APPARTENANCE ETHNIQUE CONTRE LA CONSCIENCE NATIONALE

Par David LONDI

Un des premiers pays d’Afrique à avoir tenu une conférence nationale, le Congo, entame la vingt-septième année de sa transition démocratique avortée, avec l’érection d’une Dictature parmi les plus sanguinaires d’Afrique. Même les illusions suscitées par cette période de respiration démocratique ont disparu, laissant libre cours au désenchantement  avec la renaissance d’un discours tribaliste et régionaliste. Cette vision ethnique des luttes est-elle pertinente, ou reflète-t-elle la difficulté à rompre avec les vieux schémas issus de la colonisation ?

Commencé au début de l’année 1991, avec la tenue d’une conférence nationale souveraine, la démocratisation au Congo s’est achevée avec l’élection du premier Président de la République de l’ère démocratique naissante. En effet, en mai, juin et juillet s’étaient déroulés deux scrutins, l’un municipal, l’autre législatif, qui avaient vu s’affirmer des partis et associations politiques à forte coloration ethnique avec des leaders revanchards issus des années 60/70, à l’exception de quelques-uns comme Milongo. Les revanchards dont certains avaient confisqué les outils démocratiques (suffrage universel, liberté d’expression et multipartisme) dès 1964 avec l’institution d’un parti unique, le M.N.R (Mouvement National pour la Révolution). Les vraies questions liées à l’indépendance économique du pays et à la maîtrise de ses ressources pétrolières ont été occultées par une classe politique davantage préoccupée par son destin que de l’avenir d’un Congo parvenu pourtant au bord du gouffre avec une dette extérieure exorbitante. Si le règne sans partage du Parti congolais du travail (PCT) qui avait été créé en 1969 et avait voulu engager le pays sur la voie du « marxisme-léninisme » semblait s’achever, nous assistons contre toute attente, à la restauration sous une forme aménagée de l’ancien régime comme au bon vieux temps du « socialisme scientifique » triomphant. Autrement dit, la respiration démocratique n’était qu’une vaste confession nationale dans un temple où se dissimulaient des esprits maléfiques qui n’attendaient que leur tour avant de relancer des haines recuites et des ambitions réchauffées au feu de l’enthousiasme et naïveté populaire. Pour certains, la vengeance est un plat qui se mange froid. Cette étape qui aurait dû être un jalon de renouveau politique en asséchant la mare aux vieux crocodiles qui squattaient la vie politique depuis les indépendances pour une nouvelle génération d’hommes politiques ne ressassant pas à longueur de journée les guerres et les affrontements du passé. Chacun de ces vieux crocodiles, des tyrans en puissance, n’eurent qu’une hâte : recréer des conditions de maintien au pouvoir en créant des milices marginalisant ainsi le rôle de l’armée nationale qui aurait dû être réformée suite à l’ « obumitrisation » : épuration ethnique de l’armée et de la haute administration dont elle avait été victime. Au lieu de faire la politique en définissant un cadre général dans lequel la société ou la population devait être gérée, ces vieux crocodiles ont versé dans l’exercice facile d’instrumentalisation des éthnies avec des alliances improbables pour arriver au pouvoir et s’y maintenir. Ils ont exactement reproduit le schéma colonial. En effet, quand le Congo accéda à l’indépendance, le premier problème du jeune Etat fut de maintenir sa cohésion, condition nécessaire pour envisager son développement.

Or, les obstacles et les défis étaient nombreux : frontières artificielles, hétérogénéité ethnique, linguistique et culturelle, disparités et dépendance économiques. Toutes ces forces centrifuges constituaient autant de challenges que le jeune Etat allait relever. Pouvait-il leur opposer ce qu’on appelle la conscience nationale, « une des formes de l’identité collective fondée sur les rapports entre le sentiment de commune appartenance et la continuité historique » ? L’enseignement, à la fois réseau et idéologie, qui joue, par l’intermédiaire de ses multiples agents, un rôle privilégié dans la création de la conscience nationale allait-il dans ce cas précis remplir ce rôle ? Le Congo était, de ce fait, confronté à la problématique de la formation des nouvelles nations. Une nation, c’est une communauté de territoire, de langue, de vie économique, d’histoire et de culture. « La conjonction de certains de ces éléments crée un consensus qui s’exprime par la volonté de vivre ensemble, ce qui, dans certaines conditions, forme le sentiment de conscience nationale ; l’Etat, sans coïncider nécessairement avec la nation, fournit un cadre et des moyens organisationnels et politiques qui peuvent conduire les potentialités existantes à l’édification nationale, puis à la nation ». Dans le cas des nouveaux États africains, le principal obstacle sur la voie nationale est le fait ethnique dénoncé sous le vocable de tribalisme. L’universitaire, Marie Eliou, essaie de distinguer entre la conscience ethnique spontanée et la conscience ethnique réactionnelle. Pour elle, nier le fait ethnique ne peut que cristalliser les oppositions. Au contraire, connaître et reconnaître les différences enrichit le fonds culturel commun et joue en faveur de la formation de la conscience nationale qui s’appuie sur ce fonds commun. L’école, lieu de socialisation méthodique, si elle valorise le patrimoine culturel de la communauté, et si elle s’ouvre aux courants d’idées venant de l’extérieur, peut jouer un rôle important. Est-ce le cas de l’école congolaise ? Entièrement transplantée à l’époque coloniale, son seul but était de former des cadres subalternes et dociles. Elle a même contribué à leur déculturation systématique. Mais par le seul fait qu’elle était un lieu de rencontre, elle a élargi les possibilités d’échanges entre les groupes. L’élite naissante congolaise a vite vu en elle le moyen de s’affirmer les égaux de leurs colonisateurs, mais ils ont vu aussi rapidement que les diplômes si durement acquis ne les protégeaient pas de l’oppression et de la discrimination. L’école a été ainsi à l’origine de a première prise de conscience nationale. Dès l’indépendance, l’africanisation de l’enseignement a été à l’ordre du jour. Mais si le personnel et quelquefois le contenu des programmes ont été touchés, les structures n’ont pas été contestées. Or, l’enseignement ne peut se limiter — et ici moins qu’ailleurs — à la seule fonction technique de transmission de connaissances. Dans la mesure où le pouvoir pour être effectif doit assurer la construction nationale, il ne peut négliger cet instrument aux rôles contradictoires : unificatrice, l’école, telle qu’elle est actuellement, renforce les inégalités sociales. Le Congo, rare pays d’Afrique où la population scolarisable au niveau du primaire suivait effectivement les cours, permettait d’analyser de façon précise ces différents aspects et de situer l’enseignement dans la dynamique de la conscience nationale. Au lieu de continuer à relever les obstacles et les défis identifiés au lendemain de l’indépendance, les vieux crocodiles revanchards ont recréé des « mini-nations » à l’échelle régionale avec des « mini-armées » comme outils de conquête du pouvoir. Ils ont donc laissé un vide politique, au sens noble du terme.

Le vide politique favorise une présentation simplifiée des luttes en cours : Nordistes et Sudistes s’affronteraient pour le pouvoir. Un même schéma est souvent appliqué aux autres pays du continent pour combler un vide politique : en Centrafrique, les peuples riverains de l’Oubangui s’opposeraient à ceux de la forêt et de la savane, tandis qu’au Rwanda irréductible serait l’antagonisme entre les Tutsi et les Hutu. Aussi séduisante qu’elle soit, cette grille de lecture conduit à masquer les enjeux des conflits. Et d’abord, je pense que dresser une carte ethno démographique du Congo relève d’une véritable gageure. Nous lisons, sur le site de Congo-Liberty, des débats passionnés quand il faut classer tel ou tel autre sous-groupe ethnique dans l’éthnie Kongo ou pas.

En effet, Les spécialistes qui s’y sont employés ont abouti à des résultats sensiblement différents, faute de recourir aux mêmes modalités de classement. Selon qu’on rattache certaines communautés à des ensembles plus vastes ou qu’on les appréhende comme des groupes à part entière, le paysage se modifie profondément. De plus, les observateurs ont souvent eu tendance à voir dans les particularismes tribaux une persistance de comportements hérités de l’époque coloniale et qu’il s’agirait d’éradiquer au nom d’une unité nationale imposée comme un dogme.

Henri Lopes, dans Tribaliques, et Jean-Baptiste Lati-Loutard, dans Chroniques congolaises, dénonçaient déjà les survivances du passé et s’attachaient à définir une personnalité congolaise en prise avec le monde moderne. Au nom d’une « mission historique de la classe ouvrière », les marxistes combattaient des pratiques pourtant inséparables d’une identité culturelle qu’ils déclaraient, à chacun des congrès du PCT, vouloir préserver.

A contre-courant de bien des interprétations, la Chercheuse, Marie Eliou (Cf. La formation de la conscience nationale en République populaire du Congo, Paris, Anthropos, 1977), montra dès 1977 comment la conception de l’éducation au Congo pouvait constituer un frein à l’affirmation de la conscience nationale. Pointant l’inadéquation d’une structure « qui implique l’abandon sinon le mépris de la culture et des valeurs autochtones», Marie Eliou soulignait le paradoxe d’un système dans lequel « la fierté d’être congolais voisine avec une sorte de regret de n’être pas français ».

