Alphonse Poaty-Souchlaty est décédé en France, le 24 octobre 2024. Il avait 83 ans.
« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne »
La citation de Jean Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche et de l’Industrie, en février 1983 a été la maxime qui a gouverné son action au service de l’Etat, de 1959 à 1989. C’était une belle et grande figure de la République. Une personnalité remarquable. Un homme politique intègre qui a suscité des attachements durables et profonds, un ministre des finances rigoureux, un premier ministre audacieux, un intellectuel brillant, qui a commis des livres (4), produit des idées qui débordaient de ses livres, un citoyen à la fois épris de justice et de paix, qui ne concevait pas sa vie sans engagement.
Il nous lègue le Cenages, centre national de gestion, qu’il a créé en 1977, dirigé jusqu’en 1984 et qui est aujourd’hui un formidable outil de comptabilité et de gestion des entreprises. Toute sa vie professionnelle et politique durant de 1959 à 1992, il n’a eu qu’une seule et unique ambition : servir.
Servir son pays du mieux qu’il pouvait. Comme administrateur, fonctionnaire de la BNDC ( banque nationale de développement du Congo), où il est nommé chef de section du crédit agricole, puis promu directeur d’agence de Pointe-Noire, en 1965. Il démissionne (déjà) de son poste de directeur d’agence suite à un désaccord avec sa hiérarchie. Alphonse Poaty-Souchlaty va mettre à profit cette démission pour aller se perfectionner au Cameroun, à Douala, dans un premier temps, puis aux USA, entre 1965 et 1967.
Fort des nouvelles compétences acquises, Outre-Atlantique notamment, il est admis au Centre d’enseignement supérieur de Brazzaville, en 1965. Il en sort quatre ans plus tard, licencié en droit.
Insatiable, il s’inscrit à la prestigieuse école nationale de finances publiques de Clermont- Ferrand. Il devient inspecteur des impôts.
Rentré au Congo, il est nommé inspecteur divisionnaire des impôts de Brazzaville Centre, puis directeur général des impôts.
Il effectue son entrée au gouvernement dirigé par Louis Sylvain Goma, en 1975, en qualité de ministre du Commerce puis des Finances. Il se distingue par sa rigueur et sa probité morale jusqu’à l’anicroche en 1977, avec le président Ngouabi. Alphonse Poaty-Souchlaty s’oppose au décaissement par le trésor public d’une somme importante au profit du président Ngouabi, lors de son séjour, à Pointe-Noire. Il rend son tablier.
Recouvrant sa liberté et interrogé sur sa sortie du gouvernement, il parlera de gabegie.
Il effectue son come-back au gouvernement, comme ministre du Commerce et des PME. Cinq ans plus tard, c’est la consécration d’une carrière riche et exemplaire du grand commis de l’Etat, il accède à la fonction de premier ministre. Il démissionnera un an plus tard, le 03 décembre 1990, à cause de l’inconséquence et de l’incurie du régime, incapable de rompre avec ses errements dispendieux, écrit-il.
Alphonse Poaty-Souchlaty retrouve le monde des entreprises avec l’élection de Pascal Lissouba en 1992, à la magistrature suprême. Il est nommé directeur général de l’ARC, Assurances et Réassurances du Congo.
Homme discret, peu enclin à des déclarations fracassantes et s’estimant banni de son pays, suite à une condamnation injuste, en 2018, il portera cette infamie comme une croix jusqu’à sa mort.
Il s’en est allé à Bwali rejoindre ses aïeux, Kamangou, le grand monarque vili, qui assécha la mer et Jean Félix Tchicaya à qui il vouait une grande admiration, avec son mal au Congo dans le silence et la discrétion qui siéent à l’homme digne et modeste qu’il a été.
Que la terre qu’il a tant aimée lui soit légère.
Lionel GNALI
Diffusé le 13 novembre 2024, par www.congo-liberty.org
Très bel hommage , à ce grand homme que fut APS , méconnu de tous de par sa discrétion légendaire mais ô combien efficace , qui gagnerait à être un modèle, exemple, une source d’inspiration pour tous ceux qui ont une vision du Congo nouveau dont nous rêvons.
Qu’il repose en paix avec la satisfaction de la tâche accomplie .
Mes condoleances a sa famille.
Mr Alphonse Souchlaty Poaty a beaucoup parle de son empoisonnement a plusieurs reprises par l’imposteur et criminel beninois devenu Mbochi d’Oyo.
Le voici parti pour Mpemba et enterre a l’etranger comme nombreux Congolais a cause des criminels ,mediocres et serviteurs de l’etranger qui ont pris le Congo de nos aieux en otage.
Vous avez dit un grand homme d’état…que laisse t-il comme écrit à la jeunesse congolaise ? comme tous les « soi-disant » grands hommes d’état congolais, il n’a pas laissé d’archives, ni de mémoire…j’espère me tromper tout en espérant que nous ayons à titre posthume des publications !
Condoléances à la famille
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Alphonse_Souchlaty-Poaty
J’invite d’ abord notre compatriote Zandu ya buemba à s’informer sur l’ illustre disparu. Dans Wikipedia, on peut voir que celui- ci a laissé des romans et un essai.
Il n’ est un secret pour personne que les romans ont bien souvent un contenu aotobiographique.
Merci Lionel, pour cet article.
Il faudrait sans doute évoquer quelques autres faits historiques qui ont été l’expression de son amour pour son pays, notre pays.
Personnellement j’avais été très impressionné par le fait suivant: au début de la Guerre du Pétrole au Congo ( 1993- 2002), il était le premier leader politique à rappelet, vers 1994 ou 1995 , les origines communes et la parenté entre les Congolais descendants de l’ Empire Kongo. À la télévision Il avait souligné l’ importance de Kongo dia Ntotéla.
Par la suite je l’ai rencontré en exil autour du leader historique Simon Pierre Kikhounga Ngot avec lequel il entretenait des relations fécondes depuis l’ époque du PPC de Jean Félix- Tchicaya. Il était certes trop jeune à cette époque pour être dans l’ arène, mais il était suffisamment curieux intellectuellement pour ne pas rater l’opportunité historique d’ un apprentissage politique indirect. Les liens qu’ il partageait avec papa Kikhounga Ngot autour de leur commun aîné et mentor papa Herve Dhello, lui avaient permis de connaître autant le Kouilou que le Niari , très tôt.
Que son itinéraire ait été par la suite celui d’ un homme en quête perpétuelle de perfection , un quasi self made man soucieux ayant finalement accédé à la voie royale d’ une carrière de fiscaliste pour mieux dservir son pays, voilà qui relevait d’une tradition dont il a été l’une des dernières figures emblématiques.
Le rigoureux comptable Gnali ( père de Mme Gnali Mambou, grand- père de ma collègue Annick de la classe de 6ème ay lycée Victor Augagneur jusqu’à la 2ème année de fac ) , le visionnaire comptable puis exploitant forestier Hervé Dhello ( mon papa, oui, parce que père biologique du plus grand de mes grands amis, le regretté Hervé , même nom et même prénom ),
le juge Pouabou, homme des Lumières s’il en fut.
Tous ces modèles dont me parlait avec admiration mon oncle Kikhounga Ngot durant les dernières années de sa longue et belle vie de patriote, tous ces hommes avaient translms la tradition dans laquelle évoluait Alphonse Souchlaty – Poaty.
Une tradition qui renvoie aux valeurs illustrées par l’article de Lionel . Un hommage qui donne à connaître. Comme un miroir de l’Histoire de notre Congo…
Une tradition perdue …et à reconstruire, malgre tout.
PAIX ÉTERNELLE À SON ÂME.