importance que la préparation des actions. Dans ce cadre, celles et ceux qui subissent les actes de répression violents ou embastillées doivent être soutenus par tous les démocrates moralement et financièrement. La liberté a un coût. C’est ainsi qu’il faut encourager les initiatives qui ont vu le jour, ces derniers temps, pour soutenir les étudiants emprisonnés et l’appel au financement des avocats du général Mokoko.

Il est donc très difficile de qualifier de désobéissance civile des actes de perturbation sociale improvisés par des gens qui n’ont reçu aucune formation. Un tel acte dégénère facilement en foire d’empoigne entre les forces répressives et des manifestants qui n’ont aucune idée des conséquences « légales » des actes qui seront posés surtout dans les pays occidentaux, comme la France.

Dans le cadre de cet appel à la désobéissance civile sur les « villes mortes », l’opposition issue de la coalition de l’opposition d’avant la présidentielle était en lambeaux. Kolelas et Tsaty Mabiala ne se sont impliqués que très modérément dans la réussite de cette journée « villes mortes » pour des raisons de calcul politique bassement égoïstes. Ce mot d’ordre n’avait pas été relayé avec conviction au niveau de leur électorat réciproque même si, les quartiers Sud s’étaient beaucoup mieux mobilisés que ceux du nord de la capitale, plus précisément Talangaï dont beaucoup étaient certainement instrumentalisés par l’idéologie tribaliste, simple constat. A priori, les lanceurs de ce mot d’ordre n’avaient pas anticipé toutes ces réticences et n’avaient pas mis en place une organisation à la hauteur de leurs ambitions. Alors qu’Il faut parfois des mois voire des années pour déployer ce mode de lutte (Gandhi en Inde, Martin Luther King aux USA …).

La lutte non-violente, la qualité au lieu de la quantité

La plus grande erreur des mouvements de luttes sociales est de négliger la qualité des actions et de miser sur la quantité de personnes participant et sur une grande fréquence d’actions. On oublie trop souvent que c’est avec le courage, la ténacité et l’efficacité qu’on rallie une bonne part de l’opinion publique et que les batailles sociales se gagnent. Une action bien organisée qualitativement marque le temps, vaut pour longtemps comme un contexte d’apprentissage, de conscientisation et d’exercice de droits démocratiques. La mobilisation verticale, ici, est l’étape préliminaire et incontournable pour arriver à mobiliser horizontalement.

La formation à l’action non-violente est bien connue et parfaitement bien documentée depuis le mouvement pour les droits civiques et la lutte contre la guerre du Viêt-Nam. Ces types de formation en appellent à la constitution des groupes d’action, des cellules réparties dans tout le pays, des groupes réunis en fonction des affinités régionales des gens qui se joignent à une campagne (jeunes, militant de longue date, femmes, handicapés, personnes âgées, groupes sociaux particuliers, origine ethnique, etc.). Les groupes d’affinité régionale ont pour but d’ajuster les actions aux conséquences, légales que veulent assumer chacun des groupes. Ils ont comme avantage de rendre particulièrement difficile l’infiltration d’agents provocateurs ou corrupteurs. Ces cellules seront des points d’appui pour mobiliser la population et en même temps de relais pour les mots d’ordre.

Ces types de formations permettent ensuite d’inventorier les scénarios d’action, de diversifier les actions et leur utilisation dans le temps et dans l’espace – l’opposition, dite radicale, n’a pas mis en place une telle organisation capable de répertorier, structurer et propager ces mots d’ordre de désobéissance civile. Une impréparation qui a fini par démobiliser les militants. Erreur fatale parce que ce mot d’ordre de « villes mortes » est un ordre «one shot» dans la plupart des cas. La non-diversité des mots d’ordre est aussi un fait bloquant alors qu’il y a une panoplie que nos leaders de l’opposition n’ont pas déployée, un tout petit échantillonnage des actions possibles (occupation, parade, sit-in, refus de payer les taxes ou impôts, etc.). L’efficacité de l’action non-violente repose sur la diversité des moyens qu’elle permet.

La démarche de formations à l’action non-violente est parfaitement démocratique puisque les moyens d’action sont choisis par les participants à l’action; non pas par une « élite idéologique éclairée » qui, seule, comprend les tenants et aboutissants de la lutte. C’est souvent en ce sens que ce mode d’action déstabilise les approches révolutionnaires traditionnelles. Bien entendu on laisse généralement certaines informations secrètes soit : le lieu, le moyen exact et le moment de l’action. Plusieurs moyens d’action sont difficiles à mettre en œuvre si les autorités sont au courant de ces informations à l’avance “Attaque ton ennemi quand il n’est pas préparé, apparais quand tu n’es pas attendu.”(Sun Tzu).

La préparation de véritables actions de désobéissance civile passe aussi par la consultation d’avocats qui sont en mesure d’informer les militants non-violents des conséquences légales des moyens d’action envisagés, des lieux choisis (publics ou privés), des conséquences possibles de dérapages, des moments indiqués pour la collaboration ou non avec les policiers et des droits relatifs aux procédures d’arrestation. Ceci peut être possible dans une dictature dont la phraséologie est démocratique. Il faut la prendre à son propre jeu. C’est souvent à ce moment que dans les groupes d’affinité, certaines personnes réticentes aux sanctions possibles et probables décident de s’impliquer différemment, notamment dans le service de soutien aux détenus (documentation des événements, vidéos, effort pour garantir le respect des droits des participants à l’action). A ce stade de la formation les gens savent « avec qui » ils vont faire une action, ils ont choisi « le genre d’action qu’ils vont mettre en place » et connaissent les conséquences des divers scénarios d’action non-violente. C’est à ce moment que la véritable formation a lieu.

Plus la formation à l’action non-violente est élaborée, plus la discipline des militants sera évidente, plus les actions de répressions seront condamnées et plus la bataille pour l’opinion publique nationale et internationale penchera du côté des manifestants.

Souvent, la formation à l’action non-violente se termine par la préparation de la défense et de la réaction aux sanctions. Comment allons-nous procéder pour la défense ? Plaider coupable ? Organiser la défense pour vices de procédure ou selon les normes internationales ? Plaider la défense de nécessité pour créer un procès politique organisé en forum?

La résistance pacifique ne s’improvise pas

« Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation » (Sun Tzu, Art de la guerre, VIème siècle av. JC).

Les moyens d’action choisis pour une campagne à succès doivent être ceux qui ont le plus de chance de consolider le pouvoir de négocier, de gagner l’appui de l’opinion publique à la cause, de forcer la dictature à concéder et d’obtenir gain de cause. Le choix de moyens ou d’une stratégie inadéquate réduit l’impact de l’action; ne génère pas assez rapidement le levier de pouvoir nécessaire, polarise souvent indument les enjeux, prolonge souvent la crise et à long terme démobilise et nuit à la cause.

Le succès d’une campagne de lutte est directement proportionnel au niveau de préparation et d’organisation des militants formés aux méthodes de désobéissance civile.

Aucune lutte sociale n’est parfaite, aucune action n’est prévisible. Mais il est possible de mettre toutes les chances de succès de l’action sociale de son côté en misant sur le sens des responsabilités, la détermination et la discipline non-violente lors des actions. Nombreux sont ceux qui avanceront que cette forme d’action de désobéissance civile non-violente est trop rigide, mal adaptée à la réalité des actions dans des états dictatoriaux et aux capacités organisationnelles des mouvements sociaux.

Du passé, faisons table rase

La curiosité politique et institutionnelle de ce pays réside dans l’impunité des partis politiques qui ont organisé des milices pour tuer des civils congolais mais, malgré ces crimes, continuent à avoir pignon sur rue. Les guerres civiles qui ont ravagé ce pays de 1993 à 2000 et qui ont fait plus de 100.000 victimes au bas mot, selon certains médias jusqu’à 400.000 (1/10ème de la population), sont l’œuvre des partis politiques de l’UPADS au PCT en passant par l’URD – MCDDI. Les chefs de ces partis, principaux commanditaires, sont des chefs de guerre responsables des massacres de civils (femmes, enfants, jeunes et vieux) non belligérants. Ce sont, par conséquent, des crimes contre l’humanité. Le paysage politique congolais sera durablement pris dans un cycle de guerres tant que ces partis existeront et agiront impunément dans le contexte politique congolais. Cette situation doit interpeler tous les démocrates congolais. Ici, il faut sérieusement questionner l’Etat-nation qui est l’un des héritages imposés par le Colon. Ces partis « prédateurs » qui monopolisent la scène politique congolaise actuelle entretiennent les illusions d’un « Etat-nation » fort alors que tout leur comportement et organisation s’inscrivent dans des considérations éthniques et leur idéologie réelle, le tribalisme qui ramène la nation à une structure morcelée en chapelles régionales. Aucune stratégie unifiée, donc celle de la désobéissance civile, ne pourra jamais marcher tant que ces chapelles resteront fortes.

La stratégie portée par la désobéissance civile et son organisation en réseaux renforcent la cohésion et la conscientisation du peuple qui apprend à poser des actes responsables dans l’unité pour construire un paysage politique nouveau, débarrassé de ses scories de partis politiques « éthnocentrés » qui font tant de mal aux Congolais. En effet, le rôle de l’organisation est de construire un peuple en mouvement, conscient de ses responsabilités contre la dictature et, dans le même élan, capable de faire naître des leaders d’un style nouveau pour poser les bases d’une démocratie assumée avec des institutions fortes. En effet, contrairement au système hiérarchisé, l’organisation en réseau permet d’ « horizontaliser » les centres de décision. Chaque membre du réseau est responsable et conscient des défis à relever. C’est donc une machine à créer des leaders. Une pépinière. Du passé, nous devons donc faire table rase pour donner la chance à la réussite de cette forme de lutte.

L’organisation en réseau est la première étape importante vers une désobéissance civile réussie. Ce réseau de résistants ne peut se constituer que par affinités régionales pour assurer une cohésion et un niveau de sécurité et de confiance élevés. Cela demande du temps mais, ce temps, il faut le prendre dès maintenant. Tous les démocrates doivent s’engager à créer ces cellules en fonction de leurs zones d’influence au sein de l’organisation pilotée par une cellule centrale basée à Brazzaville et reliée au réseau de la diaspora. Il est des moments où la rhétorique doit laisser la place au pragmatisme. Démontrer que le Congo est une dictature n’apporte rien de productif à la lutte parce que les Congolais le savent et la Communauté internationale aussi. Je termine par cette pensée de Jimmy Cliff : « Actions speak louder than voice » parce qu’en chacun de nous sommeille un héros, il faut le réveiller.

David LONDI

Sources consultées

Henry David Thoreau

Normand Beaudet

Gene Sharp

RFI : 29/03/2016

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42 réponses à Détruire une dictature et empêcher qu’une nouvelle ne vienne la remplacer

  1. mwangou dit :

    Bjour à vous londi. Et encore une fois, grand merci pour cette réflexion vers plus de pragmatisme. Que les crieurs contre sassou nguesso cessent de crier, parce qu' »Il est des moments où la rhétorique doit laisser la place au pragmatisme. Démontrer que le Congo est une dictature n’apporte rien de productif à la lutte parce que les Congolais le savent et la Communauté internationale aussi. » Et ici au village, on se dit, plus ils crient, plus ils apparaissent comme des marionnettes du dictateur…
    Alors, allons y seulement.

  2. David Londi dit :

    Bonjour cher Mwangou,

    en effet, le temps ne joue pas pour les démocrates. Nous avons un espace-temps qui est d’environ 2 ans, au maximum pour mettre en place toutes ces stratégies. Les bruits de bottes venant du clan Sassou ne doivent rassurer aucun démocrate parce que l’arrivée au pouvoir de l’un de ses membres ne prédit pas forcément l’arrivée de la démocratie. Une fois encore le peuple risque d’être marginalisé. Le pays a trop souffert pour entâmer une autre période de dictature. Le temps est donc arrivé de passer de la peur à l’action !

  3. OYESSI dit :

    @ Cher frère Londi,
    Merci pour votre analyse, çà sert toujours pour remettre l’exprit intellectuel en place, mais je crois que vous n’aviez pas bien saisi ce que notre frère Mwangou a voulu vous dire, quand il dit je cite « Et ici au village, on se dit, plus ils crient, plus ils apparaissent comme des marionnettes du dictateur… et d’ajouter « Alors, allons y seulement ».
    Si j’ai bien compris au risque de me tromper, je crois qu’il voulait dire qu’au ieu de faire des belles analyses, il vaut mieux venir au village pour voir la réalité et affronter le pouvoir de sassou sur place qui ne fait de cadeau à personne et prêt à vous descendre pour un rien.
    Une théorie sans pratique sert enfin de compte à quoi? Si ce n’est pour se donner bonne conscience pendant que les autres affrontent la réalité.
    Je loue toujours l’exemple de Paulin Makaya qui a tout laissé tomber en Europe pour venir affronter le pouvoir du dictateur. Même si aujourd’hui il paie le lourd tribu de sa bravoure et pour son amour du pays, le Congo de demain comptera sur de tel citoyen car nous au village ici,nous savons compter sur tous ceux qui quittent le beurre et le bon pinard en Europe pour venir faire le nombre et apporter à nous autres « bokatiers » leurs analyses afin que nous soyons plus nombreux pour le combat final qui en fait est à notre portée nonobstant les gesticulations du pouvoir qui prends de l’eau de l’intérieur.

  4. OYESSI dit :

    vous aurez corrigé que je parlais de tribut et non tribu.

