ANALYSE DU DISCOURS D’INDEPENDANCE DE S.E.M. PATRICE LUMUMBA (30 JUIN 1960). Par Mingwa Biango

patrice-lumumbaLes discours d’indépendance des leaders africains rendirent hommage aux combattants de la liberté dont nombreux périrent, et sans qui, l’indépendance n’aurait pas été possible. Ils se terminèrent presque toujours sur les liens historiques liant dorénavant les anciennes colonies et leur métropole respective.

Le Ghanéen Kwame NKRUMAH pionnier de l’unité africaine, comme le Guinéen Ahmed SEKOU TOURE qui dit NON à la France en 1958, ne dérogèrent pas à cette règle. Malgré la guerre de libération d’Algérie, l’échange de correspondance entre le Général Charles de GAULLE et Abderrahmane FARES, Président de l’exécutif provisoire algérien, fut dans le même esprit !

Alors, pourquoi le discours prononcé le 30 juin 1960, date de la proclamation de l’indépendance du Congo-Belge à Léopoldville actuel Kinshasa, par le Premier Ministre congolais Son Excellence M. Patrice LUMUMBA fut-il le plus emblématique ?

Cette journée mémorable et historique pour le Peuple congolais commença par le discours condescendant de BAUDOIN 1er, Roi des Belges, faisant l’apologie du colonialisme, résumé par ces mots : « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du Roi Léopold II… Il ne s’est pas présenté à vous en conquérant, mais en civilisateur ».

En revanche, contrairement à ses compères africains, le discours de Patrice Lumumba est un réquisitoire sans concession contre la colonisation belge qu’il assimile à l’esclavage. Que l’indépendance fut acquise par la lutte et non par la volonté du monarque.

Avec la précision d’une horloge suisse, il y rappelle les atrocités de presqu’un siècle d’oppression coloniale : privations, humiliations, spoliations, fusillades, les larmes de feux et de sang … endurées par son Peuple, qu’il invite au Devoir de mémoire ad vitam aeternam.

Pour Patrice Lumumba, l’indépendance était totale ou ne l’était pas. Les nouvelles relations d’égale à égale entre le Congo et la Belgique furent le leitmotiv. Il mit un point d’honneur à rappeler au Roi des Belges, que son gouvernement serait vigilant quant à l’application des nouveaux traités de coopération. Son patriotisme déclaré lui valut d’être définitivement qualifié d’anti-occidental par ses adversaires. D’autant plus qu’il conçut le développement de son pays dans une vision Panafricaine. Son challenge, faire du riche et immense Congo le centre du rayonnement de L’Afrique, pour rendre à l’homme noir sa dignité et son épanouissement par le travail librement consentit.

Assassiné le 17 janvier 1961, soit six mois après la proclamation de l’indépendance de son pays, le destin brisé de Patrice Lumumba transforma son discours énonçant clairement sa vision politique, en testament politique.

Plus de cinquante années après les indépendances africaines, les inégalités et les violations des droits de l’Homme que dénonça Patrice Lumumba sont malheureusement encore d’actualité. Non pas du fait du colonisateur, mais de ses propres fils devenus dictateurs ou valets du néocolonialisme. Ainsi, ce discours de Patrice Lumumba est désormais l’héritage politique de plusieurs générations d’africains.

Nous, Africains, considérons Patrice Lumumba comme le premier Héros noir africain transcontinental. D’abord il y a LUMUMBA et ensuite… MANDELA !

