Débat sur le Despotisme éclairé :Les effets pervers de la démocratie pluraliste et ou exemple du contre- modèle Tunisien


Massamba Cicéron

Le sort de la démocratie laisse ,dans ce pays, peu d’équivoques quant aux réelles difficultés de transposer et asseoir une démocratie. Le pays est à la peine, mettant en péril les acquis obtenus de longue et difficile lutte.

On pourrait s’interroger sur la fragilité de la démocratie notamment sur son caractère plutôt versatile. Ce cas montre à jamais que le rêve d’une démocratie pourrait ne vite devenir qu’une illusion et livrer le pays à la chienlit et donc d’échéance avec pour corollaire, le retour d’une dictature obscur, féroce ! Il est, ici le lieu ,de rappeler que c’est de la Tunisie que partit le printemps arabe.

Cette grande émulation et effervescence qui se déversa dans le monde arabe et africain tel un torrent, nourrissant les espoirs d’un monde meilleur.

Force est de constater que le désenchantement est là.

On peut légitimement s’interroger sur les réalités de la démocratie, sa complexité et donc sa difficulté à être calquée et transposée ,sans discernement, dans le tiers-monde, voire en terres africaines, en lien avec l’archaïsme prévalent.

Comment un pays qui a servi, un temps, d’exemple peut-il se trouver laminé au point de se trouver au banc des accusés et donc amener à récuser ce régime de gouvernance qui pourtant fait ses preuves en occident.

Sans omettre l’effet d’ondes négatives que cette même démocratie a pu générer.

En Libye ,les révolutionnaires victorieux de l’après Khadafi découvrent l’arrière-gout d’une recette ‘alimentaire’ mal maîtrisée et digérée, où le pays s’est vite transformé en torchon brûlant ! Le coup d’État du maréchal Sissi en Egypte contre un président élu et la restauration d’une dictature néfaste, montre ,à suffisance, que la trajectoire qui mène à la démocratie est non seulement rude mais parsemée d’embûches,

Et que un retour du bâton est toujours possible et permanent.

Les promesses sociales non tenues d’une révolution et la fragmentation du paysage politique peuvent constituer autant d’aléas , révélant les dangers qui nous guettent face à une fascination permanente et souvent trompeuse que peut exercer la démocratie.

Et si l’on y ajoute le communautarisme grégaire de nos sociétés tel qu’on le perçoit au Congo, la boucle est bouclée !

L’éveil du communautarisme n’est pas loin de faire obstacle à la démocratie .Les choix subjectifs ,attachés à cet atavisme, apportent à l’élu l’assurance de ne point être bousculés ,ni dérangé par les siens en dépit des résultats souvent mitigés autrement catastrophiques.

Il s’en suit une connivence qui résulte de ce lien incestueux, faussant, de facto, les règles de la démocratie ,sur la base principe cardinal à toute démocratie pluraliste, ‘one man,

one vote’. La boulimie des gouvernants est loin d’apporter l’apaisement nécessaire, car les fruits de la croissance mal partagés, confisqués par les tenants du régime et leurs meutes de partisans légitime les raisons d’une revanche .Le principe viscéral selon lequel celui qui gagne le pouvoir gagne tout, même l’Etat, voire même les fonds du trésor public du pays.

Face à ces inepties, la partie perdante aux ‘élections’ cultive l’aigreur.

Cette dernière a bon dos pour payer les crimes de lèse-majesté dés lors que surgit de sa bouche les remontrances et critiques mettant en cause ces absurdités.

C’est alors le début du commencement d’un engrenage !

De là peut vite dérailler cette belle mécanique qu’est pourtant la démocratie .Ainsi ,l’espoir de voir germiner une démocratie réelle et véritable, puis de se maintenir intact ou de maintenir intact l’espoir suscité, demeure des plus minces.

Et le risque est grand de voir réapparaître des pouvoirs autoritaires, qui reprenant la main soit par le biais de coup de force ou des promesses démagogiques électorales, enlève au pays tout espoir nourri à l’aube de cette même démocratie.

D’où la question que l’on peut légitimement se poser ,sans sombrer dans des passions obsessionnelles.

Ne faudrait-il pas s’accorder une période probatoire d’une dictature éclairée afin de mettre le pays sur les rails ?

Autrement dit, une sorte de commandement pour un salut public ! En d’autres termes, faire du ‘Sassou’ mais à la renverse, c’est dire un homme, quelqu’un disposant de poigne et magnifiant son pays, pouvant le porter au firmament ! Cette période d’incubation a vocation à agir comme une vaccination curative pour prémunir la démocratie future des dangers inéluctables sus évoqués.