  5. Litolo dit :

    Oui! La désobéissance civile est réellement l’une des voies à explorer pour désintégrer toute Dictature Sassou Nguesso

  6. David Londi dit :

    Cher frère Oyessi,

    je comprends ta requête et je peux y souscrire dans une certaine mesure. Excuse-moi de ne pas épouser totalement ce point de vue parce que j’ai toujours pensé que les vraies victoires engrangées dans cette lutte sont à mettre au crédit de celles et ceux qui sont l’extérieur parce que la dictature, n’a plus, par exemple, le monopole de l’information. Le peuple et la communauté internationale sont régulièrement informés sur la vraie nature de la dictature qui sévit au Congo. Nous avons déjà une condamnation effective sur l’affaire des Disparus du Beach, crimes contre l’humanité, celle de Dabira grâce à la persévérance de la diaspora auprès des Tribunaux français, par exemple. Ce n’est pas anodin. C’est simple parce qu’avec une liberté d’actions on fait bien plus de choses que quand on est enfermé dans une cellule même si la place du juste, au Congo, est en prison. Mais les prisonniers politiques doivent aussi avoir de l’aide de l’extérieur pour qu’on ne les oublie pas. Toutes les cellules dirigeantes des mouvements de libération ont toujours été implantées à l’extérieur : le comité central du Fatah était basé en Tunisie jusqu’au moment où la communauté internationale s’est complètement et entièrement impliquée dans le processus de paix dans le conflit israëlo-palestinien ; le MPLA avait sa base arrière à Brazzaville, Trosky s’était réfugié au Mexique, etc.. La seule chose qui compte, c’est l’implication et l’efficacité dans le combat, dans la lutte que mène le peuple et je peux t’assurer que je m’y implique par divers moyens. Nous agissons chaque fois que cela est possible. Tout n’est pas exposable, ici, mais l’action y est. Je sors souvent de l’analyse pour passer au diagnostic et au plan d’actions. A mon modeste niveau, j’essaie de proposer des pistes, des directions et parfois un plan de gestion des risques pour optimiser mes propositions. Dans mon article, je dis que le moteur de ma lutte est de faire passer les compatriotes de la peur ou résignation à l’action résolue. C’est très difficile mais il ne faut pas baisser les bras si cela peut faire prendre conscience à 2 ou 3, c’est déjà une victoire pour moi !

  7. Isidore AYA TONGA dit :

    OBÉIR AUX LOIS INJUSTES OU D’UN POUVOIR ILLÉGITIME ; C’EST SE SOUMETTRE VOLONTAIREMENT A L’ORDRE ÉTABLI, MÊME TYRANNIQUE A CARACTÈRE ANTISOCIAL ET CRIMINOGÈNE. DÉSOBÉIR OU RÉSISTER, C’EST ASSURER SA LIBERTÉ.

    Entre l’ordre tyrannique et l’obéissance aveugle, quels choix pour défendre au mieux sa liberté ? Alors faut-il obéir au dictateur Sassou Nguesso et à ses juges de pacotilles pour être libre ou se révolter ?

    S’il suffisait d’obéir aux lois injustes, les sujets d’une tyrannie connaîtraient-ils la liberté ?
    Autrement dit s’il suffisait d’obéir au dictateur Sassou Nguesso, le président Jean Marie Michel Mokoko connaîtraient-il la liberté ?

    La vraie question réside dans l’attitude à avoir face à une situation donnée ou la loi est injuste. Ceci ramène à une réflexion sur ce qu’est l’obéissance. Ainsi, l’obéissance repose avant tout sur la conscience. La conscience est basée sur l’altérité et a un caractère volontaire.

    Dès lors, les liens entre l’obéissance, la résistance, la loi et le droit naturel deviennent étroitement liés. En effet, la résistance et l’obéissance, voila les deux vertus du citoyen.

    Par l’obéissance, nous assurons l’ordre même tyrannique. Et par la résistance, nous assurons notre liberté. Parmi les droits fondamentaux de l’homme figurent la liberté parce qu’elle est comme première et fondamentale des droits de l’homme.

    La liberté étant la condition même de tout droit. Oui, obéir aveuglement à une tyrannie, c’est renoncer à sa liberté, c’est renoncer au droits de l’humanité.

    Et ce n’est pas tout : renoncer à sa liberté, c’est renoncer aussi aux devoirs de l’humanité et de la civilisation ou plutôt aux devoirs de l’histoire humaine. Sans liberté, il n’y a ni droit, ni devoir de l’humanité. La liberté apparaît ainsi comme la condition du droit, de la politique et de la morale (Isidore AYA TONGA)

  8. Merci à ce frère Londi qui est préoccupé pour le pays . Oui la révolte aura lieu, malgré la grande compagne des cerveaux malades qui consiste à sapé les morales de la population, comme à l’accoutumé ce voyou mafieux de parfait kolélas avec son petit club d’escrocs passent leurs temps a fabriquer des mensonges je l’ai vu après la présidentielle empêcher la population de sortir. Or Chaque jours avec le chef barbare Mbochi à la tête du pays, laissent nos frères et soeurs sont en danger de mort , un pays où les urgences vitales n’existe pas.

  9. David Londi dit :

    @Samba Dia Moumpata,

    je crois que c’est une chose entendue que les partis politiques actuels forment la principale digue qui protège Sassou. Je l’ai maintes fois écrit, ici, les gens comme les Kolelas portent une responsabilité énorme dans ce qui se passe dans le Pool, ce génocide que l’on réduit à une rebellion. Il faudra interdire ces partis éthnocentrés, la difficulté c’est de trouver les critères, sous forme de loi, qu’il faudra mettre en place pour que de telles formations ne se reforment pas. Je reviens, dans mon article, sur le fait que les chefs de ces partis de 1993 à 2000 sont des criminels parce qu’ils ont levé des milices pour tuer d’autres congolais. Ils devront répondre de ces crimes. La démocratie ne pourra jamais s’installer avec ces organisations politiques auront pignon sur rue. De ce passé nous devons faire table rase.

  10. David Londi dit :

    @Isidore,

    En latin, les mots libre et livre (liber, libris) s’écrivent de la même façon. Ceci veut tout simplement dire qu’un peuple instruit (livre) sait faire des choix qui assurent sa liberté (libre). En la liberté est l’état d’une personne ou d’un peuple qui ne subit pas de contraintes, de soumissions, de servitudes exercées par une autre personne, par un pouvoir tyrannique ou par une puissance étrangère. C’est aussi l’état d’une personne qui n’est ni prisonnière ni sous la dépendance de quelqu’un.

    La liberté peut être aussi définie de manière positive comme l’autonomie et la spontanéité d’une personne douée de raison. La liberté est la possibilité de pouvoir agir selon sa propre volonté, dans le cadre d’un système politique ou social, dans la mesure où l’on ne porte pas atteinte aux droits des autres et à la sécurité publique.

    Ici est le challenge que tous les démocrates doivent relever, conscientiser le peuple pour l’amener à faire des choix conscients et responsables, étape préalable à la construction des institutions fortes qui garantissent la démocratie. En effet, le peuple congolais est comme une pâte à modeler aux mains de faux-prophètes qui leur promettent bonheur et paix alors qu’en réalité ils le font crouler sous la misère la plus crasse, l’entraînant dans un cycle de guerres qui obère tout développement intellectuel, économique, social et culturel. Les démocrates doivent travailler à les en détourner parce que c’est la seule issue vers un pays apaisé.