Il ne faut pas non plus oublier que les catégories mêmes d’ethnie et de tribu découlent d’une conception coloniale de l’histoire qui recensait les peuples en les abaissant. Sur les premiers papiers d’identité était mentionnée « la race », ce terme étant employé pour tribu. Chaque monographie établie sur un groupe vérifiait dans l’esprit du colonisateur la supériorité des sociétés étatiques et de l’Etat-nation sur les autres formes d’organisation de la société, comme le fédéralisme.

Ces approches renvoyaient aussi à un passé hypothétique dans lequel les ethnies apparaissaient comme des entités figées, jamais comme des groupes sociaux en devenir. Or cette société traditionnelle n’a jamais existé : au contraire, les collectivités précoloniales, affectées par de grandes migrations et un incessant brassage, s’imbriquaient dans une « chaîne de sociétés » et connaissaient un flux continuel d’échanges.

Ces réserves ne conduisent pas à nier l’importance de la question ethnique au Congo. Mais l’histoire ne se contente pas de reproduire d’anciennes querelles, et le tribalisme se développe contradictoirement à partir des revendications des populations en butte à la construction d’un Etat centralisateur et niveleur. On peut donc distinguer une conscience ethnique spontanée, liée au sentiment d’appartenir à une communauté linguistique, historique et culturelle, et le nouveau tribalisme politique qui, tout en se drapant dans les plis de la tradition, se nourrit des frustrations engendrées par une modernité économique et sociale renforçant les inégalités entre les individus, les peuples et les régions.

De nombreux intellectuels sont réticents à adopter un vocabulaire qui avalise, sous couvert de scientificité, les clichés les plus éculés de la pensée coloniale. « Dans le discours politique, note Tchichelle Tchivela, lorsqu’on parle de tribalisme, c’est généralement pour dénoncer des attitudes jugées rétrogrades et qui tendent à favoriser les seuls membres d’une tribu au détriment des autres ressortissants du pays. » Il préfère le terme d’ethnie, « moins péjoratif et moins connoté », mais il estime que les maux du Congo ne sont pas imputables à une rivalité ethnique mais à un régionalisme apparu au lendemain de la seconde guerre mondiale quand les Congolais ont obtenu le droit d’élire leurs représentants : « La concurrence entre les divers partis a durablement cristallisé l’opposition entre Nordistes et Sudistes. Les conflits auxquels nous assistons aujourd’hui plongent leurs racines dans ce passé récent. » En 1958, le Congo devient autonome au sein de la Communauté française sous la direction de l’abbé Fulbert Youlou, avant d’accéder le 15 août 1960 à l’indépendance. De violents affrontements entre ses partisans et ceux de son rival Jacques Opangault en février 1959 laisseront de profondes blessures.

Sony Labou Tansi pensait, pour sa part, que tout s’est joué en amont, avec l’intrusion des Européens et de la colonisation. Il récuse la pertinence des frontières qui ont taillé dans le vif des cultures : « L’effondrement du mur de Berlin a réjoui la planète. Mais n’oubliez pas que, en 1885, à Berlin, on a érigé d’autres murs, au cœur de l’Afrique. » Sony Labou Tansi ne niait pas les responsabilités des régimes dans l’atomisation des peuples : « Ces barrières, les années 60 les ont consolidées. L’ethnisation des nations du Kongo a été favorisée par le manque d’audace de l’Organisation de l’unité africaine, qui s’est comportée comme un syndicat de dirigeants, voire de dictateurs. »

Depuis lors, le fleuve Congo – frontière entre le Congo et la RDC – sépare des peuples que tout rapproche. En distribuant des cartes d’identité à des communautés qui n’avaient jamais cru changer de contrée en passant d’une rive à l’autre, les pouvoirs successifs ont voulu les enrégimenter, les dresser les unes contre les autres. Pourtant, le chauvinisme entretenu et exploité par les politiques ne doit pas faire illusion. La fibre patriotique peut certes vibrer le temps d’une compétition sportive, les réalités du quotidien tempèrent ces enthousiasmes.

Pour peu qu’il parle le kikongo, un Congolais de la région du Pool – celle de Brazzaville – peut dialoguer avec un ressortissant du nord de l’Angola ou du Bas-Congo. Et sur le plateau des Cataractes, là où le tracé de la frontière entre Congo et RDC est purement arbitraire, les parents scolarisent moins leurs enfants en fonction de leur nationalité que par rapport à la distance qui sépare l’école du village. De même, au-delà de Mossaka, les pêcheurs du Congo et de l’Oubangui ne se préoccupent pas des limites territoriales.

Quant au spectacle offert par les débarcadères de Kinshasa ou de Brazzaville, il est de nature à relativiser la fierté d’être né sur l’une ou l’autre rive du Congo : des deux côtés, on y entasse sans ménagement, sur des barges antédiluviennes, des grappes humaines vouées aux mêmes vexations. Cette commune infortune, conjuguée à des conditions d’existence similaires, détermine des solidarités bien plus fortes que la raison des gouvernements.

Le rêve des Congolais comme Sony Labou Tansi est au diapason du Congo profond, de la persévérance de peuples qui refusent d’être dessaisis de leur Histoire. Il prolonge la vision d’un Congo des deux rives chère à Tchicaya U Tam’si. Pourtant le rêve de Sony ne prêche pour autant aucun séparatisme, ne revendique aucune hégémonie pour les siens. Sa conviction est que, un jour ou l’autre, les Africains sauront inventer des formes nouvelles de communication transcendant les Etats actuels : « Ce que l’économie semble édicter, les hommes sauront demain l’expérimenter».

Le Congo n’est pas une entité incréée ; on ne peut renforcer son unité en gommant tout ce que la mémoire collective a conservé depuis des siècles. On ne peut pas non plus substituer une mémoire à une autre. Malheureusement, l’Etat a avivé les tensions en favorisant l’emploi du lingala (qu’aucun groupe ethnique congolais n’a pour langue maternelle) et du munukutuba (qui est un créole) en leur accordant statut de « langues nationales » ; à terme, l’un des deux devrait devenir « langue officielle ». C’est surtout au lingala qu’on a, de manière feutrée, donné la primauté : dans la présentation des journaux parlés et télévisés, dans la traduction d’ouvrages français, dans les discours destinés « aux masses », etc. Cette prépondérance a été facilitée par la prégnance de la musique du RDC et d’une immigration en provenance de ce pays, diffusée principalement dans cette langue. La disparition progressive du Kikongo aura un impact majeur sur la culture Kongo dans sa relation avec l’ancien bassin du Royaume du Kongo. Elles ne peuvent donc couvrir toute l’étendue lexicale de la société congolaise et de ce fait, déracinent l’individu.

Cette volonté de légiférer au détriment des pratiques des populations a été dénoncée par la Semaine africaine : « N’a-t-on pas un moment, sur l’audiovisuel d’Etat, interdit par exemple la diffusion d’oeuvres musicales composées en langues maternelles ? Etait-elle différente, la logique coloniale consistant à dépouiller un groupe humain de sa culture, de sa mémoire, de sa fierté ? »

Parce que les différences ne menacent pas forcément la nation, il aurait fallu respecter la part prise par chacun dans l’histoire. Un effort d’objectivité exigerait d’admettre, par exemple, que les Kongo-Lari ont été au premier rang de la lutte contre l’administration coloniale. A bien des égards, on n’a commencé à se sentir congolais (et non plus kongo, vili, bembé, teke ou m’bochi) qu’à partir du moment où cette résistance s’est développée. Cette vitalité du groupe kongo-lari apparaît comme celle d’un rameau ethnique qui a, plus que les autres, su défendre son être communautaire. Mais la peur qu’il inspire, on le soupçonne de visées hégémoniques, est utilisée et manipulée : « Le tribalisme dénoncé au Congo a toujours été le tribalisme de l’autre », note Jean-Pierre Thystère -Tchicaya. Le sociologue Henri Ossebi ne dit pas autre chose quand il analyse le discours du PCT sur la question : « Le brouillage opère à la fois par défaut et par excès. Dans le premier cas, il prend l’allure d’une dénégation : à aucun moment le discours officiel ne désigne les détenteurs du pouvoir comme acteurs « tribalistes » ou « régionalistes ». Ce sont toujours les autres, dans une « langue de bois » qui fonctionne en permanence à l’exclusion et à l’accusation. Dans le second cas, il consiste à voir partout, dans tout conflit ou toute prétention concurrente, la figure de l’ « ethnie » ou de la « région. »

Pour vivre ensemble et exorciser tout esprit tribal, il convient de laisser chaque communauté libre de pratiquer sa langue et d’honorer ses traditions : la Fédéraltitude. La Fédéraltitude est un système politique complet pensé par José Mene Berre. La Fédéralitude va au-delà du simple fédéralisme qui n’est qu’une forme d’organisation de l’État. La Fédéralitude ouvre incontestablement une nouvelle voie qui permettra à nos États africains d’être gérés différemment et de mener nos populations au développement et à la dignité sociale. Ce système prend en compte la diversité ethnique, géographique et sociale sans que cela ne devienne un fardeau, mais plutôt un atout. Il met l’Homme au centre de son développement sans travestir son identité tribale et en lui permettant de s’exprimer sur son territoire natal. Dans le système politique de la Fédéralitude, il n y a pas de place pour le tribalisme qui divise les peuples tandis que la Fédéralitude au contraire rassemble et permet à chacun quelque soit son espace d’expression (commune, département, région, canton, etc.) de jouer un rôle dans le développement de la nation tout entière.

Mais les indépendances ont tourné le dos à ces principes, et les couches dirigeantes ont tenté de consolider la nation en interdisant toute référence à la diversité ethnique. Dans le même temps où elles géraient l’appareil d’Etat et les finances publiques comme ceux d’un « petit village », elles niaient l’être pluriel des populations sous leur autorité.

