Congo-Brazzaville: mégestion exacerbée de la chose publique. Par MAVOUNGOU PAMBOU

MAVOUNGOU PAMBOU

MAVOUNGOU PAMBOU

On ne saurait être insensible devant cette vidéo1 de plus qui circule sur la toile, montrant Pointe-Noire, capitale économique et ville pétrolière fournissant plus de 90% des recettes de l’Etat, privée de transports publics. La population ponténégrine désabusée et désemparée, exprime devant cameras son désarroi sinon cette souffrance immense et cette misère injuste vécues au quotidien. Mais ce qui offusque davantage c’est le manque de réaction des autorités vis-à-vis des transporteurs privés cupides qui, mangeant outrageusement la laine sur le dos des usagers, soumettent la population à des tracas incompréhensibles. Il est de notoriété publique qu’il n’y a de richesse que d’hommes; mais faudrait-il encore qu’un pays ait des hommes de qualité, instruits, férus d’amour de la patrie et qui se mettent résolument au service de celle-ci, en vue non seulement d’oeuvrer pour le bien-être du peuple, mais aussi d’impulser une dynamique de développement multi sectoriel et durable. Hélas, au Congo-Brazzaville, on est réduit à constater une mégestion exacerbée de la chose publique ponctuée d’un manque d’amour envers le peuple et la patrie!

Cette pitoyable situation est symptomatique de la misère endémique et anachronique volontairement planifiée et imposée au peuple par le régime de Sassou Nguesso. Un peuple allègrement transformé en paria, clochardisé et abandonné sur le bas côté de la route. Comment peut-on vivre une situation aussi ubuesque dans un petit pays imensément riche, où hélas, l’intérêt général est loin de primer l’intérêt particulier? Et c’est dans ces conditions que Sassou Nguesso entend modifier sa propre constitution de 2002; et ce, avec une prétendue onction du peuple pour se cramponner au pouvoir au delà de 2016. Bien évidemment, c’est à ce propos qu’il déclare: “Il faut que ce soit avec la volonté de la majorité du peuple. Et ce ne sera certainement pas avec une volonté personnelle de pouvoir. Il faut vraiment que la majorité du peuple le souhaite ainsi.” Au fond, l’homme sait pertinement qu’il n’a jamais requis et acquis cette “volonté de la majorité du peuple.” Et l’évidence, c’est qu’il ne l’aura jamais de sa vie. En réalité, il n’a que mépris de la volonté du souverain primaire, c’est pourquoi il demeure le champion du coup d’Etat et de la fraude électrorale. Son pouvoir ne jouit donc d’aucune légitimité populaire, encore moins institutionnelle. Nous avons donc affaire à un usurpateur, un imposteur.

On ne saurait oublier que même à l’époque où le pays nétait pas assez nanti financièrement, les grandes villes étaient dotées de societés de transport. Il convient donc de souligner que le manque de transports publics témoigne manifestement de l’inexorable regression du pays dans bien de domaines dont les acquis sociaux, les services publics et les infrastructures de base. C’est ici qu’il sied de confirmer ce cinglant constat: le Congo-Brazzaville est non seulement l’objet d’une gestion hazardeuse et calamiteuse, mais on peut y déplorer l’absence d’Etat ou du moins d’un Etat de droit, caractérisée par une anarchie et surtout d’une capitulation, une démission des dirigeants face à leurs responsabilités.