    Cette prise de conscience ne se fera pas par un coup mais par une insurrection populaire généralisée parce que les coups de force militaires marginalisent le peuple qui perd la maîtrise de son destin. C’est normal pour certains d’entre nous, désespérés d’espérer ce coup d’état pour se débarrasser du dictateur actuel mais comment savoir si ceux qui viendront ne seront pas aussi cruels que Sassou ? Je vois très mal des gens comme Dabira, condamné dans l’affaire des Disparus du Beach pour crimes contre l’Humanité ou Nianga Mbuala dont on sait qu’il a pris une part active dans le génocide du Pool (1998 – 2000) Président de la République. . C’est pour cela que je privilégie la résistance civile parce qu’elle élève les consciences et favorise l’esprit de solidarité et de cohésion sociale. Le peuple doit donc être capable de choisir ses dirigeants en dehors de l’embrigadement éthnique.

    Tous les coups d’état ne finissent pas comme celui des généraux portugais contre le dictateur Salazar, certains restent au pouvoir et créent une autre oligarchie tout en laissant le peuple dans la misère. Le coup d’état ne peut donc être la solution miracle pour se débarrasser de la dictature. Se débarrasser de Sassou doit rester un objectif mais pas un but. Le but, c’est la destruction du système qui crée des Sassou et pour cela, mobiliser verticalement le peuple est un objectif incontournable pour installer le « vivre-ensemble » dans la diversité qui respecte l’Etre profond congolais avec sa culture, ses convictions et ses aspirations.

  11. Val de Nantes dit :

    Le Congo manque de l’empreinte du mot nation ,pour intégrer de manière indifférenciée toutes ces tribus dans un moule démocratique..
    Quand identité politique se confond avec identité ethnique ,la porte est ouverte pour la dictature.
    Nous y sommes sous Sassou..

  12. Val de Nantes dit :

    L’une des causes fondamentales de l’échec de Sassou ,faut il encore le rappeler est la propension
    tribaliste à gérer les affaires du pays .
    La dictature s’y invite ,pour solidifier cette pratique politique d’essence animale et donc sauvage.
    D’où ma réserve quant au non retour de la dictature au Congo…
    Le terrain politique n’est pas propice à l’acceptation collective des règles qui régissent les conditions d’accès au fauteuil présidentiel..
    La réussite individuelle se puise dans les fonctions politiques ,avec son corollaire ,la force ,la violence ,pour en jouir davantage et donc la conservation de la dictature..
    Il n’y a pas plus égoïste qu’un sentiment dictatorial….L’ennemie de la dictature est l’intelligence au service d’une nation ,encore faut il que celle ci existe …
    La dictature avant qu’elle soit un fait politique ,c’est d’abord un comportement social ,donc humain ,voilà ,la problématique socio- politique à laquelle nous faisons face …
    Pour me résumer ,il faut humaniser la politique au Congo.

  13. David Londi dit :

    @Val de Nantes,

    j’éprouve les mêmes réserves que toi sur l’installation d’une démocratie pleine et durable en restant dans l’organisation actuelle, héritée et imposée par le système colonial. Certains hommes politiques importants de ce pays ont voulu donner un contenu à la notion du « vivre-ensemble ». Ils ont tous lamentablement échoué. En effet, nous avons eu 3 rendez-vous manqués :
    1960 – 1963 : suite aux événements sanglants de 1959 (provoqués par les politiciens) entre les Bakongos – laris et les Mbochis, les 2 leaders politiques de l’époque, Youlou et Opangault, ont fini par s’entendre même sur la formation d’un parti unique entre le Président et le Vice-président, projet avorté par les soulèvements des 13, 14, 45 août 1963 ;

    1977 : après avoir fait le constat des dégâts causés par l' »obumitrisation » de l’administration et de l’armée sur l’économie et la société, Ngouabi (un des pères de ce mosntre d’OBUMITRI) va chercher un rapprochement avec Massamba Débat pour une gouverner dans l’union, les faucons de son camp vont l’assassiner, 2ème rendez-vous manqué ;

    1990 / 1991 : Conférence nationale souveraine et transition démocratique. Dès les premières élections au suffrage universel, les belles intentions de construction d’une société démocratique s’évaporent comme neige au soleil et va suivre une période de révélation des structures sociales longtemps masquées par une phraséologie politique complètement détachée de la réalité.

    Cette réalité nous a sauté au visage et fait des milliers de morts. La structure du pays héritée de la colonisation n’est plus adaptée parce que chaque fois que cela était possible, un coup fatal a été porté à cette organisation. Il suffit de se référer à la structure de la ville capitale voire même de Pointe-Noire, la ville est communautarisée, à l’exception d’un quartier comme Poto-Poto. Cette ville est la reproduction fidèle de la sociologie du pays. Cette réalité, il ne faut pas la nier. La solution n’est pas évidemment la répartition entre le Nord et le Sud parce que ces 2 entités sont introuvables, le Nord comme le Sud n’est pas uniforme, il y a plusieurs « Nord » comme il y a plusieurs « Sud ». La solution est donc de vivre ensemble, au-moins transitoirement, dans une fédération parce que fédération et nation ne sont pas antinomiques. Au-delà donc de la féderation, il y a la « Fédéraltitude » : le vivre-ensemble dans la diversité avec les mêmes droits et les mêmes obligations dans la nation. Mais cette étape ne peut voir le jour qu’avec l’établissement d’une démocratie libérale.

  14. Val de Nantes dit :

    @David ,oui ,je suis un grand partisan de l’autonomie économique des régions ,pour atténuer autant que possible ,les tensions politiques avec son chapelet des souffrances sociales.
    Il faut repenser un nouveau modèle de gouvernance politique ,sortir des vieux schémas politiques
    pour proposer des modèles politiques qui épousent les contraintes sociales ,politiques et économiques du moment..Nous ne pouvons plus nous cacher dérriere des antagonismes ,des pesanteurs culturelles qui contrarient le développement multiforme de notre pays..
    Toutes solutions politiques qui promeuvent la célébration de l’intelligence au sein d’un organisme,
    d’un pays ,comme le Congo Brazzaville sont louables ,car l’absence de prise des risques tant au niveau individuel que collectif .s’assimile au refus d’émancipation sous toutes ces dimensions..
    Désacraliser la fonction politique ,surtout si elle sert à prendre sa revanche sur tout un pays ..
    Placer ,le Congo dans une trajectoire ,des nations modernes exige un effort considérable sur soi .
    C’est ,presque un nouveau logiciel mental dont chaque congolais doit pouvoir disposer ,pour espérer arriver à inscrire l’ADN démocratique dans les gènes des congolais..
    La fédération du pays me semble une des solutions..