Quatre arguments assurent la solidité de notre raisonnement : l’absence du sentiment national avéré lequel tend à limiter ou contingenter le vote en faveur du candidat de la tribu adverse et au seul bénéfice de la tribu-classe, deuxièmement, l’absence de socle économique minimum , l’ossature nécessaire pour éviter une misère rampante et grandissante et donc de tenir les promesses de la révolution, faute de quoi, la contestation sociale et politique battront leur plein au péril de cette révolution ; tierco,  un niveau d’éducation minimum des populations, assurant et garantissant le discernement nécessaire du citoyen dans ses choix électoraux.

Le contre-exemple qu’est aujourd’hui la Tunisie , pourtant, pionnière en la matière, montre aux esprits lucides que nous sommes, qu’un pays peut vaciller , faire machine arrière quand les fondamentaux ne sont pas acquis, ni assurés.

La Démocratie a ses raisons que la passion politique des hommes ne connais pas.

Telle une composition chimique ,la démocratie demande un bon dosage et un bon laborantin pour réaliser une alchimie parfaite.

A bon entendeur .

Massamba Cicéron.

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11 réponses à Débat sur le Despotisme éclairé :Les effets pervers de la démocratie pluraliste et ou exemple du contre- modèle Tunisien

  1. Pambou Lucien Mkaya Mvoka dit :

    Réponse à Massamba Cicéron: la démocratie en pratique et les difficultés pour les intellectuels africains de bien comprendre les fondements de ce modèle dit universel

    Le texte de Cicéron mérite d’être lu et relu et avec point d’appui l’ouvrage d’Alexis de Tocqueville « De la démocratie en Amérique ». Aristocrate français, il se rend aux Etats Unis et découvre un modèle politique et juridique différent de celui de la France, son pays d’origine dominé par l’ancien régime et les inégalités de droit. De son ouvrage il tire trois conclusions: la démocratie est un modèle pour l’égalité des chances, la démocratie favorise les vertus morales, la démocratie ne doit pas être une tyrannie de la majorité contre la minorité. Ce modèle démocratique a été à peu près transposé dans la plupart des pays occidentaux après la révolution française de 1789; mais si on regarde de très près la démocratie est le résultat des luttes sociales politiques qui ont traversé toute l’Europe, depuis la constitution de l’Etat en France au 13ième siècle sous la houlette des Grands Capétiens et du roi Philippe IV, encore appelé Louis Le Bel. Ce détour par l’histoire montre que le modèle démocratique, que l’on voulu universel (car c’est le moindre mal selon Churchill), rencontre des difficultés d’application dans des contextes autres qu’occidentaux.

    Après, mais surtout avant la colonisation, on a voulu transmettre le modèle démocratique aux pays africains. Au Congo on a vu les joutes avant l’indépendance entre Youlou, Opengault, Félix Tchikaya, etc. Le désordre en a résulté et Youlou a décidé de créer un parti unique, refigoré par Marien Ngouabi. On sait ce qu’il en est advenu. Dans les années Mitterrand a fait souffler, pour des raisons politiques, le concept de multipartisme comme stratégie d’installation de la démocratie dans les pays d’Afrique noire francophone. Ce qu’il se passe en Tunisie où le président Kais reprend tous les pouvoirs alors que la Tunisie avait été fer de lance contre un despote Ben Ali.

    Cicéron nous fait une proposition, à savoir, sans le dire, si un despote éclairé n’était pas finalement une bonne chose pour une gouvernance rigoureuse, structurée, un peu à la méthode de Park en Corée du Sud. Cicéron propose un Sassou à la renverse qui prendrait conscience de la nécessité de commander ce pays Congo de façon ferme. Il estime que le despotisme vaudrait peut être mieux que ce fameux modèle démocratique que l’Occident nous a vendu et qui ne mobilise pas toutes les énergies pour le développement économique. Il n’y a qu’à voir au Congo le nombre de partis politiques existants, ce qui est indécente, car le nombre très élevé de parti politiques favorise le communautarisme et permet à leurs dirigeants de préparer leurs conditions d’existence dans la mangeoire réseautale politique congolaise.

    Merci Monsieur Cicéron pour ce texte qui est très stimulant car il soulève des questions profondes que les intellectuels de la diaspora évacue trop souvent d’un revers de la main. La démocratie se mérite, c’est souvent le résultat de luttes sociales, politiques, économiques qui réunit des consciences diverses.