 

Mingwa Biango

[email protected]

Diffusé le 29 juillet 2014

Discours d’Amilcar Cabral contre le colonialisme portugais en octobre 1965 à Dar es Salam (TANZANIE)

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7 réponses à ANALYSE DU DISCOURS D’INDEPENDANCE DE S.E.M. PATRICE LUMUMBA (30 JUIN 1960). Par Mingwa Biango

  1. Lucien PambouMKAYA MVOKA dit :

    Aux elites intellectuelles africaines peureuses et complices des democratures africaines
    surtout francophones

    Dans un ouvrage fort celebre julien Benda  » la trahison des clers en 1927″ degoisait les intellectuels francais qui avaient choisi le camp des nazis allemends et faschistes italiens en trahissant leur droit de dire et de denoncer

    En Afrique francophone la collaboration peureuse des elites intellectuelles est effarente car ces elites attendent de la reconnaissance et des privileges financiers
    il y a tres peu de travaux sur la conjoncture economique et encore moins des travaux de fond et propositions sur la gestion des finances publiques a long terme

    Ces elites pleutres se terrent et ne disent mot sur les perspectives des pays francophones
    on se contente d’ ecrire des livres qui ne servent qu a contenter leurs auteurs et on s etonne en larmoyant que la France au nom du cfa et de ses interets bien compris se pavane en afrique francophone

    Le discours de Lumumba a ete bien compris par ces elites africaines qui ont inverse l ordre des priorites

    C est normal il est difficile de faire confiance a un negre francophone car derriere les hourras et les consentement se cache toujours la jalousie et surtout la traitrise institutionnalisee et la trahison permanente

    Les faits sont la ; l Afrique francophone a du mal a programmer a
    long terme son existence pour le bien etre de ses populations

    Continuons a boire a manger a s amuser .Nous sommes les esclaves de la modernite mieux maitrisee par les autres nations et il est quasi normal que nous ayons toujours la position victimaire car nous sommes fous et nous ne le savons pas

    De belles fetes de fin d annee a toutes et tous

  2. Le panafricaniste dit :

    Lumumba reste toujours un modèle à suivre pour nous autres africains en soif de liberté et d’autodétermination; comme l’avait prédit Nkwameh Nkrumah et souhaité par Lumumba, tant que la RDC restera le champs de bataille pour les multinationales et les néo-colonisateurs, l’Afrique ne sera jamais libre. Soutenons les vrais mouvements de libération de l’Afrique, investissons tous en Afrique pour faire un contre-poids aux multinationales, bâtissons ensemble une véritable puissance économique et financière surtout en Afrique; vous verrez comment nous chasserons facilement les valets politiques ou chefs de canton que l’Occident a placé dans ses colonies pour nous maintenir la tête sous l’eau et diluant ainsi notre élan de libération.

  3. Val de Nantes dit :

    Il serait improductif de critiquer l’élite africaine sous le seul regard acerbe d’un maître vis à vis de son élève…
    Les nouveaux dirigeants du Mali ont ,de par leurs attitudes patriotiques , prouvé leur indépendance idéologique,en réconfortant l’idéal panafricain institué par Kwame Nkrumah et autres.
    Il en va de notre fierté d’affermir notre appartenance à cette Afrique dont les projets de développement restent à l’état imparfait et approximatif pour déboucher sur des réalisations concrètes et palpables en faveur des populations abonnées à la paupérisation..
    l’Afrique doit opérer un virage à plus de 180 degré dans la mise en œuvre des politiques développement innovantes…
    Les textes institutionnels doivent être les guides de cette nouvelle dynamique économique, politique et sociale en mettant l’accent sur la problématique d’un système politique respectant les droits humains…et économiques.
    Le champ des propositions est large pour oser désespérément s’en prendre à la fine fleur africaine.
    La redéfinition du panafricanisme se pose ,car les exigences de l’époque coloniale ne sont plus les mêmes aujourd’hui…
    L’idéal panafricain est la préfiguration de l’Union Européenne, c’est donc aux africains d’accorder le son de leurs diverses musiques pour des États civilisés, économiques, et politiques asservis à l’idéal humain…..
    Les dictatures africaines soutenues par les puissances extérieures constituent inévitablement des freins à l’affirmation démocratique des États et donc de leurs évolutions vers le chemin de progrès.
    La libération de l’emprise coloniale est fondamentale si L’Afrique souhaite donner à son destin un avenir ressemblant à celui de l’Europe…
    Une Afrique enchaînée et soumise aux injonctions extérieures et anti – démocratiques ne pourra jamais décoller …
    Le développement est une culture scientifique dont nous devons apprendre les codes .À commencer par la maîtrise des mathématiques d’où partent toutes les sciences techniques, technologiques , informatiques etc.