Comme ailleurs sur le continent, le pouvoir politique au Congo a tenté d’asseoir sa légitimité en recourant au clientélisme. Il a allié un népotisme régional, une place prépondérante réservée aux Nordistes dans l’administration et les entreprises, à une gestion démagogique de l’administration faisant de l’ensemble des fonctionnaires, toutes ethnies confondues, sa base sociale.

Pour notre compatriote, sociologue, Côme Mankassa, ce fonctionnement renvoie à une tare congénitale. Le système lignager imprime encore sa marque sur la vie sociale : quand on est m’bochi comme le président de la République « on a l’impression de gouverner, de participer directement au pouvoir ». « Si le Congo est en faillite, ajoute-t-il, il le doit au régionalisme. L’unité nationale doit être regardée non comme une donnée mais comme un devenir. »

Avec le début de la démocratisation en 1991, le débat s’est brusquement infléchi. Ayant le sentiment d’être les laissés-pour-compte de la vie politique, certains ont réclamé le pouvoir pour leur région. Ils ont ainsi rejoint les tenants de l’ancien régime, effrayés par la perspective d’une longue traversée du désert, ont dénoncé chez leurs adversaires les plus décidés originaires du Pool une tendance au tribalisme, à l’intégrisme et à l’esprit de revanche. Cette prévention à l’endroit des forces déterminées à rompre avec le passé a incontestablement fait diversion, dissimulant les véritables enjeux du moment, ceux qui touchent à l’indépendance économique du pays.

Ce énième putsch de Sassou qui s’inscrit dans cette logique est un sujet qui relève du brigandage politique, comme l’a montré le référendum constitutionnel du 25 octobre au Congo-Brazzaville, émaillé d’incidents et boycotté par l’opposition. Au pouvoir depuis 1979 avec une interruption de cinq ans, entre 1992 et 1997, Denis Sassou-Nguesso a voulu prolonger son règne. Obtenu aux forceps, ce tripatouillage constitutionnel, qui s’apparente à un coup d’Etat, lui a permis désormais de briguer un troisième mandat et de revenir au pouvoir.

Pourtant, les solutions simples ne manquent pas : que les règles soient respectées, et la paix civile pourra prévaloir. Que l’on tienne au contraire les Constitutions pour des chemises à coudre et recoudre en fonction de la taille et de l’ego du président en exercice, et ce sont des pays entiers qui glisseront vers le chaos. Tout se passe comme si le discours de La Baule, les conférences nationales souveraines des années 1990 et les alternances démocratiques n’avaient rien apporté dans certains pays. Entre les indépendances et la fin de la guerre froide, les présidents exerçaient très souvent leur mandat à vie. Voilà que, en 2018, nous sommes confrontés aux mêmes pratiques.

Au Burundi, son homologue Pierre Nkurunziza s’est lui aussi permis de passer en force au bout de deux mandats, sans prendre la peine pour sa part de modifier la loi fondamentale. Il s’est fait réélire en réprimant à tour de bras l’opposition, la presse et les défenseurs des droits de l’homme, qui demandaient le respect de la Constitution de 2005. Un texte d’autant plus important qu’il est issu des accords de paix, qui ont mis fin à dix années de guerre civile. Le signal donné par le Burundi annonce la prochaine crise qui menace toute l’Afrique centrale et la région des Grands Lacs, en proie aux mêmes tentations.

Une élection présidentielle est attendue, date non fixée, en République démocratique du Congo (RDC), voisine du Burundi. Le président Joseph Kabila parvenu lui aussi au terme de son deuxième mandat, sans dire clairement qu’il est prêt à passer le relais. Tout changement de la Constitution s’annonce difficile pour lui, pour les mêmes raisons qu’à Bujumbura : l’actuelle loi fondamentale est issue d’un accord de paix longuement négocié après les deux guerres du Congo (1997-2002). En outre, M. Joseph Kabila a été réélu en 2011 à l’issue d’un scrutin dont les résultats n’ont pas été reconnus par l’opposition. En janvier 2015, des émeutes ont éclaté à Kinshasa contre une révision de la loi électorale impliquant un recensement de la population. Cette tâche titanesque, impossible à réaliser avant le vote, aurait donné à M. Kabila un bon prétexte pour prolonger son pouvoir, de report en report du scrutin. La répression de janvier a fait au moins 42 morts. En 2018 aussi, une brutale répression a fait une vingtaine de morts. De ce côté du fleuve Congo, le clergé a pris fait et cause pour le peuple et exige la tenue des élections dans les plus brefs délais, sans Kabila. Cette atmosphère de répression de manifestations pacifiques a mobilisé la communauté internationale dont l’ancienne puissance coloniale, le Royaume de Belgique. Sous la pression, il a accepté la venue d’une commission de l’OUA et l’UA « Le président congolais Joseph Kabila a donné son accord pour une visite conjointe dans son pays du patron de l’ONU, Antonio Guterres, et du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a-t-on appris mardi auprès des Nations unies. « Une lettre a été envoyée » pour proposer cette visite dans la perspective des élections présidentielle et législatives prévue en fin d’année en République démocratique du Congo « et une réponse a été reçue indiquant qu’ils seraient accueillis à Kinshasa dès qu’ils le souhaitent », a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’ONU, Stephane Dujarric »  (AFP 28/02/18).

