Congo-Brazzaville : 154e sur 177 selon le classement mondial de la corruption dans le monde.

corruptionL’ONG internationale de lutte contre la corruption dans le monde, Transparency International (TI) a rendu public mardi 3 décembre 2013, son classement de l’Indice de perception de la corruption (IPC) dans le monde. A l’image des précédents sondages, le Congo occupe toujours une position peu réjouissante : 154e sur un total de 177 pays avec une note de 22 points sur 100.

L’indice de perception de Transparency classe les pays en fonction du degré de corruption perçue dans les administrations publiques et la classe politique, dans les pays concernés par le sondage. L’IPC de TI concentre son attention sur la corruption dans le secteur public et définit la corruption comme l’abus d’une charge publique à des fins d’enrichissement personnel. L’indice est établi à partir de données recueillies par 13 institutions internationales – parmi lesquelles la Banque mondiale, les banques asiatique et africaine de développement ou encore le Forum économique mondial – est compris entre zéro pour un pays perçu comme « hautement corrompu » et 100 pour un pays considéré comme « très vertueux ».

En Afrique en général et plus précisément en Afrique centrale, le Congo reste et demeure parmi les pays les plus corrompus.  En effet, les années passent la réalité reste la même sur le terrain de la corruption. La publication de l’enquête de Transparence Internationale 2013 montre que si dans de certains d’Afrique, les mécanismes de lutte contre la corruption ne cesse de produire des effets tangibles sur le terrain, au Congo la corruption reste une partie intégrante de la mentalité collective. Tous les secteurs de la vie sont désormais atteints par ce fléau au point que La Commission diocésaine Justice et paix (CJP) de l’église catholique a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant à Brazzaville des détournements de fonds destinés à la construction et à la réhabilitation des écoles publiques. Dans son rapport qui est le résultat d’enquêtes menées dans dix des douze départements du Congo sur le suivi de l’exécution budgétaire des investissements dans le secteur de l’éducation, la CJP relève que <<Depuis 2010, « les sommes débloquées (par le Trésor public) sans résultats, s’élèvent à plus de 1,5 milliard de FCFA (plus de 2,3 millions d’euros) ». Pour cette commission, « Rien que dans ce secteur de l’éducation, pour l’année 2011, parmi les cinquante-cinq investissements (qui devaient être faits), trente-cinq n’ont pas été réalisés, soit 63,44% de taux de non-exécution>>.

Le rapport de Transparence Internationale ne fait que corroborer cette réalité. Une rétrospective de la décennie 2003 -2013, montre que malgré les discours pompeux et un verbiage creux des pouvoirs publics, la lutte contre la corruption reste un coup d’épée dans l’eau. Le rapport de transparence internationale montre et confirme une fois de plus que la  corruption est désormais institutionnalisée dans le pays. Elle est à la fois morale et physique. Détournement des fonds publics, affaire des biens mal acquis qui touchent la famille du président, généralisation des passe-droits, dessous de table, enrichissement illicite pour ne citer que ceux-là, sont autant de maux qui gangrène et désagrège la société congolaise. Tous les organes de lutte contre la corruption, comme la Cour des comptes et de discipline budgétaire et la Commission nationale de lutte contre la corruption, la fraude et la concussion, ne sont plus que des caisses de résonnance qui n’ont aucun impact car ne disposant d’aucun pouvoir de sanctionner sinon que de constater.

A la différence du Congo, le Botswana est un pays qui a pris à bras le corps la problématique de la lutte contre le phénomène de la corruption. Au classement 2013, le Botswana est le 30e pays soit le 1er pays africain le plus vertueux en matière de lutte contre la corruption, une position qu’il avait déjà occupée en 2012. Selon le porte-parole du gouvernement Botswanais Jeff Ramsay, le succès du Botswana « était dû à notre politique de tolérance zéro à la corruption étayée par la mise en place de plusieurs institutions de contrôle, telles que la Direction anti- corruption et criminalité économique (CDCE), le Conseil des marchés publics et d’aliénation des biens publics (PPADB), l’Autorité de la concurrence et l’Agence de renseignement financier ».