A l’évidence le régime de Sassou Nguesso n’a aucune volonté politique de combattre cette misère endémique sinon qu’il la gère allègrement, en dépit d’une manne pétrolière cossue débordant des caisses de L’Etat; au point où la Congo-Brazzaville s’est mué en pays nanti prêteur. Mais, soulignons que certains pays africains qui bénéficient gracieusement de cette faveur inespérée de la part de Sassou Nguesso travaillent à leur dévéloppement; c’est le cas notamment de la Côte d’Ivoire qui s’illustre dans la construction d’autoroutes dignes de ce nom, dont la plus récente est celle d’Abijan-Yamousoukro. En fait, la seule chose que l’on pourrait apprécier chez Sassou Nguesso, c’est sa bonne étoile, car chaque fois qu’il s’est accaparé du pouvoir par un mode opératoire dont il a l’apanage, à savoir le coup d’Etat, le Congo-Brazzaville connaît une embellie financière. C’est justement ce qui s’était dejà produit au début des années 80 avec le premier boom pétrolier de l’histoire du pays; et dont le peuple n’avait jamais vu la couleur de la manne engrangée.

Comment ne pas être indigné de la dramatique et paradoxale situation qui prévaut dans le pays, quand on sait que dans les années 60 Alphonse Massamba Débat, avec rien ou presque, a fait vivre l’âge d’or au Congo avec nombre de réalisations visant le bien-être de tous, en allant jusqu’à offrir l’Assurance Maladie Universelle au peuple? On est cependant réduit à constater que n’est pas bon gestionnaire qui le veut! Bien évidemment, ce sont ses qualités de bon gestionnaire qui ont valu la mort à Massamba Débat. En effet, Marien Ngouabi, qui l’avait chassé du pouvoir en 1969 par un coup dEtat, constate qu’il n’a pas lui-même su gérer le pays, car l’ayant entrainé dans une débacle sinon une déconfiture économique. Et il en était arrivé à un constat d’échec, d’autant que l’héritage de Massamba Débat avait été sabordé.

Conscient du fait qu’il était loin d’avoir promu les principes de continuité de l’Etat et de saine gestion; et après une introspection et surtout une autocritique sans complaisance de sa propre gouvernance du pays, Marien Ngouabi en tire les conséquences qui s’imposent et décide qu’il ne pouvait contituer à entrainer le pays à la dérive. C’est ainsi qu’en homme humble, honnête et pénétré d’une grandeur d’âme peu commune, il jugea que Massamba Débat était l’homme de la situation et qu’il fallait impérativement le réhabiliter dans ses fonctions à la tête de l’Etat, afin qu’il puisse de nouveau faire bénéficier au Congo-Brazzaville son savoir-faire, son expertise en matière de gestion de la chose publique.

En effet, c’est de son propre chef que Marien Ngouabi, entama des négociations avec Massamba Débat, en vue du retour de ce dernier aux affaires. Mais malheureusement, après que l’affaire se soit ébruitée (le téléphone de Marien Ngouabi étant sur écoute et le palais infesté de taupes), une funeste conspiration ourdie par des hommes politiques du Nord entraîna le double assassinat des deux présidents, sans oublier celui du premier et unique cardinal du pays Emile Biayenda. A cela s’ajoute un nombre important de témoins gênants (civils et militaires), tous innocents, passés par les armes au petit matin, après un procès stalinien. C’est donc pour des raisons non avouées de confiscation de pouvoir que ces ignobles assassinats furent perpétrés. Le pouvoir devait, de ce fait, rester indéfiniment dans les mains des ressortissants du Nord, mais s’illustrant malheureusement par une médiocrité congénitale quant à la gestion de la chose publique. En tout état de cause, l’histoire ou du moins la conscience collective n’oubliera jamais le sort moins enviable fait au Congo-Brazzaville de 1969 à nos jours, à savoir l’inexorable déliquescence tous azimuts occasionnée par le régime en place. En somme, le peuple congolais continue cependant de subir les affres d’un pouvoir liberticide, criminogène et tyrannique, mais pour combien de temps encore?