Avec 75 millions d’habitants, des richesses incalculables dont le cobalt, font de ce pays un pays pas comme les autres : (cf. Le Point 06/03/2018 : « Le plus vaste pays d’Afrique subsaharienne est, de loin, le premier producteur et exportateur mondial de cobalt, un métal qui entre, avec le lithium, dans la fabrication des batteries lithium-ion des voitures électriques et des Smartphones. Ce secteur prend de plus en plus d’importance. Certains pays, dont la France et le Royaume-Uni, se sont accordés une vingtaine d’années pour basculer dans le tout-électrique en matière d’automobiles. Le cobalt est également utilisé dans les superalliages, les pigments et décolorants, les catalyseurs », une position géographique centrale, la RDC est un symbole. Elle a porté un moment l’histoire du continent au travers de Patrice Lumumba, le héros de son indépendance. Elle a connu, de 1998 à 2002, la première guerre de dimension panafricaine, qui a impliqué jusqu’à neuf pays. Demain, cette nation risque d’exploser une nouvelle fois à la figure de l’Afrique. .

Cependant, les progrès de la démocratie à travers l’Afrique, on l’oublie souvent, sont plus significatifs que les échecs ou les reculs. Des élections à peu près normales se tiennent du Cap-Vert à l’Afrique du Sud, aujourd’hui plus nombreuses que les scrutins truqués dont les résultats sont connus à l’avance. Mais de mauvaises habitudes persistent, avec des régimes régressifs qui risquent d’en inciter d’autres à glisser sur la même pente.

Un homme tel que M. Sassou-Nguesso dispose de puissants appuis dans le monde occidental. Toute la richesse du Congo-Brazzaville, notamment le pétrole, se trouve dans sa poche. Au Cameroun, le régime de M. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, incarne une sclérose qui n’augure rien de bon.

Le Burkina Faso, au contraire, fournit un motif d’espoir remarquable, avec le soulèvement populaire contre toute modification de la Constitution, en octobre 2014, puis la lutte victorieuse contre le coup d’Etat du général Gilbert Diendéré, en septembre 2015. Au Sénégal, les rouages démocratiques paraissent bien huilés, avec des alternances qui se produisent sans remise en cause de l’unité nationale depuis l’an 2000. De même, les institutions du Bénin, premier à organiser une conférence nationale souveraine en 1990, semblent stables. Ce pays est aussi le seul à avoir réussi l’exploit de « recycler » son dictateur. Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1972, Mathieu Kérékou s’était incliné en 1991 face au verdict des urnes, pour mieux revenir cinq ans plus tard et exercer deux mandats dans le respect de la Constitution. L’élite a joué un rôle moteur dans ce pays, qui présente l’avantage d’avoir un pied dans la tradition et un pied dans le monde moderne.

La tradition a beau être statique et rétrograde, elle peut aussi servir de garde-fou : au Sénégal ou au Bénin, où les chefs traditionnels sont écoutés, aucun massacre n’est à déplorer dans les stades quand l’opposition se rassemble, ce qui n’est pas le cas en Guinée, où Ahmed Sékou Touré a cassé toutes les structures des chefferies traditionnelles dès l’indépendance, en 1958.

L’Afrique repose encore sur des sociétés rurales et peu instruites, où l’instrumentalisation politique de l’ethnie peut avoir des effets dévastateurs. Pour autant, on observe un effort surhumain pour créer une « société civile » capable d’agir comme un contre-pouvoir, sur des bases non ethniques. Au Burundi, ce n’est qu’après le coup d’Etat manqué contre lui, en mai, que le président Nkurunziza a tribalisé son discours afin de se maintenir en place. En 2010, il en a été de même en Guinée, où le parti du président Alpha Condé a accusé les Peuls d’avoir distribué de l’eau empoisonnée dans un meeting politique, une manipulation pure et simple pour diviser l’électorat. En octobre 2015, M. Condé a décidé de se faire réélire dès le premier tour. Tous les truquages ont été couverts par les ambassades occidentales et les observateurs de l’Union européenne.

