Congo – France : L’encombrant hôte de L’Élysée

Quand on s’est farouchement engagé pour la sauvegarde de l’alternance démocratique portée par un ami

Quand on s’est pleinement impliqué pour débarrasser de leur dictateur des peuples au sous-sol engorgé d’hydrocarbures,

Quand on s’est émut du double veto sino-russe à un projet de résolution Onusien sur la répression en Syrie,

Quand on soutient l’opposition russe dans sa lutte pour la démocratie et

Quand on souhaite le renouvellement générationnel pour la démocratie Sénégalaise,

Le bons sens recommande que toutes les situations similaires bénéficient de la même logique de traitement.

A priori donc, rien ne justifierait par exemple qu’un autre dictateur soit le bienvenu chez soi sans lui signifier, ne fût ce que diplomatiquement, la condamnation des actes criminels dont il a pu se rendre coupable sur une partie de ses compatriotes et de prétentions de pérennisation au pouvoir, y compris via sa descendance, par tripatouillage constitutionnel.

C’est pourtant ce qui semble être programmé au calendrier élyséen cette semaine du 06 Février 2012, nonobstant les déclarations s’agissant encore du double veto sino-russe sur la Syrie, selon lesquelles : « Ceux qui ordonnent, commettent ou laissent commettre de [tels] crimes contre l’humanité devront en répondre.’’ Pouvait-on lire sur un communiqué de l’Elysée ce week-end.

Raison d’état ? Néo concept de ‘’Realpolitik’’ ? Ou alors le fameux deux poids – deux mesures ?

Dans tous les cas, il revient de constater que Sassou – Nguesso, despote criminel Congolais connu comme tel et sous le coup d’une procédure sur les BMA1, semble bénéficier d’une autre classification. À moins qu’à l’aube du rendez-vous crucial avec les Français en crise, il soit plutôt porteur de mallettes, nerf de la guerre tous droits venus du bassin du Congo, comme nous laissait croire l’autre avocat des réseaux.

Seulement, gémissements et tension latente des congolais oubliés, la bonne conscience impose la discrétion. Juste en privé donc et probablement aussi le temps d’un rapide contrôle de la livraison pour ne pas trop s’attarder avec l’hôte encombrant.

Entre appels à manifestation des Congolais désabusés de France d’une part et à annulation de rencontre à l’attention de l’Elysée d’autre part, il serait souhaitable, paradoxalement, de prendre le maximum de temps, voire libérer toute la demi-journée pour ce convive.

L’occasion s’il en était d’attirer son attention sur les évolutions exponentielles des sociétés et l’inaliénable droit des peuples à la liberté et la justice qui finissent par emporter tout ce qui tente de résister à ces dynamiques. L’occasion également de le dissuader des stupides manœuvres de fuite en avant consistant à faire agiter, par de pseudos –opposants interposés, le spectre de prétendue purge ou génocide en préparation de son hégémonique clan ethnique. L’occasion enfin de lui faire percevoir son intérêt à ne surtout pas mimer son homologue de la Teranga2 et pour sa véritable paix intérieure (s’il le souhaite bien entendu), agir et poser des actes qui tendraient à faire baisser les tensions latentes d’un peuple trop longtemps martyrisé.

C’est très probablement un vocabulaire étranger à cet hôte, puisqu’inexistant dans le lexique de l’Oligarchie bureaucratique militaro-tribaliste dont il a toujours été le tenant. Mais tenu sur un langage lui démontrant le caractère vital pour lui-même et l’unicité du pays dont il se découvre la vocation tardive, on n’ose sans néanmoins trop de naïveté, espérer qu’il se montre attentif. Ceci aurait peut – être également le mérite de lui garantir une fin indifférente à défaut d’amour rêvé de la part de ses compatriotes.

Enfin si jamais ces messages n’obtiennent pas assentiment, ce qui est aussi très probable, il resterait à le congédier par la méditation sur des extraits du fameux « I have a dream » de M. L. King à Washington le 28 août 1963 où s’adressant à l’Amérique oppressante du peuple Noir, il clamait :

‘’Il n’y aura plus ni repos ni tranquillité en Amérique tant que le Noir n’aura pas obtenu ses droits de citoyen… [Et]

…Les tourbillons de la révolte continueront d’ébranler les fondations de la nation jusqu’au jour où naîtra l’aube brillante de la justice.’’

 

 L’honorable Robert Poaty Pangou

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire