CONGO : LA RÉVOLTE DE LA MERDE !

Depuis deux années, le 19 novembre est célébré comme « Journée Mondiale des Toilettes ».

L’article « Congo : la Révolte de la Merde ! » avait été publié le 16 août 2012.

Il est, hélas, toujours d’actualité.

Un récent article du Monde, intitulé : L’accès aux toilettes, enjeu mondial de développement, (http://www.lemonde.fr/planete/article/2008/10/28/l-acces-aux-toilettes-enjeu-mondial-de-developpement_1111915_3244.html) nous apprend que « 2,5 milliards de personnes – plus d’un tiers de l’humanité – utilisent des latrines qui n’offrent pas de garantie contre le développement de maladies liées aux matières fécales ». Sans eau courante depuis des années, les 98% de la population congolaise devraient être de ce nombre. « Et 1,2 milliard n’ont d’autre ressource que de déféquer dans la nature, selon des données collectées par l’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef. » Combien de congolais, voire de citadins au Congo, sont concernés par cette dernière catégorie ?

« Pour réduire la pauvreté dans le monde et améliorer la santé des déshérités, la méthode la plus simple est de construire des toilettes. C’est la conclusion à laquelle est parvenu le Réseau international sur l’eau, l’environnement et la santé (Inweh), branche canadienne de l’Université des Nations unies. »

Ces mêmes canadiens, qui avaient eu l’immense honneur d’accueillir récemment notre grand président, au Sommet de la Francophonie, avaient raté là l’opportunité rare de le lui rappeler. Leur conclusion-recommandation aurait eu le bonheur de le faire rire. Réduire la pauvreté et améliorer la santé des congolais ? Quelle bonne blague ! Sassou s’en moque comme de son premier étron !

Pourtant cette dramatique situation perdure, depuis le retour du Généralissime, pour la majeure partie de la population congolaise. Les eaux usées sont aussi un problème majeur… Encore faut-il avoir de l’eau à user ! Les prédateurs et les nantis peuvent toujours se laver le cul ou prendre la douche avec de la Mayo ou de l’Okiessi… !

« Quarante à cinquante litres d’eau, de préférence potable, par jour et par personne sont nécessaires pour le respect de la dignité humaine » c’est ce que souligne Erik Orsenna, de l’Académie Française, dans son dernier livre : « L’avenir de l’eau ». Il faut le répéter : « pour le simple respect de la Dignité Humaine ! » Durant ces dix dernières années les congolais, méprisés, en ont été privés !

Ne pas avoir d’eau, dans un pays qui est parcouru par le second fleuve au monde par son débit et qui connaît une pluviométrie record, relève de l’exploit. Un exploit dans la médiocrité, dans la nullité, dans une malsaine volonté d’humilier, pour lesquelles il a fallu, à la présidence de Monsieur Sassou, persévérance et insensibilité tout au long de ces années pour y parvenir.

Le pouvoir de Mpila a laissé vivre les congolais largement en dessous de ce seuil de « la Dignité Humaine ». Ce qui n’a pas empêché ce même pouvoir de chanter ses propres louanges. Les belges, souvent moqués par nos anciens colonisateurs, s’amuse de ce que le coq, emblème national français, est le seul animal qui aime à chanter les pieds dans la merde. Tout comme notre président qui se réjouit, chante, danse, organise Congrès et Forums Mondiaux dans toute cette merde environnante produite par sa populace !

Les matières fécales, comme sont appelés pudiquement nos excréments, sont la cause de mortalités, d’infections et de la moitié des hospitalisations en Afrique subsaharienne. Quand le pays a des hôpitaux…. ! Est-ce le cas du Congo ? L’article du Monde décrit les conséquences dramatiques de ce déficit d’équipement mais nous apprend également« qu’à Madagascar un ministère unique est maintenant en charge de ce problème ». On le voit, heureusement, que l’Afrique n’est pas totalement calquée sur le glorieux régime d’Oyo !

Ne rêvons pas ! Que les congolais vivent dans leur merde, ce n’est ni le problème de Sassou, ni celui de sa Cour. Ils se sont construits des ilots de luxe insensé, avec groupes électrogènes surpuissants et réserves d’eau. Nous avons tous vu sur You Tube, des cascades de verres d’où s’écoulent des flots de champagne glacé. Ils ignorent la puanteur des latrines, le manque d’eau pour l’hygiène élémentaire, la vie en permanence dans un univers insalubre et l’obligation de faire ses besoins dans la saleté ou sur des montagnes de détritus. Et la quasi-impossibilité de vivre décemment. Répétons-le, une fois encore : « Sans 40 à 50 litres d’eau par jour et par personne, il n’y a pas de Dignité Humaine ! » Et, car il semble l’oublier, rappelons à ce régime de strass et de pacotille dans la forme mais, dans le fond, avec de vrais trésors volés dissimulés à sa population : « LES CONGOLAIS SONT DES ETRES HUMAINS ! » Les animaux, domestiques ou non, sont bien mieux traités, en Europe, que nos enfants et nos parents au Congo !

Il faudra des années de travail intensif, loin des mauvaises pratiques de ce pouvoir dément et loin de la corruption qui gangrène le pays, pour que les infrastructures nécessaires soient mises en place : l’eau courante, l’assainissement, l’électrification et des voiries correctes. En attendant, une solution potentiellement rapide pourrait être mise en place. Ecologique et peu couteuse : les toilettes sèches ! Sans eau et grâce à la sciure de bois. Des habitations récentes l’adoptent partout dans le monde (http://www.habitat-ecologique.org/enquete.php voir aussihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Toilette_s%C3%A8che ). Ce système présente de grands intérêts économiques, écologiques et est facilement mis en œuvre. Mais dans ce pays où l’on coupe plus de deux millions de m3 par an de bois précieux, et où les enfants scolarisés n’ont pas de table et de banc pour écrire, prétendre avoir de la sciure pour des toilettes sèches relèverait-il aussi de l’utopie ou d’un rêve inaccessible ?

Notre monde a connu toutes sortes de révolutions, entre autres : la Terreur, la révolution Prolétarienne, la Révolution de Velours et, il n’y a pas si longtemps, celle des Œillets au Portugal. Il en est une que nous « sentirions » bien venir au Congo : celle de la Merde !

La Merde que les congolais, suffoqués et excédés par les excréments, balanceraient sur les bâtiments officiels, sur les 4×4 rutilants, sur la Mairie de Brazzaville, sur les villas blanches des corrompus…. Tous ces nantis qui fuiraient sous une avalanche nauséabonde !

La révolte de la Merde, avec un M majuscule.

A chacun son arme………. !

Rigobert OSSEBI

VOIR L’ARTICLE : 3 millions de congolais utilisent des toilettes insalubres