  2. VAL DE NANTES : dit :

    Cette démocratie vacille au regard de la non réponse économique et financière aux cris d’un peuple famélique .
    Les critères de l’établissement d’une démocratie sont universels et ils s’appliquent aussi bien aux pauvres qu’aux riches .Quand certains pays en viennent à oublier le BA.ba D’UN SAVOIR GOUVERNER ,il faudrait s’attendre à ce genre d’illusion démocratique .

  3. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    DSN/LIBERATION IMMINENTE DES PRISONNIERS POLITIQUES: PRESSIONS/ACTES D’APAISEMENT ET POURQUOI FAIRE? https://www.youtube.com/watch?v=8npa_O4qoAc

  4. Le dernier Kongo bantou dit :

    Bonsoir ! Texte complètement décousu, d’aigreur et de lâcheté. Lorsque l’on est contre la démocratie ( sociale, élective, économique et culturelle),il faut assumer d’être pour la dictature pleine et entière,parce qu’entre les deux,il n’y a rien !

  5. Tsout David @gmai dit :

    J’ai aimé, vision pragmatique et réaliste des choses. Bravo, qui mieux. On aura compris que la démocratie a toutes les chances de faire flop. Il faut d’abord reconstrure le ciment national. Le dernier Kongo Bantou est à côté de la plaque !!!!!! Le texte est bien argumenté. Vision futuriste. Tu ne cesseras de nous étonner Cicéron

  6. Lucien Pambou Mkaya Mvoka dit :

    Continuons à labourer le chemin démocratique mis à évidence par Massamba Cicéron

    Pourquoi le concept de démocratie comme espace de pluralisme politique peut être un leurre pour l’Afrique francophone

    Pour réussir en démocratie, les gouvernants doivent respecter trois choses: l’état de droit, la prise en compte des besoins des populations et l’alternance politique par l’intermédiaire d’élections non truquées.

    La Tunisie, après l’ère Ben Ali, est passée à côté de ces trois faits d’armes. Le président Kaïs Saied prend des décisions: révocation des ministres, dissolution du parlement, demande à 450 hommes d’affaires tunisiens de rembourser les prêts dont ils ont été les bénéficiaires sous le gouvernement Ben Ali. Il y a une espèce d’empressement et de panique.

    La vie politique en Afrique est manifestement traversée par des périodes de violence pour se maintenir au pouvoir ou pour y accéder. Rares sont les cas où les élections politiques se déroulent sans contestation.

    Il me semble que le concept de démocratie vendu à l’Afrique par l’Occident n’a jamais été parfaitement assimilé par les Africains car le communautarisme continue d’être l’alpha et l’oméga de leurs pratiques politiques, économiques et de gouvernance globale. De la démocratie directe mais limitée à Athènes au Vième siècle (ne pouvait être électeur que le citoyen grec, les esclaves, les femmes et les étrangers étaient interdits de participer aux scrutins, ils étaient donc représentés par leurs maîtres grecs capables de voter). Le philosophe Benjamin Constant, très vite, essaie de résoudre le problème dans son livre « Liberté des anciens et liberté des modernes » qui nous dit si la démocratie c’est participer ou être représenté. Le concept de démocratie représentative est né, même si pour Alexis de Tocqueville peut conduire à la tyrannie de la majorité qui gagne tout, élections, postes de responsabilité. En Afrique la minorité est réduite à l’état d’observateur. Cette situation est maladroite et Tocqueville (et on peut être d’accord avec lui) propose la création d’espaces de concertation avec l’opposition qui sont des lieux d’interconnaissance des différences et des respects de point de vue.

    La création ensuite des gouvernement d’union nationale trouve ici sa justification. Entre la démocratie et la dictature chez Kongo Bantou, il y a ici un chemin d’apprentissage pour une démocratie réelle et pour la sédimentation du ciment national entre les vainqueurs d’une élection et les vaincus. Il ne faut pas être catégorique dans le refus. L’histoire démocratique européenne, marquée par des luttes politiques, sociale et, économiques contre les inégalités, n’a rien à voir avec l’embryon pré-démocratique de ce qu’il se passe dans les pays africains francophones. Nous utilisons les concepts d’Etat, de Nation, de Démocratie, sans en connaître les fondements substantiels et historiques. Il nous reste, en fonction de nos intelligences africaines et bantous et de façon concrète, à domestiquer ces concepts sans s’aliéner politiquement.