Dans les pays d’Afrique anglophones, il paraît impensable d’accuser le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, de peser d’un poids quelconque dans une élection, même au Zimbabwe de M. Robert Mugabe. Le Rwanda a adopté l’anglais comme langue officielle, comme pour mieux tourner la page de la colonisation et regarder vers l’avenir. Il n’est pas un modèle de démocratie, loin s’en faut. M. Paul Kagamé ne peut se permettre de faire la leçon à quiconque, puisque lui aussi a fait modifier la Constitution, le 17 novembre, pour briguer un troisième mandat en 2017, en se réservant la possibilité de rempiler jusqu’en… 2034 ! Il faut bien le reconnaître : il a mis sur pied une administration qui fonctionne, au point de parvenir à éliminer l’utilisation des sachets en plastique dans son pays. Au Ghana aussi, discipline collective, présence de l’Etat et propreté des rues contrastent de manière saisissante avec le « foutoir » qui peut prévaloir ailleurs, en Afrique francophone notamment. Paternalisme, copinage, petits projets concoctés entre amis : la Françafrique, mariage de deux fléaux, réunit toutes les tares de la France et de l’Afrique.

Comment faire avancer la démocratie dans des pays sous tutelle, qui subissent la double ou triple injonction des institutions financières internationales, des Nations unies et des anciennes puissances coloniales ? En zone francophone, les interventions extérieures restent permanentes, malgré toutes les ruptures avec les pratiques du passé solennellement annoncées à Paris. La France tient encore à être très présente en Afrique. Le plus gênant, c’est que ses relations avec ses ex-colonies ont été dévoyées dès le départ, après les indépendances. Elles se jouent sur un registre personnel, entre amis, et non entre Etats soucieux du bien commun. En 2004, M. Jacques Chirac avait ainsi fait libérer du jour au lendemain le chef de la police congolaise, arrêté en France pour « crimes contre l’humanité », sur un simple appel de son ami Sassou-Nguesso. M. Nicolas Sarkozy est quant à lui un proche du président ivoirien Alassane Ouattara. M. Hollande a donné le feu vert au changement de la Constitution de 2002.

L’élite congolaise doit cesser de se vautrer dans les habits de l’ancien Colon et travailler à l’évolution de l’organisation politique actuelle pour relever les challenges relatifs à la transformation sociale et économique. Le bilan de soixante ans d’un centralisme forcené dans un Etat-nation imposé est tout sauf positif. Elle doit impulser un développement harmonieux des régions autonomes, respectueuses des traditions et cultures. Elle doit sortir de la démagogie qui élude les vrais débats pour créer le contexte d’installation d’une démocratie effective. Même si ces deux mots ont une racine commune (dèmos en grec signifie « le peuple », « la multitude »), mais aussi une différence, la démocratie renvoie à une forme de gouvernement, alors que la démagogie renvoie à la manière dont on peut exploiter ce type de gouvernement du peuple et le manipuler dans le seul et unique but de satisfaire ses ambitions personnelles. Cette élite qui nie l’existence du tribalisme alors que tout tend à montrer que cette idéologie structure les grands partis politiques de ce pays. Celle qui nie que le tribalisme est une réalité même quand on lui montre toutes les nominations dans l’armée et la haute fonction publique, dénoncées depuis 1973 par le M22 de Diawara, Ikoko et leurs compagnons ou sympathisants. Cette élite qui parle de « rébellion » en lieu et place de « génocide » dans le Pool alors que les habitants de cette région sont tués pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font. C’est bien cela la définition du génocide. Cette élite qui ne veut pas voir que l’Etat n’est plus qu’une cruche fracassée et dont les morceaux sont éparpillés aux quatre coins du pays. L’élite consciente doit se rendre compte que la « Fédéraltitude » est l’une des solutions à envisager après soixante d’un Etat-nation qui a lamentablement échoué. Cette élite analyse le contenu, le comportement des occupants sans remettre en question le contenant, l’organisation du pays. Deux grands pays africains, le Nigeria et l’Ethiopie ont dépassé les contradictions éthniques et religieuses en passant au fédéralisme. N’est-ce pas une direction que le Congo devrait prendre ? Cette élite qui continue à fonctionner avec des méthodes du XXème siècle en n’exploitant pas, d’une façon efficiente, dans sa lutte des nouveaux outils que l’évolution technologique met à sa disposition. Elle continue à structurer sa stratégie de communication en louant des salles de réunion alors que des outils de « Confcall » existent pour pallier un déficit de reconnaissance, à l’échelle internationale, de la difficile lutte que mène le peuple congolais. On en arrive à annuler des réunions, au Congo, quand Sassou bloque les salles de réunion. Certains outils sont gratuits comme Skype. Les Dictateurs ont formé un réseau d’entraide, du Congo au Burundi en passant par la RDC, le Cameroun et le Gabon, l’élite qui représente la force d’avant-garde des peuples en lutte devrait chercher les moyens de fédérer les réseaux des résistants dans les différents pays qui ploient sous des dictatures. Unis nous vaincrons, désunis nous perdrons !