René MAVOUNGOU PAMBOU

Collectif Unis Pour le Congo

Secrétaire chargé des questions éducatives

et socio-culturelles

1 Pointe-Noire (Congo): le transport en commun, un vrai calvaire

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3 réponses à Congo-Brazzaville: mégestion exacerbée de la chose publique. Par MAVOUNGOU PAMBOU

  1. Jean Prosper Okombi Biayenda dit :

    Pointe Noire, ne vous lamentez pas. Le petrole est chez vous mais vos ainés dits « sages du kouilou » sont les souris de la maison qui ont montré le chemin de la maison aux souris de l’extérieur pour manger le fromage dans l’armoire. C’est encore eux qui veulent anti constitutionnellement accorder un mandat à une homme gravement perverti pour continuer à dilapider les fonds nationaux aux petits plaisirs de la chaire et de la gloire. C’est plus que jamais le moment d’agir et de mettre hors d’etat de nuir les souris de la maison et celles qui viennent de l’extérieur. Merci.

  2. MONGO BETI dit :

    MAVOUNGOU PAMBOU@

    Il y a longtemps que je ne lis plus cette logorrhée à laquelle presque personne ne fait attention.
    C’est l’heure des actes concrets Monsieur MAVOUNGOU PAMBOU, on étouffe de discours creux et redondants.

    L’initiative de la TENUE A PARIS DES ASSISES NATIONALES DU CONGO POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE, avec à la coordination un homme de qualité -le ministre Malekat- peut être une bonne initiative, à condition que ça débouche sur des actions concrètes.

  3. René Mavoungou Pambou dit :

    A l’imposteur et auteur du précédent post,

    Si vous les avez bien suspendues, vous aurez pu vous armer du courage de vos élucubrations éhontées et sortir de l’anonymat!

    Vous avez manqué une occasion de vous taire et vous semblez souffirir d’une déficience quant à probité et l’élégance intellectuelles. Vous êtes quoi d’abord, pour vous permettre l’outrecuidance et l’insolence de dévaluer la pensée d’un patriote compatissant du sort injuste fait à un peuple? Non seulement vous ne semblez guère être ému par la dramatique situation ayant fait l’objet de cette reflexion, mais votre manque de lucidité, votre étroitesse d’esprit sont telles que vous êtes loin de comprendre la douleur immense consécutive à l’accouchement d’un texte. Souffrez donc que nous puissions continuer à dénoncer l’incompétence, la médiocrité, et tous les méfaits d’un régime criminogène aux abois, ayant prouvé ses limites dans la gestion de la chose publique.

    Face à la pensée unique en vigueur dans notre pays, il faut bien des gens courageux qui consentent au sacrifice de se mettre sur la brêche. Il y a lieu de parler de sacrifice ponctué d’un amour débordant et inconditionnel de la patrie, car cette activité comporte des risques énormes et j’en ai pris la mesure. Je suis cependant de celles des rares personnes ayant consenti volontiers à braver le pouvoir tyrannique, avec pour seule arme la plume. Pour votre gouverne, sachez que l’écriture est une arme potentielle et dans la vie des nations c’est la force des idées qui non seulement inspire les hommes à l’action, mais surtout influe sur le cours de leur histoire.

    Les prédateurs, braconniers et autres fripouilles patentés de la république ont beau vouloir museler ceux qui sont rétifs à l’idée de se faire embrigader dans la pensée unique, reduire au silence ceux qui incarnent la voix des sans voix, embastiller ceux qu’ils accusent parfois injustement de délit d’opinion, il n’empêche qu’ils finissent victimes d’un pied de nez de la part des libres penseurs et leaders d’opinion qui s’évertuent à leur glisser de petits cailloux dans les godasses. Bien évidemment, pour rien au monde, une plume libre ne transigerait avec un pouvoir liberticide. Telle est mon intime et inaliénable conviction!

    Quand le libre penseur, dont la pensée et l’expression ne sont jamais tenues captives et enchaînées par l’engeance liberticide, commet un texte d’intérêt public, le bon sens allié au civisme voudrait que l’on communique, dans le dessein de féconder le débat un tant soit peu contradictoire, et ce, dans l’optique d’insufler sa vitalité à la démocratie et de conférer à l’expression démocratique ses lettres de noblesse.

    A luta continua a vitoria e certa!

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