  15. mwangou dit :

    Val de Nantes, je valide ce dernier post. Il n’y a rien à y redire…Mais peut-être que vous avez voulu tendre la perche à londi ??….

  16. David Londi dit :

    @Val de Nantes,

    effectivement la libération du pays de cette dictature sanguinaire ne peut avoir de sens que si et seulement si l’on assure la paix, le développement économique et social au peuple dans l’après-Sassou. Il ne sert à rien de changer une dictature pour une autre d’où qu’elle vienne. Je t’ai répondu dans mon précédent post en insistant sur le fait que ce pays a eu 3 possibilités de créer les conditions d’une unité nationale qui se sont toutes soldées par des échecs. Je ne crois pas que les choses puissent en être autrement à la prochaine 4ème fois, c’est-à-dire, après la désintégration de la dictature de Sassou.

    Ce pays a eu de grands hommes qui ont essayé d’oeuvrer pour l’unité du pays mais la réalité est un résultat complètement différent. Au contraire, le fossé entre les éthnies s’est élargi avec des cadavres qui rendent la construction d’un état-nation impossible quoiqu’en pensent ses chantres. Soyons réalistes et prenons le taureau par les cornes en dépassant le chimère de l’Etat-nation pour aller vers le fédéralisme, plus réaliste et porteur d’atouts économiques et sociaux pour le peuple avec un volet fiscal juste et distributif.

    Oui, la fédération est certainement l’une des solutions après la désintégration de la dictature.

  17. Val de Nantes dit :

    @mon grand Mwangou .Comment détruire une dictature ,un monstre,sur le sol congolais quand on sait ,ce monstre à fait des petits ?
    Derrière ,cette dictature se niche l’ idée de domestication de ces compatriotes ,afin d’assouvir tant soit peu ses penchants financiers …
    Quelle fut la raison fondamentale de Sassou ,d’opter pour la dictature ?…
    La première ,qui saute aux yeux ,au vu de ce que nous vivons aujourd’hui ,c’est l’argent.
    Tenez,mon père qui fut un intellectuel ,me livrait ces pensées précieuses sur l’argent.
    Il me disait qu’il ne fallait absolument pas être amoureux de l’argent ,mais en être un observateur
    désintéressé…
    Lorsque vous creusez la philosophie de cette pensée ,on a compris pourquoi ,après Sassou,
    les germes de la dictature au Congo ,y seront toujours …..
    Tsatou Mabiala ,opposant compatible à prouvé à la face des congolais que l’argent procure un comportement dictatorial.
    Imaginez un seul instant ,qu’il devienne président de la république ,ce serait un Sassou bis.

  18. Val de Nantes dit :

    @David ,Le mot nation ,je l’ai sorti à dessein ,afin de mettre en évidence le fédéralisme ..
    La nation , ce n’est autre que ,d’une manière lapidaire ,vouloir – vivre ensemble ,en dépit de nos différences culturelles et ethniques …
    Le système politique allemand en est une parfaite illustration ….et ça marche .
    Tenez ,la Rhénanie du Nord- westphalie ,ou rheinland-metropolregion ,comprend trois grandes villes ,Cologne ,Bonn ,Leverkusen , gérées chacune par des présidents des districts …
    Chers compatriotes ,je puis vous assurer qu’il n’y a pas meilleure organisation politique que
    celle qui régit le pouvoir politique allemand .
    Tous les allemands s’y baignent comme des poissons dans l’eau ,par ricochet ,les étrangers aussi
    Je souhaite à mon pays ,cet effort cérébral pour en arriver là….
    Dommage que, je dise que c’est un délice de vivre à Cologne ,par rapport à mon pays.
    Si ,nous sommes réellement des humains au même titre que les allemands ,alors ,sortons de cette
    hibernation intellectuelle , pour proposer des formules politiques innovantes ..

  19. David Londi dit :

    @Val de Nantes,

    grosse validation comme tu dis. On peut rallonger la liste avec l’Ethiopie, fédéraliste depuis 1996 3ème économie du continent) ; le Nigérieria, malgré quelques difficultés, passe les rendez-vous électoraux avec succès …

    Le fédéralisme doublé de la fédéraltitude, le dit José Mene Berre, c’est l’unité dans la diversité. Ceci implique que l’on peut être différents sans pour autant que les plus nombreux ou les plus forts fassent subir des ambitions malhonnêtes et hégémoniques aux autres. La Fédéralitude est l’antidote contre les plans machiavéliques des politiciens véreux qui ne savent que diviser pour régner.

  20. David Londi dit :

    Une petit rappel.
    Le fédéralisme est une recherche d’équilibre entre respect des diversités et besoin d’unité, entre séparatisme et mutualité. La souveraineté au sein d’un Etat fédéral fait l’objet d’un partage non hiérarchisé entre un gouvernement central et ses gouvernements des Etats fédérés.

  21. tintin au Congo dit :

    @ Londi, j’approuve; le fédéralisme apparait comme la voie de la sagesse; il est à mi-distance des antagonismes prégnants actuellement entre une hypothétique et chimérique unité nationale et la naissance d’un Etat du Sud Congo. »In medio stat virtus ». A l’opposé du centralisme hérité de la colonisation, le fédéralisme présente l’intérêt de mettre les gouvernants en prise directe avec la population à qui ils doivent rendre des comptes de fait de l’émulation entre les différentes entités fédératives. Et cela fait peur à tous ceux qui aiment puiser dans les caisses de l’état. Au Congo actuel, il est curieux de constater que les gens applaudissent et soutiennent un pouvoir qui ne leur sert que la misère comme une marmite dans laquelle on prépare de la bonne sauce pour nourrir autrui, et qu’on se presse de ranger sur l’étagère une fois le service rendu. Mieux encore l’exemple du chien utilisé pour la chasse. Exemple de chasse utilisé par Sassou lui-même en disant que le gibier est dans la nasse. Le chien a servi à immobiliser le gibier, et peut-être que c’est même le chien qui l’a capturé. Au moment du partage, il doit se contenter des os comme l’a chanté Sam Mangwana: »to keyi bokila, ekomi tango ya ko kabola, ya ngaï se mikuwa ». S’il essaie de revendiquer un peu, c’est un coup de pied dans son arrière train qu’il reçoit. N’est-ce pas ce qui est arrivé à Ntsourou, Okombi Salissa et autres. Ne présentez pas le fédéralisme comme une tentative de scission, mais plutôt comme le dit Londi, un antidote contre les pans machiavéliques des politiciens véreux, véritables pantagruels des deniers publics. Ce débat en vaut la chandelle

  22. David Londi dit :

    @Tintin au congo,

    merci pour votre plaidoirie si concise mais en même temps très riche. En quelques mots tu as fustigé les tenants d’un « Etat-nation » qui a échoué et les aventuriers de la scission nord / aux idées courtes parce qu’ils ne se rendent pas compte que le sud uni est introuvable. Les aventuriers de la scission ont tout simplement oublié que le MSA d’Opangault s’était associé au PPR de Tchikaya pour mettre en minorité l’UDDIA de Youlou qui ne l’a emporté qu’avec une voix (transfuge du MSA) d’avance. Je ne parle même pas du ballet des alliances pendant les élections présidentielles d’après la conférence nationale. Nous avons l’obligation d’explorer la voie du fédéralisme pour dépasser les hypocrisies ambiantes et s’engager dans la vraie paix !