    Voilà la mission donnée à tous, aux juristes en premier, aux politiciens et aux autres sachants, mais pas que. Il faut que la population soit intégrée dans ce chemin d’apprentissage pré-démocratique.

  7. complements a mon post ci dessus

    la democratie a Athenes est au veme et non vieme siecle

  8. Emery Mbys dit :

    Faut-il être Obscurantiste ou Utopiste pour gober cette course à la validation de ce qui, à terme accroît les inégalités et les injustes ?

  9. M.Ciceron est du même avis que le défunt colonialiste Jacques Chirac (paix à son âme) qui disait en son temps que la  » démocratie est un luxe pour les africains » de même le néo-colonialiste Sarkozy Nicolas l’avait rappelé à Dakar que » l’homme noir n’est pas encore entré dans l’histoire ». Cela pourrait être vrai,au vu de ce que les soit disant politiques africains nous démontrent dans la pratique. Si les Européens ou les Américains font mieux c’est par ce qu’ils ont la  »matiere » la plus grande partie de leurs politiciens ont fait des études en sciences politiques, économiques, droit civil, droit administratif et financier.Il ne faut jamais prendre les vessies pour des lanternes. Nos politiques ne connaissent pas le sens des mots surtout que ceux qu’ils gouvernent ignorent leurs droits civiques. Des aveugles qui conduisent des aveugles. C’est la triste réalité.

  10. Nsomi Isabelle berthe dit :

    Vous apportez de l’eau au moulin à Cicéron quand vous êtes affirmatif en disant que l’occident s’en est sorti grâce à son élite instruit et cultivé sauf que il ne suffit pas d’avoir le savoir mais aussi à la cause, se mettre au service de la nation donc du grand nombre. L’Afrique n’est pas dépourvue totalement pour autant mais ces cadres ne jouent pas leur rôle, le rôle déterminant des cadres sur les masses. Nos c l’exemple des cadres du nord est parlant. Ils sont contre vents et marée derrière un pouvoir, en échange davantages matériels. Et les p auvres populations sont prises en otages par cette élite égarée. Qui devrait pourtant servir de guide et donc éduquer. Nous en sommes loin et très loin. Cicéron à à raison. Tu lui donne finalement du grain à moudre. Sa réflexion nous invite à mediter

  11. lucien pambou mkaya mvoka dit :

    A TOUS / FINALEMENT IL YA UN CONSENSUSSUR CE SITE SUR LES CHEMINS DIFFICILES ET ESCARPES POUR MLA CONSTRUCTION DE VERTABLES MODELES DEMOCRATIOQUE EN AFRIQUE FRANCOPHONE

    Nous sommes dans un jeu de dupes que la plupart d entre nous ne comprennos pas toujours

    La France n apas envie d un modele democratoique en afrioque malgre les declarations de ces gouvernants/ Meditez ce qu il se passe au Mali le president Macron est tres en colere contre le deiuxieme coup d etat de assimi goita au motif que les affides de paris ( ouane etc) ont ete ecartes du pouvoir ne pouvant plus jouer leur role de telegraphistes

    Quand la vie geo^politique modestement comme je le fais depuis longtemps et surtout en m appuyant sur les analyses historiques commer je l ai iniotie en tant qu ancien editorialiste sur Africa 24 qui n est plus que l ombre d elle meme et cela je le regrette pour mauvaise gouvernance et collusion diverse/ je l ai dit cela m avalu l eviction et les faits me donnent raison actuellement

    Cette approche historique me permet de voir que le Mali est guette par une separation orfganisee et voulue par certaines puissances au nord ou lon trouve diamants or petrole on pourraait voir apparaiotre un gpouvernement Touareg et au sud un gouvern,ement non touareg

    Pour eviter les confrontations une espece d organisation mixte seraiot charge les problemes frontaliers et dindemnisation

    Je suis dans la speclation intellectuelle mais l histoire de Berlin en 1884 sur le partage de l afrique peut se reproduire ici mais avec l assentiment des africaions eux memes au nom de la paix et de reconcilation/et comme d habitude les africains que nous sommes guides parn l emotion les pulsions sans les notions d etat ou de nation marquees au corps et dans les esprits risquontde voir les Maliens avec un territoire scinde en deux
    Je ne demande qu avoir tort et d etre dementi par les faits et la realite du moment/il faudra aux maliens gerer le depart de la force Barkhane en cherhant d autres alliances vers l Russie? La CHINE? ou Les deux en meme temps? Wait and see disent les anglais/ Attendons de voir qui va remporter ce bras de fer entre Paris et Bamako

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