  4. Le dernier Kongo bantou dit :

    Aujourd’hui, lorsque je vois dans la diaspora de la communauté congolaise de RDC nombreux de leurs membres avec les symboles du part Etat en sigle MPR( mouvement populaire de la révolution) de la période sombre du mobutisme, je comprends que la rupture est totale avec cette histoire oubliée volontairement!

  5. VAL DE NANTES . dit :

    Pour pouvoir constituer un monde politique unique , encore faudrait -il avoir des véritables Etats africains affranchis de la pensée coloniale et post – coloniale ?
    Le règne insipide de SASSOU n’en offre guère aucune occasion , car le pouvoir est réduit à sa plus simple honteuse expression ,celle d’y rester ad vitam aeternam , en dépit de la nature nihiliste du pouvoir .
    Une mauvaise interprétation du pouvoir politique combinée à la personnification de l’Etat font de L ‘AFRIQUE le continent où les slogans continentaux et nationaux sont des simples rhétoriques sans réelle traduction physique .
    L’EUROPE fut un projet politique supranational engageant la volonté des peuples décidés à créer un espace politique ,économique et social pour consolider la paix après les guerres fratricides ayant causé des milliers de morts .
    Après la paix , c’est l’économie qui est venue souder le socle européen pour créer la prospérité , condition de paix et d’optimisation des attentes sociales des populations européennes .
    Le panafricanisme est un mort né . L ‘idée n’a jamais été relayée par des générations politiques dont les préoccupations furent plus nationales que continentales .
    La raison en est simple :
    Créer un cadre politique continental suppose un renoncement à des privilèges politiques ( exigences des règles démocratiques ) économiques ( diagnostic des économies nationales ) sociales ( impératif de l’indice de niveau de vie ) .
    Les dictateurs africains se résoudront -ils au principe de subsidiarité ?
    Ces diverses exigences supranationales contrarient la nature profonde des régimes dictatoriaux qu’ils incarnent .
    Parvenir à créer un bloc politique monolithique,c’est réunir un certain de facteurs communs entre pays pour harmoniser les lois qui doivent y régir .
    Avons – nous cette maturité politique ?
    D’où l’impossibilité de matérialiser l’idéal panafricain , comme lieu d’émancipation , et de la prise de conscience de la condition africaine .
    Voilà donc un cadavre continental dont personne ne souhaite voir le jour .
    Imaginez un seul instant qu’un organisme panafricain audite de façon indépendante et impartiale la gouvernance économique et financière de SASSOU .
    Quelle serait la réaction de ce dernier ?
    Qui n’est pas LUMUMBA qui veut .
    Aurait -il raison un jour ?
    WAIT END SEE .

  6. Val de Nantes . dit :

    La question structurelle que devons nous poser est : Quelle Afrique voulons -nous ?.
    Une Afrique éternellement victimaire et accusatrice ou une Afrique économico- continentale !!…

  7. VAL DE NANTES . dit :

    LIRE , que nous devons nous poser est :
    Si c’est l’image qu’offrent KAGAME et FATSHI BETON sur le conflit géographique entre ce deux pays , alors , le panafricanisme rentre dans l’ordre métaphysique au même titre que l’existence ou non de DIEU .
    Nous devons conjurer cet amor fati pour nous offrir une AFRIQUE civilisée .
    L’IDÉE PANAFRICANISTE est intelligible ,mais elle est inempirique ,c’est à dire elle n’existe pas dans les faits observables par nos perceptions sensorielles (les yeux ).
    Kant dirait que c’est un « en soi « .

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