  23. David Londi dit :

    scission nord / sud

  24. Val de Nantes dit :

    Voilà , cher @David ,le fédéralisme sera ou pas ,une alternative à la dictature politique au Congo.
    C’est l’assurance d’une paix durable au sein de la société congolaise..
    Formons des grandes régions fédérales ,maximum six,au lieu de douze ,pour une meilleure répartition des subventions financières étatiques par le système de péréquation ..
    Cette ébauche d’idées politiques innovantes ,mérite une large réflexion nationale,afin d’accoucher
    d’un nouveau Congo …
    Je souscris totalement à ta recherche permanente aux solutions les plus pertinentes à la problématique politique de notre pays ,qui est ,malheureusement marquée par le sceau de la violence ..

  25. David Londi dit :

    Cher Val de Nantes, beaucoup de travaux existent sur l’organisation politique d’une éventuelle fédération avec des propositions allant de 3 à 12 états fédérés. Des débats sortira l’organisation la plus viable politiquement et économiquement.

    Tous ces travaux seront exposés et seront des entrants aux discussions politiques relatives au processus de fédéralisation. Tous ces débats devront se dérouler, dans un premier temps, au sein d’un cercle de réflexion ou association pour mieux cadrer le projet.

    Des réflexions sont aussi menées sur le fédéralisme fiscal pour traiter des aspects fiscaux (centralisation ou décentralisation des aspects fiscaux, conditions de redistribution et d’allocation …). Mais les préalables restent la désintégration de la dictature et l’installation de la démocratie libérale de préférence pour la viabilité de la fédération. Voilà !

  26. tintin au Congo dit :

    @ Londi, trêve d’hypocrisie, disons les choses comme elles sont. Les choix opérés entre le MSA de Jacques Opangault et le PPR de Félix Tchikaya ont des conséquences opérationnelles encore de nos jours. Les démarcations se font à partir de ce rapprochement, quoiqu’on en dise. Dans la zone de turbulence que traverse notre pays, certains acteurs sous le fallacieux prétexte de lutter contre notre autoproclamé dictateur au cœur d’airain, froid et reptilien, avancent masqués, et pire encore pour certains, ils sont munis d’un sabre tranchant caché au dos. Toute initiative qui n’émane pas d’eux reçoit toutes sortes de déjections de vilénie. On nous ressert des « has been » qui ont failli. Comment peut-on avancer dans ces conditions et nous parler d’une certaine unité culturelle?

  27. Nkela na Nena Salopette dit :

    Et oui mon ‘vieux’…

  28. mwangou dit :

    Val de Nantes dit : « Quelle fut la raison fondamentale de Sassou, d’opter pour la dictature ?…
    La première, qui saute aux yeux, au vu de ce que nous vivons aujourd’hui, c’est l’argent. »
    Youlou l’avait bien dit, signifié aux fameux révolutionnaires surtout originaires du sud ou du Pool (même le Pool dans ses frontières de l’époque ), en ajoutant sans fioriture, qu’ils se trompaient et se faisaient manipuler par les autres, ces Congolais partisans de J. Opangault, qui cependant n’avaient pas intégré les idées de ce grand leader politique. Ces poursuivants d’Opangault poursuivaient l’argent.
    Nos révolutionnaires n’avaient prêté que la désapprobation à cette mise en garde d’un président qui avait une connaissance sociologique assez poussée du pays Congo. Il ne se trompait pas.
    Jusqu’à ce jour, il faut reconnaître que les diplômés congolais qui se proclament intellectuels, n’ont jamais esquissé la moindre réflexion en dehors du cadre fixé par la colonisation. Nous avons applaudi à l’idée d’une nation par une constitution centralisatrice de 1958 à nos jours, sans toutefois passé pieds joints sur l’occasion de la CNS et le moment pour une réflexion et l’élaboration de la constitution de 1992. Un moment intense d’émotion qui exigeait des diplômés, ces intellectuels, qu’ils donnent la preuve de leur maturité philosophique et scientifique. Hélas! Tout ce qu’on avait pu faire, c’était de s’appuyer sur un modèle, celui de la constitution française de 1958, puis d’y apporter quelques bricolages.
    Rapidement, à l’usage, les maux anciens ont réapparu. L’exécutif se revoyait une fois de plus, au dessus des lois. Je me souviens du Président Mambouana je crois, Président de la cour suprême, qui s’adressait au Président de la rép. P. Lissouba, en lui disant,  » je vais vous aider à suivre la constitution, à appliquer la loi ». C’est le seul Président de la cour suprême qui a eu à cœur son métier, en se permettant de montrer à l’exécutif, que ses pratiques n’étaient pas aussi conformes à la loi fondamentale qui régissait (régit) les actes de tout le monde; que le président de la rép. et le gouvernement n’étaient (ne sont) pas au dessus des lois. On peut voir l’importance de cet acte de courage j’ose dire de ce magistrat, qui s’inquiétait de la dérive démocratique, mettant en danger la démocratie initiée… .
    Mon cher Val de Nantes, votre papa vous a dit ce qu’il faut dire aux enfants pour qu’ils grandissent et puissent évoluer dans un environnement sain. Car, c’est bien l’argent qui a encore ramené le Congo en arrière, l’avant 1991. Il n’y a qu’à se souvenir des ‘proclamations’ d’un ministre des finances de l’après CNS qui du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale, lança, comme on crache sur le visage de quelqu’un, « nous avons attendu pendant 27 ans, … C’est notre tour… . » Il s’agissait de l’argent… .Pas de commentaire en plus, si ce n’est que j’ai quand même de l’admiration pour ce ministre, que je considère comme le seul vrai ministre des finances à partir de 1992.
    L’argent! Et tous ceux qui ont de l’addiction pour l’argent, ils sont prêts à tout.
    D’où, pour l’avenir du Congo, je crois qu’il faut chercher ailleurs que dans une constitution centralisatrice, la solution à nos maux… . Il faut peut-être faire en sorte que les diplômés de l’ancienne colonie n’aient plus le monopole de la réflexion. Car, ils n’ont jamais été formés pour réfléchir, mais plutôt pour ‘réciter’.
    ‘Allons seulement’ à la prospection des autres horizons constitutionnels. Je m’en voudrais de ne pas redire ici que j’ai été très charmé par le concept de ‘fédéraltitude’ de la plume même du patriote Londi. Et mes limites intellectuelles me poussent à dire bien haut que le fédéralisme parait être la seule voie de salut. Il faut qu’on cesse de pinailler là-dessus.