David LONDI

Sources consultées

Monde diplomatique : Jean-Michel Devesa, Philippe Decraene, Sabine Cessou, Colette Braeckman, Tierno Monénembo, Juan Branco, Anne-Cécile Robert, Anne-Cécile Robert

Le Soir : Philippe Rekacewicz

Eduardo Soteras / AFP  

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8 réponses à APPARTENANCE ETHNIQUE CONTRE LA CONSCIENCE NATIONALE

  1. mwangou dit :

    Tiens! Il y a un tas de petites choses, comme de petites idées, qui sont si marrantes mais qui peuvent sans nul doute, sauver d’un mauvais pas, éloigner d’une impasse, assainir l’atmosphère sociale. J’ai sursauté à la lecture de ce concept de « Fédéraltitude », mais reprenant les esprits, je me suis dit que c’est un concept qui vaut la peine d’être « emmagasiné ».
    Tata Londi, vous en avez encore dans votre gibecière?!
    Bon! D’accord. Mais êtes-vous aussi néo-colonisé que sassou nguesso, pour que dans vos références, vous ayez oublié, comme volontairement, les auteurs congolais dont vous mentionnez pourtant les idées/idéaux comme Mankassa, Ossebi, Soni Labou, Lopez, Loutard, dans ce qui fait office de votre bibliographie ?
    Sinon, comme le slogan du pct de mon âge adulte le prônait, « SOUTIEN »! Oyééé!

  2. David Londi dit :

    @Mwangou, juste remarque à propos des écrivains congolais. J’ai éprouvé un réel plaisir à les lire. Je me sens donc un peu coupable de ne pas les avoir intégrés dans ma bibliographie. La « Federaltirude » est certainement le concept qui nous aidera à dépasser le fléau de l’idéologie tribaliste et surtout à retirer ce coutau planté dans le coeur de notre pays par l’ancienne puissance coloniale. Nous sommes condamnés à inventer une autre organisation politique tenant compte de nos diversités éthniques et régionales : vivre la diversité dans l’union.

  3. Anonyme dit :

    Le sociologue, Côme Mankassa, a résumé la vie sociale politique au Congo-Brazzaville à travers cette formule que D. Londi reprend: quand on est m’bochi comme le président de la République « on a l’impression de gouverner, de participer directement au pouvoir ». On assiste donc aux impunités de toutes sortes

  4. Anonyme dit :

    Une mine d informations qui exige une lecture attentive.

  5. Val de Nantes dit :

    La tribu au pouvoir ,est une nourriture psychologique pour des membres qui en sont issus.Le silence conspirateur de Brazza nord en est la preuve .
    Ne pas exprimer sa colère politique ,participe de ce pouvoir cynique.La tribu au Congo est un virus handicapant ,pour l’arrimage de la démocratie et par ricochet de faire du Congo ,une nation.

  6. David Londi dit :

    Pour échapper à la prise en ôtage par des politiciens véreux à visées tribalistes, la société civile, force régulatrice du jeu démocratique, doit s’impliquer bien davantage dans la vie politique, en se donnant les moyens d’agir, sur une base non partisane, à travers la création de réseaux nationaux, régionaux et internationaux. Malheureusement, une partie des élites africaines s’est illustrée non seulement en désertant les lieux de la connaissance et de diffusion du savoir, préférant les allées du pouvoir beaucoup plus rémunératrices, mais aussi en devenant le porte-parole des revendications les plus extrémistes et les plus « intégristes », prête à perdre tout esprit critique pour déjeuner à la table des « Grands ». Les coups d’Etat marginalisent, dans la plupart des cas, les aspirations profondes du peuple qui devrait prendre sa destinée en main, seul gage d’une démocratie durable adossée à des institutions fortes. La création de ce réseau est incontournable pour désintégrer la dictature de Sassou et, un préalable à toute autre forme d’organisation politique : Etat-nation ou Fédération qui ne peut se concevoir que dans un contexte de démocratie libérale.

  7. Lucien Pambou dit :

    A tous,et à toiLONDI

    Il faut saluer et remercier le travail de radioscopie et de décryptage de l’histoire politique et sociologique du Congo. Pour comprendre le Congo et formuler toutes sortes d’analyse réseautale , idéologique , économique et/ou autres il est indispensable de repartir à la source des faits pour en extirper la substance analytiques pour les analyses actuelles
    Merci Londi pour ta présentation des faits

    Merci beaucoup

  8. David Londi dit :

    @Lucien, le plaisir est pour moi parce que je suis convaincu que l’Histoire nous donne les clefs qui nous permettent de décrypter le présent pour construire des stratégies plus réalistes pour le futur !

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