Par rapport à 2012 (144e sur 174), le Congo a perdu catastrophiquement 10 places en 2013. C’est dire que l’indice de perception de la corruption 2013 montre à suffisance que ce résultat  résulte non seulement de l’absence d’une réelle volonté politique à lutter contre le phénomène, mais plus grave encore, il confirme que la corruption est un instrument du pouvoir pour se maintenir au pouvoir tout en favorisant une totale impunité pour les puissants donc les proches du système et en écrasant, mieux en « sodomisant » tout contrepouvoir  au sein de la société. Toutes les stratégies mises en place ne sont que des saupoudrages pour contenter la communauté internationale et non pour participer et contribuer à l’effort de redressement national. Aussi longtemps que le pouvoir sera juge et partie dans cette lutte, le phénomène de la corruption aura toujours des lendemains qui chantent. On peut citer le cas du conseiller juridique du président de la république qui est en même temps secrétaire général de la Commission Nationale de lutte contre la Corruption et délits assimilés (CONAC).

Le graphique ci-dessus montre l’écart entre le Congo et Botswana dans les efforts de lutte contre la corruption.

A tout bien prendre la corruption doit devenir une affaire de l’opinion publique, la société civile. Les gouvernants doivent comprendre que contribuer à l’effort de lutte contre ce phénomène est synonyme de développement, de prospérité et surtout un gage pour la stabilité et de la paix sociales. Les autorités congolaises doivent être conscientes du fait que dans un pays comme le Congo, la corruption sape entièrement l’économie, entrave le développement et porte gravement atteinte à la justice et à l’égalité sociales des citoyens.

Xavier KITSIMBOU

Diffusé le 13 décembre 2013, www.congo-liberty.org

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5 réponses à Congo-Brazzaville : 154e sur 177 selon le classement mondial de la corruption dans le monde.

  1. YHOMBI dit :

    Hommage à notre soldat
    Miantouadi Pomo Edmond mort l’arme à la main face aux rebelles tchado-soudanais en RCA … un exemple de la future menace qui guette le Congo avec ses mosquées quataries.

  2. Tout ceci ne m’étonne pas ! C’est la conséquence d’une gestion familiale des affaires du pays , tous les enfants sassou et neveux , devraient rendre des comptes à la nation , au congo le soit disant président s’appelle sassou Denis , le gouvernement est tenu par Christel sassou le mr pétrole , jean jacques Bouya le ministre des travaux fictifs , jean Dominique Okemba qui s’occupe de la milice de TSAMBITSO et Claudia sassou la ministre de la propagande de papa , les autres enfants et neveux ont tous achetés des entreprises d’état à un franc symbolique et se sont lancés dans l’affairisme sauvage , tout le secteur informelle du congo est tenu par la famille sassou de l’exploitation des forets , l’hôtellerie , les transports , la restauration , l’événementiel jusqu’à la location des chaises c’est l’affaire des enfants sassou et neveux , foulants au pied les services fiscaux , voilà le désastre provoquer par cette famille au congo l’année prochaine nous serions 177eme on le fêtera à OYO !!!

  3. Mbouma dit :

    Cette classification se base essentiellement sur des échantillons qui ne signifient que des indices de représentation. La réalité n’est pas forcement la même, à moins que je passe à côté. Je comprends la réaction de certaines personnes qui détiennent déjà des a priori sur la manière dont les affaires sont gérées, je comprends bien. Même quand il est étonnant de voir ceux là montrer les bien-faits.

  4. NATTA dit :

    Le pire est à venir !

    D’ici la fin de l’année, le Congo descendra à la 169 ème place. Sassou et son clan travaillent activement dans ce sens. La kleptomanie et le gaspillage vont bon train ! La corruption est le programme du pouvoir, soutenu par des députés qui suçotent avec passion le despotisme.

    Dans une république aminée par un putschiste récidiviste et ses zélés supporters, la gestion des deniers publics et l’éthique en politique sont des vertus dont ils sont très allergiques.

    Notre pays est à la dérive par manque d’un Etat de droit. C’est l’objectif n° 1 à réaliser après 2016 pour sauver le Congo.

  5. Mr MBouma, n’essayez pas de defendre l’indefendable. Ne tombez tout de meme pas dans le ridicule. Meme s’il y a des approximations, notez quand meme qu’on est 154 eme cette annee et l’an dernier on etait 144eme !!! Il y a plus de 100 pays qui nous separent du Botwana le pays africain le moins corrompu. Les richesses du pays s’emoussent dans la corruption et comme le pays ne developpe aucun autre secteur, a la moindre baisse du prix du baril, le pays va entrer dans une zone de turbulance…Ce Congo est bien commun et s’il y a des malfrats qui l’ont pris en otage, il faut bien qu’ils rendent des comptes…

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