  29. David Londi dit :

    Je tiens à adresser tous mes remerciements à tous ceux qui ont pris part à cette discussion sur la désobéissance et les moyens de pérenniser une nation démocratique s’adossant sur des institutions fortes garantissant toutes formes d’option politique ou organisationnelle. Ce débat a vite dévié sur l’après désobéissance civile. Doit-on aller vers le fédéralisme ou maintenir le statu quo de l’Etat-nation ?

    Les uns et les autres se sont appuyés sur des constats politiques, économiques, sociaux et sécuritaires pour plaider contre le maintien de l’organisation politique en vigueur au Congo. L’on n’a pas entendu celles et ceux qui militent pour le statu quo mais je sais que les tenants de cette option ont aussi des arguments et des craintes à faire valoir.

    Le débat reste donc ouvert. C’est pour cela que j’ouvrirai deux conférences débat sur la désobéissance civile et le fédéralisme, courant Avril. Les modalités et le code d’accès seront publiés sur ce site avec l’autorisation de l’administrateur. Chacun, de son pc, tablette ou smartphone, pourra se connecter via ce code et participer ainsi aux débats.

    Merci à tous.

  30. Val de Nantes dit :

    @Mon grandMwangou ,après Sassou ,nous allons écourter ta retraite ,pour que tu reprennes du service .
    Bravo ,intellectuellement tu en imposes..
    Oui ,de mon père ,j’ai reçu le goût des études et surtout une prise de distance vis à vis de l’argent,car selon ,lui ,il était la source de toutes les dérives .
    Aujourd’hui , le Congo en mesure l’impact négatif sur la sérénité du pays ..
    Pour info ,Pascal Lissouba fut son collègue à l’école primaire de Moungali ,avenue de 3 martyrs .
    Selon ,lui , bien que turbulent ,ce grand Pascal montrait les signes d’un élève très doué ….
    Oui ,mon grand ,quand le mot bonheur déborde le seuil de l’acceptabilité ,on perd les repères sociaux .
    Le cas récent de Tsatou Mabiala ,devenu ,acariâtre au sein de son parti ,à la suite de son nouveau
    statut d’opposant compatible ,argenté ,devrait nous mettre la puce à l’oreille .

  31. Val de Nantes dit :

    Ainsi ,chers compatriotes ,si on ne définit pas notre rapport vis à vis de l’argent ,la dictature au Congo ,refera surface ,après Sassou..
    C’est le noeud gordien des malheurs de notre pays ..Nous nous mentons súr le pouvoir de l’argent
    et la fascination qu’il exerce sur des plus faibles d’entre eux ..
    Ne pas lier la dictature et l’argent au Congo ,serait un fiasco intellectuel et fatal ,pour la garantie
    d’une démocratie pérenne dans notre pays..

  32. David Londi dit :

    @Val de Nantes,

    bien sûr, l’argent est l’un des moteurs mais à cela il faut aussi ajouter l’esprit revanchard de certains parce que Sassou et sont riches aux as. L’obumitrisation du système militaire et administratif congolais, à partir de 1970, avait aussi pour objectif l’épuration éthnique parce que les créateurs de cette politique étaient persuadés que les gens du Sud occupaient les postes les plus importants dans l’administration et l’armée. Il fallait inverser la tendance. Certains sont allés jusqu’à penser que c’était le fait de Youlou d’avoir « larisé » le système. Quel coup de maître pour quelqu’un qui n’est resté que 3 ans au pouvoir alors qu’un cadre prend des années à être formé ? Non, bien sûr, c’est le résultat du système hérité de la colonisation. Le colon a recruté les premiers auxiliaires chez les gens du Sud par facilité parce qu’ils étaient, géographiquement les plus accessibles, Brazzaville est géographiquement dans le Pool. Les revanchards ont tout simplement oublié, comme le pensait Opangault, que les cadres, il faut les former avant de les embaucher. Le conseil de cet honorable compatriote n’a pas été suivi puisque le patronage par affinité éthnique au détriment de la méritocratie a pris le dessus et souvent sur des postes stratégiques. Un pays ne se gère pas comme une épicerie parce qu’il est immergé dans le monde et donc plein de défis à relever. Retirer l’objet de convoitise et son intérêt décroît proportionnellement chez les prétendants. Le centralisme et l’absolutisme doivent être bannis et c’est l’une des formes du fédéralisme !

  33. Revelino dit :

    J’ajouterai juste une chose que plusieurs d’autres nous semblent oublier. Comme le dit mon cher ainé David Londi « L’obumitrisation du système militaire et administratif congolais, à partir de 1970, avait aussi pour objectif l’épuration éthnique parce que les créateurs de cette politique étaient persuadés que les gens du Sud occupaient les postes les plus importants dans l’administration et l’armée. Il fallait inverser la tendance. Certains sont allés jusqu’à penser que c’était le fait de Youlou d’avoir « larisé » le système. » Or, c’était une pensée étriquée et sans fondement. Il a manqué aux concepteurs de cette politique un minimum de réflexion pour ce rendre compte, comme le dit David Londi, que « c’était le résultat du système hérité de la colonisation. Le colon a recruté les premiers auxiliaires chez les gens du Sud par facilité parce qu’ils étaient, géographiquement les plus accessibles, Brazzaville est géographiquement dans le Pool. »

    Une forme d’honnêteté doit nous permettre de rendre à César ce qui à César et à Dieu qui est Dieu. La plupart des cadres du Nord ont été formés quand Massamba Débat était Président de la république. Beaucoup semblent ne pas le reconnaître. Si Massamba Débat était tribaliste, beaucoup de nos parents n’auraient pas été envoyés en France pour étudier. On les aurait cantonné à des petits postes au Congo comme cela se fait aujourd’hui. De plus, Massamba Débat est le seul et unique Président qui n’a jamais construit une seule usine dans sa région natale. Il aimait profondément son pays. Par comparaison à ce qui se fait aujourd’hui, la différence est saisissante.

    Tout ceci pour dire à quel point l’histoire du Congo a été dévoyée. Il est impérieux de penser le Congo autrement et de ne pas escamoter l’histoire et le rôle de chacun. Si le fédéralisme peut être une solution pour le Congo de demain alors poussons la réflexion et donnons une chance à cette nation à naître la possibilité de voir le jour. Sans le sentiment d’appartenir une destinée commune et bien, nous sommes voués à répéter sans discontinuité les mêmes erreurs.

  34. mwangou dit :

    @ Val de Nantes !
    @ Londi .
    Ah! si seulement les Congolais pouvaient prendre connaissance de ces débats si positifs pour la cause du Congo?
    J’ai de l’admiration pour tous ceux qui lancent enfin des sujets de débats pour la construction, et pour tous ceux qui prennent le temps de participer à la construction en débattant. Il y a tant de choses qui refont surface, des choses noyées volontairement ou non dans l’abîme, peut-être à des fins de trafiquer l’histoire du Congo, peut-être sans objectif spécial. Mais qu’il est bon et doux qu’elles soient exhumées pour qu’elles participent à la réflexion et à la construction.
    Val de Nantes, ce que vous venez de nous dire de Lissouba, collègue de classe de votre papa, c’est plus que opportun. En effet, n’étant pas psychologue et encore moins psychiatre, j’ai hésité de poser en relation avec les problèmes du Congo, le problème de l’éducation à la base de nos dirigeants. J’ai donc fait mon petit inventaire et j’ai eu ceci : sur 7 présidents, jusqu’à l’heure actuelle, 5 n’ont pas de pères connus; deux seulement Yhombi et Lissouba ont leurs parents connus.
    J’avais été inspiré dans cette démarche par une blague d’un ami qui avait fait ses études en URSS. Pendant cette scolarité, un professeur leur disait que: » le problème de l’URSS, c’est le passage à la tête du parti-Etat des chauves et des non chauves. Ca commencé par un chauve, Lénine, remplacé par un non chauve, Staline et ainsi de suite, jusqu’à la fin de l’URSS ». dans cette dictature, le chauve, instaurait une certaine ouverture, le non chauve, c’est le renforcement de la dictature. C’est peut-être rigolo, mais ça a du mordant. Quand on n’a pas ses parents, on a tendance à en vouloir aux autres. Youlou a été bien plus souple, par la grâce de sa formation de prêtre. Avec Débat, s’instaure plus facilement la violence, même si elle est tempérée par son éthique protestante. N’Gouabi continue sur la lancée de Débat, mais en réorientant la haine. Il s’arrête net par la grâce de son éducation militaire. Mais il avait poussé le bouchon trop loin comme on dit; et les siens ne le rateront pas.
    C’est la rupture dans le processus dirigé par ceux dont les parents sont à rechercher. Émerge sur la scène celui qui a ses parents connus, Yhombi, pris à la gorge par le parti-Etat, tente de manœuvrer et s’alignant sur la dictature, mais rapidement prend conscience et veut sortir de ce bourbier. Il est le premier à crier au scandale, face aux manipulations de la démocratie au sein du parti, lesquelles l’évinceront du pouvoir.
    Cette parenthèse se ferme assez rapidement. La norme revient au pouvoir, ceux qui n’ont pas de parents bien connus: Sassou Nguesso passe à la commande. C’est l’expression la plus affirmée de la haine élevée au rang de politique.
    Arrive enfin un dont les parents sont connus. N’eut été les contraintes créées par la CNS, il ne passait pas de temps au pouvoir. Son mandat sera le plus instable jamais connu dans ce pays. Et voilà qu’arrive le prédécesseur.
    Bizarre!
    Il faut je crois pour ce pays, qu’on connaisse quand même le parcours des hommes qui affichent des prétentions tout à fait légitimes de diriger. Cela aiderait à mieux choisir. Car, trop d’anciens gardiens de barrière, de chauffeurs, de petits soldats, font des sauts qu’on ne peut comprendre et occupant des positions très élevées, sont tenus d’exercer des représailles contre les autres, en distillant la corruption pour se maintenir, en distribuant la mort sur les individus, mais aussi sur le pays.

  35. David Londi dit :

    Rivelino,

    merci cher cadet pour l’honnêteté intellectuelle dont tu fais toujours preuve. Nous ne pouvons pas faire l’économie de ce genre de débat. Beaucoup de zones sombres et sous-entendus sur notre Histoire nous font souvent errer dans des zones dangereuses pour l’unité nationale

  36. David Londi dit :

    @Mwangou, voilà une démarche qui me laisse pantois. Après réflexion, je pense que l’habitude que les occidentaux ont prise d’exiger un bulletin d’information sur la santé des Dirigeants a du sens. L’instauration d’une dictature, depuis Neron jusqu’à Sassou en passant par Hitler et le dictateur nord coréen relève d’un dérèglement mental évident. Il y va aussi de l’importance du milieu dans lequel l’on a été élevé. Les valeurs inculquées par l’éducation nous structurent et orientent nos actions. Le milieu familial, le « mbongui » a toujours joué un rôle prépondérant dans notre éveil aux choses de la vie, comme le disait mon grand-père.

  37. tintin au Congo dit :

    Chers amis,un ami Popo du Bénin vient de m’envoyer une vidéo montrant Sassou et JDO en train de distribuer des enveloppes à une foule d’affidés. Mon ami ne comprend pas comment un Monsieur qui dans l’auguste geste du semeur a distribué l’argent urbi et orbi, se retrouve pris dans les fourches caudines du FMI, et à arpenter le monde pour quémander des sous. Je pense que le rapport à l’argent est culturel. Tous les peuples qui ont connu la monnaie en font un usage proportionné au besoin. Pour les autres quand il découvre la caverne d’Ali Baba, c’est l’euphorie. Je comprends pourquoi ceux qui traitentles compatriotes d’autres départements: « Mokongo, maboko makaku »Je me souviens de la première redevance pétrolière de 21 milliards versée au Congo. Dans une verve enflammée, Ngouabi déclarait, je cite: » on a tellement d’argent que je ne sais quoi en faire. Le Congo importera des chômeurs » Du haut de ma toute jeune adolescence, je fus surpris qu’un chef d’état n’ait pas de projets à réaliser. Mon ami béninois m’a demandé de résoudre la quadrature du cercle. Afficher un tel comportement me fait péter les plombs pour parler vulgairement. Heureusement qu’il y a la résilience de la raison qui amortie le choc.

  38. tintin au Congo dit :

    lire: qui amortit le choc

  39. David Londi dit :

    @Tintin au Congo,

    Massamba Débat ne disait-il pas qu’un sous est un sous ?

  40. Val de Nantes dit :

    Oui ,@David ,Massamba Débat avait cette attitude désintéressée vis à vis de l’argent…
    Contrairement aux autorités politiques actuelles qui ont une conception mercantile de la politique.

  41. Revelino dit :

    On ne peut s’étonner de Massamba Débat. Aller donc voir sa maison à Boko. ça donne la pleine mesure du désintérêt de celui-ci à l’argent. Si il y a une chose que je retiendrai de mon père, c’est son désintérêt à l’argent. Et Dieu sait qu’il en a occupé des postes. Une telle simplicité vous marque à vie. C’est pourquoi, l’homme ne peut donner que ce qu’il a. Les chiens ne font pas des chats.

    Depuis que je fais mes recherches sur Massamba Débat et j’en apprends sur ce monsieur, nous avons perdu une occasion de voir la lumière du développement jaillir sur le Congo. Depuis, c’est l’obscurantisme au Congo.

  42. David Londi dit :

    Oui, Massamba Débat dans la logique de Youlou et Opangault continuait le dialogue interethnique qui aurait pu être une chance pour la poursuite de la construction de la nation congolaise si le trio Ngouabi, Yhombi et Sassou n’était pas venu instituer l’idéologie tribaliste comme mode de gouvernement. Une vidéo circule sur internet, dialogue entre le vieux Moudileno, éphémère premier ministre de 1970 à 1971, qui met en lumière le comportement criminel de Sassou dès 1970, la naissance de l’OBUMITRI. Édifiant !

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